La Syrie est l’objet d’une guerre qui est en réalité menée par une coalition : les États-Unis, la France, Israël discrètement dans les coulisses, la Turquie, l’Arabie Saoudite et le Qatar. On sait, le New York Times l’a confirmé, que les États-Unis fournissent des armes aux rebelles syriens via l’Arabie Saoudite et le Qatar. C’est donc assez ironique, ce serait drôle, si ce
n’était tragique, de voir que l’Occident nous dit qu’il va apporter la démocratie en Syrie grâce à l’Arabie Saoudite et le Qatar qui sont deux régimes théocratiques, ce qu’il existe de plus réactionnaire sur le plan politique et social et de plus fanatique sur le plan religieux, et que ce sont des régimes traitant les femmes comme des animaux et traitant les travailleurs comme
des esclaves, littéralement l’esclavage règne au Qatar, en Arabie Saoudite, et c’est avec ces gens-là qu’on prétend apporter la démocratie.
(…) rester sans indulgence pour ce qui se profile par le délire des fous furieux de l’économie virtuelle, une espèce de syndrome Kerviel. Le sujet serait-il minoré par les grands médias, qui lui ont préféré le plus vendeur fait divers du trader avec ses gros pâtés boursiers, en raison d’une panique monstre qui suivrait le premier signe d’un effondrement de notre système
financier? Les nouvelles cumulées, dans les pages intérieures de journaux rébarbatifs pour le grand public, et les analyses de certains spécialistes laissent augurer que le Tchernobyl économique ne nous épargnera pas, là où le directeur de la Banque de France psalmodiait du « Tout-va-très-bien! ». Que les trois plus importantes réserves étatiques de l’Occident injectent quelque deux
cents milliards de dollars dans les circuits financiers, sans que cela rassure durablement les actants grégaires de l’économie virtuelle, suffit pour pressentir le pire.
Aujourd’hui, l’Occident tout entier se baigne dans un égout mental, parce que le « journal du matin » tiré à dix millions d’exemplaires est chargé d’éveiller chaque jour le cerveau des occidentaux.
« Il est […] de la responsabilité des dirigeants occidentaux non de tenter de façonner d’autres civilisations à l’image de l’Occident, ce qui est au-delà de leurs possibilités en raison du déclin de leur puissance, mais de préserver, de protéger et de revigorer les qualités uniques de la civilisation occidentale. Parce qu’il s’agit du plus puissant des Etats, cette
responsabilité écrasante incombe d’abord aux Etats-Unis d’Amérique. Pour préserver la civilisation occidentale […] il est de l’intérêt des Etats-Unis et des pays européens : — […] d’encourager l’« occidentalisation » de l’Amérique latine — et, enfin et surtout, d’admettre que toute intervention de l’Occident dans les affaires des autres civilisations est
probablement la plus dangereuse cause d’instabilité et de conflit généralisé dans un monde aux civilisations multiples. »
« Il est […] de la responsabilité des dirigeants occidentaux […] d’admettre que toute intervention de l’Occident dans les affaires des autres civilisations est probablement la plus dangereuse cause d’instabilité et de conflit généralisé dans un monde aux civilisations multiples. »
… Les maires du palais carolingiens détenaient depuis des décennies la réalité du pouvoir chez les Francs, mais le fils de Charles Martel, Pépin le Bref, franchit le pas en donnant toute sa portée au leadership catholique des Francs. Il conclut avec le pape une alliance favorable aux deux parties. Au pontife romain, il reconnaît le pouvoir temporel sur une partie de l’Italie autour de
Rome. Appuyé sur un faux forgé entre 756 et 760 par la chancellerie pontificale, la prétendue Donation de Constantin, l'Etat pontifical ou Patrimoine de Saint-Pierre naît et fonde le pouvoir temporel de la papauté qui jouera un si grand rôle dans l'histoire politique et morale de l’Occident médiéval. En revanche, le pape reconnaît à Pépin le titre de roi en 751 et vient le sacrer en
754, l'année même où appairait l'Etat pontifical. Les bases étaient posées qui allaient, en un demi-siècle, permettre à la monarchie carolingienne de grouper la plus grande partie de l’Occident chrétien sous sa domination, puis de restaurer à son profit l'empire d'Occident.
3084 - [Arthaud, p. 49/50] + Lire la suiteCommenter  J’apprécie      
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Répétons-le : le mythe de l’évolution n’est rien d’autre que la profession de foi du parvenu.
Dans sa dernière époque, l’Occident a préféré comme vérité non l’origine d’en haut mais l’origine d’en bas, non la noblesse des temps primordiaux mais l’idée que la civilisation naît à partir de la barbarie, que la religion pousse sur la superstition, que
l’homme dérive de la bête (Darwin), la pensée de la matière, que toute forme spirituelle provient de la « sublimation » ou transposition de la matière originelle de l’instinct, de la libido, des complexes de l’« inconscient collectif » (Freud, Jung), et ainsi de suite.
Mais tout cela n’est pas tant le résultat d’une recherche déviée que, et précisément, un
alibi, quelque chose que devait nécessairement croire et vouloir vraie une civilisation fondée par des êtres venant du bas, par la révolution des serfs et des parias contre l’ancienne société aristocratique. Il n’y a pas de domaine où, sous une forme ou sous une autre, le mythe évolutionniste ne se voit insinué de façon destructrice, au point de renverser toute valeur, de prémunir
contre tout pressentiment de la vérité, d’élaborer et de renforcer dans toutes ses parties une espèce de cercle magique sans issue, l’organisation d’un monde humain désacralisé et prévaricateur.
De concert avec l’historicisme, l’« Idéalisme » post hégélien en arriva à voir l’être de l’« Esprit Absolu » dans son « auto-production », dans son «
autoctise ». Ce n’est plus l’Être qui est, qui domine, qui se possède lui-même : c’est le self-made man comme modèle métaphysique. (p. 391) + Lire la suiteCommenter  J’apprécie         20
Il faut réagir contre le préjugé évolutionniste qui veut que la pensée des Grecs soit « parvenue » à tel niveau ou à tel résultat, c’est-à-dire que le ternaire Socrate-Platon-Aristote serait le sommet d’une pensée toute « naturelle », sommet atteint après de longues périodes d’efforts et de tâtonnements ; c’est l’inverse qui est vrai, en ce sens que le dit ternaire ne
fait que cristalliser assez imparfaitement une sagesse primordiale et en soi intemporelle, d’origine aryenne d’ailleurs et typologiquement voisine des ésotérismes celtique, germanique, mazdéen et brahmanique. Il y a, dans la rationalité aristotélicienne et même dans la dialectique socratique, une sorte d’« humanisme » plus ou moins apparenté au naturalisme artistique et à la
curiosité scientifique, donc à l’empirisme ; mais cette dialectique déjà trop contingente - n’oublions cependant pas que les dialogues socratiques relèvent de la « pédagogie » spirituelle et ont quelque chose de provisoire - cette dialectique, disons-nous, ne doit pas nous amener à attribuer un caractère « naturel » à des intellections qui sont « surnaturelles » par définition
même, ou « naturellement surnaturelles ». En somme, Platon a exprimé en un langage déjà profane des vérités sacrées - langage profane parce que plus rationnel et discursif qu’intuitif et symboliste, ou parce que suivant dans une trop large mesure les contingences et humeurs du miroir mental -, tandis qu’Aristote a placé la vérité même, et non seulement l’ex pression, sur un
plan profane et « humaniste » ; l’originalité de l’aristotélisme est sans doute de donner à la vérité un maximum de bases rationnelles, ce qui ne va pas sans l’amoindrir et ce qui n’a de sens qu’en présence d’une régression de l’intuition intellectuelle ; c’est une « épée à double tranchant », précisément parce que la vérité semble être désormais à la merci des
syllogismes. La question de savoir si c’est là une trahison ou une réadaptation providentielle nous importe peu, et on pourrait sans doute y répondre dans un sens comme dans l’autre(1) ; ce qui est certain, c’est que l’aristotélisme, par ses contenus essentiels, est encore beaucoup trop vrai pour être compris et apprécié par les protagonistes de la pensée « dynamique » et
relativiste, ou « existentialiste », de notre époque. Cette pensée mi-plébéienne, mi-démoniaque se trouve dès ses prémisses en contradiction avec elle-même, puisque, dire que tout est relatif ou « dynamique », donc « en mouvement », c’est dire qu’il n’existe aucun point de vue qui permette de le constater ; Aristote avait du reste parfaitement prévu ce contresens.
(1) Pythagore, c’est encore l’Orient aryen ; Socrate-Platon n’est plus tout à fait cet Orient - en réalité ni « oriental » ni « occidental », cette distinction n’ayant pas de sens pour l’Europe archaïque -, mais il n’est pas encore tout à fait l’Occident, tandis qu’avec Aristote l’Europe commence à devenir spécifiquement « occidentale » au sens courant et
culturel du terme. L’Orient - ou un certain Orient - fait irruption avec le Christianisme, mais l’Occident aristotélicien et césaréen finit par l’emporter, pour échapper en fin de compte et à Aristote et à César, mais par le bas. Faisons remarquer à cette occasion que toutes les tentatives théologiques modernes de « dépasser » l’aristotélisme ne peuvent que tendre vers le
bas, étant donné la fausseté de leurs motifs implicites ou explicites ; ce qu’on recherche au fond, c’est une capitulation élégante devant le scientisme évolutionniste, devant la machine, le socialisme activiste et démagogique, le psychologisme destructeur, l’art abstrait et le surréalisme, bref le modernisme sous toutes ses formes - ce modernisme qui est de moins en moins un «
humanisme » puisqu’il se déshumanise, ou cet individualisme qui est de plus en plus infra-individuel. Les modernes, qui ne sont ni des pythagoriciens ni des védantins, sont assurément les derniers à pouvoir se plaindre d’Aristote. + Lire la suiteCommenter  J’apprécie         20
Si l’Occidental a de la peine à comprendre le système des castes, c’est avant tout parce qu’il sous-estime la loi de l’hérédité, et il la sous-estime pour la simple raison qu’elle est devenue plus ou moins inopérante dans un milieu aussi chaotique que l’Occident moderne, où à peu près tout le monde aspire à monter l’échelle sociale – si tant est que cela existe encore
– et où presque personne n’exerce la profession de son père ; un ou deux siècles de ce régime suffisent pour rendre l’hérédité d’autant plus précaire et flottante qu’elle n’avait pas été mise en valeur auparavant par un système aussi rigoureux que celui des castes hindoues ; mais même là où il y avait des métiers transmis de père en fils, l’hérédité a été
pratiquement abolie par les machines.
A cela il faut ajouter, d’une part l’élimination de la noblesse, et d’autre part la création « d’élites » nouvelles : les éléments les plus disparates et les plus « opaques » se sont transmués en « intellectuels », en sorte que presque personne « n’est plus à sa place », comme dirait Guénon ; aussi n’y a-t-il rien
d’étonnant à ce que la « métaphysique » soit envisagée désormais dans la perspective du vaishya et du shûdra, ce qu’aucun fatras de « culture » ne saurait dissimuler. (p. 16) + Lire la suiteCommenter  J’apprécie         10