[…] le narcissisme n'est pas toujours névrosant. Il joue ainsi un rôle positif dans l'œuvre esthétique, et par des transpositions rapides, dans l'œuvre littéraire. La sublimation n'est pas toujours la négation d'un désir; elle ne se présente pas toujours comme une sublimation contre des instincts. Elle peut être une sublimation pour un idéal.
C'est près de l'eau que j'ai le mieux compris que la rêverie est un univers en émanation, un souffle odorant qui sort des choses par l'intermédiaire d'un rêveur. Si je veux étudier la vie des images de l'eau, il me faut donc rendre leur rôle dominant à la rivière et aux sources de mon pays. Je suis né dans un pays de ruisseaux et de rivières, dans un coin de Champagne vallonnée, dans
le Vallage, ainsi nommé à cause du grand nombre de ses vallons. La plus belle des demeures serait pour moi au creux d'un vallon, au bord d'une eau vive, dans l'ombre courte des saules et des osières.
Pour comprendre Blake, il faut que le lecteur s'apprenne à alerter tous les muscles du corps, et qu'il y joigne essentiellement à l'effort un souffle, un souffle de colère. Il arrivera ainsi à donner son vrai sens à ce qu'on pourrait appeler pour caractériser l'inspiration blakienne : linspiration rauque.
Comme si une douce brise s’était levée, les cheveux de Shim ont commencé à remuer. Son nez s’est mis à grossir. Puis ses oreilles. Puis le reste de sa tête, son cou, ses épaules… Ses bras ont gonflé, ainsi que sa poitrine, ses hanches, ses jambes et ses pieds. Ses vêtements s’élargissaient, grandissaient en même temps que lui, à toute vitesse… Et le miracle est arrivé :
Shim a ouvert les yeux! Plus émerveillé que nous tous, il se tâtait partout avec ses mains de plus en plus grandes. — Je grandis! Je grandis! s’est-il exclamé.
Si j’avais le malheur de ne voir dans le capital que l’avantage de capitalistes, et de ne saisir ainsi qu’un côté, et, assurément, le côté le plus étroit et le moins consolant de la science économique, je me ferais Socialiste; car de manière ou d’autre, il faut que l’inégalité s’efface progressivement, et si la liberté ne renfermait pas cette solution, comme les socialistes
je la demanderais à la loi, à l’État, à la contrainte, à l’art, à l’utopie.
Lorsque Jung étudie les grandes œuvres artistiques, et notamment poétiques, il se plaît à revenir souvent aux exemples de Goethe, de Nietzsche, de Spitteler; et c'est pour conclure qu'elles sont des prises de conscience anticipées et pour ainsi dire prophétiques d'idées et de mouvements qui sont, comme on dit, dans l'air du temps, c'est-à-dire qui germent et bouillonnent dans
l'inconscient collectif de l'époque et qui sont près d'affleurer.
Nous savons que l'énergie est là; elle réside dans nos instincts, elle est accumulée et coincée dans nos complexes, d'autant plus coincée et bloquée que ceux-ci sont plus « autonomes ». Comment amènerons-nous cette énergie capricieuse ou, pour ainsi dire, butée, là où nous voulons qu'elle soit, à pied d'œuvre devant l'action que nous entendons accomplir? Nous « voulons ». Et l'on
est tenté de répondre, en effet, que c'est affaire de volonté. Et telle est bien, en vérité, la fonction de la volonté, chez l'adulte civilisé et normal.
L'un des résultats de la régression, c'est que l'énergie, en refluant dans les traces anciennes, n'est pas sans y apporter quelque modification; c'est ainsi que le souvenir que le sujet garde des chocs anciens se complique de fantaisies actuelles, qui le rendent parfois méconnaissable; pratiquement, bien des souvenirs d'enfance ne sont guère que des fantaisies de l'adulte, et voilà qui
enlève aux événements traumatiques beaucoup de leur importance […]. A Jung revient le mérite d'avoir insisté sur [cet] aspect.