![Taslima Nasreen](images/avatarlar/pexels-marius-venter-165.png)
Rêve domestique
A quoi ressembles-tu dans ton lit,
Au moment où tu t'endors
Ou au sortir d'un rêve ?
A quoi ressembles-tu au lever,
Quand tu vas dans la salle de bain
Te verser un verre d'eau de la cruche
Pour le boire ?
Je ne t'ai jamais vu dans un contexte domestique
Après que tu t'es rasé et baigné.
A quoi
ressembles-tu
Quand tu chantonnes,
Quand tu retires ta chemise,
Quand une femme étale
La forêt de sa chevelure
Sur ton large torse
Et t'inonde de caresses ?
Quand, réveillé au plus noir de la nuit,
Tu te noies
Dans l'amour fou d'une femme
Comme la houle des vagues sur le fleuve ?
Je meurs d'envie de voir un jour
Comment le corps d'une femme
Frémit de joie sous ta main.
Pour une fois, je veux être une femme, entièrement femme !
![Taslima Nasreen](images/avatarlar/pexels-simon-migaj-747.png)
Les intégristes musulmans m’ont attaquée, ont lancé des Fatwas contre moi, ont mis ma tête à prix et ont organisé de violentes manifestations, mais pas un seul n’a été puni. C’est moi qui suis punie….Moi j’ai perdu ma maison mon rêve, sans rien avoir à me reprocher. Je dois subir l’exil.
Mon pays , mon chez moi, ce sont les gens qui croient aux droits de l’homme, de
la femme et à l’humanisme laïque.
![Taslima Nasreen](images/avatarlar/pexels-simon-migaj-747.png)
A présent je reçois deux fois par jour la mort en visite. Nous nous donnons un baiser appuyé, nous nous asseyons côte à côte, notre conversation est des plus animées. Son corps est merveilleusement parfumé. Quand je lui raconte ma vie, le menton posé sur ses genoux... la rivière débordante, oùj'ai plongé mon adolescence, mes jeux – quand je lui raconte les parties de marelle, mes
deux nattes battant au vent, mes courses éperdues derrière un cerf-volant, mes bains au clair de lune au bord de l'étang, quand je lui raconte les éclats de l'astre nocturne quej'attrapais en tendant la main vers l'eau, croyant y pendre un poisson argenté ..., je vois la rosée perler dans ses yeux,j'entends sa voix se nouer.
A présent, je reçois deux fois par jour la mort en visite.
Tout en me caressant affectueusement les cheveux, le dos, elle m'a promis de revenir me voir, de ne plus me laisser seule dans le noir, de m'emmener chez elle, dans sa demeure étincelante, et de m'y garder.
![Taslima Nasreen](images/avatarlar/pexels-simon-migaj-747.png)
Parce que lire des livres permet aux gens de changer, de penser par eux-mêmes, les mentalités peuvent évoluer. Les religieux peuvent ouvrir les yeux, et les misogynes, rejoindre la cause des femmes. Un livre est une arme redoutable qui peut faire changer les esprits. Ce que je ne peux pas faire avec des couteaux ou des pistolets.
![Taslima Nasreen](images/avatarlar/pexels-riccardo-bresciani-307.png)
Gigolo
Tu n'es qu'un gigolo.
Et moi, j'étais si heureuse
De t'entendre dire
Les mots d'un amoureux.
Lorsque tu arrivais,
Un ciel illuminé
Sautait dans ma chambre.
Les oiseaux perdus retrouvaient leurs nids,
Les arbres dépouillés leurs feuilles,
Les fleurs des jardins éteints renaissaient.
Lorsque les
femmes remplies de rêves
Les perdent
C'est ainsi que cela se passe.
Puisque tu n'étais pas un amoureux,
Tu as fui après la fiesta,
Exactement comme le font
Les gigolos.
J'ai été aspiré dans ton égout
En croyant que c'était un océan.
![Taslima Nasreen](images/avatarlar/pexels-riccardo-bresciani-307.png)
"Regardez, voilà une pute. / Le corps d'une pute est en tout point semblable /A celui d'un être humain. / Elle a le même genre de nez, d'yeux, de lèvres, / De mains et de doigts. / Elle marche comme un être humain, / S'habille, comme un être humain, / Sourit, pleure et parle de la même façon. / Pourtant, on ne la qualifie d'être humain. / On la traite de pute. / La pute est toujours une
femme, jamais un homme..." (Voilà une pute)
![Taslima Nasreen](images/avatarlar/pexels-elijah-o'donnell-4.png)
Flammes
C'est mon mari, le dictionnaire dit qu'il est mon
Chef, seigneur et maître, etc., etc.
La société reconnaît en lui mon seul dieu.
Mon vieux mari gâteux a retenu à la perfection
Les règles qui prévalent à l'exercice de l'autorité.
Il lui tarde de traverser le pont de l'éternité
Pour entrer au royaume resplendissant du
paradis,
Il a envie de toutes sortes de fruits,
De liqueurs aux couleurs éclatantes et de mets délicieux,
Il convoite
Les corps des vierges roses qu'il pourra mordiller,
Sucer et lécher tout à loisir.
(...)
![Taslima Nasreen](images/avatarlar/pexels-leonie-fahjen-928.png)
Femmes, libérez-vous des morsures
de la peur pour vous tenir debout,
droites et fières,
non comme des lianes aggripées et dépendantes
mais comme de grand arbres
aux racines solides !
Une femme seule peut grandir,
se déployer et faire croître toute une forêt.
![Taslima Nasreen](images/avatarlar/pexels-simon-migaj-747.png)
Pour le bien de l'humanité, les lieux de culte devraient être transformés en hôpitaux, en orphelinats et en universités.
![Taslima Nasreen](images/avatarlar/pexels-daria-shevtsova-161.png)
ant qu’une femme est opprimée et sans défense, les gens l’aiment et compatissent. Mais dès qu’elle refuse de tester exploitée ou étouffée, dès qu’elle se lève et se tient droite, qu’elle impose ses droits, qu’elle brise le système social pourri qui l’enchaîne afin de libérer son corps et son esprit, elle n’est plus admirable – elle devient haïssable.
![Taslima Nasreen](images/avatarlar/pexels-leonie-fahjen-928.png)
Je regarde par la fenêtre les quelques lumières dans la nuit. Lorsque l'avion a décollé, je contemple du ciel mon petit pays, si pauvre, surpeuplé de cent vingt millions d'habitants. Plus l'avion prend de l'altitude, plus il s'estompe, disparaît dans l'épaisseur des nuages. Je continue à regarder en espérant que les nuages vont s'écarter. Mais non, l'avion implacablement continue son
ascension et mon pays devient tout à fait invisible. Mon cher pays. Je sursaute en m'entendant soupirer. De soulagement ? D'aise ? Parce que je retrouve la vie ? Ou de douleur ? D'incertitude ? Parce que je suis en train de la perdre ?
![Taslima Nasreen](images/avatarlar/pexels-daria-shevtsova-161.png)
On ne peut en tirer qu'une conclusion: tant qu'une femme est opprimé et sans défense, les gens l'aiment et compatissent. Mais dès qu'elle refuse de rester exploitée ou étouffée, dès qu'elle se lève et se tient droite, qu'elle impose ses droits, qu'elle brise le système social pourri qui l'enchaîne afin de libérer son corps et son esprit, elle n'est plus admirable - elle devient
haïssable.