Lydie Bodiou
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Eusèbe, en mettant en évidence la relation thérapeutique comme un aspect fondamental du processus thérapeutique, montre une prise de conscience lucide des enjeux symboliques sous-jacents à la relation médecin-patient, et reconnaît en elle l’absence totale de « neutralité ».

L’évêque de Césarée définit le iatros – le médecin – par l’intermédiaire de la

fonction nomothétique qu’il exerce, ne s’écartant pas en cela de l’epistémè médicale alors dominante, le Galénisme. La médecine de Galien, en effet, n’est pas uniquement soucieuse d’« ôter » le mal, mais aussi de préserver la santé des individus comme en équilibre, ou plutôt comme une série d’équilibres successifs liés les uns aux autres.

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Si on peut affirmer avec Marc Augé que la maladie « nous dit souvent quelque chose sur les relations entre l’homme et la nature, entre soi-même et les autres », la relation thérapeutique, telle qu’elle est présentée par Eusèbe, nous en dit beaucoup sur l’histoire, la politique et la théologie élaborées par l’évêque de Césarée, qui voyait dans l’Empire le principal

instrument du Salut, arrivant à définir l’empereur, non seulement comme la « loi vivante », empsychos nomos, mais, comme le Logos-Christos, « sauveur et médecin des âmes » afin de résoudre dans l’universalité de l’Empire chaque différence et chaque perturbation.

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L’auteur de Maladie sacrée comme le médecin de Airs, Eaux, Lieux considèrent que l’épilepsie « vient de la divinité comme les autres maladies, qu’aucune (affection) n’est plus divine ou plus humaine que l’autre, mais que toutes sont semblables et que toutes sont divines».

Aucun dieu ni aucune déesse ne peut être mis en cause pour de telles pathologies car cela va à

l’encontre de la nature même du divin. En attribuant au divin une image bénéfique et en le destituant d’une implication éventuelle dans certaines souffrances, le médecin responsabilise l’être humain face à la maladie, l’encourageant à prendre conscience qu’il n’existe pas de fatalité divine mais un fonctionnement propre à l’humain dont il s’agit de prendre conscience pour

être le meilleur garant de soi-même.

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Ainsi ce n’est pas par hasard qu’Eusèbe, au moment où il présentait un christianisme universel impérial, porteur d’une dimension éthique et politique novatrice, mais en même temps enraciné dans la paideia grecque, utilise précisément la relation thérapeutique afin de parler aux païens de ce qui est pour un chrétien l’instant décisif : le moment où l’homme rencontre la

parole révélée.

Il le fait dans la Préparation évangélique, travail apologétique dans lequel il s’est proposé de défendre la rationalité de l’eusebeia chrétienne contre les accusations d’irrationalité portées par le parti païen.

Eusèbe n’a pas l’intention d’opposer la foi à la raison mais les affirme, en quelque sorte, complémentaires, en

relation avec les différents thèmes approchés ou abordés dans la prédication évangélique, et en vient ensuite à distinguer les différents référents du discours de vérité.

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La pathologie épileptique est, dans ce contexte, un modèle idéal d’affection dont l’auteur de "Maladie sacrée" reprend une à une les manifestations pour mieux détruire les arguments de ceux qu’il nomme des « imposteurs », et qui sont, en tout état de cause, ses concurrents directs.

En s’attaquant à certaines croyances et pratiques traditionnelles, il ne s’agit pas,

pour lui, de les réduire à néant mais de séduire une clientèle potentielle en proposant à son auditoire une autre conception de la maladie.

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Le praticien des Aphorismes considère ainsi que « chez les jeunes gens épileptiques, la guérison s’opère par des changements surtout d’âge, de lieu ou de genre de vie».

Cette guérison « spontanée » est d’autant plus vraisemblable que le patient est jeune et que sa phusis n’a pas encore atteint sa maturité : « L’épilepsie qui survient avant la puberté

(ἥβη) est susceptible de guérison. »

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(...) le corps figuré resta longtemps contraint par la loi de la perfection, le Canon théorisé par Polyclète dès le Ve siècle av. J.-C. Sans doute était-il difficile pour un artiste grec de rendre la déchéance d’un corps quand son unité organique venait juste d’être maîtrisée. Sans doute aussi était-il impos- sible de défigurer ce même corps quand on avait fait les dieux à

l’image des hommes...

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Il présente ainsi une longue liste d’interdits que les malades sont sensés respecter pour assurer leur guérison. Les épileptiques sont ainsi contraints d’observer des règles diététiques particulièrement strictes : il leur est interdit de manger certains poissons de mer comme le trigle, le mélanure, le mulet ou l’anguille, de la viande de chèvre, de cerf, de porcelet et de chien car

elles dérangent beaucoup le ventre. Certains oiseaux comme le coq, la tourterelle, l’autruche sont également bannis de l’alimentation car leur chair est trop forte.

Des légumes ou des plantes comme l’ail, l’oignon, la menthe sont prohibés du fait de leur âcreté qui ne conviendrait pas à un malade. Ces prohibitions s’étendent à d’autres domaines : le port du

vêtement noir est condamné car le noir se rapporte aux ténèbres et à la mort, dormir sur des peaux de chèvre ou s’en vêtir est interdit pour éviter la contamination par le grand mal dont ces animaux sont porteurs.

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Eradiquer les femmes, c’est tarir la source : de la génération, de la tradition, des rites d’une culture autonome

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Des femmes sont tuées pour ce qu’elles sont et pour ce qu’elles représentent. Des hommes en disposent à leur guise dans une relation de domination totale

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Le féminicide est un crime de haine contre les femmes. Pour ce qu’elles sont ou ce qu’elles représentent

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Le féminicide est une violation des droits humains de la femme et en cela nie l’égalité entre les personnes de sexe différent

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L’objet théorique féminicide donne la visibilité nécessaire aux questions de genre là où elles risquaient d’être ignorées ou rendues silencieuses

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Loin de tout psychologisme et plus loin encore d’un regard culturaliste sur un quelconque « machisme latino », la violence des hommes contre les femmes y apparaît comme éminemment instrumentale et profondément inscrite dans les contextes économiques, politiques et historiques précis, qu’elle contribue puissamment à façonner

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en France, une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son conjoint, de son mari, de son compagnon, ex-concubin ou ex-époux

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Des maris, des concubins ou des ex tuent leur épouse ou leur compagne car ils considèrent qu’elle leur appartient et qu’ils ont droit d’en user comme ils l’entendent : c’est un crime de propriétaire

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Il s’agit, avec le présent ouvrage, de rendre compte d’un phénomène que l’on ne peut plus ignorer, de suivre les réactions et les réponses données, de porter attention aussi aux mots employés et aux catégories utilisées.

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rendre visibles les processus sur lesquels s’appuient les manifestations de cette violence et qui dépassent l’expression particulière ou subjective d’un acte violent quelconque

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une analyse qui fait apparaître les liens entre extractivisme, militarisation, guerre et (re)colonisation en plaçant au cœur de la logique néolibérale actuelle, le continuum de la violence coloniale-patriarcale

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l’impunité est comprise comme une tolérance vis-à-vis des actes de violence masculine, conduite qui a pour effet de les banaliser et donc de les encourager