Christine Eddie
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On s’imagine souvent que l’amour doit jaillir avec fougue, s’entourer d’un trouble désarmant et s’épanouir avec fracas. Pourtant, l’amour s’avance aussi à pas feutrés. (p. 49)

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Douglas parla du bonheur qui se tient caché si longtemps qu’on finit par ignorer son existence. Puis il arrive sans prévenir avec ses cheveux noirs et bouclés
(Alio, p. 77)

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Quand une flaque de soleil traverse la forêt, il m’arrive d’avoir envie de croire en Dieu.
(Alio, p. 132)

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Je ne me suis jamais senti le droit d'exiger le monopole de l'amour, tout juste celui d'être actionnaire majoritaire.

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Au fond, je n’ai qu’une envie. Courir avec elles dans un champ de myosotis, leur en cueillir d’énormes bouquets et rentrer ensemble les bras chargés de fleurs. En espérant que quelqu’un songe à leur apprendre que myosotis, en anglais, se dit forget-me-not.

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Le travail de réviseure, bien qu'il soit parfois carcéral, me va comme un gant. J'aime la logique des mots, des accents et des virgules et je ne suis jamais aussi rassurée que lorsque tout ce petit monde trouve sa place.

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Les poèmes courant comme des assoiffés vers un ruisseau. Des mots pleins de solitude couvraient les pages d’un souffle forcené. Des mots qui marchaient dans le noir et que Daphnée n’avait sans doute encore laissés s’échapper pour personne. Des mots fatigués, mais qui rayonnaient d’un élan majestueux, comme une brûlure.

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je peux garantir que les prénoms de nos enfants sont des morceaux de ciel qu'on remet cent fois sur le métier avant de les tailler sur mesure.

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Trente-cinq ans, c’est jeune pour arrêter de marcher, de nager, de pédaler, de ramer, de patiner, de filer sur une planche à neige, de slalomer sur les pentes et de rentrer, les joues rouges d’une excursion en raquettes. À partir du moment où j’ai emménagé dans mon fauteuil, tout le monde est tombé sur les genoux dans un fossé, les mains jointes. Quelque fois, je demande à

Népenthès de s’occuper aussi des autres. (p. 39)

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Matteo s'était défilé pendant que je dormais et, trente-quatre jours d'affilée, je suis tombée d'un centième étage en agitant les bras.

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Eh bien oui, quelquefois l’amour sait être grandiose.

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-Et qu'est-ce-que j'inscris sur le formulaire d'absence?
-Inscrivez que j'ai avalé trois comprimés de cyanure par mégarde.

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J’ai révisé de fond en comble ma définition du malheur. Pendant que la Somalie se qualifiait au record mondial de la barbarie, je mesurais ma chance. Contrairement à celle d’Aisha, ma vie ne s’était jamais tout à fait décousue, il y avait toujours eu un moment où le fil trouvait un nœud qui empêchait le tissu de se défaire complètement.

Christine Eddie
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Eh bien oui, quelquefois l'amour sait être grandiose.
Pour Douglas, Elena choisit le corps qui lui allait le mieux.

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« A l’hôpital, ils ont examiné Francesca de long en large. A soixante-dix-neuf ans, les causes de la perte d’équilibre sont infinies, m’a expliqué gentiment une infirmière aux yeux très bleus pendant que je patientais dans le couloir du service radiologique. J’essayais de rester zen et, pour une fois, je bénissais Feng Shui de m’avoir collé un catalogue médical le mois

précédent parce que la moitié des mots qui sortaient de la bouche du personnel avaient plus de quinze lettres, ce qui leur conférait un aspect redoutable. » (p. 35)

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On s’essouffle à parcourir la terre, à l’affût de quelque trésor qui console. On écoute le chant de la mer. On lit un poème. On respire du jasmin. On tombe avec la neige. On cherche un éblouissement qui retentira encore quand les heures creuses reviendront rythmer l’ordinaire, un éclat fulgurant qu’aucune misère humaine ne peut écraser.

Je voulais t’offrir la

beauté du monde, un recueil de consolations qui te guiderait doucement vers la lumière. C’est tout ce que j’ai trouvé pour ne jamais te quitter.

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C’est quelquefois douloureux de vivre.

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Évidemment, dans le noir de la fosse, on ne ramassait pas les moineaux à la pelletée comme à Tchernobyl. Le coma était propre. Des bombes barils ne dégringolaient pas sur des quartiers entiers comme sur une pluie de charognards. Le coma était sage. De fait, aucun indice d’apocalypse ne se manifestait alors que, dehors, un poète mourrait et que, le lendemain, le barbare à la houppe se

hissait aux commandes des États-Unis.

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Jusqu'où peut porter le cri d'une âme ?

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« Chez nous, pas le plus petit morceau de famille dysfonctionnelle qui m’aurait fait disjoncter, même pas pendant un quart d’heure. Pas de cris, pas de crises. J’ai moi-même participé à cette harmonie intergénérationnelle en n’ayant aucun bouton d’acné sur la figure pendant l’adolescence. » (p. 140)