Gracchus Babeuf
Gracchus Babeuf

L'avis que tu nous donnes sur la partie qu'on peut en tirer des femmes est sensé et judicieux; nous en profiterons. Nous connaissons toutes l'influences que peut avoir ce sexe intéressant qui ne supporte pas plus indifféremment que nous le joug de la tyrannie; et qui n'est doué d'un moindre courage, lorsqu'il s'agit de concourir à le briser.

Gracchus Babeuf
Gracchus Babeuf

La prétendue supériorité de l'homme sur la femme et la despotique autorité qu'il s'arroge sur elle ont la même origine que la domination de la noblesse.

Gaston Bachelard
Gaston Bachelard

Nietzsche a instruit patiemment sa volonté de puissance par ses longues marches dans la montagne, par sa vie en plein vent sur les sommets. Sur les sommets, il a aimé : « L'âpre divinité de la roche sauvage ». La pensée dans le vent; il a fait de la marche un combat. Mieux, la marche est son combat. C'est elle qui donne le rythme énergétique de Zarathoustra. Zarathoustra ne parle pas

assis, il ne parle pas en se promenant, comme un péripatéticien. Il donne sa doctrine en marchant énergiquement. Il la jette aux quatre vents du ciel.

Gaston Bachelard
Gaston Bachelard

Au-dessus du sujet, au-delà de l’objet, la science moderne se fonde sur le projet. Dans la pensée scientifique, la méditation de l’objet par le sujet prend toujours la forme du projet.

Gaston Bachelard
Gaston Bachelard

Gaston Bachelard ressemblait moins à un être humain qu'à un chêne rouvre, magnifique, à l'écorce épaisse comme l'arbre de Zeus, entre la terre des hommes et le monde des dieux, qu'on venait consulter à Dodone, en Épire. Les mouvements de son feuillage dans le vent avaient valeur d'oracle. Un chêne, comme il en pousse aussi dans les plus belles futaies de France et d'Amérique, solide sur

ses pattes jusqu'à ses cinq cents ou même mille ans. Sa barbe blanche, échappée de ses joues et de son menton, lui faisait une guirlande pareille à la mousse espagnole dont se brodent les chênes en Louisiane.

Gaston Bachelard
Gaston Bachelard

La volonté nietzschéenne prend appui sur sa propre vitesse. Elle est une accélération du devenir qui n'a pas besoin de matière. Il semble que l'abîme, comme un arc toujours tendu, serve à Nietzsche à lancer ses flèches vers le haut. Près de l'abîme, le destin humain est de tomber. Près de l'abîme, le destin du surhomme est de jaillir, tel un pin vers le ciel bleu.

Gaston Bachelard
Gaston Bachelard

Un être privé de la fonction de l'irréel est un névrosé aussi bien que l'être privé de la fonction du réel. On peut dire qu'un trouble de la fonction de l'irréel retentit sur la fonction du réel. Si la fonction d'ouverture, qui est proprement la fonction de l'imagination, se fait mal, la perception elle-même reste obtuse. On devra trouver une filiation régulière du réel à

l'imaginaire.

Gaston Bachelard
Gaston Bachelard

L'image littéraire promulgue des sonorités qu'il faut appeler, sur un mode à peine métaphorique, des sonorités écrites. Une sorte d'oreille abstraite, apte à saisir des voix tacites, s'éveille en écrivant; elle impose des canons qui précisent les genres littéraires. Par un langage amoureusement écrit, une sorte d'audition projetante, sans nulle passivité, se prépare. La Natura

audiens prend le pas sur la Natura audita.

Gaston Bachelard
Gaston Bachelard

Si la provocation est une notion indispensable pour comprendre le rôle actif de notre connaissance du monde, c'est qu'on ne fait pas de la psychologie avec de la défaite. On ne connaît pas tout de suite le monde dans une connaissance placide, passive, quiète. Toutes les rêveries constructives — et il n'est rien de plus essentiellement constructeur que la rêverie de puissance — s'animent

dans l'espérance d'une adversité surmontée, dans la vision d'un adversaire vaincu. On ne trouvera le sens vital, nerveux, réel des notions objectives qu'en faisant l'histoire psychologique d'une victoire orgueilleuse remportée sur un élément adverse. C'est l'orgueil qui donne à l'unité dynamique à l'être, c'est lui qui crée et allonge la fibre nerveuse. C'est l'orgueil qui donne à

l'élan vital ses trajets rectilignes, c'est-à-dire son succès absolu. C'est le sentiment de la victoire certaine qui donne au réflexe sa flèche, la joie souveraine, la joie mâle de perforer la réalité.

Gaston Bachelard
Gaston Bachelard

La science, dans son besoin d'achèvement comme dans son principe, s'oppose absolument à l'opinion. S'il lui arrive, sur un point particulier, de légitimer l'opinion, c'est pour d'autres raisons que celles qui fondent l'opinion, de sorte que l'opinion a, en droit, toujours tort. L'opinion pense mal, elle ne pense pas, elle traduit des besoins, en connaissances. En désignant les objets par leur

utilité, elle s'interdit de les connaître. On ne peut rien fonder sur l'opinion : il faut d'abord la détruire. Elle est le premier obstacle à surmonter. Il ne suffirait pas, par exemple, de la rectifier sur des points particuliers, en la maintenant, comme une sorte de morale provisoire, une connaissance vulgaire provisoire. L'esprit scientifique nous interdit d'avoir une opinion sur des

questions que nous ne comprenons pas, sur des questions que nous ne savons pas formuler clairement. Avant tout il faut savoir poser des problèmes. Et quoi qu'on dise, dans la vie scientifique, les problèmes ne se posent pas d'eux-mêmes. C'est précisément ce sens du problème qui donne la marque du véritable esprit scientifique. Pour un esprit scientifique toute connaissance est une réponse

a une question. S'il n'y a pas eu de question il ne peut pas avoir connaissance scientifique. Rien ne va de soi. Rien n'est donné. Tout est construit.