Tout surpris de glisser parmi des palais roses, Hanson et son fils arrivèrent en gondole, chargés de liasses de documents, de brosses à dents et de poudre rouge. Ils montèrent les marches du Palazzo Mocenigo entre des chiens, des oiseaux, un renard, un loup en cage, puis, par un escalier de marbre, furent conduits à l'appartement de Byron.
Vais-je me jeter dans la gueule du loup? J’ai peur. Il y a onze ans que j’attends d’y retourner, dans ce Brésil qui m’inocula le goût dangereux, parfois mortel (je songe à des amis assassinés), de l’amour et de la politique. Onze ans à guetter le relâchement de la dictature, un signe de retour à la démocratie, une loi d’amnistie.
JAMAIS UN LUTH...
« Jamais un luth encordé en boyau de mouton et une autre en boyau de loup ne produisent d’harmonie heureuse. Beaucoup savent que si deux cithares ou deux lyres ont été mêmement accordées, et que l’une résonne tout près de l’autre, non seulement l’harmonie de l’une gagnera les cordes consonantes de l’autre, mais celles-ci se mettront à
vibrer à l’unisson ; ce qui est du tout conforme à la raison. »
LE SOLEIL S'EST COUCHE
août 1920
Le soleil s'est couché.
Les arbres
Méditent comme des statues.
Le blé est moissonné.
Ô la tristesse
Des norias arrêtées !
Un chien de ferme aboie.
Il voudrait dévorer Vénus
Qui luit sur l'amoureux verger
Comme
une pomme suspendue.
Les moustiques, pégases de la rosée,
Traversent l'air paisible.
La Pénélope immense du jour
Tisse une nuit limpide.
Fillettes, dormez, le loup va venir.
Les jeunes brebis bêlent.
" Est-ce déjà l'automne, mes amies ?"
Dit une fleur fanée.
Bientôt viendront les bergers avec leurs nids
Des
montagnes lointaines.
Bientôt les fillettes joueront à la porte
De la vieille auberge.
Et retentiront les refrains d'amour
Que par cœur les maisons
Déjà connaissent.
MON VILLAGE (extrait)
Les contes de la nuit de la Toussaint et le jeu du loup ont été les grandes émotions de ma courte vie...Lorsque aujourd'hui je monte au grenier de ma maison dans le village...je donnerais tout ce que je suis et tout ce que je possède pour pouvoir jouer au jeu du loup et le sentir...Aujourd'hui les enfants jouent à l'argent et à d'autres choses et très
rarement ils font le loup...Le soir se mourait tout de pourpre et d'azur et les enfants retournaient chez eux pour goûter. Tandis que je sortais avec un jeune berger attendre mon père en chemin et qu'en me souvenant du loup il me venait une envie de rire.
L'époque justifiait l'antique adage : l'homme est un loup pour l'homme. A la vue d'un autre voyageur, le voyageur faisait un détour, un homme tuait celui qu'il croisait pour ne pas être tué. On vit apparaître des cas d'anthropophagie. Les lois humaines de la civilisation étaient abolies ; les lois en vigueur étaient celles du monde des bêtes fauves.
On donna aussi une pelle à Jésus et celui-ci travailla vaillamment à coté des hommes adultes, le destin, qui en toute chose est le plus sage, voulut même que son père fût enseveli dans le terrain par lui creusé, la prophétie s'accomplissant ainsi, Le fils de l'homme enterrera l'homme mais lui-même demeurera sans sépulture. Que ces paroles, à première vue énigmatiques, ne vous
conduisent pas à des pensées élevées, elles relèvent de l'évidence, elles veulent simplement dire que le dernier homme, du fait même qu'il est le dernier, n'aura personne pour lui donner une sépulture. Or ce ne sera pas le cas de ce garçon qui vient d'enterrer son père, le monde ne va pas s'achever avec lui, il nous reste encore des milliers et des milliers d'années de naissances et de
morts incessantes, et si l'homme avec une constance sans faille a été un loup et un bourreau pour l'homme, avec plus de raison encore il continuera d'en être le fossoyeur.
p148
Que ces paroles, à première vue énigmatiques, ne vous conduisent pas à des pensées élevées, elles relèvent de l’évidence, elles veulent simplement dire que le dernier homme, du fait même qu’il est le dernier, n’aura personne pour lui donner une sépulture. Or cela ne sera pas le cas de ce garçon (l’auteur parle de Jésus) qui vient d’enterrer son père, le monde ne va pas
s’achever avec lui, il nous reste encore des milliers et des milliers d’années de naissances et de morts incessantes, et si l’homme avec une constance sans faille a été un loup et un bourreau pour l’homme, avec plus de raison encore il continuera d’en être le fossoyeur. (extrait de la page 182).