Auguste Comte
Auguste Comte

Le caractère fondamental de la philosophie positive est de regarder tous les phénomènes comme assujettis à des lois naturelles variables, dont la découverte précise et la réduction au moindre nombre possible sont le but de tous nos efforts, en considérant comme absolument inaccessible et vide de sens pour nous la recherche de ce qu'on appelle les causes, soit premières, soit finales. Il

est inutile d'insister beaucoup sur un principe devenu maintenant aussi familier à tous ceux qui ont fait une étude un peu approfondie des sciences d'observation. Chacun sait, en effet, que, dans nos explications positives, même les plus parfaites, nous n'avons nullement la prétention d'exposer les causes génératrices des phénomènes, puisque nous ne ferions jamais alors que reculer la

difficulté, mais seulement d'analyser avec exactitude les circonstances de leur production, et de les rattacher les unes aux autres par des relations normales de succession et de similitude.

Rob Hart
Rob Hart

_ Pardon, c'est un sujet sur lequel j'ai tendance à m'emballer. Mais après tout, c'est logique. Saviez-vous qu'aujourd'hui nous fournissons plus de soins médicaux que les hôpitaux ? Ou qu'il y a plus d'enfants inscrits dans les écoles Cloud que dans les écoles normales ? Bon sang, même la CIA stocke ses données sur nos serveurs. Cette nouvelle étape est finalement logique.

José Saramago
José Saramago

Le problème de la licorne c'est qu'on ne lui connait pas de mâle,par conséquent il lui sera impossible de se reproduire par les voies normales de la fécondation et de la gestation,encore que,si l'on réfléchit,elle n'en aura peut-être pas besoin,finalement la continuité biologique n'est pas tout,il suffit déjà que l'esprit humain crée et recrée ce en quoi il croit obscurément.

Claude Simon
Claude Simon

La troisième phase (celle de la désagrégation elle-même dont le signal sembla être donné par l'apparition de la neige - ou plutôt, dans le noir, l'attouchement des flocons silencieux, ouatés, fondant doucement sur les visages) ne peut être décrite que de façon fragmentaire à l'image du phénomène de fragmentation lui-même. Pour commencer, et contrairement aux précédentes, il y a

une halte à la fin de laquelle on repart sans avoir attendu les nouvelles de l'arrière. A partir de là (car, en somme, cette reprise de la marche avant le regroupement de l'escadron consacre ce que dans des circonstances normales aucun commandant d'unité ne peut permettre : la rupture de sa cohésion) il faut (puisqu'il n'y a plus d'unité constituée) passer du pluriel au particulier. Donc,

soudain, sans qu'il comprenne comment, ni puisse dire à quel moment exact cela s'est produit, ni depuis combien de temps, un cavalier (l'un ou l'autre) prend tout à coup conscience qu'il n'a plus devant lui la croupe du cheval qui le précédait, et aucun cheval non plus ni bruits de sabots derrière lui, et le seul crissement de la neige qu'il perçoit c'est sous ses propres pieds et sous les

fers de son propre cheval, et tout ce qu'il peut voir, en avant, en arrière, à droite, à gauche, c'est la nuit noire, et seulement la vague lueur grisâtre sur laquelle il marche, continuant machinalement à mettre un pied devant l'autre, de même que quelque instinct animal (le sien ou celui de son cheval?) le maintient sur la piste que forme la neige piétinée et dure, et aucun bruit, sauf

cette espèce d'immense et silencieuse rumeur des flocons qui continuent à tomber, qui tombent maintenant depuis un temps qu'il ne parvient pas à se rappeler, et à un moment il croit distinguer en avant de lui comme une forme immobile, noire dans le noir, devinant confusément à mesure qu'elle se rapproche ou plutôt qu'il s'en rapproche, le cheval arrêté, planté sur ses quatre jambes comme

sur des piquets, et le cavalier arrêté aussi, le casque appuyé contre le flanc du cheval comme s'il ressanglait, ou comme s'il urinait, mais ce n'est ni l'un ni l'autre, et quand il passe à côté de lui il entend quelque chose comme bon dieu oh bon dieu bon dieu, mais il ne s'arrête pas, il continue, et il entend le type et le cheval qui marchent maintenant derrière lui, le bruit de la

neige crissant sous quatre souliers et huit fers, et il marche, et le type suit, et il l'entend qui pleure, et il ne se retourne pas, il continue, et puis il ne l'entend plus, et il ne se retourne pas, il continue, et la neige continue à tomber, et il ne fait plus froid vraiment, mais c'est maintenant sans importance, et un moment plus tard (mais peut-être qu'il dort? : il pense qu'il a souvent

dormi à cheval, il pense que peut-être on peut aussi dormir en marchant, et alors qu'est-ce qui est avant ou après?) cela recommence, c'est-à-dire un autre cheval et un autre cavalier arrêtés (mais peut-être est-ce le même type et le même cheval, ou peut-être que le cavalier arrêté c'est maintenant lui, et que c'est lui aussi qui, à son tour, émet des bruits bizarres, méprisables),

et un cheval et un cavalier passent sans s'arrêter, et le cavalier arrêté (peut-être lui après tout?) se remet en marche, continue pendant un moment en émettant toujours ces bruits bizarres, puis cesse de faire du bruit, et comme cela plusieurs fois dans la nuit, sauf que la chose se produit à des intervalles de plus en plus espacés, de sorte qu'il marche (ou reste arrêté?) parfois dix

minutes ou un quart d'heure (du moins il lui semble) sans voir personne, et parfois il y a (ou il lui semble qu'il y a) pas un mais trois ou quatre chevaux et leurs cavaliers arrêtés ou qui le dépassent, ou qui marchent devant et derrière lui, puis il se trouve de nouveau seul, il marche, il s'arrête, il s'appuie la tête contre le quartier de la selle, au bout d'un moment il sent la sueur

qui refroidit sur lui, il repart, il marche, il s'arrête, il marche, la neige tombe toujours, il s'arrête, il marche, il marche, il aperçoit un point lumineux, il marche, il voit un homme casqué éclairé par un fanal qui pend au bout de son bras, il arrive près de l'homme, l'homme élève sa lanterne pour voir son visage, puis fait un mouvement de côté avec la lanterne et dit Par là, il

regarde par là, il voit la porte faiblement éclairée d'une écurie ou d'une étable, il y a une lanterne dans l'étable, il y a déjà là plusieurs chevaux, la lueur de la lanterne se reflète sur les croupes et les selles mouillées, il pousse son cheval à côté des autres, il l'attache à la mangeoire, il ne le desselle pas; à la lueur de la lanterne il distingue au fond une échelle, il

monte à l'échelle, en haut de l'échelle il y a quelque chose de mou où il marche en s'enfonçant, il y a des corps couchés dans le foin, il tâtonne jusqu'à ce qu'il trouve une place libre, il se débarrasse de son mousqueton, il s'allonge sans se déséquiper, il s'endort. + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          40

Julius Evola
Julius Evola

Or, il est permis de penser que ce pouvoir dominant dont dépend la sexualisation s'affaiblisse par régression. Alors, de même que politiquement, par suite de l'affaiblissement dans la société de toute autorité centrale, les forces d'en bas, jusqu'alors freinées, peuvent se libérer et réapparaître, de même on peut vérifier chez l'individu une émergence des caractères latents de

l'autre sexe et, par conséquent, une bisexualité tendancielle. On se trouvera donc de nouveau face à la condition du « troisième sexe », et il est évident qu'un terrain particulièrement favorable au phénomène homosexuel sera présent. La condition, c'est un fléchissement intérieur, un affaiblissement de la « forme intérieure» ou, mieux, du pouvoir qui donne forme et qui ne se

manifeste pas seulement dans la sexualité, mais aussi dans le caractère, dans la personnalité, dans le fait d'avoir, en règle générale, un « visage précis ».
On peut alors comprendre pourquoi le développement de l'homosexualité même parmi les couches populaires et éventuellement sous des formes endémiques est un signe des temps, un phénomène qui rentre logiquement dans

l'ensemble des phénomènes qui font que le monde moderne se présente comme un monde régressif. Et nous sommes ainsi renvoyés aux considérations formulées dans le chapitre précédent.
Dans une société égalitaire et démocratisée (au sens large du terme), dans une société où n'existent plus ni castes, ni classes fonctionnelles organiques, ni Ordres ; dans une société où la «

culture » est quelque chose de nivelé, d'extrinsèque, d'utilitaire, et où la tradition a cessé d'être une force formatrice et vivante ; dans une société où le pindarique « Sois toi-même » est devenu une phrase vide de sens ; dans une société où avoir du caractère vaut comme un luxe que seul l'imbécile peut se permettre, tandis que la faiblesse intérieure est la norme ; dans une

société, enfin, où l'on a confondu ce qui peut être au-dessus des différences de race, de peuple et de nation avec ce qui est effectivement en dessous de tout cela et qui a donc un caractère informel et hybride - dans une telle société agissent des forces qui, à la longue, ne peuvent pas ne pas avoir d'incidence sur la constitution même des individus, avec pour effet de frapper tout ce

qui est typique et différencié, jusque dans le domaine psychophysique. La « démocratie » n'est pas un simple état de fait politique et social ; c'est un climat général qui finit pas avoir des conséquences régressives sur le plan existentiel. Dans le domaine particulier des sexes, peut sans doute être favorisé ce fléchissement inférieur, cet affaiblissement du pouvoir intérieur

sexualisateur qui, nous l'avons dit est la condition de la formation et de la propagation du « troisième sexe » et, avec lui, de nombreux cas d'homosexualité, selon ce que les mœurs actuelles nous présentent d'une façon qui ne peut pas ne pas frapper. D'un autre côté, on a pour conséquence la banalisation et la barbarisation visibles des relations sexuelles normales entre les jeunes des

dernières Générations (à cause de la tension moindre due à une polarité amoindrie). Même certains phénomènes étranges qui, à ce qu'il semble, étaient très rares précédemment, ceux du changement de sexe sur le plan physique - des hommes qui deviennent somatiquement des femmes, ou vice-versa -, nous sommes portés à les considérer selon la même grille et à les ramener à des

causes identiques : c'est comme si les potentialités de l'autre sexe contenues en chacun avaient acquis, dans le climat général actuel, une exceptionnelle possibilité de réapparition et d'activation à cause de l'affaiblissement de la force centrale qui, même sur le plan biologique, définit le « type », jusqu'à saper et à changer le sexe de la naissance. Dans tout ce que nous avons pu

dire de convaincant jusqu'ici, il faut seulement enregistrer un signe des temps et reconnaître l'inanité complète de toute mesure répressive à base sociale, moraliste et conformiste. On ne peut pas retenir du sable qui glisse entre les doigts, quelle que soit la peine qu'on veuille se donner. Il faudrait plutôt revenir au plan des causes premières, d'où tout le reste, dans les différents

domaines, y compris celui des phénomènes considérés ici, n'est qu'une conséquence et agir sur ce plan, y produire un changement essentiel. Mais cela revient à dire que le commencement de tout devrait être le dépassement de la civilisation et de la société actuelles, la restauration d'un type d'organisation sociale différencié, organique, bien articulé grâce à l'intervention d'une

force centrale vivante et formatrice. Or une perspective de ce genre ressemble toujours plus à une pure utopie, parce que c'est dans la direction exactement opposée que va aujourd'hui le « progrès », dans tous les domaines. A ceux qui, intérieurement, n'appartiennent pas et ne veulent pas appartenir à ce monde il reste donc seulement à constater des rapports généraux de cause à effet

qui échappent à la bêtise de nos contemporains et à contempler avec tranquillité toutes les excroissances qui, selon une logique bien reconnaissable, fleurissent sur le sol d'un monde en pleine décomposition. + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          40

Marika Gallman
Marika Gallman

— Misérable avorton, lui dis-je froidement.
Il partit la queue entre les jambes en bredouillant des excuses. C’était si amusant. J’avais toujours voulu traiter quelqu’un d’avorton depuis que j’avais regardé La Petite Sirène . Les filles normales se souvenaient plutôt du beau prince et de l’histoire d’amour. Moi non. Je me rappelais de la vilaine sorcière qui se moque

des hommes.
Ce devait être dans mes gènes. Merci, Victor , pensai-je avec un sourire carnassier qui devait si bien aller au visage d’Elzbieta.

Christopher Priest
Christopher Priest

Le soir suivant ,l'échelle du paysage avait repris des proportions plus normales à ses yeux .Les arbres ressemblaient à des arbres et non à des buissons rampants.Les cailloux étaient ronds et l'herbe poussait en touffes ,non plus comme une moisissure verte.

Roxane Gay
Roxane Gay

"Les familles normales disent vraiment ce qu'elles pensent et ce qu'elles ressentent", avait-il lancé un jour à Mireille après avoir fait la connaissance de ses parents. "Nous sommes catholiques", avait-elle répliqué. Et ils avaient éclaté de rire.

Pierre Ducrozet
Pierre Ducrozet

Usé par la torpeur de la ville infiniment déroulée sous lui, Alvaro se tire. Il se sent coupable de n'avoir jamais rien tenté, ne serait-ce qu'un geste ou un mot, contre la glaise qui enlisé son pays, ce mélange boueux de corruption et d'indifférence, de violence et d'effroi, et, doublement coupable sans doute d'avoir, en un sens, lui-même participé à son érosion éthique, comme tous,

il offre ses services à différentes écoles normales du Mexique, héritières des préceptes de Zapata et de la Révolution de 1910 dans leur volonté d'offrir aux fils de paysans un savoir et un avenir.