José Manuel Durão Barroso
José Manuel Durão Barroso

Aujourd'hui, l'Europe peut proposer les principes et les règles qui modèleront un nouvel ordre mondial.

Frederic Bastiat
Frederic Bastiat

En vérité, réformateurs modernes, quand vous voulez remplacer cet ordre admirable par un arrangement de votre invention, il y a deux choses (et elles n’en font qu’une) qui me confondent : votre manque de foi en la Providence et votre foi en vous-mêmes; votre ignorance et votre orgueil.

Jean-Marc Beausoleil
Jean-Marc Beausoleil

Le gardien de la guérite […] ne semblait pas remarquer le couple mère-enfant dont la misère noire contrastait tant avec l'opulence blanche du [P]alais [présidentiel]. Probablement qu'il obéissait à des ordres stricts qui lui interdisent de bouger pour autre chose qu'un coup d'État. Sinon, il attendait le coucher du soleil pour faire disparaître, de manière discrète, cette gênante qui

avait le culot de venir mourir aux pieds du pouvoir officiel. C'est peut-être tout ce qui restait à cette femme, son corps transformé en reproche, en grief contre un ordre des choses où son enfant et elle n'avaient pas leur place.

Nicolas Boileau
Nicolas Boileau

Et le Mien et le Tien, deux frères pointilleux,
Par son ordre amenant les procès et la guerre,
En tous lieux de ce pas vont partager la terre ;
En tous lieux, sous les noms de bon droit et de tort,
Vont chez elle établir le seul droit du plus fort.

Abel Bonnard
Abel Bonnard

Pour tous les motifs possibles, le prince avait horreur du présent, et, comme un artilleur qui range ses pièces, il prenait une sorte de délectation à mettre en ordre ses arguments. Il affirmait que l'art d'être heureux s'est perdu, que les hommes modernes sont tous des esclaves, et qu'enchaînés à leur besogne, les plaisirs qu'ils se donnent encore, sans rien de savant ni d'exquis, ne sont

plus que d'ignobles congés de la brute.

Titus Burckhardt
Titus Burckhardt

L’homme sait aujourd’hui que la terre n’est qu’une boule animée d’un mouvement multiforme et vertigineux qui court sur un abîme insondable, attirée et dominée par les forces qu’exercent sur elle d’autres corps célestes, incomparablement plus grands et situés à des distances inimaginables; il sait que la terre où il vit n’est qu’un grain de poussière par rapport au

soleil, et que le soleil lui-même n’est qu’un grain au milieu de myriades d’autres astres incandescents; il sait aussi que tout cela bouge. Une simple irrégularité dans cet enchaînement de mouvements sidéraux, l’interférence d’un astre étranger dans le système planétaire, une déviation de la trajectoire normale du soleil, ou tout autre incident cosmique, suffirait pour faire

vaciller la terre au cours de sa révolution, pour troubler la succession des saisons, modifier l’atmosphère et détruire l’humanité. L’homme aujourd’hui sait par ailleurs que le moindre atome renferme des forces qui, si elles étaient déchaînées, pourraient provoquer sur terre une conflagration planétaire presque instantanée. Tout cela, l’infiniment petit” et l’infiniment

grand”, apparaît, du point de vue de la science moderne, comme un mécanisme d’une complexité inimaginable, dont le fonctionnement est dû à des forces aveugles.

Et pourtant, l’homme d’aujourd’hui vit et agit comme si le déroulement normal et habituel des rythmes de la nature lui était garanti. Il ne pense, en effet, ni aux abîmes du monde intersidéral, ni aux forces

terribles que renferme chaque corpuscule de matière. Avec des yeux d’enfant, il regarde au-dessus de lui la voûte céleste avec le soleil et les étoiles, mais le souvenir des théories astronomiques l’empêche d’y voir des signes de Dieu. Le ciel a cessé de représenter pour lui la manifestation naturelle de l’esprit qui englobe le monde et l’éclaire. Le savoir universitaire s’est

substitué en lui à cette vision naïve” et profonde des choses. Non qu’il ait maintenant conscience d’un ordre cosmique supérieur, dont l’homme serait aussi partie intégrante. Non. Il se sent comme abandonné, privé d’appui solide face à ces abîmes qui n’ont plus aucune commune mesure avec lui-même. Car rien ne lui rappelle plus désormais que tout l’univers, en définitive,

est contenu en lui-même, non pas dans son être individuel, certes, mais dans l’esprit qui est en lui et qui, en même temps, le dépasse, lui et tout l’univers visible.

Titus Burckhardt
Titus Burckhardt

Un certain groupe de métiers — se caractérisant par l’usage qu’ils font du feu pour transformer ou ennoblir des matières comme le métal ou les minéraux dont on fait du verre et des émaux — sert de base à une tradition spirituelle qui se rattache à Hermès Trismégiste dont le nom égyptien est Thot et que beaucoup de musulmans comptent au nombre des anciens prophètes. L’art

hermétiste par excellence, c’est l’alchimie; le plus souvent mal comprise, parce que la transmutation qui est son but et qu’elle traduit en termes artisanaux, se situe en réalité au niveau de l’âme. Que l’alchimie ait été pratiquée par beaucoup d’artisans du feu, ne fait aucun doute; son emblème, le couple de dragons entrelacés — forme médiévale du caducée — orne de

nombreux récipients en céramique ou en métal.
Nombre d’artisans ou d’artistes, qu’ils aient reçu ou non une initiation correspondant à leur entrée dans une corporation professionnelle, adhéraient ou adhèrent encore à un Ordre soufi (…) on peut également dire que le soufisme se situe là où l’amour et la connaissance convergent. Or, l’objet ultime et commun de l’amour

comme de la connaissance n’est autre que la Beauté divine. On comprendra dès lors comment l’art, dans une civilisation théocentrique comme celle de l’Islam, se rattache à l’ésotérisme, dimension la plus intérieure de la tradition.
Art et contemplation : l’art a pour objet la beauté formelle, alors que l’objet de la contemplation est la beauté au-delà de la forme qui

révèle qualitativement l’ordre formel, tout en le dépassant infiniment. Dans la mesure où l’art s’apparente à la contemplation, il est connaissance, la beauté étant un aspect de la Réalité, au sens absolu du terme.
Cela nous ramène au phénomène de scission entre art et artisanat, d’une part, et art et science, d’autre part, phénomène qui a profondément marqué la

civilisation européenne moderne : si l’art n’est plus considéré comme une science, c’est-à-dire comme une connaissance, c’est que la beauté, objet de contemplation à divers degrés, n’est plus reconnue comme un aspect du réel. En fait, l’ordre normal des choses a été renversé à un point tel qu’on identifie volontiers la laideur à la réalité, la beauté n’étant plus

que l'objet d’un esthétisme aux contours parfaitement subjectifs et changeants.
Les conséquences de cette dichotomie de l’expérience du réel sont des plus graves : car c’est finalement la beauté — subtilement rattachée à l’origine même des choses — qui jugera de la valeur ou de la futilité d’un monde.
Ainsi que le Prophète l’a dit :
« Dieu est beau et II aime la

beauté. » p. 296-298

Albert Caraco
Albert Caraco

Les garçons et les filles pensent là-dessus comme l’auteur ou s’ils n’arrivent à se le représenter d’une façon claire et distincte, ils subodorent la relation de convenance, ils en éprouvent déjà la nausée et leur refus de l’ordre est aussi le refus de cette mort absurde qu’il prépare à leur soumission. Les malheureux n’y sont que trop soumis, malgré leurs velléités de

révolte, ils ne s’appuient d’aucun système, ils n’ont de dieux qui les animent à la résistance ni de héros ni de législateur, alors qu’il leur faudrait un nouvel ordre pour venir à bout de l’ancien, ils n’ont que le désir du changement sans l’idéal en possession de le valider.

Albert Caraco
Albert Caraco

C'est notre liberté que l'esprit d'examen, c'est notre dignité, notre raison de vivre et notre consolation suprême, nous ne l'abdiquerons jamais, c'est une lime sourde et que les despotismes en tout genre ne viendront pas à bout de faire disparaître, c'est l'arme que nul ordre ne confisque et nulle foi n'excommunie, et véritablement si l'homme devait surmonter l'épreuve qui l'attend et dont

nul rédempteur ne le préserve, ce n'est qu'à lui qu'il en aurait les obligations expresses.

Adolfo Bioy Casares
Adolfo Bioy Casares

Nos habitudes impliquent un certain ordre dans la succession des choses, une vague cohérence de l'Univers. Or, voici que la réalité se propose à moi changée, irréelle. Quand un homme se réveille ou meurt, il met un certain temps à se défaire des terreurs du rêve, des préoccupations et des manies de la vie.