Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais
Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais

Figaro : Voyant à Madrid que la République des Lettres était celle des loups, toujours armés les uns contre les autres, et que, livrés au mépris où ce risible acharnement les conduit, tous les Insectes, les Moustiques, les Cousins, les Critiques, les Maringouins, les Envieux, les Feuillistes, les Libraires, les Censeurs, et tout ce qui s'attache à la peau des malheureux Gens de Lettres,

achevait de déchiqueter et sucer le peu de substance qui leur restait; fatigué d'écrire, ennuyé de moi, dégoûté des autres, abîmé de dettes et léger d'argent; à la fin, convaincu que l'utile revenu du rasoir est préférable aux vains honneurs de la plume, j'ai quitté Madrid, et, mon bagage en sautoir, parcourant philosophiquement les deux Castilles, la Manche, l'Estramadure, la

Sierra-Morena, l'Andalousie; accueilli dans une ville, emprisonné dans l'autre, et partout supérieur aux événements; loué par ceux-ci, blâmé par ceux-là; aidant au bon temps, supportant le mauvais; me moquant des sots, bravant les méchants; riant de ma misère et faisant la barbe à tout le monde; vous me voyez enfin établi dans Séville et prêt à servir de nouveau Votre Excellence en

tout ce qu'il lui plaira de m'ordonner.
Le Comte : Qui t'a donné une philosophie aussi gaie?
Figaro : L'habitude du malheur. Je me presse de rire de tout, de peur d'être obligé d'en pleurer.

George Gordon Byron
George Gordon Byron

Tout surpris de glisser parmi des palais roses, Hanson et son fils arrivèrent en gondole, chargés de liasses de documents, de brosses à dents et de poudre rouge. Ils montèrent les marches du Palazzo Mocenigo entre des chiens, des oiseaux, un renard, un loup en cage, puis, par un escalier de marbre, furent conduits à l'appartement de Byron.

Adolfo Bioy Casares
Adolfo Bioy Casares

Même le loup a ses moments de faiblesse, auxquels il se met du côté de l'agneau et pense : j´espère qu´il me fuit.

Conrad Detrez
Conrad Detrez

Vais-je me jeter dans la gueule du loup? J’ai peur. Il y a onze ans que j’attends d’y retourner, dans ce Brésil qui m’inocula le goût dangereux, parfois mortel (je songe à des amis assassinés), de l’amour et de la politique. Onze ans à guetter le relâchement de la dictature, un signe de retour à la démocratie, une loi d’amnistie.

Giordano Bruno
Giordano Bruno

JAMAIS UN LUTH...



« Jamais un luth encordé en boyau de mouton et une autre en boyau de loup ne produisent d’harmonie heureuse. Beaucoup savent que si deux cithares ou deux lyres ont été mêmement accordées, et que l’une résonne tout près de l’autre, non seulement l’harmonie de l’une gagnera les cordes consonantes de l’autre, mais celles-ci se mettront à

vibrer à l’unisson ; ce qui est du tout conforme à la raison. »

Federico Garcia Lorca
Federico Garcia Lorca

LE SOLEIL S'EST COUCHE
août 1920

Le soleil s'est couché.
Les arbres
Méditent comme des statues.
Le blé est moissonné.
Ô la tristesse
Des norias arrêtées !

Un chien de ferme aboie.
Il voudrait dévorer Vénus
Qui luit sur l'amoureux verger
Comme

une pomme suspendue.

Les moustiques, pégases de la rosée,
Traversent l'air paisible.
La Pénélope immense du jour
Tisse une nuit limpide.

Fillettes, dormez, le loup va venir.
Les jeunes brebis bêlent.
" Est-ce déjà l'automne, mes amies ?"
Dit une fleur fanée.

Bientôt viendront les bergers avec leurs nids
Des

montagnes lointaines.
Bientôt les fillettes joueront à la porte
De la vieille auberge.
Et retentiront les refrains d'amour
Que par cœur les maisons
Déjà connaissent.

Federico Garcia Lorca
Federico Garcia Lorca

MON VILLAGE (extrait)

Les contes de la nuit de la Toussaint et le jeu du loup ont été les grandes émotions de ma courte vie...Lorsque aujourd'hui je monte au grenier de ma maison dans le village...je donnerais tout ce que je suis et tout ce que je possède pour pouvoir jouer au jeu du loup et le sentir...Aujourd'hui les enfants jouent à l'argent et à d'autres choses et très

rarement ils font le loup...Le soir se mourait tout de pourpre et d'azur et les enfants retournaient chez eux pour goûter. Tandis que je sortais avec un jeune berger attendre mon père en chemin et qu'en me souvenant du loup il me venait une envie de rire.

Boris Pasternak
Boris Pasternak

L'époque justifiait l'antique adage : l'homme est un loup pour l'homme. A la vue d'un autre voyageur, le voyageur faisait un détour, un homme tuait celui qu'il croisait pour ne pas être tué. On vit apparaître des cas d'anthropophagie. Les lois humaines de la civilisation étaient abolies ; les lois en vigueur étaient celles du monde des bêtes fauves.

José Saramago
José Saramago

On donna aussi une pelle à Jésus et celui-ci travailla vaillamment à coté des hommes adultes, le destin, qui en toute chose est le plus sage, voulut même que son père fût enseveli dans le terrain par lui creusé, la prophétie s'accomplissant ainsi, Le fils de l'homme enterrera l'homme mais lui-même demeurera sans sépulture. Que ces paroles, à première vue énigmatiques, ne vous

conduisent pas à des pensées élevées, elles relèvent de l'évidence, elles veulent simplement dire que le dernier homme, du fait même qu'il est le dernier, n'aura personne pour lui donner une sépulture. Or ce ne sera pas le cas de ce garçon qui vient d'enterrer son père, le monde ne va pas s'achever avec lui, il nous reste encore des milliers et des milliers d'années de naissances et de

morts incessantes, et si l'homme avec une constance sans faille a été un loup et un bourreau pour l'homme, avec plus de raison encore il continuera d'en être le fossoyeur.

p148

José Saramago
José Saramago

Que ces paroles, à première vue énigmatiques, ne vous conduisent pas à des pensées élevées, elles relèvent de l’évidence, elles veulent simplement dire que le dernier homme, du fait même qu’il est le dernier, n’aura personne pour lui donner une sépulture. Or cela ne sera pas le cas de ce garçon (l’auteur parle de Jésus) qui vient d’enterrer son père, le monde ne va pas

s’achever avec lui, il nous reste encore des milliers et des milliers d’années de naissances et de morts incessantes, et si l’homme avec une constance sans faille a été un loup et un bourreau pour l’homme, avec plus de raison encore il continuera d’en être le fossoyeur. (extrait de la page 182).