Charles Nodier
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Le vrai bonheur est dans le calme de l'esprit et du coeur.

Charles Nodier
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Après le plaisir de posséder des livres,
il n'y en a guère de plus doux que d'en parler

Charles Nodier
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Le bibliophile est un homme doué de quelque esprit et de quelque goût, qui prend plaisir aux œuvres de génie, de l'imagination et du sentiment. Il aime cette muette conversation des grands esprits qui n'exige pas de frais de réciprocité, que l'on commence où l'on veut, que l'on quitte sans impolitesse, qu'on renoue sans se rendre importun. (p.92-93)

Charles Nodier
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Les brigands avaient paru à Santa-Croce, à Opschina, à Materia ; on assurait qu’ils occupaient même le château de Duino, et que c’était du pied de ce promontoire qu’ils se jetaient, à la faveur de la nuit, comme des loups affamés, sur tous les rivages du golfe, où ils portaient la désolation et la terreur. Les peuples épouvantés se précipitèrent bientôt sur Trieste. La casa

Monteleone surtout était loin d’être un asile sûr. Un bruit s’était répandu qu’on avait vu Jean Sbogar lui-même errer, au milieu des ténèbres, sous les murailles du château. La renommée lui donnait des formes colossales et terribles. On prétendait que des bataillons effrayés avaient reculé à son seul aspect.
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Ce sont des hommes redoutables que le désir de voir du sang tient éveillés pendant les plus longues nuits d’hiver, et qui égorgeraient une jeune mariée pour avoir son collier de perles.
CONDOLA.
Épigraphe du chapitre II

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La position de Trieste a quelque chose de mélancolique qui serrerait le cœur si l’imagination n’était pas distraite par la magnificence des plus belles constructions, par la richesse des plus riantes cultures. C’était le revers d’un rocher aride, embrassé par la mer ; mais les efforts de l’homme y ont fait naître les dons les plus précieux de la nature. Pressé entre la mer

immense et de hauteurs inaccessibles, il offrait l’image d’une prison ; l’art, vainqueur du sol, en a fait un séjour délicieux. Ses bâtiments, qui s’étendent en amphithéâtre depuis le port jusqu’au tiers de l’élévation de la montagne, et au-delà desquels se développent, de degrés en degrés, des vergers d’une grâce inexprimable, de jolis bois de châtaigniers, des

buissons de figuiers, de grenadiers, de myrtes, de jasmins, qui embaument l’air, et au-dessus de tout cela la cime austère des Alpes illyriennes, rappellent aux voyageurs qui traversent le golfe l’ingénieuse invention du chapiteau corinthien ; c’est une corbeille de bouquets, frais comme le printemps, qui repose sous un rocher. Dans cette solitude ravissante, mais bornée, on n’a rien

négligé pour multiplier les sensations agréables. La nature a donné à Trieste une petite forêt de chênes verts, qui est devenue un lieu de délices : on l’appelle, dans le langage du pays, le Farnedo, ou le Bosquet. Jamais ces divinités champêtres, dont les heureux rivages de l’Adriatique sont la terre favorite, n’ont prodigué, dans un espace de peu d’étendue, plus de beautés

faites pour séduire. Le Bosquet joint souvent même à tous ces charmes celui de la solitude ; car l’habitant de Trieste, occupé de spéculations lointaines, a besoin d’un point de vue vaste et indéfini comme l’espérance. Debout sur l’extrémité d’un cap, et sa lunette fixée sur l’horizon, son plaisir est de chercher une voile éloignée, et, depuis le Farnedo, on n’aperçoit

pas la mer.
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L’étranger doué d’une imagination vive, qui, assis sur les rivages de Dalmatie, a entendu une seule fois la jeune fille morlaque exhaler son chant du soir, et livrer aux vents ses accents qu’aucun art ne saurait enseigner, qu’aucun instrument n’imitera jamais, qu’aucune parole ne peut décrire, a pu comprendre la merveille des sirènes de l’Odyssée, et il a excusé, en souriant,

la méprise d’Ulysse.
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"Il y a dans le coeur d'une femme qui commence à aimer un immense besoin de souffrir."

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Je n’écrirai de ma vie une histoire fantastique, on peut m’en croire, si je n’ai en elle une foi aussi sincère que dans les notions les plus communes de ma mémoire, que dans les faits les plus journaliers de mon existence ; et je ne crois pas pour ceci rien devoir en intelligence et en raison aux esprits forts qui nient absolument le fantastique. Je diffère d’eux, à la vérité, par

une certaine manière de voir, de sentir et de juger, mais ils diffèrent ainsi de moi, et je ne me crois obligé par aucun défaut public et reconnu d’organisation à soumettre les perceptions intimes de mes sens et de ma conscience au caprice d’une autorité frondeuse, qui n’a peut-être de motif pour contester qu’une présomptueuse ignorance.

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Les fêtes du mariage s'accomplirent dans toute la splendeur requise entre de si grands personnages, et leur ménage ne cessa jamais d'être un parfait exemple d'amour, de constance et bonheur.
C'est ainsi que finissent les contes de fées.

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Le premier génie fantastique de la renaissance par ordre de date, et aussi par ordre de supériorité, car, dans les chefs-d'oeuvre qui le révèlent, le génie n'est pas progressif, c'est Dante.

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J’avais le coeur plein d’amertume, et je cherchais la solitude et la nuit. Ma promenade ne s’étendait guère au-delà des jardins de Chaillot, et je ne la commençais ordinairement qu’après que onze heures du soir étaient sonnées. Mais j’étais obsédé de si tristes pensées, mon imagination se nourrissait de tant de funestes rêveries, que souvent, dans cet état d’exaltation

involontaire qui est familier aux âmes souffrantes, j’ai eu à repousser je ne sais combien de prestiges dont un moment de réflexion me faisait rougir.

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IL y'a deux choses qui servent au bonheur : C'est de croire et d'aimer .

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À peine mes yeux sont fermés, à peine cesse la mélodie qui ravissait mes esprits, si le créateur des prestiges de la nuit creuse devant moi quelque abîme profond, gouffre inconnu où expirent toutes les formes, tous les sons et toutes les lumières de la terre ; s'il jette sur un torrent bouillonnant et avide de morts quelque pont rapide, étroit, glissant, qui ne promet pas d'issue ; s'il

me lance à l'extrémité d'une planche élastique, tremblante, qui domine sur des précipices que l'oeil même craint de sonder... paisible, je frappe le sol obéissant d'un pied accoutumé à lui commander. Il cède, il répond, je pars, et content de quitter les hommes, je vois fuir, sous mon essor facile, les rivières bleues des continents, les sombres déserts de la mer, le toit varié des

forêts que bigarrent le vert naissant du printemps, la pourpre et l'or de l'automne, le bronze mât et le violet terne des feuilles crispées de l'hiver. Si quelque oiseau étourdi fait bruire à mon oreille ses ailes haletantes, je m'élance, je monte encore, j'aspire à des mondes nouveaux. Le fleuve n'est plus qu'un fil qui s'efface dans une verdure sombre, les montagnes qu'un point vague

dont le sommet s'anéantit dans sa base, l'Océan qu'une tache obscure dans je ne sais quelle masse égarée au milieu des airs, où elle tourne plus rapidement que l'osselet à six faces que font rouler sur son axe pointu les petits enfants d'Athènes, le long des galeries aux larges dalles qui embrassent le Céramique. + Lire la suiteCommenter  J’apprécie         

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Jeannie aimait les jeux du follet, et ses flatteries caressantes, et les rêves innocemment voluptueux qu'il lui apportait dans le sommeil.

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"Pauvre fou! dis-je tout haute, que sont maintenant, au prix de tes découvertes, les vaines sciences de la terre? Il n'y rien d'obscur pour toi dans tant de merveilles qui font l'étonnement des sages; et si quelque nuage a voilé tes jours, tu t'en es affranchi comme cette étoile pour reprendre dans une nouvelle vie ta première grâce et ta première beauté."

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─ Foin de la pédanterie et des pédants, continua Breloque. Ce maudit barbacole que voici m'a tellement matagrabolisé le cerveau de ses nomenclatures scientifiques que j'ai presque oublié de parler chrétien.

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Du sublime au ridicule, il n'y a qu'un pas. Du bibliophile au bibliomane, il n'y a qu'une crise. Le bibliophile devient souvent bibliomane, quand son esprit décroît ou quand sa fortune s'augmente, deux graves inconvénients auxquels les plus honnêtes gens sont exposés; mais le premier est bien plus commun que l'autre.

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La liste des fous, ainsi restreinte aux fous bien avérés qui n'ont pas eu la gloire de faire secte, ne sera jamais fort longue, parce que la plupart des fous conservent du moins assez de raison pour ne pas écrire. Elle n'effraiera pas les honnêtes gens qui font leurs délices de la gracieuse et frivole science des livres. Je leur taillerais une toute autre besogne en leur proposant de

s'occuper de la Bibliographie des sots. Cela, c'est la mer à boire.

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Les livres excentriques, dont je parlerai fort superficiellement dans ces pages dont le cadre est extrêmement circonscrit, ce sont les livres qui ont été composés par des fous, du droit commun qu'ont tous les hommes d'écrire et d'imprimer; et il n'y a pas de génération littéraire qui n'en offre quelques exemples. Leur collection formerait une bibliothèque spéciale assez étendue que je

ne recommande à personne, mais qui me parait susceptible de fournir un chapitre amusant et curieux à l'histoire critique des productions de l'esprit. (p.8)