Jacques Brel
Jacques Brel

Si par malheur ils survivaient
C était pour partir à la guerre
C était pour finir à la guerre
Aux ordres de quelques sabreurs
Qui exigeaient du bout des lèvres
Qu ils aillent ouvrir au champ d horreur
Leurs vingt ans qui n avaient pu naître
Et ils mourraient à pleine peur
Tout miséreux oui not’ bon maître
Couvert de prêtres

oui not’Monsieur

Demandez-vous belle jeunesse
Le temps de l ombre d un souvenir
Le temps du souffle d un soupir
Pourquoi ont-ils tué Jaurès ?
Pourquoi ont-ils tué Jaurès ?


(Jaurès)

Horace Walpole
Horace Walpole

Ce qui frappa d'abord les yeux de Manfred fut un groupe de ses valets s'efforçant de soulever quelque chose qui lui apparut comme une montagne de plumes noires. Il regarda fixement sans pouvoir en croire ses yeux.
- Que faites-vous l ?, cria-t-il, courroucé. Où est mon fils ?
Une clameur lui répondit :
- Ah Monseigneur ! Le Prince ! Le Prince ! Le heaume ! Le heaume !

Bouleversé par ces lamentables exclamations, et craignant il ne savait quoi, Manfred s'avança précipitamment. Mais, quel spectacle pour les yeux d'un père, il voyait son enfant écrasé et presque enseveli sous un gigantesque heaume, cent fois plus grand qu'aucun casque jamais fait pour un être humain, et couvert d'une quantité proportionnée de plumes noires.

Le château

d'Otrante

Horace Walpole
Horace Walpole

Bouleversé par ces lamentables exclamations, et craignant il ne savait quoi, Manfred s'avança précipitamment. Mais, quel spectacle pour les yeux d'un père, il voyait son enfant écrasé et presque enseveli sous un gigantesque heaume, cent fois plus grand qu'aucun casque jamais fait pour un être humain, et couvert d'une quantité proportionnée de plumes noires.

Horace Walpole, "Le

château d'Otrante"

Horace Walpole
Horace Walpole

Bouleversé par ces lamentables exclamations, et craignant il ne savait quoi, Manfred s'avança précipitamment. Mais, quel spectacle pour les yeux d'un père, il voyait son enfant écrasé et presque enseveli sous un gigantesque heaume, cent fois plus grand qu'aucun casque jamais fait pour un être humain, et couvert d'une quantité proportionnée de plumes noires.

Michaïl Lermontov
Michaïl Lermontov

Je partis de Tiflis en voiture de poste ; tout mon bagage se composait d’un seul petit porte-manteau, à moitié rempli de mes écrits sur mes excursions en Géorgie. Par bonheur pour vous, ami lecteur, une grande partie de ces écrits fut perdue, mais la valise qui contenait les autres objets, par bonheur pour moi, resta tout entière.
Déjà le soleil commençait à se cacher derrière

les cimes neigeuses, lorsque j’entrai dans la vallée de Koïchaoursk. Le conducteur circassien fouettait infatigablement ses chevaux, afin de pouvoir gravir avant la nuit la montagne, et à pleine gorge, chantait ses chansons. Lieu charmant que cette vallée !… de tout côté des monts inaccessibles ; des rochers rougeâtres d’où pendent des lierres verts et couronnés de nombreux platanes

d’orient ; des crevasses jaunes tracées et creusées par les eaux et puis plus haut, bien haut, la frange argentée des neiges ; en bas l’Arachva qui mêle ses eaux à un autre ruisseau sans nom, et qui, se précipitant avec bruit d’une gorge profonde et obscure, se déroule comme un fil d’argent et brille comme un serpent couvert d’écailles.
En approchant du pied de la montagne

de Koïchaoursk, nous nous arrêtâmes auprès d’une cabane. Là étaient rassemblés une vingtaine de Géorgiens et de montagnards. À proximité une caravane de chameliers s’était arrêtée pour passer la nuit ; nous étions en automne et il y avait du verglas, aussi fus-je obligé de louer des bœufs pour traîner ma voiture jusqu’au haut de cette montagne, qui est à environ deux

verstes de la vallée. + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          10

Tite-Live
Tite-Live

[...] ... LVIII - Le viol de Lucrèce.

Quelques jours plus tard, Sextus Tarquin se rendit à Collatia, accompagné d'une seule personne, sans rien dire à Tarquin Collatin. Bien accueilli, car personne ne soupçonnait ses intentions, on le conduisit à sa chambre après le dîner. Quand il se fut assuré qu'il ne risquait rien et que tout le monde reposait, tout brûlant de passion, il

vint, l'épée nue, trouver Lucrèce qui dormait et, pressant son sein de la main gauche, lui dit : "Pas un mot, Lucrèce. C'est moi, Sextus Tarquin ; je suis armé. Si tu pousses un cri, tu es morte." Réveillée en sursaut, la jeune femme se vit privée de tout secours et en danger de mort ; pendant ce temps Tarquin lui déclarait son amour, la suppliait, mêlait les menaces aux prières,

mettait tout en œuvre pour faire céder la pauvre femme. Lucrèce demeurait inexorable ; voyant que la crainte de la Mort ne suffisait pas à la faire céder, il y joignit la crainte du déshonneur : à côté de son cadavre, il placerait un esclave nu, la gorge tranchée, pour qu'on dise qu'elle avait péri, coupable d'adultère avec un individu méprisable. Par ce chantage sa passion,

victorieuse en apparence, vainquit la pudeur inébranlable de Lucrèce et Tarquin partit, tout fier d'avoir forcé la résistance d'une femme. Lucrèce, affligée par un si grand malheur, fit prévenir à la fois son père à Rome et son mari à Ardée ; elle leur demandait de venir, chacun avec un ami sûr, elle avait besoin d'eux de toute urgence ; il était arrivé un horrible malheur.

Spurius Lucretius, accompagné de Publius Valerius, fils de Volesius et Tarquin Collatin, accompagné de Lucius Junius Brutus, arrivèrent ensemble : Tarquin avait en effet rencontré le messager de sa femme juste au moment où il revenait à Rome. Ils trouvèrent Lucrèce assise dans sa chambre, accablée de chagrin. Elle se mit à pleurer en voyant arriver les siens. Son mari lui demanda si

elle était souffrante : "Oui," répondit-elle ; "comment en effet une femme qui a perdu son honneur pourrait-elle bien se porter ? Un homme, Collatin, a souillé ta couche ; on m'a fait violence, mais mon cœur est resté pur, ma mort en fournira la preuve. Prenez ma main et jurez de punir mon déshonneur. Sextus Tarquin m'a fait violence ; il est venu la nuit dernière avec une arme, non comme

un hôte mais comme un ennemi et il est reparti après avoir pris un plaisir dont je meurs et dont il mourra lui aussi si vous êtes des hommes." Ils promirent tous, l'un après l'autre. Ils cherchèrent à apaiser son tourment, affirmant que le coupable n'était pas la victime mais l'auteur de l'attentat ; c'était l'intention et non l'acte qui constituait la faute. "Fixez vous-mêmes le prix

qu'il doit payer ; pour moi, bien qu'innocente, je ne m'estime pas quitte de la Mort. Jamais une femme ne s'autorisera de l'exemple de Lucrèce pour survivre à son déshonneur." Elle plongea dans son cœur un couteau qu'elle tenait caché sous son vêtement et tomba sous le coup, mourante. Son mari et son père poussèrent un grand cri.

LIX - Abolition de la Monarchie.

Les

laissant à leur douleur, Brutus retira le couteau de la plaie et déclara en le brandissant, couvert de sang : "Prenant les dieux à témoin, je jure par ce sang, si pur avant l'outrage du prince, de lutter contre Lucius Tarquin le Superbe, contre sa criminelle épouse et contre toute sa descendance par le fer, par le feu et par tous les moyens en mon pouvoir ; je jure d'abolir à tout jamais la

monarchie à Rome." Il tendit le couteau à Collatin, puis à Lucretius et à Valerius, stupéfaits de cette transformation subite : d'où cette assurance nouvelle lui venait-elle ? Répétant la formule, ils prêtèrent serment. La douleur fit place à la colère et ils suivirent les instructions de Brutus qui les appelait à abattre aussitôt la Monarchie.

Ils emmenèrent le corps de

Lucrèce et l'exposèrent au forum ; comme on pouvait s'y attendre, la population de Collatia attirée par ce drame ignoble et sans précédent, se rassembla. Tout le monde protestait contre le crime et la brutalité du prince. Ils étaient frappés par l'affliction du père, mais plus encore par l'attitude de Brutus qui blâmait leurs larmes et leurs gémissements et les encourageait à prendre

les armes contre ceux qui avaient osé se comporter comme des ennemis : c'était l'attitude qui convenait à des hommes, à des Romains. ... [...] + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          20

Madame de Staël
Madame de Staël

La gloire, car, loin de tenir le rôle d’une maîtresse de maison discrète, tout occupée à mettre en valeur les invités, comme l’exigeait le savoir-vivre, elle donnait son avis, contestait telle affirmation d’un docte, tenait tête aux professeurs de certitudes, bref se révélait moins tenue par le souci d’obliger les visiteurs que par son désir de briller elle-même. Elle ne joue

pas le jeu ; elle impose ses règles.
L’amour aussi, tant son mariage apparaît très vite décevant : le Suédois avait eu l’appréciable mérite de lui offrir un titre de baronne, auquel elle tenait en bonne parvenue. Pour le reste, il lui parut trop médiocre, un homme couvert de dettes, sans culture et sans éclat.

Georg Simmel
Georg Simmel

( à propos de l'agnosticisme sociologique) : n'est-il pas de la plus haute idéologie que de refuser de traiter, ou de ridiculiser, les questions fondamentales qui se posent à l'homme : d'où? Quelle destination? Pourquoi?
Des questions que tous les philosophes sérieux ne purent éviter à travers les siècles.
Cette sociologie se présente comme non-idéologique ou même hostile

à l'idéologie. Mais elle est, en fait, une pseudo- religion déguisée sous le couvert d'une science naturelle et ses soi-disant méthodes pures.

Georg Simmel
Georg Simmel

L'approche académique de l'agnosticisme sociologique est rigidement empirique. La recherche dans les fonctions sociales de l'homme et les structures de son comportement ne découlent pas d'une étude de l'homme, de sa nature, et de son destin, anthropologiquement ou philosophiquement établi; l'homme et la femme sont, dans leur interaction sociale, comptés et mesurés . Leur fonction et leur

rôle dans la vie sont entièrement et exclusivement perçus en terme d'utilité sociale.
Ainsi, en faveur d'aspects quantifiables, des jugements de valeurs dont rejetés comme étant " non productif" ou "non scientifique".

L'homme avec seulement une conscience sociologique, l'homme sans caractère est né.
Il est évident que l'agnosticisme sociologique devait aboutir

sous le couvert des sciences du comportement, à aliéner les gens du système traditionnel d'une éthique individuelle qui sous-tend la société.

Plaute
Plaute

LE MARCHAND

DÉMIPHON : Les dieux ont une étrange manière de se jouer des hommes, et ils leur envoient dans leur sommeil des songes bien étranges. Ainsi, moi, au cours de la dernière nuit, j'ai été fort agité dans mes rêves, et je n'ai pas été épargné. Il me sembla que j'achetais une chèvre magnifique. Pour qu'elle ne fît point de mal à la chèvre que j'avais déjà chez

moi, pour qu'il n'y eût pas de discorde entre elles, si elles se trouvaient ensemble, après l'avoir achetée, il me sembla que je la donnai à garder à un singe. Le signe en question, tout de suite après, vient me trouver, m'accable d'injures et me querelle; il m'assure que, par la faute de la chèvre, et de sa venue chez lui, il s'est trouvé couvert de honte et a subi de grands dommages; il

dit que la chèvre que je lui avais donnée à garder avait complètement dévoré la dot de sa femme. [...]

ACTE I, SCÈNE I