Jean-Marc Beausoleil
Jean-Marc Beausoleil

Cité Soleil a souvent été perçu comme un des endroits les plus dangereux au monde. Depuis 2007, la Mission des Nations unies pour la stabilisation d'Haïti (Minustah) maintient l'ordre tant bien que mal. Des assauts menés par 700 Casques bleus appuyés par des hélicoptères ont été nécessaires pour sortir les bandits d'ici […] Le quartier est cerné de carcasses de voitures rouillées,

il est composé de cabanes de tôles où les familles dorment à dix à même le sol, entourées de boue et d'ordure. D'énormes cochons pataugent dans des flaques d'eau fétide. Les mouches bourdonnent. Un tiers de million de personnes se partagent 53 points d'eau potable.

Farida Belghoul
Farida Belghoul

La résistance nationale a vu naitre quantité d’initiatives témoignant de l’imagination créatrice de ceux qui ne veulent pas se soumettre aux ennemis de Dieu, aux destructeurs des familles et des patries. L’initiative la plus inattendue est sans conteste celle lancée par Farida Belghoul, dont je salue la présence parmi nous.

Howard Bloom
Howard Bloom

Une étude de l'université du Michigan montre que lorsqu'ils sont menacés, le niveau de testostérone des hommes appartenant aux vieilles familles du Sud atteint près de trois fois celui des hommes de la société du Nord. Résultat : 43% des meurtres commis aux États-Unis ont lieu dans les 16 états du sud.

Howard Bloom
Howard Bloom

Les aristocrates de nombreuses civilisations sont les fossiles d'anciennes hordes conquérantes. Leur positions au sommet de la société est le résidu de vols : en Angleterre, les classes titrées sont les descendants des soldats saxons, vikings et normands qui ont pillé, massacré et violé en des vagues successives de 470 à 1066 après J. C. Au Japon, l'aristocratie en place depuis 1800 ans,

est le reste d'une population de cavaliers mongols nomades qui traversèrent la mer depuis la Corée au premier siècle après Jésus-Christ… La seule vertu qui distingue les familles d'aristocrates des nôtres est une plus grande volonté de la part de leurs ancêtres à faire usage de la violence. Au Japon et en Angleterre, tout comme en Inde, la religion, la philosophie, la poésie et

l'idéologie ont toutes été utilisées pour maintenir les peuples conquis à leur misérable place.

Saïd Boualam
Saïd Boualam

Hommes égorgés et mutilés, femmes violées avant d’être assassinées, enfants épinglés aux murs au bout de baïonnettes, tels des papillons, bétail mutilé, égorgé. C’était cela la guerre d’Algérie. Ces tueurs qui s’acharnaient sur tout ce qui représentait la France, sa civilisation et surtout sur les familles musulmanes.

Jean-Claude Carrière
Jean-Claude Carrière

Le goût d’écrire m’est venu très tôt. Peut-être par esprit de contradiction, parce que mes parents ne lisaient pas et n’écrivaient pas. Je viens d’une famille de cultivateurs, de modestes paysans, qui habitaient dans une maison où il n’y avait ni livres ni images. Contrairement à beaucoup de mes camarades nés dans des familles bourgeoises, je n’ai pas été élevé dans une

culture obligatoire: on ne m’a pas imposé Beethoven ou Marcel Proust dans mon jeune âge. J’étais totalement ouvert et, dès que j’ai été en âge d’exercer ma curiosité, j’ai découvert par moi-même les auteurs et les choses qui allaient m’intéresser. Il y avait, dans cet éveil à la culture, une innocence, une fraîcheur, que j’ai toujours tenté de conserver.

Arthur C. Clarke
Arthur C. Clarke

[…] Voici maintenant venu le temps de reconnaître une faute plus tragique encore. Le refus obstiné de l'Église d'accepter les moyens artificiels de limitation des naissances a gâché des milliards de vies et, ironie du sort, a encouragé les familles trop pauvre pour nourrir les enfants qu'on les obligeait à mettre au monde, à recourir au péché d'avortement.
Cette politique a conduit

notre espèce au bord du gouffre. La surpopulation a épuisé les ressources de la planète Terre et pollué tout notre environnement. Dès la fin du XX

Amnesty international
Amnesty international

A deux pas de là c'est la Cité des Morts. Un défilé de rues et de murs ocres dévorés par la poussière. Venues de Haute-Egypte ou de la région de Suez, chassées par l'avancée du désert ou par les guerres, des milliers de personnes "cohabitent", depuis plusieurs générations parfois, avec les morts d'anciennes familles nobles

Hector Berlioz
Hector Berlioz

XXXV

Les théâtres de Gênes et de Florence. — I Montecchi ed i Capuletti de Bellini. — Roméo joué par une femme. — La Vestale de Paccini. — Licinius joué par une femme. L’organiste de Florence. — La fête del Corpus Domini — Je rentre à l’Académie.

En repassant à Gênes, j’allai entendre l’Agnese de Paër. Cet opéra fut célèbre à l’époque

de transition crépusculaire qui précéda le lever de Rossini.

L’impression de froid ennui dont il m’accabla tenait sans doute à la détestable exécution qui en paralysait les beautés. Je remarquai d’abord que, suivant la louable habitude de certaines gens qui, bien qu’incapables de rien faire, se croient appelées à tout refaire ou retoucher, et qui de leur coup d’œil

d’aigle aperçoivent tout de suite ce qui manque dans un ouvrage, on avait renforcé d’une grosse caisse l’instrumentation sage et modérée de Paër ; de sorte qu’écrasé sous le tampon du maudit instrument, cet orchestre, qui n’avait pas été écrit de manière à lui résister, disparaissait entièrement. Madame Ferlotti chantait (elle se gardait bien de le jouer) le rôle

d’Agnèse. En cantatrice qui sait, à un franc près, ce que son gosier lui rapporte par an, elle répondait à la douloureuse folie de son père par le plus imperturbable sang-froid, la plus complète insensibilité ; on eût dit qu’elle ne faisait qu’une répétition de son rôle, indiquant à peine les gestes, et chantant sans expression pour ne pas se fatiguer.

L’orchestre

m’a paru passable. C’est une petite troupe fort inoffensive ; mais les violons jouent juste et les instruments à vent suivent assez bien la mesure. À propos de violons... pendant que je m’ennuyais dans sa ville natale, Paganini enthousiasmait tout Paris. Maudissant le mauvais destin qui me privait de l’entendre, je cherchai au moins à obtenir de ses compatriotes quelques renseignements

sur lui ; mais les Génois sont, comme les habitants de toutes les ville de commerce, fort indifférents pour les beaux-arts. Ils me parlèrent très-froidement de l’homme extraordinaire que l’Allemagne, la France et l’Angleterre ont accueilli avec acclamations. Je demandai la maison de son père, on ne put me l’indiquer. À la vérité, je cherchai aussi dans Gênes le temple, la

pyramide, enfin le monument que je pensais avoir été élevé à la mémoire de Colomb, et le buste du grand homme qui découvrit le Nouveau Monde n’a pas même frappé une fois mes regards, pendant que j’errais dans les rues de l’ingrate cité qui lui donna naissance et dont il fit la gloire.

De toutes les capitales d’Italie, aucune ne m’a laissé d’aussi gracieux

souvenirs que Florence. Loin de m’y sentir dévoré de spleen, comme je le fus plus tard à Rome et à Naples, complètement inconnu, ne connaissant personne, avec quelques poignées de piastres à ma disposition, malgré la brèche énorme que la course de Nice avait faite à ma fortune, jouissant en conséquence de la plus entière liberté, j’y ai passé de bien douces journées, soit à

parcourir ses nombreux monuments, en rêvant de Dante et de Michel-Ange, soit à lire Shakespeare dans les bois délicieux qui bordent la rive gauche de l’Arno et dont la solitude profonde me permettait de crier à mon aise d’admiration. Sachant bien que je ne trouverais pas dans la capitale de la Toscane ce que Naples et Milan me faisaient tout au plus espérer, je ne songeais guère à la

musique, quand les conversations de table d’hôte m’apprirent que le nouvel opéra de Bellini (I Montecchi ed i Capuletti) allait être représenté. On disait beaucoup de bien de la musique, mais aussi beaucoup du libretto, ce qui, eu égard au peu de cas que les Italiens font pour l’ordinaire des paroles d’un opéra, me surprenait étrangement. Ah ! ah ! c’est une innovation ! ! ! je

vais donc, après tant de misérables essais lyriques sur ce beau drame, entendre un véritable opéra de Roméo, digne du génie de Shakespeare ! Quel sujet ! comme tout y est dessiné pour la musique !... D’abord le bal éblouissant dans la maison de Capulet, où, au milieu d’un essaim tourbillonnant de beautés, le jeune Montaigu aperçoit pour la première fois la sweet Juliet, dont la

fidélité doit lui coûter la vie ; puis ces combats furieux, dans les rues de Vérone, auxquels le bouillant Tybalt semble présider comme le génie de la colère et de la vengeance ; cette inexprimable scène de nuit au balcon de Juliette, où les deux amants murmurent un concert d’amour tendre, doux et pur comme les rayons de l’astre des nuits qui les regarde en souriant amicalement ; les

piquantes bouffonneries de l’insouciant Mercutio, le naïf caquet de la vieille nourrice, le grave caractère de l’ermite, cherchant inutilement à ramener un peu de calme sur ces flots d’amour et de haine dont le choc tumultueux retentit jusque dans sa modeste cellule... puis l’affreuse catastrophe, l’ivresse du bonheur aux prises avec celle du désespoir, de voluptueux soupirs changés

en râle de mort, et enfin le serment solennel des deux familles ennemies jurant, trop tard, sur le cadavre de leurs malheureux enfants, d’éteindre la haine qui fit verser tant de sang et de larmes. Je courus au théâtre de la Pergola. Les choristes nombreux qui couvraient la scène me parurent assez bons ; leurs voix sonores et mordantes ; il y avait surtout une douzaine de petits garçons de

quatorze à quinze ans, dont les contralti étaient d’un excellent effet. Les personnages se présentèrent successivement et chantèrent tous faux, à l’exception de deux femmes, dont l’une, grande et forte, remplissait le rôle de Juliette, et l’autre, petite et grêle, celui de Roméo. — Pour la troisième ou quatrième fois après Zingarelli et Vaccaï, écrire encore Roméo pour une

femme !... Mais, au nom de Dieu, est-il donc décidé que l’amant de Juliette doit paraître dépourvu des attributs de la virilité ? Est-il un enfant, celui qui, en trois passes, perce le cœur du furieux Tybalt, le héros de l’escrime, et qui, plus tard, après avoir brisé les portes du tombeau de sa maîtresse, d’un bras dédaigneux, étend mort sur les degrés du monument le comte

Pâris qui l’a provoqué ? Et son désespoir au moment de l’exil, sa sombre et terrible résignation en apprenant la mort de Juliette, son délire convulsif après avoir bu le poison, toutes ces passions volcaniques germent-elles d’ordinaire dans l’âme d’un eunuque ?

Trouverait-on que l’effet musical de deux voix féminines est le meilleur ?... Alors, à quoi bon des

ténors, des basses, des barytons ? Faites donc jouer tous les rôles par des soprani ou des contralti, Moïse et Othello ne seront pas beaucoup plus étranges avec une voix flûtée que ne l’est Roméo. Mais il faut en prendre son parti ; la composition de l’ouvrage va me dédommager...

Quel désappointement ! ! ! dans le libretto il n’y a point de bal chez Capulet, point de

Mercutio, point de nourrice babillarde, point d’ermite grave et calme, point de scène au balcon, point de sublime monologue pour Juliette recevant la fiole de l’ermite, point de duo dans la cellule entre Roméo banni et l’ermite désolé ; point de Shakespeare, rien ; un ouvrage manqué. Et c’est un grand poëte, pourtant, c’est Félix Romani, que les habitudes mesquines des théâtres

lyriques d’Italie ont contraint à découper un si pauvre libretto dans le chef-d’œuvre shakespearien !

Le musicien, toutefois, a su rendre fort belle une des principales situations ; à la fin d’un acte, les deux amants, séparés de force par leurs parents furieux, s’échappent un instant des bras qui les retenaient et s’écrient en s’embrassant : «Nous nous reverrons

aux cieux.» Bellini a mis, sur les paroles qui expriment cette idée, une phrase d’un mouvement vif, passionné, pleine d’élan et chantée à l’unisson par les deux personnages. Ces deux voix, vibrant ensemble comme une seule, symbole d’une union parfaite, donnent à la mélodie une force d’impulsion extraordinaire ; et, soit par l’encadrement de la phrase mélodique et la manière

dont elle est ramenée, soit par l’étrangeté bien motivée de cet unisson auquel on est loin de s’attendre, soit enfin par la mélodie elle-même, j’avoue que j’ai été remué à l’improviste et que j’ai applaudi avec transport. On a singulièrement abusé, depuis lors, des duos à l’unisson. — Décidé à boire le calice jusqu’à la lie, je voulus, quelques jours après,

entendre la Vestale de Paccini. Quoique ce que j’en connaissais déjà m’eût bien prouvé qu’elle n’avait de commun avec l’œuvre de Spontini que le titre, je ne m’attendais à rien de pareil... Licinius était encore joué par une femme... Après quelques instants d’une pénible attention, j’ai dû m’écrier, comme Hamlet : «Ceci est de l’absinthe !» et ne me sentant pas

capable d’en avaler davantage, je suis parti au milieu du second acte, donnant un terrible coup de pied dans le parquet, qui m’a si fort endommagé le gros orteil que je m’en suis ressenti pendant trois jours. — Pauvre Italie !... Au moins, va-t-on me dire, dans les églises, la pompe musicale doit-être digne des cérémonies auxquelles elle se rattache. Pauvre Italie !... On verra plus

tard quelle musique on fait à Rome, dans la capitale du monde chrétien : en attendant, voilà ce que j’ai entendu de mes propres oreilles pendant mon séjour à Florence. + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          00

Jacques Derrida
Jacques Derrida

Ce traumatisme a provoqué en moi deux mouvements quant aux communautés diverses. D’un côté, le désir de me faire, de nouveau, accepter par les copains, les familles et le milieu non juif, qui était mon milieu. Et, par conséquent, de rompre aussi avec le mouvement juif de grégarité qui s’était, de façon légitime, constitué pour répondre à l’agression et au traumatisme. Je ne

voulais pas appartenir à ce qui était la communauté juive […] je ne supportais pas l’enfermement dans cette communauté. En même temps, j’étais plus que sensibilisé, extrêmement vulnérable à l’antisémitisme. Les injures et insultes fusaient à chaque instant. Insultes […] pas seulement verbales, qui m’ont marqué à jamais et m’ont rendu vulnérable et hypersensible à

toute manifestation d’antisémitisme et de racisme. Mais, simultanément, une rupture affective, profonde, avec le milieu de la communauté juive et tout ce qui pouvait rappeler d’une manière ou d’une autre ma propre famille ou communauté. Et cela, je dois dire, est resté. A la fois le sentiment, le désir de solitude, de retrait par rapport à toute communauté d’une certaine

manière... je dirais presque, "nationalité". J’ai senti qu’au fond, j’appartenais à cette solitude [..] Dès que je vois se constituer même le mot de "communauté"[…], dès que je vois se constituer une appartenance un peu trop naturelle, protectrice, fusionnelle, je disparais. + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          110