Gaston Bachelard
Gaston Bachelard

Les mots — je l'imagine souvent — sont de petites maisons, avec cave et grenier. Le sens commun séjourne au rez-de chaussée, toujours prêt au « commerce extérieur », de plain-pied avec autrui, ce passant qui n'est jamais un rêveur. Monter l'escalier dans la maison du mot c'est, de degré en degré, abstraire. Descendre à la cave, c'est rêver, c'est se perdre dans les lointains

couloirs d'une étymologie incertaine, c'est chercher dans les mots des trésors introuvables. Monter et descendre, dans les mots mêmes, c'est la vie du poète. Monter trop haut, descendre trop bas est permis au poète qui joint le terrestre à l'aérien. Seul le philosophe sera-t-il condamné par ses pairs à vivre toujours au rez-de-chaussée?

Gaston Bachelard
Gaston Bachelard

« Connaître » les constellations, les nommer comme dans les livres, projeter sur le ciel une carte scolaire du ciel, c'est brutaliser nos forces imaginaires, c'est nous enlever le bienfait de l'onirisme étoilé. Sans le poids de ces mots qui «s oulagent la mémoire », — la mémoire des mots, cette grande paresseuse qui refuse de rêver, — chaque nuit nouvelle serait pour nous une

rêverie nouvelle, une cosmogonie renouvelée. Le conscient mal fait, le conscient tout fait est aussi nocif pour l'âme rêvante que l'inconscient amorphe ou déformé. Le psychisme doit trouver l'équilibre entre l'imaginé et le connu. Cet équilibre ne se satisfait pas de vaines substitutions où, subitement, les forces imaginantes se voient associées à des schémas arbitraires.

L'imagination est une force première. Elle doit naître dans la solitude de l'être imaginant.

Léopold III (roi des Belges)
Léopold III (roi des Belges)

Avant que vous ne prononciez les mots horribles de déshonneur, de désertion et de trahison, ils sont sortis de nos lèvres en présence de celui qui allait accomplir cet acte.

Clément Bénech
Clément Bénech

N’en déplaise à l’utopie du réalisme, les mots ne sont pas aussi intrinsèquement dans les choses que le radiocarbone. Et depuis la découverte de la photographie, c’est-à-dire depuis le moment où l’on a réussi à fixer sur un support ce que l’on pouvait capter dès l’Antiquité dans la chambre obscure, il faut admettre — il le faut — que le mot est devenu le Poulidor du

réalisme.

Clément Bénech
Clément Bénech

Ce furent les premiers mots que j'eus sur les lèvres, un matin : lève-toi, mon vieux, lève-toi et charme.

Jean-Baptiste Bidegain
Jean-Baptiste Bidegain

il est incontestable que l'Ordre maçonnique, malgré son mauvais recrutement, possède une très grande influence dont les causes sont le fanatisme politique et le prosélytisme que détermine chez les siens l'éducation particulière qui leur est donnée. Cette éducation a pour conséquence de substituer, à l'âme passive d'un homme quelconque, une âme de haine et de combat. Dans les Loges,

à côté des arrivistes, de plus en plus nombreux, se pressent, en une foule compacte, ces gens, incomplètement affranchis, qui, refusant d'accepter les dogmes des religions, éprouvent cependant, l'impérieuse nécessité de croire en des mots vagues et trompeurs ou en la signification mystérieuse des symboles. Ceux-là deviennent vite des cléricaux, les pires des cléricaux. Dès qu'un

citoyen est devenu un « bon Maçon », il subordonne tout au but que la Maçonnerie lui enjoignit d'atteindre. Il devient un exalté, un assoiffé d'absolu, un dangereux fou politique, un futur pourvoyeur de guillotines.

Ambrose Bierce
Ambrose Bierce

Citation : Action de répéter de façon erronée les mots d'un autre.

Maurice Blanchot
Maurice Blanchot

On eût dit qu'en parlant un langage dont le caractère enfantin ne permettait pas qu'on le tînt pour un langage, elle donnait aux mots insignifiants l'aspect de mots incompréhensibles. Elle ne disait rien, mais ne rien dire était pour elle un mode d'expression trop significatif, au-dessous duquel elle réussissait à moins dire encore.

Nicolas Boileau
Nicolas Boileau

Ce que l'on conçoit bien, s'énonce clairement,
Et les mots pour le dire arrivent aisément.

Nicolas Andry de Boisregard
Nicolas Andry de Boisregard

Il faut dire, cette femme est poète, est philosophe, est médecin, est auteur, est peintre; et non poétesse, philosophesse, médecine, autrice, peintresse, etc. On doit en cela déferrer à l’usage qui donne la terminaison féminine à certains mots pour le genre féminin, et qui ne la donne pas à d’autres. Ainsi on dit bien qu’une femme a été conseillère d’une telle action, mais non

pas jugesse d’un tel procès; qu’elle a été mon avocate, mais non pas qu’elle a été mon oratrice.