Je ne pus m empecher de me demander en quoi nous sommes superieurs aux sauvages. Notre civilation a poli les formes, mais les actes sont restes les memes.
Quant aux descriptions que l'on fait du sort pénible des femmes de Bornéo, et surtout des femmes dayaques, je les trouve fausses et exagérées. Ceux qui les ont faites n'ont pas vu ce que les pauvres ménagères ont à souffrir dans presque tous les pays de l'Europe.
Vous avez ete sur les majestueuses hauteur de Quito; vous avez eu le rare spectaclede voir le Cotopaxi vomir du feu!
Elle a parcouru plus de cent cinquante mille milles par mer et environ vingt mille milles anglais par terre, sans autres moyens pécuniaires que ceux qu'elle se procura par une sage économie et par l'énergie avec laquelle elle sut poursuivre toujours son but. Quelque grand que fût son goût des voyages,
on peut dire qu'elle possédait davantage encore l'art des voyages. -Notice
biographique-
Il n'est pas de personne remarquable chez qui l'on ne puisse observer, surtout dans la jeunesse, les principales causes d'un développement extraordinaire, et, quand on a suivi avec intérêt une existence célèbre de son point culminant à son déclin, on aime à jeter un regard en arrière sur les premiers jours dans lesquels ont apparu les germes de l'illustration future. -Notice biographique-
Pour ce qui me concernait, je m'étais réjouie longtemps d'avance des récits tragiques que je pourrais faire à mes chers lecteurs : je les voyais verser des larmes sur nos souffrances ; il me semblait déjà que j'étais une demi-martyre. Hélas ! je m'étais amèrement trompée.
Quelques temps avant mon départ, mes amis et mes connaissances m’avaient vainement tentée de me détourner de mon objectif, en dépeignant, dans les couleurs les plus criardes, tous les dangers et obstacles qu'un voyageur pourrait encourir dans ces régions... et penser qu'une femme s'aventurant seule, sans la moindre protection, dans l'immensité du monde, à travers mers, plaines et
montagnes – paraissait quelque peu absurde!
Quant à mes lecteurs, je les supplie de juger avec indulgence une relation qui dépeint en termes simples ce que j’ai vu et éprouvé, et dont toute l’ambition se borne à être vraie et fidèle.
Si les voyages ont été le rêve de ma jeunesse, le souvenir de ce que j'ai vu fera le charme de ma vieillesse.
J'ai vu et appris à Madagascar plus de choses curieuses et extraordinaires qu'en aucun pays, et, quoiqu'il y ait certainement peu de bien à dire du peuple de cette île, il faut songer qu'avec un gouvernement aussi déraisonnable et aussi barbare que l'est celui de la reine Ranavola, avec l'absence complète de moralité et de religion, il ne saurait en être autrement.
Tous ces travaux ont été exécutés par le peuple comme corvées, sans qu'il reçût ni salaire ni nourriture. On prétend que, pendant la construction du palais, 15000 hommes ont succombé à la peine et aux privations: mais cela inquiète fort peu la reine, et la moitié de la population peut périr, pourvu que ses ordres suprêmes s'accomplissent.
Je dois avouer que ces paroles me touchèrent profondément et m'inspirérent pour le prince une estime que je n'ai encore éprouvée que pour peu d'hommes. A mes yeux, un homme qui pense aussi noblement est plus grand que le plus puissant et le plus glorieux monarque de l'Europe.