Une fois le divorce accepté dans son principe, il ne demeure plus qu'un problème de causes, et l'on est ainsi ramené à cette interrogation philosophique : quelles sont les causes rationnellement concevables d'un effet du droit, quel qu'il soit? Au fond, le droit privé n'en connait que deux : si ce n'est la responsabilité, c'est le contrat. Le contrat est, avec la responsabilité, le point
d'ancrage le moins incertain de notre civilisation juridique.
…elle ne pouvait pas comprendre que l’humeur sensuelle d’un homme est une saison brève, dont le retour incertain n’est jamais un recommencement.
Derrière la lanterne, quelqu’un s’était creusé une place confortable dans la neige et s’était couché là pour regarder le ciel d’hiver. Moumine l’entendait siffloter bien que très doucement.
- Qu’est-ce que c’est comme chanson ?, demanda-t-il.
- Une chanson sur moi-même, dit-on du creux. Une chanson sur Tou-ticki qui a fait une lanterne de neige. Mais le refrain
parle d’autre chose.
- Je comprends, dit Moumine, et il s’assit dans la neige.
- Non, dit Tou-ticki amicalement en se redressant suffisamment pour montrer les rayures rouges et blanches de son chandail. Non parce que le refrain c’est justement sur les choses qu’on ne comprend pas. Pour l’instant, je pense aux aurores boréales. On ne sait pas si elles existent ou si elles en
ont seulement l’air. Tout est très incertain et c’est précisément ce qui me rassure.
POUR UNE MÉTHODE [5]
Pourtant, la méthode que j’avais proposée était simple, c’est sans doute la seule qui permette de voir la chose littéraire d’un œil discipliné. A l’opposé, sont les forces de la superstition et de, la tendance. Les gens considèrent la littérature comme quelque chose de beaucoup plus flasque et incertain et compliqué et indéfini que,
disons, les mathématiques. Son objet, la conscience humaine, est plus complexe que le nombre et l’espace. Elle n’est pas, cependant, plus compliquée que la biologie, et personne n’a jamais’ songé à le contester. Nous appliquons un système de feuilles détachées dans nos classifications de manière à pouvoir séparer les articles morts des articles vivants. Dans l’étude des
phénomènes physiques nous commençons par de simples mécanismes, coin, levier et point d’appui, poulie et plan incliné, tous aussi valables que lors de leur découverte. Nous procédons par l’étude des découvertes. On ne nous demande pas de retenir la liste des éléments qui composent une machine à roues latérales.
Et nous pourrions probablement appliquer à l’étude de la
littérature un peu du sens commun que nous appliquons couramment à la physique ou à la biologie. En poésie il y a des procédés simples, et il y a des découvertes connues, désignées clairement. Comme je l’ai dit en différents endroits de mes essais fragmentaires et décousus, à chaque époque, un ou deux hommes de génie découvrent quelque chose et l’expriment. Cela tient en une
ligne ou deux, ou dans la qualité d’une cadence ; et par la suite, deux douzaines, ou deux centaines, ou deux ou plusieurs milliers d’imitateurs le répètent, le modifient et lui ôtent toute efficacité.
Et si le maître voulait bien choisir des exemples pris dans les ouvrages qui contiennent ces découvertes, et seulement sur le plan de la découverte — qui tient à l’étendue de
la profondeur, et pas seulement à quelque nouveauté superficielle — il aiderait beaucoup plus ses élèves qu’en leur présentant les auteurs au petit bonheur, et en parlant d’eux « in toto ».
Inutile de le dire, cette présentation serait entièrement indépendante de toute considération qui amènerait ces passages à faire de l’étudiant un meilleur républicain, monarchiste,
moniste, dualiste, rotarien, ou autre sectaire. Pour éviter toute confusion, disons tout de suite qu’une telle méthode n’a rien à voir avec ces prétendues méthodes scientifiques qui abordent la littérature comme si c’était « autre chose » que la littérature, ou avec ces tentatives scientifiques pour subdiviser la littérature en éléments selon une échelle de valeurs
inapplicable à la littérature.
On ne classe pas la physique ou la chimie selon des catégories raciales ou religieuses. On ne met pas dans une catégorie des découvertes faites par des Méthodistes et des Allemands, et dans une autre les découvertes faites par des Episcopaliens ou des Italiens. + Lire la suiteCommenter  J’apprécie         00
Un coup d’œil sur la carte suffira pour faire connaître au lecteur la position de la côte orientale de l’île de la Grande-Bretagne, en face de laquelle sont les rivages du continent européen. Entre ces deux côtes se trouve cette mer resserrée, connue du monde entier depuis bien des siècles comme le théâtre d’une foule d’exploits maritimes, et le grand canal par lequel le commerce
et la guerre ont fait passer les flottes des nations septentrionales de l’Europe. Les habitants de cette île ont longtemps prétendu avoir sur cette mer des droits que la raison ne peut accorder à aucune puissance sur le domaine commun des peuples, et cette prétention a souvent amené des contestations qui ont en pour résultat une effusion de sang et une dépense nullement proportionnée aux
avantages qu’ils peuvent se promettre en cherchant à maintenir un droit incertain et inutile. C’est sur les flots de cet océan disputé que nous allons conduire nos lecteurs, et la scène s’ouvrira à une époque particulièrement intéressante pour tout Américain, non seulement parce que c’est celle de la naissance de la nation dont il fait partie, mais parce que c’est aussi l’ère
à laquelle la raison et le bon sens commencèrent à prendre la place des coutumes antiques et des usages féodaux chez les peuples de l’Europe. + Lire la suiteCommenter  J’apprécie         20
Les esprits épris de clarté sont sans doute mis mal à l'aise par le parti qui est pris dans ces tableaux de figurations peu particularisées, en telle manière qu'on est embarrassé à y reconnaître des objets bien nommables, et qu'on est incertain s'il s'y trouve évoqué un fait ou un autre, les références y apparaissant constamment équivoques, et font défaut les repères que procure
dans les peintures habituelles la mise en place des objets dans l'ordre requis par la perspective.
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