Henri Barbusse
Henri Barbusse

Honte à la gloire militaire, honte aux armées, honte au métier de soldat, qui change les hommes tour à tour en stupides victimes et en ignobles bourreaux.

George Carlin
George Carlin

Pensez au taux de stupidité de la personne lambda, et réalisez que la moitié d'entre elles sont encore plus stupides que ça.

George Carlin
George Carlin

Ne sous-estimez jamais le pouvoir des gens stupides lorsqu’ils se regroupent en grands nombres.

Tove Jansson
Tove Jansson

La grand-mère gravit le rocher tout en réfléchissant sur les oiseaux en général. Il lui semblait qu'aucun autre animal ne possédait leur pouvoir de dramatiser et de parfaire un évènement _ les changements de temps et de saison, les multiples états d'âme qui traversent les individus. Elle pensait aux oiseaux migrateurs, au merle un soir d'été, au coucou _ oui, le coucou _, aux grands

oiseaux froids et distants qui planent et épient, et aux tout petits, ronds comme une boule, stupides et un peu craintifs qui arrivent en bandes à la fin de l'été pour une rapide visite, et aux hirondelles qui honorent seulement les maisons où les gens sont heureux. Comme il était étrange que tous ces oiseaux impersonnels aient pu devenir des symboles aussi puissants.

Hector Berlioz
Hector Berlioz

Civitella offre, en outre, aux vagabonds, un précieux avantage dont les autres villages semblables sont totalement dépourvus ; c’est une auberge ou quelque chose d’approchant. On peut y loger et y vivre passablement. L’homme riche du pays, il signor Vincenzo, reçoit et héberge de son mieux les étrangers, les Français surtout, pour lesquels il professe la plus honorable sympathie, mais

qu’il assassine de questions sur la politique. Assez modéré dans ses autres prétentions, ce brave homme est assez insatiable sur ce point. Enveloppé dans une redingote qu’il n’a pas quittée depuis dix ans, accroupi sous sa cheminée enfumée, il commence, en vous voyant entrer, son interrogatoire, et, fussiez-vous exténué, mourant de soif, de faim et de fatigue, vous n’obtiendrez

pas un verre de vin avant de lui avoir répondu sur Lafayette, Louis-Philippe et la garde nationale. Vico-Var, Olevano, Arsoli, Genesano et vingt autres villages dont le nom m’échappe, se présentent presque uniformément sous le même aspect. Ce sont toujours des agglomérations de maisons grisâtres appliquées, comme des nids d’hirondelles, contre des pics stériles presque inabordables ;

toujours de pauvres enfants demi-nus poursuivent les étrangers en criant : Pittore ! pittore ! Inglese ! mezzo baiocco[53] ! (Pour eux, tout étranger qui vient les visiter est peintre ou Anglais). Les chemins, quand il y en a, ne sont que des gradins informes, à peine indiqués dans le rocher. On rencontre des hommes oisifs qui vous regardent d’un air singulier ; des femmes, conduisant des

cochons qui, avec le maïs, forment toute la richesse du pays ; de jeunes filles, la tête chargée d’une lourde cruche de cuivre ou d’un fagot de bois mort ; et tous si misérables, si tristes, si délabrés, si dégoûtants de saleté, que, malgré la beauté naturelle de la race et la coupe pittoresque des vêtements, il est difficile d’éprouver à leur aspect autre chose qu’un

sentiment de pitié. Et pourtant, je trouvais un plaisir extrême à parcourir ces repaires, à pied, le fusil à la main, ou même sans fusil.

Lorsqu’il s’agissait, en effet, de gravir quelque pic inconnu, j’avais soin de laisser en bas ce bel instrument, dont les qualités excitaient assez la convoitise des Abruzzais pour leur donner l’idée d’en détacher le propriétaire,

au moyen de quelques balles envoyées à sa rencontre par d’affreuses carabines embusquées traîtreusement derrière un vieux mur.

À force de fréquenter les villages de ces braves gens, j’avais fini par être très-bien avec eux. Crispino surtout m’avait pris en affection ; il me rendait toutes sortes de services ; il me procurait non-seulement des tuyaux de pipe parfumés,

d’un goût exquis[54], non-seulement du plomb et de la poudre, mais des capsules fulminantes, même des capsules ! dans ce pays perdu, dépourvu de toute idée d’art et d’industrie. De plus, Crispino connaissait toutes les ragazze bien peignées à dix lieues à la ronde, leurs inclinations, leurs relations, leurs ambitions, leurs passions, celles de leurs parents et de leurs amants ; il

avait une note exacte des degrés de vertu et de température de chacune, et ce thermomètre était quelquefois fort amusant à consulter.

Cette affection, du reste, était motivée ; j’avais, une nuit, dirigé une sérénade qu’il donnait à sa maîtresse ; j’avais chanté avec lui pour la jeune louve, en nous accompagnant de la chitarra francese, une chanson alors en vogue,

parmi les élégants de Tivoli ; je lui avais fait présent de deux chemises, d’un pantalon et de trois superbes coups de pied au derrière un jour qu’il me manquait de respect[55].

Crispino n’avait pas eu le temps d’apprendre à lire, et il ne m’écrivait jamais. Quand il avait quelque nouvelle intéressante à me donner hors des montagnes, il venait à Rome. Qu’était-ce,

en effet qu’une trentaine de lieues per un bravo comme lui. Nous avions l’habitude, à l’Académie, de laisser ouvertes les portes de nos chambres. Un matin de janvier (j’avais quitté les montagnes en octobre, je m’ennuyais donc depuis trois mois), en me retournant dans mon lit, j’aperçois devant moi un grand scélérat basané, chapeau pointu, jambes cordées, qui paraissait

attendre très-honnêtement mon réveil.

— Tiens ! Crispino ! qu’es-tu venu faire à Rome ?

— Sono venuto... per vederlo !

— Oui pour me voir, et puis ?

— Crederei mancare al più preciso mio debito, se in questa occasione...

— Quelle occasion ?

— Per dire la verità... mi manca... il danaro.

— À

la bonne heure ! voilà ce qui s’appelle dire vraiment la verità. Ah ! tu n’as pas d’argent ! et que veux-tu que j’y fasse, birbonnaccio ?

— Per Bacco, non sono birbone !

Je finis sa réponse en français :

— «Si vous m’appelez gueux parce que je n’ai pas le sou, vous avez raison ; mais si c’est parce que j’ai été deux ans à

Civita-Vecchia, vous avez bien tort. On ne m’a pas envoyé aux galères pour avoir volé, mais bien pour de bons coups de carabine, pour de fameux coups de couteau donnés dans la montagne à des étrangers (forestieri).»

Mon ami se flattait assurément ; il n’avait peut-être pas tué seulement un moine ; mais enfin, on voit qu’il avait le sentiment de l’honneur. Aussi, dans

son indignation, n’accepta-t-il que trois piastres, une chemise et un foulard, sans vouloir attendre que j’eusse mis mes bottes pour lui donner... le reste. Le pauvre garçon est mort, il y a deux ans, d’un coup de pierre reçu à la tête, dans une rixe.

Nous reverrons-nous dans un monde meilleur ?...

XXXIX

La vie du musicien à Rome. — La musique dans

l’église de Saint-Pierre. — La chapelle Sixtine. — Préjugé sur Palestrina. — La musique religieuse moderne dans l’église de Saint-Louis. — Les théâtres lyriques. — Mozart et Vaccaï. — Les pifferari. — Mes compositions à Rome.

Il fallait bien toujours revenir dans cette éternelle ville de Rome, et s’y convaincre de plus en plus que, de toutes les existences

d’artiste, il n’en est pas de plus triste que celle d’un musicien étranger, condamné à l’habiter, si l’amour de l’art est dans son cœur. Il y éprouve un supplice de tous les instants, dans les premiers temps, en voyant ses illusions poétiques tomber une à une, et le bel édifice musical élevé par son imagination, s’écrouler devant la plus désespérante des réalités ; ce

sont, chaque jour, de nouvelles expériences qui amènent constamment de nouvelles déceptions. Au milieu de tous les autres arts pleins de vie, de grandeur, de majesté, éblouissants de l’éclat du génie, étalant fièrement leurs merveilles diverses, il voit la musique réduite au rôle d’une esclave dégradée, hébétée par la misère et chantant, d’une voix usée, de stupides poëmes

pour lesquels le peuple lui jette à peine un morceau de pain. C’est ce que je reconnus facilement au bout de quelques semaines. À peine arrivé, je cours à Saint-Pierre... immense ! sublime ! écrasant !... voilà Michel-Ange, voilà Raphaël, voilà Canova ; je marche sur les marbres les plus précieux, les mosaïques les plus rares... Ce silence solennel... cette fraîche atmosphère... ces

tons lumineux si riches et si harmonieusement fondus... Ce vieux pèlerin, agenouillé seul, dans la vaste enceinte... Un léger bruit, parti du coin le plus obscur du temple, et roulant sous ces voûtes colossales comme un tonnerre lointain... j’eus peur... il me sembla que c’était là réellement la maison de Dieu et que je n’avais pas le droit d’y entrer. Réfléchissant que de faibles

créatures comme moi étaient parvenues cependant à élever un pareil monument de grandeur et d’audace, je sentis un mouvement de fierté, puis, songeant au rôle magnifique que devait y jouer l’art que je chéris, mon cœur commença à battre à coups redoublés. Oh ! oui, sans doute, me dis-je aussitôt, ces tableaux, ces statues, ces colonnes, cette architecture de géants, tout cela

n’est que le corps du monument ; la musique en est l’âme ; c’est par elle qu’il manifeste son existence, c’est elle qui résume l’hymne incessant des autres arts, et de sa voix puissante le porte brûlant aux pieds de l’Éternel. Où donc est l’orgue ?... L’orgue, un peu plus grand que celui de l’Opéra de Paris, était sur des roulettes ; un pilastre le dérobait à ma vue.

N’importe, ce chétif instrument ne sert peut-être qu’à donner le ton aux voix, et tout effet instrumental étant proscrit, il doit suffire. Quel est le nombre des chanteurs ?... Me rappelant alors la petite salle du Conservatoire, que l’église de Saint-Pierre contiendrait cinquante ou soixante fois au moins, je pensai que si un chœur de quatre-vingt-dix voix y était employé

journellement, les choristes de Saint-Pierre ne devaient se compter que par milliers. + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          00

Hector Berlioz
Hector Berlioz

X

Mon père me retire ma pension. — Je retourne à la Côte. — Les idées de province sur l’art et sur les artistes. — Désespoir. — Effroi de mon père. — Il consent à me laisser revenir à Paris. — Fanatisme de ma mère. — Sa malédiction.

L’espèce de succès obtenu par la première exécution de ma messe avait un instant ralenti les hostilités de

famille dont je souffrais tant, quand un nouvel incident vint les ranimer, en redoublant le mécontentement de mes parents.

Je me présentai au concours de composition musicale qui a lieu tous les ans à l’Institut. Les candidats, avant d’être admis a concourir, doivent subir une épreuve préliminaire d’après laquelle les plus faibles sont exclus. J’eus le malheur d’être

de ceux-là. Mon père le sut et cette fois, sans hésiter, m’avertit de ne plus compter sur lui, si je m’obstinais à rester à Paris, et qu’il me retirait ma pension. Mon bon maître lui écrivit aussitôt une lettre pressante, pour l’engager à revenir sur cette décision, l’assurant qu’il ne pouvait point y avoir de doutes sur l’avenir musical qui m’était réservé, et que la

musique me sortait par tous les pores. Il mêlait à ses arguments pour démontrer l’obligation où l’on était de céder à ma vocation, certaines idées religieuses dont le poids lui paraissait considérable, et qui, certes, étaient bien les plus malencontreuses qu’il pût choisir dans cette occasion. Aussi la réponse brusque, roide et presque impolie de mon père ne manqua pas de

froisser violemment la susceptibilité et les croyances intimes de Lesueur. Elle commençait ainsi : «Je suis un incrédule, monsieur !» On juge du reste.

Un vague espoir de gagner ma cause en la plaidant moi-même me donna assez de résignation pour me soumettre momentanément. Je revins donc à la Côte.

Après un accueil glacial, mes parents m’abandonnèrent pendant

quelques jours à mes réflexions, et me sommèrent enfin de choisir un état quelconque, puisque je ne voulais pas de la médecine. Je répondis que mon penchant pour la musique était unique et absolu et qu’il m’était impossible de croire que je ne retournasse pas à Paris pour m’y livrer. «Il faut pourtant bien te faire à cette idée, me dit mon père, car tu n’y retourneras jamais



À partir de ce moment je tombai dans une taciturnité presque complète, répondant à peine aux questions qui m’étaient adressées, ne mangeant plus, passant une partie de mes journées à errer dans les champs et les bois, et le reste enfermé dans ma chambre. À vrai dire, je n’avais point de projets ; la fermentation sourde de ma pensée et la contrainte que je subissais

semblaient avoir entièrement obscurci mon intelligence. Mes fureurs même s’éteignaient, je périssais par défaut d’air.

Un matin de bonne heure, mon père vint me réveiller ! «Lève-toi, me dit-il, et quand tu seras habillé, viens dans mon cabinet, j’ai à te parler !» J’obéis sans pressentir de quoi il s’agissait. L’air de mon père était grave et triste plutôt

que sévère. En entrant chez lui, je me préparais néanmoins à soutenir un nouvel assaut, quand ces mots inattendus me bouleversèrent : «Après plusieurs nuits passées sans dormir, j’ai pris mon parti... Je consens à te laisser étudier la musique à Paris... mais pour quelque temps seulement ; et si, après de nouvelles épreuves, elles ne te sont pas favorables, tu me rendras bien la

justice de déclarer que j’ai fait tout ce qu’il y avait de raisonnable à faire, et te décideras, je suppose, à prendre une autre voie. Tu sais ce que je pense des poëtes médiocres ; les artistes médiocres dans tous les genres ne valent pas mieux ; et ce serait pour moi un chagrin mortel, une humiliation profonde de te voir confondu dans la foule de ces hommes inutiles !»

Mon père, sans s’en rendre compte, avait montré plus d’indulgence pour les médecins médiocres, qui, tout aussi nombreux que les méchants artistes, sont non-seulement inutiles, mais fort dangereux ! Il en est toujours ainsi, même pour les esprits d’élite ; ils combattent les opinions d’autrui par des raisonnements d’une justesse parfaite, sans s’apercevoir que ces armes à deux

tranchants peuvent être également fatales à leurs plus chères idées.

Je n’en attendis pas davantage pour m’élancer au cou de mon père et promettre tout ce qu’il voulait. «En outre, reprit-il, comme la manière de voir de ta mère diffère essentiellement de la mienne à ce sujet, je n’ai pas jugé à propos de lui apprendre ma nouvelle détermination, et pour nous

éviter à tous des scènes pénibles, j’exige que tu gardes le silence et partes pour Paris secrètement.» J’eus donc soin, le premier jour, de ne laisser échapper aucune parole imprudente ; mais ce passage d’une tristesse silencieuse et farouche à une joie délirante que je ne prenais pas la peine de déguiser, était trop extraordinaire pour ne pas exciter la curiosité de mes sœurs ;

et Nanci, l’aînée, fit tant, me supplia avec de si vives instances de lui en apprendre le motif, que je finis par lui tout avouer... en lui recommandant le secret. Elle le garda aussi bien que moi, cela se devine, et bientôt toute la maison, les amis de la maison, et enfin ma mère en furent instruits.

Pour comprendre ce qui va suivre, il faut savoir que ma mère dont les opinions

religieuses étaient fort exaltées, y joignait celles dont beaucoup de gens ont encore de nos jours le malheur d’être imbus, en France, sur les arts qui, de près ou de loin, se rattachent au théâtre. Pour elle, acteurs, actrices, chanteurs, musiciens, poëtes, compositeurs, étaient des créatures abominables, frappées par l’Église d’excommunication, et comme telles prédestinées à

l’enfer. À ce sujet, une de mes tantes (qui m’aime pourtant aujourd’hui bien sincèrement et m’estime encore, je l’espère), la tête pleine des idées libérales de ma mère, me fit un jour une stupéfiante réponse. Discutant avec elle, j’en étais venu à lui dire : «À vous entendre, chère tante, vous seriez fâchée, je crois, que Racine fût de votre famille ?» — «Eh ! mon

ami... la considération avant tout !» Lesueur faillit étouffer de rire, lorsque plus tard, à Paris, je lui citai ce mot caractéristique. Aussi ne pouvant attribuer une semblable manière de voir qu’à une vieillesse voisine de la décrépitude, il ne manquait jamais, quand il était d’humeur gaie, de me demander des nouvelles de l’ennemie de Racine, ma vieille tante ; bien qu’elle

fût jeune alors et jolie comme un ange.

Ma mère donc, persuadée qu’en me livrant à la composition musicale (qui, d’après les idées françaises, n’existe pas hors du théâtre) je mettais le pied sur une route conduisant à la déconsidération en ce monda et à la damnation dans l’autre, n’eut pas plus tôt vent de ce qui se passait que son âme se souleva

d’indignation. Son regard courroucé m’avertit qu’elle savait tout. Je crus prudent de m’esquiver et de me tenir coi jusqu’au moment du départ. Mais je m’étais à peine réfugié dans mon réduit depuis quelques minutes, qu’elle m’y suivit, l’œil étincelant, et tous ses gestes indiquant une émotion extraordinaire ; «Votre père, me dit-elle, en quittant le tutoiement

habituel, a eu la faiblesse de consentir à votre retour à Paris, il favorise vos extravagants et coupables projets !... Je n’aurai pas, moi, un pareil reproche à me faire, et je m’oppose formellement à ce départ ! — Ma mère !... — Oui, je m’y oppose, et je vous conjure, Hector, de ne pas persister dans votre folie. Tenez, je me mets à vos genoux, moi, votre mère, je vous supplie

humblement d’y renoncer... — Mon Dieu, ma mère permettez que je vous relève, je ne puis... supporter cette vue... — Non, je reste !...» Et, après un instant de silence : «Tu me refuses, malheureux ! tu as pu, sans te laisser fléchir, voir ta mère à tes pieds ! Eh bien ! pars ! Va te traîner dans les fanges de Paris, déshonorer ton nom, nous faire mourir, ton père et moi, de honte

et de chagrin ! Je quitte la maison jusqu’à ce que tu en sois sorti. Tu n’es plus mon fils ! je te maudis !»

Est-il croyable que les opinions religieuses aidées de tout ce que les préjugés provinciaux ont de plus insolemment méprisant pour le culte des arts, aient pu amener entre une mère aussi tendre que l’était la mienne et un fils aussi reconnaissant et respectueux que

je l’avais toujours été, une scène pareille ?... Scène d’une violence exagérée, invraisemblable, horrible, que je n’oublierai jamais, et qui n’a pas peu contribué à produire la haine dont je suis plein pour ces stupides doctrines, reliques du moyen âge, et, dans la plupart des provinces de France, conservées encore aujourd’hui.

Cette rude épreuve ne finit pas là.

Ma mère avait disparu ; elle était allée se réfugier à une maison de campagne nommée le Chuzeau, que nous avions près de la Côte. L’heure du départ venue, mon père voulut tenter avec moi un dernier effort pour obtenir d’elle un adieu, et la révocation de ses cruelles paroles. Nous arrivâmes au Chazeau avec mes deux sœurs. Ma mère lisait dans le verger au pied d’un arbre. En

nous apercevant, elle se leva et s’enfuit. Nous attendîmes longtemps, nous la suivîmes, mon père l’appela, mes sœurs et moi nous pleurions ; tout fut vain ; et je dus m’éloigner sans embrasser ma mère, sans en obtenir un mot, un regard, et chargé de sa malédiction !... + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          00

August Strindberg
August Strindberg

Le fils : Non ! Je n’en ai pas envie… Je crois que je vais aller chez moi…Si seulement je pouvais faire un peu de feu dans le poêle.

La mère : Nous n’avons pas les moyens de faire partir notre argent en fumée…

Le fils : C’est ce que nous avons entendu pendant vingt ans, bien que nous ayons eu les moyens de voyager à l’étranger pour faire de stupides

voyages ostentatoires…

John Galsworthy
John Galsworthy

Passant de l'un à l'autre de ses trésors, il s'aperçut bientôt qu'elles ignoraient tout de la peinture. Elles ne remarquèrent pas plus son dernier Mauve, cette superbe étude du Retour d'une charrette de foin, que si c'eût été une lithographie. Il attendait avec une sorte de terreur pour voir de quel oeil elles regarderaient la plus belle pièce de sa collection - un Israëls dont il avait

vu le prix monter si haut qu'il n'espérait plus le voir monter davantage, et se disait qu'il vaudrait mieux le mettre sur le marché. Elles ne le regardèrent pas du tout. La surprise était désagréable. Et pourtant, s'il fallait former le goût vierge d'Annette, cela vaudrait mieux que d'avoir affaire aux stupides prédilections des Anglais de la classe moyenne. Au bout de la galerie, il y

avait un Meissonier dont il avait plutôt honte - le prix des Meissonier baissait avec une telle régularité! Mme Lamotte s'arrêta.
- Meissonier! Ah! quelle merveille!

Patrick Senécal
Patrick Senécal

Où donc ai-je pêché cette histoire de couleuvre ?
Au moins, mes stupides rêves m'auront servi à tirer du pétrin...
- Oui, oui, moi aussi, je faisais ça ! approuve un étudiant.
Moi, je leur coupai la moitié du corps ! pour voir si elle pouvait encore ramper

Michel Weyland
Michel Weyland

- Les villageois sont sous ton emprise, d’accord ! Mais toi aussi tu es sous l’emprise de quelques choses !
- Ah oui ? Sous l’emprise de quoi ?
- De tes désirs stupides et diaboliques !