Sylvie Baron
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Le Cantal détenait le secret des ciels étoilés ,
lumineux et profonds ,
des coulées de lune sensuelles ,
des nuits claires et transparentes comme le cristal .

[...]
elle avait vu des crépitements d'étoiles ,
des reflets de lune argentés sur les montagnes ,
accompagnés du gémissement des sauvagines ,
du brame des cerfs ,
des

hululements de la chouette

et ,

toujours au loin ,
immuable ,
infatigable ,
la plainte sourde du torrent .

Sylvie Baron
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«  L’automne rayonnait, il faisait un soleil à taire tous les chagrins. Le rouge incendiaire des sorbiers se mêlait à l’or des bouleaux pour faire flamber le pays. Devant tant de splendeurs , Marc sentit ses réticences faiblir. C’était le jour idéal pour des retrouvailles avec Garabit. Il n’avait en fait que
trop tard頻 .

Sylvie Baron
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Mon village au fond de l'eau
Se souvient du bruit des enclumes
Dont j'entends encore les échos
Vivant sous un manteau d'écume.
(Chanson de Charles Trenet citée dans le livre),

Sylvie Baron
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«  ——-Aimer les arbres, c’est devenir arbre. Chaque arbre est différent . Il y a les grands qui s’y croient , les petits fragiles , les orgueilleux , les costaux, les magnifiques . C’est important de les connaître pour pouvoir leur parler » ..

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«  Cette famille était vraiment impossible!
Trop d’ego, de fortes personnalités , de suffisance, trop de souffrances et de rancœurs aussi. Un nid de vipères inextricable! »

Sylvie Baron
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«  Bâti sur une éminence dans la haute vallée de l’Épie, le bourg de Belinay, accroché aux contreforts du Plomb du Cantal ,occupait avec ses maisons et son église une pente légèrement inclinée vers la rivière.
En toutes saisons, celle- ci roulait ses eaux rapides vers la Truyère, au milieu de prairies toujours fraîches , encadrées sur chaque versant par une magnifique

frondaison de hêtres.
Tout en haut du village, la propriété des Cantelauze alliait la distinction d’une maison de caractère à la solidité d’une forteresse dans un décor romantique de montagnes » .....

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Celui-ci prit bientôt fin au soulagement apparent d’Anne qui annonça sa volonté d’utiliser la barque pour une promenade sur la Truyère. Cette décision le fit sourire imaginant mal la frêle citadine ramer et étant prêt à parier qu’elle renoncerait rapidement à ce projet.
Elle s’y tint pourtant et, après avoir embrassé Julien qui s’adonnait au plaisir de la sieste, elle

entreprit accompagnée du seul Baobab de descendre le sentier tortueux et fort raide menant jusqu’à la rivière, dont la ligne majestueuse s’étalait en contrebas de la propriété.
La barque étant légère, elle n’eut guère de difficultés à la mettre à flots. Elle en éprouva d’avantage pour ramer, n’ayant pas pratiqué ce sport depuis fort longtemps. Elle y parvint pourtant

et, fière d’elle-même, entreprit de s’éloigner de la rive.
Le courant, bien que peu intense en cette saison, lui était favorable et le domaine disparut rapidement, caché à ses yeux par les courbes sinueuses de la Truyère ainsi que par le rideau d’arbres la surplombant.
Assise sur le banc de nage, ramant sans effort véritable, Anne se sentit merveilleusement heureuse,

gagnée par un immense sentiment de liberté.
Aux arbres succédèrent bientôt de vastes champs dont la pente douce s’étalait jusqu’à la rivière à laquelle venaient, paisibles et nonchalantes, s’abreuver les nombreuses vaches parquées là pour toute la durée de la belle saison.
On ne distinguait nulle trace d’habitation, hormis de loin en loin les ruines d’un vieux

buron abandonné. Tout alentour n’était que pâturage et forêt ce qui fit sourire la jeune femme, à nouveau stupéfaite du côté désertique de la région.
Regrettant de ne pas avoir emporté de jumelles, elle observa au loin le vol plané d’une buse guettant vraisemblablement une quelconque proie dans les eaux sombres.
Une brusque sensation d’humidité à ses pieds la fit

baisser les yeux et elle découvrit avec surprise qu’une importante quantité d’eau s’était engouffrée dans la barque. Haussant les épaules elle entreprit d’ôter ses chaussures ce que, du reste, elle eut dû faire dès son départ.
Accusant de cette incommodité la trop grande vigueur qu’elle mettait à ramer, elle adoucit sensiblement ses mouvements ce qui ralentit quelque peu

son rythme, ce dont elle n’avait cure, peu pressée de voir cette réjouissante promenade prendre fin.
Cependant, quelques instants plus tard, perdue dans la contemplation amusée de Baobab profondément occupé à observer avec une peureuse acuité les poissons que laissait entrevoir la clarté étonnante de l’eau, elle s’étonna que, malgré ses efforts, celle-ci continua son

ascension et gagna maintenant ses chevilles.
Une exclamation de stupeur lui échappa lorsque, regardant pour la seconde fois, Anne se rendit compte du niveau inquiétant du liquide dans la barque. Se baissant elle aperçut alors une large brèche dans laquelle, insidieuse, la rivière s’engouffrait à une rapidité d’autant plus grande que, sous le poids inhabituel de l’eau, la barque

s’enfonçait progressivement.
Brusquement gagnée par un sentiment d’urgence, la jeune femme se mit à ramer frénétiquement vers la berge dont elle s’était jusqu’alors tenue éloignée dans un souci de prudence, sachant que de nombreux rochers affleuraient à sa proximité.
L’embarcation étant alourdie, la manœuvre fut bien plus difficile qu’elle l’escomptait, ses

gestes désordonnés se montrant en outre passablement inefficaces.
Paniquée, elle vit la barque s’enfoncer à quelques mètres du bord et n’eut d’autre recours que la nage pour gagner celui-ci. Bien que bonne nageuse cela lui demanda, ses habits trempés entravant sa progression, quelques efforts et c’est épuisée qu’elle se hissa finalement sur la berge.
Rassurée sur le

sort de son chien s’ébrouant farouchement à ses côtés, elle se laissa tomber sur le sol boueux et entreprit de retrouver son souffle.
Le sentiment de peur l’habitant jusqu’alors laissa soudainement place à une rage d’une violence incroyable qui la submergea tout entière. Se redressant brusquement elle y donna cours en frappant de toutes ses forces le sol de ses poings.

    - Non, s’exclama-t-elle violemment, non, non et non, c’est assez ! Je ne me laisserai pas persécuter ainsi, c’est hors de question !
Se promettant fougueusement de découvrir qui s’acharnait ainsi contre elle, absolument persuadée que ce nouvel accident n’en était pas un mais bien une tentative pour lui nuire, Anne mit longtemps à

se calmer.
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«  Pour s’intégrer chez les Cantelauze , il fallait avoir l’amour de la montagne, la passion pour ce volcan qui façonnait les hommes à son image , austère et sublime à la fois.
Or Ariane était une pure citadine qui reculait avec un cri d’oiseau effarouché en voyant un troupeau de vaches caracolant au sortir de l’étable.
Si elle appréciait la beauté des paysages,

les odeurs si particulières de ce pays, de bouse, de terre nourricière , d’herbes sauvages et de feu de bois, la laissaient indifférente, l’écœuraient même parfois » .....

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Enfant déjà, elle dévorait les livres, ils lui offraient davantage d'horizons que bien des voyages n'auraient pu le faire.

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«  Son père parlait souvent de Garabit comme d’un site majestueux chargé d’histoire, un formidable exploit humain, témoin d’un temps où les hommes affirmaient fièrement leur maîtrise du métal .Sa mère soulignait davantage la beauté et l’élégance de l’ouvrage qui faisait comme un écho horizontal à sa chère Tour Eiffel avec ses dentelles d’acier » ...

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Emma reçut ces mots avec gratitude. Elle avait besoin de les entendre, de se rassurer. Elle comprenait parfaitement sa peur, ses réticences. S’engager est terrible. Terriblement beau aussi. Elle savait qu’elle donnerait tout pour lui, prête même à sacrifier quelques heures de lecture . Ca ne lui était jamais arrivé, c’était le meilleur signe qu’elle pouvait trouver.

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«  L’automne rayonnait de splendeur comme pour mieux endormir la forêt avant le grand silence hivernal , l’engourdissant de couleurs rousses , de brumes fugaces et de fumées légères.
La pluie de la semaine passée avait régénéré les bois, dégageant un mélange d’odeurs caractéristiques de la saison.
Des senteurs d’humus , de mousse, de fougère , d’écorce, de

champignon les submergeaient , accompagnées du bruissement léger des feuilles d’or qui tourbillonnaient lentement autour d’eux » ...

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«  Le Cantal détenait le secret des ciels étoilés, lumineux et profonds , des coulées de lune sensuelles, des nuits claires et transparentes comme le cristal.
Installée confortablement sur le rocking- chair , elle en avait vu des crépitements d’étoiles , des reflets de lune argentés sur les montagnes, accompagnés du gémissement des sauvagines, du brame des cerfs , des

hululements de la chouette et, toujours au loin, immuable, infatigable , la plainte sourde du Muscatel » ...

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C'est bien ce que je pensais, vivreavec tous ces bouquins rend un peu cinglé.

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Dans ce village si beau, si tranquille, il venait de rencontrer le même genre de peur et de détresse que dans les cages d’escalier miteuses, les parkings glauques, les impasses sournoises et les bouts de ligne déshérités de sa cité d’origine.

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En cette matinée humide d'automne, les feuilles jaunies des bouleaux et celles des merisiers parées de teintes pourpres se détachaient en tourbillonnant pour joncher de confettis cuivrés la grande allée sablée. Dans le verger, les fruits pullulaient sur les branches. Les pommes rouges brillaient comme des rubis. Nina faisait de son mieux pour rassembler les feuilles et ramasser celles que

laissaient fuir les dents du râteau. Le vieil Anselme la guettait du coin de l'oeil d'un air madré, prêt à relever la moindre erreur, le premier signe d'une quelconque insuffisance.

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«  Malgré ses pensées chaotiques, Marie avançait sous les frondaisons d’un pas souple et décidé. Jo la précédait , la truffe au ras du sol , la queue frétillante , les pattes légères , débordant comme toujours de vitalité.
C’était un jeune golden retriever de trois ans, obéissant, attentif et affectueux .
Dans la lumière singulière de cette fin d’été , son

pelage safran semblait parfois se nimber d’une myriade de gouttelettes d’or » ...

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Elle exultait alors littéralement en faisant partager ses lectures, s'attardant surtout sur les livres inconnus, ceux qui avaient surtout besoin d'un bon avocat. La beauté de son métier résidait justement dans cette possibilité jubilatoire de guider les lecteurs vers l'inconnu.

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Elle adorait ce pays fier, sauvage, secret. Elle se sentait comme lui pleine de force, de vigueur, de noblesses discrètes et de valeurs vraies. Le Cantal restait pourtant largement méconnu des voies touristiques. Le plus grand volcan d’Europe avait donné son nom à ce département, dont il occupait presque la totalité du territoire. Il avait façonné les hommes à son image, empreinte à la

fois d’austérité et de singulière générosité.

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En moins de trois semaines, Jarod avait déjà fait pas mal de conquêtes, surtout féminines il faut bien l’avouer. Son amabilité naturelle, sa force de vie, sa sérénité, sa foi tranquille dans son propre avenir inspiraient immédiatement confiance. Il s’intéressait à toutes les conversations, posait mille questions sur la vie de chacun, prenait l’avis du docteur Couderc dans les cas

difficiles, ne ménageait pas son temps. Certains, cependant, ne s’étaient pas privés de lancer quelques blagues stupides sur sa couleur de peau. Comme il était le premier à en rire, ils n’allèrent pas plus loin.