Jean Baudrillard
Jean Baudrillard

L'Amérique est la version originale de la modernité, nous sommes la version doublée ou sous-titrée. L'Amérique exorcise la question de l'origine, elle ne cultive pas d'origine ou d'authenticité mythique, elle n'a pas de passé ni de vérité fondatrice. Pour n'avoir pas connu d'accumulation primitive du temps, elle vit dans une actualité perpétuelle. Pour n'avoir pas connu d'accumulation

lente et séculaire du principe de vérité, elle vit dans la simulation perpétuelle, dans l'actualité perpétuelle des signes. Elle n'a pas de territoire ancestral, celui des Indiens est circonscrit aujourd'hui dans des réserves qui sont l'équivalent des musées où elle stocke les Rembrandt et les Renoir. Mais c'est sans importance - l'Amérique n'a pas de problèmes d'identité. Or la

puissance future est dédiée aux peuples sans origine, sans authenticité, et qui sauront exploiter cette situation jusqu'au bout. Voyez le Japon, qui dans une certaine mesure réalise ce pari mieux que les États-Unis eux-mêmes, réussissant, dans un paradoxe pour nous inintelligible, à transformer la puissance de la territorialité et de la féodalité en celle de la déterritorialité et de

l'apesanteur. Le Japon est déjà un satellite de la planète Terre. Mais l'Amérique fut déjà en son temps un satellite de la planète Europe. Qu'on le veuille ou non, le futur s'est déplacé vers les satellites artificiels. (pp. 151-152) + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          50

Rob Hart
Rob Hart

_ Pardon, c'est un sujet sur lequel j'ai tendance à m'emballer. Mais après tout, c'est logique. Saviez-vous qu'aujourd'hui nous fournissons plus de soins médicaux que les hôpitaux ? Ou qu'il y a plus d'enfants inscrits dans les écoles Cloud que dans les écoles normales ? Bon sang, même la CIA stocke ses données sur nos serveurs. Cette nouvelle étape est finalement logique.

Georges Elgozy
Georges Elgozy

En France, le verbe "lire" se conjugue de préférence à la mode du futur. Tout père de famille, soucieux de l'avenir de ses enfants, achète et stocke plusieurs dictionnaires qu'il relègue sur la plus haute étagère de sa bibliothèque : les plus hautes vertus, comme les plus hauts fonctionnaires, inspirent le respect aussi longtemps qu'ils demeurent inaccessibles.

Chetan Bhagat
Chetan Bhagat

Je crois que le cerveau a une case spéciale où il stocke tous les souvenirs intolérables. Elle reste normalement fermée, mais chaque fois qu'un nouvel élément doit s'y ranger, elle s'ouvre et on peut voir ce qui se trouve à l'intérieur.

Tahereh Mafi
Tahereh Mafi

- Tu sais, parfois, j'aimerais pouvoir effacer la zone de mon cerveau qui stocke tout ce que tu me dis.

Maria Ernestam
Maria Ernestam

Petite, je me souviens m'être demandé pourquoi ma mère ne se chargeait pas des tâches domestiques comme les autres femmes du voisinage. Je comprenais qu'elle avait fait un choix courageux. D'ailleurs, le pire n'était pas son absence, mais le sentiment qu'elle devenait encore plus distante quand elle était à la maison. Dans mon souvenir, pendant les premières années de ma vie, elle n'eut

quasiment aucun geste envers moi. Un petit coup dans le dos pour donner de l'élan à une balançoire, des visages qui se rencontrent au-dessus d'un dessin, des mains qui façonnent un bonhomme de neige, un regard affectueux, une caresse... A l'endroit où est stocké ce genre de souvenirs, dans mon esprit, c'est le trou noir. (p. 38- actes Sud, coll. Babel, janvier 2013)