Pino Cacucci
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Deux taches obscures dans la rue ensoleillée attirèrent son attention: des gendarmes surgis à l'angle du trottoir d'en face se promenaient en jouant avec leurs matraques. Jules serra son baluchon sous son bras et se mit à marcher tête basse, rasant le mur. Avec son aspect de crève-la-faim, ils l'auraient coffré pour vagabondage. "On a le droit d'avoir faim, pensa t-il, mais à condition que

ça ne se voie pas."

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Diego est comme ma vie: un lent empoisonnement sans fin, entre joies d'une intensité sublime et abîmes de désespoir angoissant.

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Yucatan dérive du mot maya ciu-than, qui signifie: "Nous, on ne vous comprend pas." C'était la phrase que les Espagnols avaient le plus entendue, des Espagnols qui étaient venus ici aussi à la recherche de l'or, sans en trouver une once. Et devant leur réaction violente, les Indiens n'avaient eu que le temps de dire: "Nous n'arrivons pas à vous comprendre..."

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Les Toltèques s'unirent aux Mayas, en les convertissant toutefois au culte de Quetzalcóatl, qui demandait notamment à ses fidèles de fréquents sacrifices humains. Il semble également qu'ils prenaient très au sérieux le jeu, si du moins l'on se fie au bas-relief sculpté sur le mur qui délimite le terrain de pelote: le capitaine de l'équipe perdante a la tête tranchée, et cette tête

est cérémonieusement tenue par un joueur de l'équipe adverse.

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- Ah, pauvre Mexique : si loin de Dieu et si près des États-Unis.

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Mais quand Jacques Cousteau était encore un jeune explorateur des mers et essayait de planter un petit harpon dans le corps des baleines pour pouvoir suivre à distance leurs voyages grâce à un émetteur, dans deux cas au moins la baleine « piquée au vif » est revenue en arrière et a puni les scientifiques en envoyant en l'air leur dinghy. En une occasion, peut-être que la

« piqûre » avait été plus douloureuse et subie après que la baleine s'était approchée avec une curiosité affectueuse et joviale, celle-ci a serré sous sa nageoire le collègue de Cousteau qui l'avait frappée et l'a traîné avec elle assez longtemps pour lui faire croire que sa dernière heure était venue. Puis, magnanime, elle l'a laissé partir et une fois à la surface, alors que

le pauvre malheureux respirait jusqu'à s'en faire éclater les poumons, elle est restée à le regarder comme pour lui demander s'il avait compris la leçon. Les baleines ont la faculté de discernement, elles savent différencier un être humain d'un autre, et de temps en temps il semble qu'elles veuillent nous apprendre comment être au monde + Lire la suiteCommenter

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Aivly ferme les yeux avec un geste évasif, comme pour dire qu'il n'y a pas besoin d'explications. Puis me regarde, hésitante. Je l'embrasse brusquement. Au début elle reste raide, puis je la sens se détendre, respirant longuement contre ma poitrine. Il eût mieux valu que je ne sente pas son parfum. Je fourre son nez dans ses cheveux, respire et pour un peu je ne laisserais son odeur

s'échapper de mes poumons, je ne la laisserais pas s'en aller, elle, qui maintenant me tient par les hanches. Juste un instant. Une étreinte si forte qu'elle semble définitive. Elle se détache, le regard baissé.

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En quittant la vallée d'Ajusco, el valle de los gallos, je pense à ce passage d'un roman de Carlos Fuentes où un personnage dit : "On ne peut pas raconter le Mexique. On doit croire au Mexique. Avec passion, avec rage, avec un abandon total..."

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Je suis la fleur qui n'a jamais éclos, l'arbre épuisé dans l'attente d'un printemps jamais venu.
Mais... il est temps d'ôter le deuil de mon regard.

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"Dans ce pays, le respect n'est pas une chose qu'on offre. On doit le conquérir à chaque instant, à chaque coin de rue comme à chaque table où l'on boit. Et si l'on croit que nous ne sommes qu'un tas de fous querelleurs...ce n'est pas plus mal. De toute façon, les étrangers ne pourront jamais comprendre vraiment le Mexique."

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- Tout dépend de ce qu'on entend par liberté. Le coq ne se considère comme libre que s'il tue les ennemis qui envahissent son territoire. Si hasardeux que cela puisse paraître, je suis persuadé qu'être disposé à donner sa vie pour cela, c'est l'élément de comparaison le plus haut entre les coqs et les hommes.

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Parce que dans la petite boîte que la soldate porte sur l'épaule, il y a ses restes. « Tania la Guérillera» est de retour dans la Cuba qu'elle aimait tant, solennellement inhumée au mausolée de Santa Clara, à côté d'Ernesto et d'autres compagnons de la dernière aventure. Restes arrachés à la boue de la Bolivie, enfermés dans de petites boîtes d'acajou, et ramenés jusqu'ici, sur

l'île qui a perdu sa magie mais pas sa dignité, dans ce bâtiment majestueux, cyclopéen, dont probablement Tania et Ernesto auraient ri comme des gamins dissipés, s'ils l'avaient vu ailleurs dans le monde, et destiné à quelqu'un d'autre. Je ne peux pas nier que tout cela soit très poignant, qu'une sensation d'orgueil modeste, de douleur singulière, "d'emotión compartida" flotte dans

l'air, et c'est aussi sans doute parce que je vois tant de gens en pleurs, pour la plupart des vieux, des gens du même âge que les guérilleros auxquels ces os ont appartenu : ils resteront toujours jeunes dans leur souvenir parce qu'ils moururent dans les marécages de Bolivie avant l'âge de quarante ans. Maintenant, même les yeux de la belle soldate brillent, et je ne crois pas que cela

soit dû au soleil ni à l'humidité de l'air caraïbe. + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          40

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J'ai appris dans la pluie à survivre à la barbarie d'une vie brisée, à mon être douloureux et, enfin à Diego. Diego est comme ma vie : un lent empoisonnement sans fin, entre joies d'une intensité sublime et abîmes de désespoir angoissant.

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Cancún est le condensé de l'imaginaire collectif sur ce que devrait être les Caraïbes, sauf que, lorsqu'on s'y trouve, la première sensation qu'on éprouve est la surprise: cela existe donc vraiment.
"Un miracle de verdure, comme une étendue de Jade... Et cette mer, aussi pure qu'une larme de cristal, avec son fond de sable doré et d'algues de velours, cette eau caressée par une

brise au parfum d'épices et d'oranger..."

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En hypocrites qu'ils sont, ils n'acceptent pas, mais ils jouissent des résultats.

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[...] tu sais pourquoi personne n'a passé tes films de dénonciation à la télé ? Parce que ça n'intéresse personne, parce que les gens ne veulent pas savoir, ils préfèrent ne pas entendre. C'est exactement le contraire : ils ne sont pas manipulés par le Grand Frère, ils sont sourds et aveugles à tout ce qui menace de troubler leur quiétude.

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- Moi je n'ai jamais compris à quelle catégorie toi t'appartiens, murmure-t-elle.
- A ceux qui sont toujours perdants, dis-je en la serrant plus fort dans mes bras.

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Je me rappelle le jour où ils ont tué Guevara, je n'avais pas encore douze ans ; en rentrant de l'école, je trouvai mon père et ma mère avec les larmes aux yeux. Avant qu'ils n'ouvrent la bouche, je pensai à mes grands-parents, à quelque oncle ou tante parmi les plus proches. Puis, effectivement, je compris qu'une des personnes les plus aimées dans ma famille était morte. Et d'aucuns

peuvent même en rire aujourd'hui, ou se demander avec étonnement de qui diable je parle, si je dis qu'avant, il y avait déjà eu une grande tristesse à la maison le jour où l'on apprit l'assassinat de Patrice Lumumba... Choses étranges qui arrivaient dans la préhistoire, lorsqu'il y avait des parents qui ressentaient encore le besoin d'aimer leurs héros et de trembler pour eux, au lieu de

plaindre de pauvres princesses malchanceuses...

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Nous autres Yaquis, nous nous sommes battus pendant un siècle. De vaillants guerriers, certes. Mais avec les güeros, le courage ne sert à rien qu'à donner du travail aux croque-morts.
p.120

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Ces photographies sont emblématiques de la liberté de la femme mexicaine qui relègue au passé les entraves d’un moralisme abject, elles son l’écroulement du vieux qui cède le pas à la nouveauté