L'appel de l'eau réclame en quelque sorte un don total, un don intime. L'eau veut un habitant.
Pour que nous ayons quelque garantie d'être du même avis, sur une idée particulière, il faut, pour le moins, que nous n'ayons pas été du même avis. Deux hommes, s'ils veulent s'entendre vraiment, ont dû d'abord se contredire. La vérité est fille de la discussion, non pas fille de la sympathie.
La connaissance du réel est une lumière qui projette toujours quelque part des ombres.
Le venin guerit en quelque rencontre, et, ce cas-là, le venin n'est pas mauvais.
Mais, j’aurai beau supplier, j’aurai beau me révolter, il n’y aura plus rien pour moi ; je ne serai, désormais, ni heureux, ni malheureux. Je ne peux pas ressusciter. Je vieillirai aussi tranquille que je le suis aujourd’hui dans cette chambre où tant d’êtres ont laissé leur trace, où aucun être n’a laissé la sienne.
Cette chambre, on la retrouve à chaque pas. C’est la
chambre de tout le monde. On croit qu’elle est fermée, non : elle est ouverte aux quatre vents de l’espace. Elle est perdue au milieu des chambres semblables, comme de la lumière dans le ciel, comme un jour dans les jours, comme moi partout.
Moi, moi ! Je ne vois plus maintenant que la pâleur de ma figure, aux orbites profondes, enterrée dans le soir, et ma bouche pleine d’un
silence qui doucement, mais sûrement, m’étouffe et m’anéantit.
Je me soulève sur mon coude comme sur un moignon d’aile. Je voudrais qu’il m’arrivât quelque chose d’infini !
Le fascisme n'a pas confiance dans le peuple […]. Le fascisme, le vrai, veut la force du peuple et le bonheur du peuple, au moins cette sorte de bonheur qui lui permet d'avoir la force, il aime le peuple, mais il n'a pas confiance en lui, il l'aime en le protégeant, il refuse de le laisser faire, il ne sait pas ou cela mène de le laisser faire et il craint que cela ne mène la plupart du temps
à quelque forme imprévue de la servitude.
Les déceptions continuelles, dont on peut prévoir que la série sera longue (peut-être aussi longue que ma vie), le prix élevé que l'on doit inévitablement payer pour la plus petite joie savourée, tout cela doit ruiner la sérénité de toute âme entière. Seule une pensée rend une telle vie encore supportable : le sombre et incertain pressentiment que mon art sera peut-être puissamment
encouragé et porté en avant par quelque coup du destin, cet art qui ne peut pas atteindre le degré qui correspond aux plus hautes exigences sans influence directe ou indirecte.
L'un des résultats de la régression, c'est que l'énergie, en refluant dans les traces anciennes, n'est pas sans y apporter quelque modification; c'est ainsi que le souvenir que le sujet garde des chocs anciens se complique de fantaisies actuelles, qui le rendent parfois méconnaissable; pratiquement, bien des souvenirs d'enfance ne sont guère que des fantaisies de l'adulte, et voilà qui
enlève aux événements traumatiques beaucoup de leur importance […]. A Jung revient le mérite d'avoir insisté sur [cet] aspect.
Nommer quelque chose, c'est commencer à le comprendre.