Ceux qui affirment que rien n’est plus démocratique que l’audimat se moquent du monde, bien entendu. L’audimat ne permet pas de mesurer ce que les gens veulent, mais de savoir jusqu’à quel point ils ont intériorisé ce qu’on les a habitués à vouloir — ce qui n’est pas tout à fait la même chose. Les gens aiment ce qu’on leur fait aimer. Dans ce domaine comme ailleurs, c’est
l’offre qui détermine la demande, et non l’inverse.
Les banques elles-mêmes doivent rapidement et radicalement changer leur système de bonus. Non seulement le montant des rémunérations, mais tout les système doit changer. Il faut revenir à des salaires équitables et adaptés aux prestations. Des bonus ne sont justifiés que pour récompenser des prestations particulières assurant à l'entreprise un bénéfice à long terme. Et si le
résultat n'est pas atteint, il n'y a pas de bonus. A ce propos, les déclarations des membres des conseils de surveillance des banques allemandes qui affirment, sur un ton de pénitents, vouloir renoncer à leur bonus en 2008, sont proprement ridicules. A quoi renoncent-ils en réalité? On ne peut renoncer qu'à un avantage auquel on a droit. Est-ce à dire que le bonus est déjà partie
intégrante du salaire?
[…] vouloir mettre un terme à l’Histoire, c’est renier notre humanité — cette quête de l’inconnu, du renouveau, ce besoin d’imprévu qui nous tenaillent.
Aussi, en convertissant la dépossession métaphysique de Melmoth en simple besoin de possession pour le caissier Castanier, Balzac s'est-il improvisé le triste changeur de la rationalité en esthétique de l'offre et de la demande. Le réalisme constitue, sans aucun doute, le meilleur placement esthétique car il suppose un rendement idéologique considérable. A prétendre en effet décrire le
monde tel qu'il est, on lui substitue simplement ce qu'on veut qu'il soit. Implicitement ou réellement les issues sont bloquées les unes après les autres, jusqu'à exclure, nier tout ce qui, par nature, se soustrait à cette emprise objective. […] Proposition monstrueuse qui, à vouloir dire la vérité de tous, nie la vérité de chacun. Et non sans raison : en déterminant caractère, type,
filiation, milieu, on a pour but de quadriller et de maîtriser toute la réalité. C'est le règne de la classification avant d'être celui de la police.
[…] à mesure qu'on croit entrevoir la possibilité de reconstruire vraiment une nouvelle image de l'homme, même si l'on a besoin pour ce faire de se référer à quelque modèle antique, l'imagination plurielle entreprend à l'ombre des constructions les plus frénétiquement naturelles une dislocation mécanique de la personne humaine. On n'en est plus à vouloir masquer le néant de
l'engrenage mais bien au contraire on apprend à voir sous la continuité des apparences un engrenage de néant.
Microcéphalopolis s’amuse aux dépens de toute grandeur, elle jouit de tout faire choir au niveau d’une générale et feintement enjouée copulation de l’individu avec une bêtise aussi illimitée que peut l’être le désir de ne se vouloir que matière aspirante et consomptive.
[À propos de son ami] Et il me dit « Tu sais ce que je ferais, moi? » Parce que évidemment, c'est la seule raison pour laquelle il m'a posé la question, pour me dire ce que lui il ferait. Il a dit que si il avait une machine à remonter dans le temps, il irait tuer Hitler, et je me disais, c'est un but tout à fait noble de vouloir faire ça. Et j'aurais fait pareil, sauf que je ne l'aurais
pas tué. Je l'aurais violé. Je pense que ça aurait été suffisant pour l'empêcher de faire toute cette merde. S'il avait été violé par moi, il n'aurait jamais entrepris tous ces trucs. « – Est-ce qu'on envahit la Pologne?
Laissez faire, telle devrait être la devise de toute puissance publique, depuis que le monde est civilisé … Détestable principe que celui de ne vouloir grandir que par l'abaissement de nos voisins! Il n'y a que la méchanceté et la malignité du coeur de satisfaites dans ce principe, et l’intérêt y est opposé. Laissez faire, morbleu! Laissez faire!!