L’erreur […] a été de croire qu’une négociation pouvait s’engager sur des bases démocratiques avec ceux-là qu’on osera appeler beaucoup plus tard des braves et qui ne tenaient leur représentativité que des couteaux et des mitraillettes tchèques braquées sur les populations.
Paris a une couleur, le gris… le gris dans toutes ses teintes… le gris dans toutes ses nuances… le gris dans tous ses états… gris pastel… camaïeu… lavis… je dirais même que c’est plus qu’une couleur… c’est une manière d’être de la ville… du ciel… du fleuve… de la pierre… un amollissement… un adoucissement… une sorte d’affaiblissement de l’âme. Je me
suis toujours senti très parisien en cela : mon âme accordée au gris de la ville, le gris de mes yeux à ses ciels… l’impression qu’on aura à peine la force de vivre un jour, une heure, une seconde de plus.
On peut dire effectivement que la population française d’origine va être remplacée par une population mixte. Mais ce n’est pas ce que dit le grand remplacement, qui pense qu’on va être remplacé par d’autres, différents de nous. Le grand remplacement, effectivement, c’est celui de Français de plusieurs générations par des Français qui ont du sang étranger, par le métissage.
Sur le plan intérieur, l’idée de socialisme, de socialisation des moyens de production, a été remplacée, dans le discours, par les Droits de l’homme. […] Si vous parlez de la gestion et du contrôle de l’économie, [la gauche] ne vous dit rien. Celui qui incarne ça encore plus que les socialistes français, c’est Tony Blair. Il a dit : « La gauche a appris qu’il n’y a pas une
façon de gauche et une façon de droite de gérer l’économie, il y a une seule façon de gérer l’économie et la gauche a appris à le faire aussi bien que la droite. » Donc il n’y a pas de débat sur la propriété privée des moyens de production, sur le contrôle démocratique de la production. […] Si tu prends l’Europe, par exemple, c’est vraiment le truc que les socialistes
ont construit pour éviter les audaces du programme commun. On pourrait revenir au programme commun après l’échec de Mitterrand, sous une autre forme, mais ils ont verrouillé le truc pour qu’on ne puisse jamais, même dans 1000 ans, revenir à quelque chose comme le programme commun. […] Par pitié qu’on revienne aux fondamentaux : la lutte des classes, la propriété privée des moyens
de production et du capital financier.
Je souhaitais dire la vérité, car la vérité exprime toujours sa propre morale à qui sait la voir. Mais, puisque l’inestimable trésor est trop souvent caché au fond du puits, il faut du courage pour s’enfoncer à sa recherche, d’autant qu’on a toute chance de récolter plus de mépris et d’opprobre à plonger dans la boue et l’eau, que de remerciements pour le joyau exhumé; de
même, qui entreprend de nettoyer l’intérieur d’un célibataire négligent se verra davantage reprocher la poussière soulevée que félicité pour l’ordre qu’il instaure.
Un certain groupe de métiers — se caractérisant par l’usage qu’ils font du feu pour transformer ou ennoblir des matières comme le métal ou les minéraux dont on fait du verre et des émaux — sert de base à une tradition spirituelle qui se rattache à Hermès Trismégiste dont le nom égyptien est Thot et que beaucoup de musulmans comptent au nombre des anciens prophètes. L’art
hermétiste par excellence, c’est l’alchimie; le plus souvent mal comprise, parce que la transmutation qui est son but et qu’elle traduit en termes artisanaux, se situe en réalité au niveau de l’âme. Que l’alchimie ait été pratiquée par beaucoup d’artisans du feu, ne fait aucun doute; son emblème, le couple de dragons entrelacés — forme médiévale du caducée — orne de
nombreux récipients en céramique ou en métal.
Nombre d’artisans ou d’artistes, qu’ils aient reçu ou non une initiation correspondant à leur entrée dans une corporation professionnelle, adhéraient ou adhèrent encore à un Ordre soufi (…) on peut également dire que le soufisme se situe là où l’amour et la connaissance convergent. Or, l’objet ultime et commun de l’amour
comme de la connaissance n’est autre que la Beauté divine. On comprendra dès lors comment l’art, dans une civilisation théocentrique comme celle de l’Islam, se rattache à l’ésotérisme, dimension la plus intérieure de la tradition.
Art et contemplation : l’art a pour objet la beauté formelle, alors que l’objet de la contemplation est la beauté au-delà de la forme qui
révèle qualitativement l’ordre formel, tout en le dépassant infiniment. Dans la mesure où l’art s’apparente à la contemplation, il est connaissance, la beauté étant un aspect de la Réalité, au sens absolu du terme.
Cela nous ramène au phénomène de scission entre art et artisanat, d’une part, et art et science, d’autre part, phénomène qui a profondément marqué la
civilisation européenne moderne : si l’art n’est plus considéré comme une science, c’est-à-dire comme une connaissance, c’est que la beauté, objet de contemplation à divers degrés, n’est plus reconnue comme un aspect du réel. En fait, l’ordre normal des choses a été renversé à un point tel qu’on identifie volontiers la laideur à la réalité, la beauté n’étant plus
que l'objet d’un esthétisme aux contours parfaitement subjectifs et changeants.
Les conséquences de cette dichotomie de l’expérience du réel sont des plus graves : car c’est finalement la beauté — subtilement rattachée à l’origine même des choses — qui jugera de la valeur ou de la futilité d’un monde.
Ainsi que le Prophète l’a dit :
« Dieu est beau et II aime la
beauté. » p. 296-298