Gaston Bachelard
Gaston Bachelard

La science, dans son besoin d'achèvement comme dans son principe, s'oppose absolument à l'opinion. S'il lui arrive, sur un point particulier, de légitimer l'opinion, c'est pour d'autres raisons que celles qui fondent l'opinion, de sorte que l'opinion a, en droit, toujours tort. L'opinion pense mal, elle ne pense pas, elle traduit des besoins, en connaissances. En désignant les objets par leur

utilité, elle s'interdit de les connaître. On ne peut rien fonder sur l'opinion : il faut d'abord la détruire. Elle est le premier obstacle à surmonter. Il ne suffirait pas, par exemple, de la rectifier sur des points particuliers, en la maintenant, comme une sorte de morale provisoire, une connaissance vulgaire provisoire. L'esprit scientifique nous interdit d'avoir une opinion sur des

questions que nous ne comprenons pas, sur des questions que nous ne savons pas formuler clairement. Avant tout il faut savoir poser des problèmes. Et quoi qu'on dise, dans la vie scientifique, les problèmes ne se posent pas d'eux-mêmes. C'est précisément ce sens du problème qui donne la marque du véritable esprit scientifique. Pour un esprit scientifique toute connaissance est une réponse

a une question. S'il n'y a pas eu de question il ne peut pas avoir connaissance scientifique. Rien ne va de soi. Rien n'est donné. Tout est construit.

Stephen Baxter
Stephen Baxter

On peut prouver n'importe quoi par analogie.

François-Xavier Bellamy
François-Xavier Bellamy

La fécondité du travail de l'auteur réside en effet dans l'occasion de cette singularité dont il augmente chaque lecteur au fur et à mesure de son itinéraire dans l'œuvre. Son autorité n'est pas l'aliénation, mais l'occasion de notre liberté. Le livre nous donne ainsi de comprendre ce que l'héritage culturel, cette médiation essentielle par laquelle nous recevons d'autrui de quoi

rejoindre notre propre nature. La lecture est le plus décisif des voyages, le chemin le plus favorable pour qui veut progresser vers sa propre liberté, et l'occasion de vivre la seule véritable aventure de l'existence : celle qui consiste à devenir soi-même.

Alain de Benoist
Alain de Benoist

Qu’un écrivain déclare, comme la chose la plus naturelle du monde, qu’il préfère le commerce charnel des très jeunes personnes aux turpitudes classiques de ses contemporains, et il n’en faut pas plus – en pleine société permissive [sic] – pour le faire passer pour le Diable dans le Landerneau parisien. […] Pour ma part, c’est ce « scandale »qui me scandalise. Question de

goût d’abord : n’aurait-on pas le droit de préférer caresser les hanches des lycéennes plutôt que la poitrine mafflue de la comtesse Grancéola (réplique matznévienne de la Castafiore ou la ménopause bien sonnée de la baronne Adélaïde Cramouillard, présidente de l’Union mystique universelle. Question de principe aussi : on peut désapprouver ce que l’on veut, mais comment

peut-on, au sens propre du terme, être choqué par quoi que ce soit? Quant à la gravité du délit, enfin, il me semble, selon mon échelle de valeurs personnelles, qu’il est plus « scandaleux » de regarder les jeux télévisés, de jouer au Loto ou de lire Le Meilleur, que d’avoir la passion des fesses fraîches, des émotions naissantes et des seins en boutons. Bien des imbéciles se

sont horrifiés de la publication des Moins de seize ans. Que des adultes qui admettent fort bien que leur progéniture s’abrutisse des journées entières devant des machines à sous ou des téléfilms débiles, tremblent à l’idée que leur fille, plutôt que de passer son temps avec des crétins de son âge, puisse coucher avec un écrivain « qui pourrait être son père » et tomber dans

les rets de ce suborneur de Gabriel, me fait, quant à moi, plutôt éclater de rire. [.. ] Quant aux jeunes personnes qui fréquentent Gabriel Matzneff, je ne doute pas qu’elles apprendront à son contact plus de choses belles et élevées que dans la vulgarité et la niaiserie que secrète à foison leur vie familiale et scolaire.

Joseph Bertrand
Joseph Bertrand

L’indécision ne pouvait se prolonger : l’observation en de telles matières est, quoi qu’on fasse, la seule règle supérieure et infaillible; elle parle plus haut encore que les raisonnements les plus subtils. La théorie newtonienne, conférée aux astres eux-mêmes avec un succès toujours croissant, devait ébranler peu à peu et condamner enfin à un éternel oubli ce pompeux édifice

sans solidité comme sans fondement, qui n'a pas même laissé de ruines.

Christoph Blocher
Christoph Blocher

Les banques elles-mêmes doivent rapidement et radicalement changer leur système de bonus. Non seulement le montant des rémunérations, mais tout les système doit changer. Il faut revenir à des salaires équitables et adaptés aux prestations. Des bonus ne sont justifiés que pour récompenser des prestations particulières assurant à l'entreprise un bénéfice à long terme. Et si le

résultat n'est pas atteint, il n'y a pas de bonus. A ce propos, les déclarations des membres des conseils de surveillance des banques allemandes qui affirment, sur un ton de pénitents, vouloir renoncer à leur bonus en 2008, sont proprement ridicules. A quoi renoncent-ils en réalité? On ne peut renoncer qu'à un avantage auquel on a droit. Est-ce à dire que le bonus est déjà partie

intégrante du salaire?

Philipp von Boeselager
Philipp von Boeselager

J'étais obsédé par une question : était-il encore bien nécessaire d'exécuter cet attentat? Cette question, Stauffenberg l'avait posée à Tresckow quelques jours avant l'attentat. A quoi bon risquer sa vie, et surtout celle de dizaines d'autres individus, alors que la situation militaire ne laissait plus présager que quelques mois de dictature? Tresckow avait apporté une réponse sans

détour, comme à son habitude : « L'attentat doit avoir lieu, coûte que coûte. Quand bien même il ne devrait pas réussir, il faut y aller. Car ce n'est même plus l'objet de l'attentat dont il s'agit, mais plutôt le fait de montrer au monde entier et à L'Histoire que le mouvement de résistance allemande a osé jouer le tout pour le tout, au péril de sa vie. Tout le reste, finalement,

n'est que très secondaire. »

Gustave Le Bon
Gustave Le Bon

Je ne vois pas en quoi la polygamie légale des Orientaux soit inférieure à la polygamie hypocrite des Européens. Alors que je vois très bien au contraire en quoi elle lui est supérieure.

Marc Bonnant
Marc Bonnant

L'obligation d'amour est une violence inouïe faite à votre dignité et votre liberté de pensée : connaissez-vous quelque chose de plus totalitaire que l'injonction "aimez-vous les uns les autres"? Et quoi de plus abjecte que ceux de gauche qui servent cet impératif par la loi?

Titus Burckhardt
Titus Burckhardt

Les caractères chinois s’étalent verticalement, de haut en bas; ils imitent le mouvement d’une théogonie descendant du ciel sur terre. L’écriture arabe, elle progresse horizontalement, sur le plan du devenir, mais elle va de la droite, champ de l’action, vers la gauche, région du cœur. Elle décrit donc un mouvement allant de l’extérieur vers l’intérieur.
Les lignes

successives d’un texte sont comparables à la trame d’un tissu. En fait, le symbolisme de l’écriture s’apparente à celui du tissage et se réfère comme lui à la croix des axes cosmiques. Pour comprendre ce à quoi nous faisons allusion, il faut se représenter le métier à tisser primitif : les fils de la chaîne sont tendus verticalement et la trame les unit horizontalement par le

va-et-vient de la navette, mouvement qui rappelle l’écoulement des cycles tels que jours, mois ou années, tandis que l’immobilité de la chaîne correspond à celle de l’axe polaire. Cet axe est en réalité unique mais son image de répète dans tous les fils de la chaîne, de même que l’instant présent, qui reste toujours un, semble se répéter à travers le temps.
Comme dans le

tissage, le mouvement horizontal de l’écriture, mouvement qui est en fait ondulé, correspond à la dimension du devenir et du changement, tandis que le vertical représente la dimension de l’Essence ou des essences immuables.