Sue Hubbell
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Vivre dans un monde où les réponses aux questions peuvent être si nombreuses et si valables, voilà ce qui me fait sortir du lit et enfiler mes bottes tous les matins.
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Liddy et Brian forment une bonne équipe. Il leur suffit de quelques mots pour se communiquer leurs idées et leurs intentions. Je vais chercher à la scierie ce dont ils ont besoin, et à l'occasion je donne un coup de main, mais j'ai rapidement découvert que si je leur proposais au choix de les aider ou d'aller faire une tarte, c'était toujours la tarte qui l'emportait. Il a fallu six tartes

pour finir le toit. J'ignorais jusqu'alors le rôle important que jouent les tartes dans la construction.

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En tant qu'être humain, je me mêle un peu de tout ; j'interviens, j'échange, je modifie. Ce n'est ni bien ni mal, je joue mon rôle simplement, tout comme le serpent qui mange les souris et les vanneaux joue le sien. Mais étant un être humain, je suis nantie d'un cerveau qui me permet de m'apercevoir que lorsque je manipule et modifie n'importe quelle partie du cercle, il y a des

répercussions sur tout l'ensemble.

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...j'ai circulé à travers ces villes élégantes pour essayer de vendre mon miel, des villes remplies de femmes qui achètent des choses pour se mettre sur le dos, et des choses pour mettre dans leurs maisons, et des choses pour ranger ce qu'elles se mettent sur le dos et qu'elles mettent dans leurs maisons.

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Plus longtemps on élevait des abeilles moins on les comprenait.

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Nous avons dépassé l'âge de la reproduction. Les hommes ne veulent pas de nous : ils préfèrent les femmes plus jeunes. Il est normal, du point de vue biologique, que les mâles soient attirés par des femelles qui sont au début de leurs années reproductives et qui ont encore envie de construire des nids, et si, quant à nous, nous ne pouvons plus nous perdre dans les plaisirs et l'intimité

du couple, eh bien, nous avons accédé à notre véritable identité. Nous avons également acquis un autre don précieux. Nous avons le Temps, ou du moins la conscience du Temps. Nous avons vécu assez longtemps et en avons vu assez pour savoir, autrement qu'au plan intellectuel, que la mort nous attend et nous avons donc appris à vivre en nous sachant mortelles, prenant nos décisions avec

soin et après mûre réflexion parce que nous savons que nous ne pourrons pas les prendre de nouveau. Le temps pour nous aura une fin ; il est précieux, et nous en avons appris la valeur.

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Mon grand-père était apiculteur à Kalamazoo, Michigan, où j'ai grandi mais tout le monde a un grand-père apiculteur, cela ne signifie donc rien. D'ailleurs, mon grand-père me terrifiait. Il terrorisait tous ceux qui se trouvaient à portée de ses hurlements et je m'efforçais de ne pas me trouver en travers de son chemin, aussi n'est-ce pas de lui que je tiens mon amour des abeilles.

(...)
Ma grand-mère était une femme timide au visage mélancolique, épuisée par la vie commune avec un tel homme et qui essayait de se débrouiller avec la maigre allocation qu'il lui accordait pour faire marcher la maison. Elle ne se plaignait jamais, et avait presque le comportement d'une sainte. Elle lui survécut durant de nombreuses années et, une fois son mari mort, retrouva une

certaine vitalité. Vers la fin de sa vie, elle rassembla ses petits-enfants autour d'elle.
"Je veux que vous vous rappeliez toujours votre grand-père", dit-elle.
Nous opinâmes du bonnet, l'air solennel. Elle nous fit signe de nous rapprocher.
"Je veux que vous vous rappeliez que c'était un vieux grigou, sale et mauvais comme la gale", reprit-elle d'une voix ferme, puis son

regard se perdit au loin et un sourire satisfait éclaira son visage. + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          170

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Je me demande parfois où nous autres femmes d’un certain âge nous situons dans le tissu social une fois que la construction du nid a perdu de son charme. Il y a une génération, Margaret Mead, qui avait une assez bonne réponse personnelle à cette question, s’interrogeait aussi à ce sujet et faisait remarquer qu’en d’autres temps et dans d’autres cultures, nous avons joué un

rôle.
Nous sommes si nombreuses qu’il est tentant de considérer que nous formons une catégorie. Nous avons dépassé l’âge de la reproduction. Les hommes ne veulent pas de nous ; ils préfèrent les femmes plus jeunes. Il est normal, du point de vue biologique, que les mâles soient attirés par des femelles qui sont au début de leurs années reproductives et qui ont encore envie de

construire des nids, et si, quant à nous, nous ne pouvons plus nous perdre dans les plaisirs et l’intimité du couple, eh bien, nous avons accédé à notre véritable identité. Nous avons acquis un autre don précieux. Nous avons le Temps, ou du moins la conscience du Temps. Nous avons vécu assez longtemps et en avons vu assez pour savoir, autrement qu’au plan intellectuel, que la mort

nous attend et nous avons donc appris à vivre en nous sachant mortelles, prenant nos décisions avec soin et après mûre réflexion parce que nous savons que nous ne pourrons pas les prendre de nouveau. Le temps pour nous aura une fin ; il est précieux, et nous en avons appris la valeur.
Oui, nous sommes nombreuses, mais toutes si différentes que j’ai du mal à me lancer dans une

analyse sociobiologique, et je crois bien, tout comme Margaret Mead, que la solution est personnelle et individuelle. Parce que notre culture ne nous a assigné aucun rôle réel, nous pouvons créer notre propre rôle. C’est une bonne époque pour être une femme adulte possédant une personnalité, une certaine force et des lubies. Nous vivons longtemps. Nos enfants sont les adultes

indépendants que nous les avons aidés à devenir, et peut-être ont-ils encore besoin de notre amour, mais ils peuvent se passer de nos soins. Les règles de la société sont si souples de nos jours qu’aucune de nos actions n’est choquante. Nous ne nous heurtons plus à des barrières politiques. À condition de demeurer en bonne santé et de pouvoir subvenir à nos besoins, nous sommes

libres de faire n’importe quoi, de posséder n’importe quoi et d’user de nos talents à notre guise.
(…)
Moi aussi je veux un dindon, mais je le veux vivant et d’ici une semaine mon souhait sera exaucé et je l’entendrai glouglouter au petit jour. Cependant, je veux davantage. Je veux entendre les bruants indigo chanter leurs couplets lorsque je m’éveille le matin, je

veux relire Joseph et ses frères, je veux voir les feuilles pousser sur les chênes, leurs fleurs s’épanouir sur les cornouillers et danser les lucioles. Je veux savoir ce qu’il advient du val du Raton laveur. Je veux qu’Asher découvre comment les parasites d’oreilles de papillons de nuit ont traversé l’hiver. Je veux montrer à Liddy et Brian les gros rochers au fond du vallon. Je

veux en savoir bien davantage sur les faucheux. Je veux écrire un roman. Je veux aller nager nue dans la rivière sous le soleil brûlant.
C’est pourquoi j’ai cessé de dormir à l’intérieur. Une maison est trop petite, trop limitée. Je veux le monde entier, et aussi les étoiles. + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          141

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«  Mais quand je passe mes journées en relations étroites avec des créatures dont la structure est si différente de celle des humains et qui vivent leur vie de façon si différente , je me fais l’effet d’un visiteur dans un monde étrange mais d’une ineffable séduction.
En ville, on m’appelle La Dame aux Abeilles .
Dans quel autre domaine pourrais- Je acquérir un titre

semblable ? »

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Les vipères rouges contrastent étrangement avec les hétérodons, appelés parfois vipères clothos, que je vois également par ici quelquefois. Ceux-là sont inoffensifs, mais ils se livrent à un terrifiant simulacre de férocité. Je suis tombée sur l'un d'eux l'autre jour dans le champ, et il s'est dressé devant moi, a gonflé le cou en émettant des sifflements terribles essayant de me

convaincre qu'il était un cobra. Je ne fus pas dupe de sa comédie et restai immobile à l'observer ; après avoir continué un instant de siffler et de se gonfler, mais avec moins de conviction, il a renoncé à me terrifier, s'est rappelé quelque affaire pressante exigeant sa présence ailleurs et a disparu dans les hautes herbes.

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C'est un bonne époque pour être une femme adulte possédant une personnalité, une certaine force et des lubies. Nous vivons longtemps. Nos enfants sont les adultes indépendants que nous les avons aidés à devenir, et peut être ont-ils encore besoin de notre amour, mais ils peuvent se passer de nos soins. Les règles de la société sont si souples de nos jours qu'aucune de nos actions n'est

choquante. Nous ne nous heurtons plus à des barrières politiques. A condition de demeurer en bonne santé et de pouvoir subvenir à nos besoins, nous sommes libres de faire n'importe quoi, de posséder n'importe quoi et d'user de nos talents à notre guise.

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« Nous sommes toutes deux [l’araignée tisseuse de toiles et Sue] des amalgames animés de produits chimiques communs à tous les êtres vivants : carbone, hydrogène, oxygène, azote, soufre et phosphore. Toutes deux sommes confrontées à une série de problèmes posés par notre chimie et notre sensibilité propre, entre autres comment grandir et comment gagner notre vie. Ce sont là de

grandes questions et comme c’est souvent le cas avec les Grandes Questions, nous avons trouvé des réponses différentes. (…)
Vivre dans un monde où les réponses aux questions peuvent être si nombreuses et si valables, voilà ce qui me fait sortir du lit et enfiler mes bottes tous les matins. » (p. 85)

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Le métier de bibliothécaire présente des avantages. Vous portez des chaussures orthopédiques et arborez un léger froncement des sourcils en faisant claque l'élastique qui entoure votre paquet de fiches du catalogues.

P-141.

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Vivre dans un monde où les réponses aux questions peuvent être si nombreuses et si valables, voilà ce qui me fait sortir et enfiler mes bottes chaque matin.

P-85.

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L'hiver n'est plus un ennemi. C'est une période où l'on se déplace moins, et qui apporte le calme et la paix.

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Dans l’herbe autour du chalet, les abeilles sont très occupées à butiner les pissenlits dorés, et ne prêtent aucune attentions aux houstonies et aux violettes. Les violettes pourpres, bleues et blanches, poussent à telle profusion que l’air est embaumé de leur parfum. La brise apporte l’odeur sucrée des fleurs de pruniers sauvages qui poussent dans les bois sur la colline. Les

abeilles aiment les fleurs des pruniers sauvages et moi aussi.

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Vivre dans un monde où les réponses aux questions peuvent être si nombreuses et si valables, voilà ce qui me fait sortir du lit et enfiler mes bottes tous les matins. (p85)

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J'aime être là-bas, tôt le matin. Les araignées ont tendu leurs toiles pour prendre au piège les insectes nocturnes, et quand le soleil levant darde ses rayons obliques à travers les arbres, les gouttes de rosée accrochées dans les toiles les transforment en joyaux d'une exquise délicatesse.

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(...) la politique a le chic de transformer l'absurde en réalité (...)

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Ce printemps je marche souvent, les yeux rivés au sol, à leur recherche - les chenilles - Il a sûrement existé des quêtes plus nobles, - celles de la baleine blanche et du Saint Graal - et bien que les Achab et les Perceval de ma connaissance figurent parmi les plus distrayants de mes amis, je suis faite d'une autre étonne et je m'amuse d'autre façon. La quête de ce qui pourrait être ou

ne pas être des larves de mouches à scie me paraît des plus exaltantes de ce printemps.