L'esprit scientifique ne peut se constituer qu'en détruisant l'esprit non scientifique. Trop souvent le savant se confie à une pédagogie fractionnée alors que l'esprit scientifique devrait viser à une réforme subjective totale. Tout réel progrès dans la pensée scientifique nécessite une conversion.
Comme elle est injuste, la critique qui ne voit dans le langage qu'une sclérose de l'expérience intime! Au contraire, le langage est toujours un peu en avant de notre pensée, un peu plus bouillonant que notre amour. Il est la belle fonction de l'imprudence humaine, la vantardise dynamogénique de la volonté, ce qui exagère la puissance. A plusieurs reprises, au cours de cet essai, nous avons
souligné le caractère dynamique de l'exagération imaginaire. Sans cette exagération, la vie ne peut pas se développer. En toutes circonstances, la vie prend trop pour avoir assez. Il faut que l'imagination prenne trop pour que la pensée ait assez. Il faut que la volonté imagine trop pour réaliser assez.
Il faut le dire : il y a trop de grands hommes dans le monde; il y a trop de législateurs, organisateurs, instituteurs de sociétés, conducteurs de peuples, pères des nations, etc. Trop de gens se placent au dessus de l'humanité pour la régenter, trop de gens font métier de s'occuper d'elle.
[…] l'humanisme de Jung est profondément personnaliste. L'homme au sens plein, c'est le soi; il ne se dégage qu'au terme, chez chacun, du « processus d'individuation ». Rien, en revanche, ne constitue pour lui une plus lourde menace que le pouvoir croissant des masses, la « massification » dont le monde moderne nous donne le spectacle, et contre laquelle Jung, dans un ouvrage qu'on a dit
testamentaire — Présent et Avenir —, a tenu à nous alerter en termes pathétiques. Au reste, les conflits de masse eux-mêmes, la formation de blocs antagonistes gigantesques, ne sont que la projection au dehors d'une scission non résolue au sein de l'être individuel qui, inconscient de son ombre, la voit projetée dans le bloc adverse, ce bouc émissaire. On ne saurait trop redire que le
seul remède est dans la consigne socratique de la « compréhension de soi-même ».
Personne ne devrait porter le fardeau de trop d'avenir.
Tout est devenu trop complexe. Trop inextricablement lié. On est trop fragiles.
Il était trop intelligent peut-être, mais surtout je ne l'aimais pas assez. Je me préférais, moi.
J'étais trop nietzschéenne pour me pencher sur cette vieille humanité que je n'aimais pas en bloc.