Quand les journalistes Chesnot et Malbrunot sont enlevés à Bagdad, en 2004, par des islamistes, ils se raccrochent au « je vous salue Marie », qu'ils récitent en boucle, alors qu'ils n'avaient rien de chrétiens fervents. Et quand les ravisseurs les menacent s'ils ne deviennent par musulmans, ils répondent « Non nous sommes catholiques » : en un quart d'heure, ils se sont retrouvés
dans la position des martyrs. On a beau dire que la religion en France n'est plus qu'un fait sociologique, ça reste inscrit au plus profond des gens.
Chaque être est seul au monde. Cela paraît absurde, contradictoire, d’énoncer une phrase pareille. Et pourtant, il en est ainsi… Mais il y a plusieurs êtres comme moi… Non, on ne peut pas dire cela. Pour dire cela, on se place à côté de la vérité en une sorte d’abstraction. On ne peut dire qu’une chose : Je suis seul.
Il faut le dire : il y a trop de grands hommes dans le monde; il y a trop de législateurs, organisateurs, instituteurs de sociétés, conducteurs de peuples, pères des nations, etc. Trop de gens se placent au dessus de l'humanité pour la régenter, trop de gens font métier de s'occuper d'elle.
Lorsque Jung étudie les grandes œuvres artistiques, et notamment poétiques, il se plaît à revenir souvent aux exemples de Goethe, de Nietzsche, de Spitteler; et c'est pour conclure qu'elles sont des prises de conscience anticipées et pour ainsi dire prophétiques d'idées et de mouvements qui sont, comme on dit, dans l'air du temps, c'est-à-dire qui germent et bouillonnent dans
l'inconscient collectif de l'époque et qui sont près d'affleurer.
Vincent Peillon n’a pas peur d’affirmer et de répéter que la laïcité est en effet une religion. Alors moi j’avais cru lorsque j’étais enfant, adolescente, même jeune adulte, que la laïcité, c’était un espace neutre dans lequel les différentes religions, les différents courants de pensée, les différents mouvements philosophiques pouvaient cohabiter quotidiennement en paix. Et
bien pas du tout. Monsieur Peillon, je vous remercie de le dire enfin clairement. Il ne s’agit pas de cela. La laïcité est une religion pour abattre toutes les religions révélées; et en particulier, puisque nous sommes en France, et que la France est un pays chrétien, pour abattre le catholicisme.
De même que l’on ne trouve à redire que des mauvais livres (où l’on se fait une joie de prendre en note les incorrections, celles qui suscitent notre mauvaise ironie) tandis que les excellents sont si dépourvus de faille qu’on ne peut y introduire aucun pied-de-biche pour découvrir leurs rouages, de même l’amour commence pour moi à décliner lorsqu’on est capable de dire
exactement ce qui nous plaît chez l’autre. Dès lors, l’autre est seulement une liste avec des cases cochées.
L’alternative n’est pas pour lui [le FN] de s’enfermer dans le bunker des « purs et durs » ou, au contraire, de chercher à se « banaliser » ou à se « dédiaboliser » (le fait d’être diabolisé n’a pas empêché Sarkozy d’être élu, mais lui a au contraire valu des voix supplémentaires) tout en adoptant, d’élection en élection, la tactique du hamster qui tourne sans cesse
dans sa roue tout en restant sur place. L’alternative à laquelle il se trouve confronté aujourd’hui de manière aiguë est toujours la même : vouloir encore incarner la « droite de la droite » ou se radicaliser dans la défense des couches populaires pour représenter le peuple de France dans sa diversité. Rien n’indique pour l’instant qu’il choisira la deuxième solution. Il reste
au FN à apprendre comment devenir une force de transformation sociale dans laquelle puissent se reconnaître des couches populaires au statut social et professionnel précaire et au capital culturel inexistant, pour ne rien dire de ceux qui ne votent plus (entre 2002 et 2007, l’abstention est passée de 20 à 31 % en milieu ouvrier). Rien n’indique, là non plus, qu’il en ait la capacité
ni même la volonté.