Frigide Barjot
Frigide Barjot

Depuis qu'elle a enfourché le cheval de la bataille perdue contre le mariage gay, elle est reine d'un jour tous les jours! L'actualité contre toute attente et miraculeusement lui a mis le pied à l'étrier de la célébrité. Enfin un rôle à la mesure de la passionaria déglinguée, de la diva à la manque, de la pathétique amuseuse car elle peut tout jouer notre Hybride Fiasco! Lundi, elle

promet du sang, mardi elle verse les larmes cathodiques du désespoir, mercredi elle adresse un message d'apaisement… c'est qu'elle occupe le terrain comme une maladie infectieuse, c'est qu'elle s'accroche à son rocher notre Typhoïde Bulot!

Gabriele d'Annunzio
Gabriele d'Annunzio

Une clameur nouvelle, plus forte et plus longue, s’éleva d’entre les deux tutélaires colonnes de granit, pendant que la barque royale abordait à la Piazzetta noire de peuple. Quand le bruit cessait, la foule épaisse avait des remous; et les galeries du Palais des Doges s’emplissaient d’une rumeur confuse, pareille au bourdonnement illusoire qui anime les volutes des conques marines.

Puis, tout à coup, la clameur rejaillissait dans l’air limpide, montait se briser contre la légère forêt marmoréenne, franchissait les têtes des hautes statues, atteignait les pinacles et les croix, se dispersait dans le lointain crépusculaire. Puis, c’était une autre pause pendant laquelle, imperturbable, dominant l’agitation inférieure, continuait l’harmonie multiple des

architectures sacrées et profanes où couraient comme une agile mélodie les modulations ioniques de la Bibliothèque et s’élançait comme un cri mystique la cime de la tour nue. Et cette musique silencieuse des lignes immobiles était si puissante qu’elle créait le fantôme presque visible d’une vie plus belle et plus riche, superposé au spectacle de la multitude inquiète. Celle-ci

sentait la divinité de l’heure; et, lorsqu’elle acclamait cette forme nouvelle de la royauté abordant au rivage antique, cette fraîche Reine blonde qu’illuminait un inextinguible sourire, peut-être exhalait-elle son obscure aspiration à dépasser l’étroitesse de la vie vulgaire et à recueillir les dons de l’éternelle Poésie épars sur les pierres et sur les eaux.

Loïc Decrauze
Loïc Decrauze

L’univers de l’automobile reine et des automobilistes crétinisants et criminels en puissance me révulse de plus en plus : les vitesses excessives en ville, les feux grillés, l’agressivité impunie, les inconséquences pouvant finir en drame humain. Tout cela me conforte dans un dégoût nauséeux.

Alfred Hitchcock
Alfred Hitchcock

Deux semaines plus tard, résigné à l'idée qu'il ne pourrait plus tourner, Hitchcock fermait son bureau, renvoyait son personnel et rentrait chez lui. La Reine d'Angleterre le nommait Sir Alfred, égalisant ainsi la vieille compétition secrète avec un autre génial gamin de Londres, Charlie Chaplin. Il ne restait plus à Sir Alfred qu'à attendre la mort, quelques vodkas interdites aidant à

la faire venir plus vite. Cela arriva le 29 avril 1980.

Hector Berlioz
Hector Berlioz

Quelle folie ! diront bien des gens. Oui, mais quel bonheur ! Les gens raisonnables ne savent pas à quel degré d’intensité peut atteindre ainsi le sentiment de l’existence ; le cœur se dilate, l’imagination prend une envergure immense, on vit avec fureur ; le corps même, participant de cette surexcitation de l’esprit, semble devenir de fer. Je faisais alors mille imprudences qui

peut-être aujourd’hui me coûteraient la vie.

Je partis un jour de Tivoli, par une pluie battante, mon fusil à pistons me permettant de chasser malgré l’humidité. J’arrivai le soir à Subiaco, mouillé jusqu’aux os dès le matin, ayant fait mes dix lieues et tué quinze pièces de gibier.

Replongé maintenant dans la tourmente parisienne, avec quelle force et

quelle fidélité je me rappelle ce sauvage pays des Abruzzes où j’ai tant erré ; villages étranges, mal peuplés d’habitants mal vêtus, au regard soupçonneux, armés de vieux fusils délabrés qui portent loin et atteignent trop souvent leur but ! Sites bizarres, dont la mystérieuse solitude me frappa si vivement ! je retrouve en foule des impressions perdues et oubliées. Ce sont

Subiaco, Alatri, Civitella, Genesano, Isola di Sora, San-Germano, Arce, les pauvres vieux couvents déserts dont l’église est toute grande ouverte.... les moines sont absents.... le silence seul y habite.... plus tard, moines et bandits y reviendront de compagnie. Ce sont les somptueux monastères, peuplés d’hommes pieux et bienveillants, qui accueillent cordialement les voyageurs et les

étonnent par leur spirituelle et savante conversation ; le palais bénédictin du Monte-Cassino, avec son luxe éblouissant de mosaïques, de boiseries sculptées, de reliquaires, etc. ; l’autre couvent de San-Benedetto, à Subiaco, où se trouve la grotte qui reçut saint Benoît, où les rosiers qu’il planta fleurissent encore. Plus haut, dans la même montagne, au bord d’un précipice au

fond duquel murmure le vieil Anio, ce ruisseau chéri d’Horace et de Virgile, la cellule del Beato Lorenzo, adossée à un mur de rochers que dore le soleil, et où j’ai vu s’abriter des hirondelles au mois de janvier. Grands bois de châtaigniers au noir feuillage, où surgissent des ruines surmontées par intervalles, au soir, de formes humaines qui se montrent un instant et disparaissent

sans bruit... pâtres ou brigands... En face, sur l’autre rive de l’Anio, grande montagne à dos de baleine, où l’on voit encore à cette heure une petite pyramide de pierres que j’eus la constance de bâtir, un jour de spleen, et que les peintres français, amants fidèles de ces solitudes, ont eu la courtoisie de baptiser de mon nom. Au-dessous, une caverne où l’on entre en rampant

et dont on ne peut atteindre l’entrée qu’en se laissant tomber du rocher supérieur, au risque d’arriver brisé à cinq cents pieds plus bas.

À droite, un champ où je fus arrêté par des moissonneurs étonnés de ma présence en pareil lieu, qui m’accablèrent de questions, et ne me laissèrent continuer mon ascension que sur l’assurance plusieurs fois donnée qu’elle

avait pour but l’accomplissement d’un vœu fait à la madone. Loin de là, dans une étroite plaine, la maison isolée de la Piagia, bâtie sur le bord de l’inévitable Anio, où j’allais demander l’hospitalité et faire sécher mes habits, après les longues chasses, aux jours pluvieux d’automne. La maîtresse du logis, excellente femme, avait une fille admirablement belle, qui depuis

a épousé le peintre lyonnais, notre ami Flacheron. Je vois encore ce jeune drôle, demi-bandit, demi-conscrit, Crispino, qui nous apportait de la poudre et des cigares. Lignes de madones couronnant les hautes collines, et que suivent, le soir, en chantant des litanies, les moissonneurs attardés qui reviennent des plaines, au tintement mélancolique de la campanella d’un couvent caché ;

forêts de sapins que les pifferari font retentir de leurs refrains agrestes ; grandes filles aux noirs cheveux, à la peau brune, au rire éclatant, qui, tant de fois, pour danser, ont abusé de la patience et des doigts endoloris di questo signore qui suona la chitarra francese ; et le classique tambour de basque accompagnant mes saltarelli improvisés ; les carabiniers, voulant à toute force

s’introduire dans nos bals d’Osteria ; l’indignation des danseurs français et abruzzais ; les prodigieux coups de poing de Flacheron ; l’expulsion honteuse de ces soldats du pape ; menaces d’embuscades, de grands couteaux !... Flacheron, sans nous rien dire, à minuit, au rendez-vous, armé d’un simple bâton ; absence des carabiniers ; Crispino enthousiasmé !

. . . . . .

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Enfin, Albano, Castelgandolpho, Tusculum, le petit théâtre de Cicéron, les fresques de sa villa ruinée ; le lac de Gabia, le marais où j’ai dormi à midi, sans songer à la fièvre ; vestiges des jardins qu’habita Zénobie, la noble et belle reine détrônée de

Palmyre. Longues lignes d’aqueducs antiques fuyant au loin à perte de vue.

Cruelle mémoire des jours de liberté qui ne sont plus ! Liberté de cœur, d’esprit, d’âme, de tout ; liberté de ne pas agir, de ne pas penser même ; liberté d’oublier le temps, de mépriser l’ambition, de rire de la gloire, de ne plus croire à l’amour ; liberté d’aller au nord, au sud, à

l’est ou à l’ouest, de coucher en plein champ, de vivre de peu, de vaguer sans but, de rêver, de rester gisant, assoupi, des journées entières, au souffle murmurant du tiède siroco ! Liberté vraie, absolue, immense ! Ô grande et forte Italie ! Italie sauvage ! insoucieuse de ta sœur, l’Italie artiste,

«La belle Juliette au cercueil étendue.» + Lire la

suiteCommenter  J’apprécie          00

Hector Berlioz
Hector Berlioz

XXV

Troisième concours à l’Institut. — On ne donne pas de premier prix. — Conversation curieuse avec Boïeldieu. — La musique qui berce.

Le mois de juin revenu m’ouvrit de nouveau la lice de l’Institut. J’avais bon espoir d’en finir cette fois ; de tous côtés m’arrivaient les prédictions les plus favorables. Les membres de la section de musique

laissaient eux-mêmes entendre que j’obtiendrais à coup sûr le premier prix. D’ailleurs je concourais, moi lauréat du second prix, avec des élèves qui n’avaient encore obtenu aucune distinction, avec de simples bourgeois ; et ma qualité de tête couronnée me donnait sur eux un grand avantage. À force de m’entendre dire que j’étais sûr de mon fait, je fis ce raisonnement

malencontreux dont l’expérience ne tarda pas à me prouver la fausseté : «Puisque ces messieurs sont décidés d’avance à me donner le premier prix, je ne vois pas pourquoi je m’astreindrais, comme l’année dernière, à écrire dans leur style et dans leur sens, au lieu de me laisser aller à mon sentiment propre et au style qui m’est naturel. Soyons sérieusement artiste et faisons

une cantate distinguée.»
Le sujet qu’on nous donna à traiter, était celui de Cléopâtre après la bataille d’Actium. La reine d’Égypte se faisait mordre par l’aspic, et mourait dans les convulsions. Avant de consommer son suicide, elle adressait aux ombres des Pharaons une invocation pleine d’une religieuse terreur ; leur demandant si, elle, reine dissolue et criminelle,

pourrait être admise dans un des tombeaux géants élevés aux mânes des souverains illustres par la gloire et par la vertu.

Il y avait là une idée grandiose à exprimer. J’avais mainte fois paraphrasé musicalement dans ma pensée le monologue immortel de la Juliette de Shakespeare :

«But if when I am laid into the tomb...»

dont le sentiment se

rapproche, par la terreur au moins, de celui de l’apostrophe mise par notre rimeur français dans la bouche de Cléopâtre. J’eus même la maladresse d’écrire en forme d’épigraphe sur ma partition le vers anglais que je viens de citer ; et, pour des académiciens voltairiens tels que mes juges, c’était déjà un crime irrémissible.

Je composai donc sans peine sur ce

thème un morceau qui me paraît d’un grand caractère, d’un rhythme saisissant par son étrangeté même, dont les enchaînements enharmoniques me semblent avoir une sonorité solennelle et funèbre, et dont la mélodie se déroule d’une façon dramatique dans son lent et continuel crescendo. J’en ai fait, plus tard, sans y rien changer, le chœur (en unissons et octaves) intitulé :

Chœur d’ombres, de mon drame lyrique de Lélio.

Je l’ai entendu en Allemagne dans mes concerts, j’en connais bien l’effet. Le souvenir du reste de cette cantate s’est effacé de ma mémoire, mais ce morceau seul, je le crois, méritait le premier prix. En conséquence il ne l’obtint pas. Aucune cantate d’ailleurs ne l’obtint. + Lire la suiteCommenter

 J’apprécie          00

Jean Cocteau
Jean Cocteau

Ce Tirésias conseille à la reine tout ce qui peut lui causer du tort. Faites ci... Faites ça... Elle lui raconte ses rêves, elle lui demande s'il faut se lever du pied droit ou du pied gauche ; et il la mène par le bout du nez et il lèche les bottes du frère, et il complote avec contre la sœur. Tout ça, c'est du sale monde. (le soldat)

Jean Cocteau
Jean Cocteau

Si je n'étais pas reine, je serais anarchiste. En somme je suis une reine anarchistes. C'est ce qui fait que la cour me dénigre et c'est ce qui fait que le peuple m'aime.

John Milton
John Milton

Après ces divinités en troupe parut Astoreth, que les Phéniciens nomment Astarté, reine du ciel, ornée d’un croissant ; à sa brillante image nuitamment en présence de la lune, les vierges de Sidon payent le tribut de leurs vœux et de leurs chants.

Stephen Fry
Stephen Fry

Et d'ailleurs, si toi, en tant qu'historien, tu découvrais que Churchill s'était tapé la reine durant toute la guerre, est-ce que ce serait ton problème ? Tu exposes des faits. Au commun des mortels la tâche de les interpréter.