Catherine Baker
Catherine Baker

Contre lui, une seule solution, la fuite. L’absentéisme reste LA réponse adéquate de qui veut échapper au massacre. N’est sauvé-e que cellui, de la maternelle à Polytechnique, qui se sauve, qui s’échappe. L’absentéisme en commun s’appelle parfois une grève, mais, aussi bien chez les élèves que chez les enseignant-e-s, celle-ci n’aurait d’intérêt qu’illimitée.

Anne Calife
Anne Calife

Arrêter les images n’aurait jamais arrêté la Guerre. Car tout était Guerre… tout était Guerre et Printemps à la fois

Albert Caraco
Albert Caraco

L’instruction religieuse est un délire en un temps où les dieux sont morts et bien que la plupart des hommes, en Europe, n’osent se déclarer athées, il n’en subsiste pas un tiers, parmi ceux qui professent le Papisme, pour soutenir ses dogmes et pour s’avouer de la Conception Immaculée et de la Maternité Virginale, de la Virginité Perpétuelle et de la Royauté Céleste, pas même

de la Trinité, voire de l’Incarnation ni de la Transsubstantiation, enfin deux tiers des Catholiques se partagent entre un théisme qui n’engage à rien, un dualisme qui ne détermine rien, un fatalisme qui ne vise à rien, un conformisme qui n’avance à rien, et j’oubliai l’astrolâtrie, de plus en plus envahissante. Un pêcheur d’hommes n’aurait plus qu’à jeter ses filets,

comme avant deux mille ans, les mortels sont à prendre, il se prépare un changement de sensibilité, qui sera suivi d’une révolution spirituelle. Je me demande quels dieux nous encenseront demain? notre avenir est décidé par les aveugles que nous sommes, j’en ai, moi, le vertige.

Loïc Decrauze
Loïc Decrauze

Je ne sais pas si Van Gogh se trancha l’oreille par désespoir de n’avoir pu sodomiser Gauguin, mais il n’aurait pas hésité à jouer du rasoir avec la seconde, s’il avait dû écouter les insondables billevesées de deux étudiantes en art.

Barbara Delinsky
Barbara Delinsky

Il l’emporta – il la transporta loin, vers un endroit où elle n’aurait jamais pu aller sans lui- mais, lorsque ce fut fini, le retour ne l’effraya pas. Leo semblait solide. Enraciné. Vrai.
Ils restèrent assis dans l’herbe un long moment. Il avait le dos appuyé contre le tronc d’un arbre et un bras autour de Charlotte, qui avait posé la joue contre son torse. Ce torse était

doux, musclé et sentait Leo. Gagnée par une grande paix intérieure, elle aurait pu rester là pour toujours.

Emmanuel Le Roy Ladurie
Emmanuel Le Roy Ladurie

S’agissant des minorités non latines, la Lorraine, précisément, n’aurait point figuré dans notre recension, si n’avait eu lieu l’épisode fondamental des invasions germaniques du IVe siècle, au cours desquelles les Francs et les Alamans franchirent le Rhin et s’installèrent en zone gallo-romaine. Jusqu’à cette date, en effet, la Lorraine (dont le nom n’apparaîtra comme tel

qu’ultérieurement, à partir de l’époque carolingienne) participait aux avatars de l’ensemble gaulois, dans ses modalités celtiques, puis romaines. Il n’est pas impossible, du reste, que l’invasion des armées de César, de 58 à 52 avant notre ère, dans cette région cisrhénane, comme ailleurs, ait eu pour but (notamment) d’empêcher un déferlement germanique qui, de toute

façon, se produira quelques centaines d’années plus tard. Aux IER et IIe siècles après Jésus-Christ, la ville de Metz et ses alentours bénéficiaient d’une prospérité que matérialisent aujourd’hui encore, après exhumation, les restes des thermes, des amphithéâtres, des mosaïques. À partir du dernier quart du IIIe siècle, cependant, et jusqu’au début du Ve, les populations

de l’aire « allemande » (comme on dirait aujourd’hui) se déplacent vers l’ouest, non sans violences, et font bouger la frontière linguistique : elle va courir désormais au sud-ouest du Rhin inférieur, aux dépens de la peau de chagrin gallo-romaine. Ainsi se trouve implantée, aujourd’hui encore, une population germanophone dans la région de Thionville, Saint-Avold, Forbach,

Sarreguemines, Bitche et Sarrebourg. Le pointillé sémantique a pu quelque peu trembler, derechef, depuis la fin du Ier millénaire22 ; la langue romane, qu’incarnent les dialectes et puis le langage français, a récupéré, de ce fait, une bande frontalière d’un couple de lieues en direction du nord-est ; le legs des grands débordements alémaniques et franciques demeure néanmoins

durable. La germanisation, en tout état de cause, évolue pendant l’Antiquité tardive et sous les Mérovingiens à l’intérieur de limites restreintes… et même restrictives. Elle est contrebalancée par des faits, synchrones ou non, de romanisation d’arrière-saison. Ainsi les vignobles, venus du sud, s’étaient-ils enracinés non loin de Metz à partir des dernières décennies du

IIIe siècle (les « vins gris » de Lorraine resteront célèbres). Surtout, le christianisme s’instaure, dont l’avancée majeure entre Meuse et Sarre intervient pour l’essentiel après les années 300-350 ; il lui faudra plusieurs siècles encore pour parvenir à des implantations définitives, et somme toute monopolistes. + Lire la suiteCommenter  J’apprécie   

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Hector Berlioz
Hector Berlioz

Les faits que je vais citer paraîtront sans doute fort extraordinaires et improbables à la plupart des lecteurs, mais ayant obtenu successivement le second et le premier grand prix au concours de l’Institut, je ne dirai rien que je n’aie vu moi-même, et dont je ne sois parfaitement sûr. Cette circonstance d’ailleurs me permet d’exprimer toute ma pensée, sans crainte de voir attribuer

à l’aigreur d’une vanité blessée ce qui n’est que l’expression de mon amour de l’art et de ma conviction intime.

La liberté dont j’ai déjà usé à cet égard a fait dire à Cherubini, le plus académique des académiciens passés, présents et futurs, et le plus violemment froissé en conséquence par mes observations, qu’en attaquant l’Académie je battais ma

nourrice. Si je n’avais pas obtenu le prix, il n’aurait pu me taxer de cette ingratitude, mais j’aurais passé dans son esprit et dans celui de beaucoup d’autres pour un vaincu qui venge sa défaite. D’où il faut conclure que d’aucune façon je ne pouvais aborder ce sujet sacré. Je l’aborde cependant et je le traiterai sans ménagement, comme un sujet profane.

Tous les

Français ou naturalisés Français, âgés de moins de trente ans, pouvaient et peuvent encore, aux termes du règlement, être admis au concours.

Quand l’époque en avait été fixée, les candidats venaient s’inscrire au secrétariat de l’Institut. Ils subissaient un examen préparatoire, nommé concours préliminaire, qui avait pour but de désigner parmi les aspirants les

cinq ou six élèves les plus avancés.

Le sujet du grand concours devait être une scène lyrique sérieuse pour une ou deux voix et orchestre ; et les candidats, afin de prouver qu’ils possédaient le sentiment de la mélodie et de l’expression dramatique, l’art de l’instrumentation et les autres connaissances indispensables pour écrire passablement un tel ouvrage, étaient

tenus de composer une fugue vocale. On leur accordait une journée pour ce travail. Chaque fugue devait être signée.

Le lendemain, les membres de la section de musique de l’Institut se rassemblaient, lisaient les fugues et faisaient un choix trop souvent entaché de partialité, car un certain nombre de manuscrits signés appartenaient toujours à des élèves de MM. les

Académiciens.
Les votes recueillis et les concurrents désignés, ceux-ci devaient se représenter bientôt après pour recevoir les paroles de la scène qu’ils allaient avoir à mettre en musique, et entrer en loge. M. le secrétaire perpétuel de l’Académie des beaux-arts leur dictait collectivement le classique poëme, qui commençait presque toujours ainsi :

«Déjà

l’aurore aux doigts de rose. Ou : »Déjà le jour naissant ranime la nature. Ou : »Déjà d’un doux éclat l’horizon se colore. Ou : »Déjà du blond Phœbus le char brillant s’avance. Ou : »Déjà de pourpre et d’or les monts lointains se parent. etc., etc.

Les candidats, munis du lumineux poëme, étaient alors enfermés isolément avec un piano, dans une chambre

appelée loge, jusqu’à ce qu’ils eussent terminé leur partition. Le matin à onze heures et le soir à six, le concierge, dépositaire des clefs de chaque loge, venait ouvrir aux détenus, qui se réunissaient pour prendre ensemble leur repas ; mais défense à eux de sortir du palais de l’Institut.

Tout ce qui leur arrivait du dehors, papiers, lettres, livres, linge, était

soigneusement visité, afin que les concurrents ne pussent obtenir ni aide, ni conseil de personne. Ce qui n’empêchait pas qu’on ne les autorisât à recevoir des visites dans la cour de l’Institut, tous les jours de six à huit heures du soir, à inviter même leurs amis à de joyeux dîners, où Dieu sait tout ce qui pouvait se communiquer, de vive voix ou par écrit, entre le vin de

Bordeaux et le vin de Champagne. Le délai fixé pour la composition était de vingt-deux jours ; ceux des compositeurs qui avaient fini avant ce temps étaient libres de sortir après avoir déposé leur manuscrit, toujours numéroté et signé.

Toutes les partitions étant livrées, le lyrique aréopage s’assemblait de nouveau et s’adjoignait à cette occasion deux membres pris

dans les autres sections de l’Institut ; un sculpteur et un peintre, par exemple, ou un graveur et un architecte, ou un sculpteur et un graveur ou un architecte et un peintre, ou même deux graveurs, ou deux peintres, ou deux architectes, ou deux sculpteurs. L’important était qu’ils ne fussent pas musiciens. Ils avaient voix délibérative, et se trouvaient là pour juger d’un art qui

leur est étranger.

On entendait successivement toutes les scènes écrites pour l’orchestre, comme je l’ai dit plus haut, et on les entendait réduites par un seul accompagnateur sur le piano !... (Et il en est encore ainsi à cette heure).

Vainement prétendrait-on qu’il est possible d’apprécier à sa juste valeur une composition d’orchestre ainsi mutilée,

rien n’est plus éloigné de la vérité. Le piano peut donner une idée de l’orchestre pour un ouvrage qu’on aurait déjà entendu complètement exécuté, la mémoire alors se réveille, supplée à ce qui manque, et on est ému par souvenir. Mais pour une œuvre nouvelle, dans l’état actuel de la musique, c’est impossible. Une partition telle que l’Œdipe de Sacchini, ou toute

autre de cette école, dans laquelle l’instrumentation n’existe pas, ne perdrait presque rien à une pareille épreuve. Aucune composition moderne, en supposant que l’auteur ait profité des ressources que l’art actuel lui donne, n’est dans le même cas. Exécutez donc sur le piano la marche de la communion de la messe du sacre, de Cherubini ! que deviendront ces délicieuses tenues

d’instruments à vent qui vous plongent dans une extase mystique ? ces ravissants enlacements de flûtes et de clarinettes d’où résulte presque tout l’effet ? Ils disparaîtront entièrement, puisque le piano ne peut tenir ni enfler un son. Accompagnez au piano l’air d’Agamemnon, dans l’Iphigénie en Aulide de Gluck ! + Lire la suiteCommenter  J’apprécie     

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Hector Berlioz
Hector Berlioz

La liberté dont j’ai déjà usé à cet égard a fait dire à Cherubini, le plus académique des académiciens passés, présents et futurs, et le plus violemment froissé en conséquence par mes observations, qu’en attaquant l’Académie je battais ma nourrice. Si je n’avais pas obtenu le prix, il n’aurait pu me taxer de cette ingratitude, mais j’aurais passé dans son esprit et dans

celui de beaucoup d’autres pour un vaincu qui venge sa défaite. D’où il faut conclure que d’aucune façon je ne pouvais aborder ce sujet sacré. Je l’aborde cependant et je le traiterai sans ménagement, comme un sujet profane.

Tous les Français ou naturalisés Français, âgés de moins de trente ans, pouvaient et peuvent encore, aux termes du règlement, être admis au

concours.

Quand l’époque en avait été fixée, les candidats venaient s’inscrire au secrétariat de l’Institut. Ils subissaient un examen préparatoire, nommé concours préliminaire, qui avait pour but de désigner parmi les aspirants les cinq ou six élèves les plus avancés.

Le sujet du grand concours devait être une scène lyrique sérieuse pour une ou deux

voix et orchestre ; et les candidats, afin de prouver qu’ils possédaient le sentiment de la mélodie et de l’expression dramatique, l’art de l’instrumentation et les autres connaissances indispensables pour écrire passablement un tel ouvrage, étaient tenus de composer une fugue vocale. On leur accordait une journée pour ce travail. Chaque fugue devait être signée.

Le

lendemain, les membres de la section de musique de l’Institut se rassemblaient, lisaient les fugues et faisaient un choix trop souvent entaché de partialité, car un certain nombre de manuscrits signés appartenaient toujours à des élèves de MM. les Académiciens.
Les votes recueillis et les concurrents désignés, ceux-ci devaient se représenter bientôt après pour recevoir les

paroles de la scène qu’ils allaient avoir à mettre en musique, et entrer en loge. M. le secrétaire perpétuel de l’Académie des beaux-arts leur dictait collectivement le classique poëme, qui commençait presque toujours ainsi :

«Déjà l’aurore aux doigts de rose. Ou : »Déjà le jour naissant ranime la nature. Ou : »Déjà d’un doux éclat l’horizon se colore. Ou :

»Déjà du blond Phœbus le char brillant s’avance. Ou : »Déjà de pourpre et d’or les monts lointains se parent. etc., etc. + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          00

Hector Berlioz
Hector Berlioz

Un peu plus tard, M. Masson, maître de chapelle de l’église Saint-Roch, me proposa d’écrire une messe solennelle qu’il ferait exécuter, disait-il, dans cette église, le jour des Saints Innocents, fête patronale des enfants de chœur. Nous devions avoir cent musiciens de choix à l’orchestre, un chœur plus nombreux encore ; on étudierait les parties de chant pendant un mois ; la

copie ne me coûterait rien, ce travail serait fait gratuitement et avec soin par les enfants de chœur de Saint-Roch, etc., etc. Je me mis donc plein d’ardeur à écrire cette messe, dont le style, avec sa coloration inégale et en quelque sorte accidentelle, ne fut qu’une imitation maladroite du style de Lesueur. Ainsi que la plupart des maîtres, celui-ci, dans l’examen qu’il fit de ma

partition, approuva surtout les passages où sa manière était le plus fidèlement reproduite. À peine terminé, je mis le manuscrit entre les mains de M. Masson, qui en confia la copie et l’étude à ses jeunes élèves. Il me jurait toujours ses grands dieux que l’exécution serait pompeuse et excellente. Il nous manquait seulement un habile chef d’orchestre, ni lui, ni moi n’ayant

l’habitude de diriger d’aussi grandes masses de voix et d’instruments. Valentino était alors à la tête de l’orchestre de l’Opéra, il aspirait à l’honneur d’avoir aussi sous ses ordres celui de la chapelle royale. Il n’aurait garde, sans doute, de ne rien refuser à mon maître qui était surintendant[6] de cette chapelle. En effet, une lettre de Lesueur que je lui portai le

décida, malgré sa défiance des moyens d’exécution dont je pourrais disposer, à me promettre son concours. Le jour de la répétition générale arriva, et nos grandes masses vocales et instrumentales réunies, il se trouva que nous avions pour tout bien vingt choristes, dont quinze ténors et cinq basses, douze enfants, neuf violons, un alto, un hautbois, un cor et un basson. On juge de mon

désespoir et de ma honte, en offrant à Valentino, à ce chef renommé d’un des premiers orchestres du monde, une telle phalange musicale !... «Soyez tranquille, disait toujours maître Masson, il ne manquera personne demain à l’exécution. Répétons ! répétons ! Valentino résigné, donne le signal, on commence ; mais après quelques instants, il faut s’arrêter à cause des

innombrables fautes de copie que chacun signale dans les parties. Ici on a oublié d’écrire les bémols et les dièses à la clef ; là il manque dix pauses ; plus loin on a omis trente mesures. C’est un gâchis à ne pas se reconnaître, je souffre tous les tourments de l’enfer ; et nous devons enfin renoncer absolument, pour cette fois, à mon rêve si longtemps caressé d’une

exécution à grand orchestre. + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          00

August Strindberg
August Strindberg

Tu vois, Borg, que tu crains la mort ! — Parbleu ! Comme tout ce qui vit et qui, sans la crainte de la mort, n’aurait jamais vécu ! Mais le jugement, vois-tu, je ne le crains pas ; car c’est l’œuvre qui fait juger le maître, et ce n’est pas moi qui me suis créé