Jean Vautrin
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- Décidément, l'humanité titube! a dit mon père par un clair matin.

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Par Jountès ! lou bi a de la birtu, dit-il. Ce qui voulait dire que par Jujpiter le vin donne la force.

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Entrez, entrez ! Cabane bambou ! Grand pugilat ! Alcools infâmes ! Lutte gréco-romaine ! Puces savantes ! Retour d'affection ! Approchez, approchez ! C'est à vous ficeler le souffle ! Patriotes et fédérés ! Citoyens et citoyennes ! Yeutez l'équilibre du jongleur sur fil, la qualité des musiciens acrobates ! Oyez le pétomane accéléré ! Le gros moulé qui ventripote ! Mademoiselle Eve en

porcelaine ! Vision grossissante ! Très jolie vapeur d'illusion ! Décapitez Monsieur Thiers ! Sabrez Galliffet pour deux sous ! Avez-vous vu la femme à barbe ? Le ventriloque disloqué ? L'albinos à jambe unique ? Souhaitez-vous lutter avec le Serpent huilé ou lutiner la Vénus de Carcassonne ? La chose est claire ! Elle est tranchée ! Payez-vous le boyau de la rigolade ! Entrez dans le

tunnel de verdure ! Attention au froid minéral ! A la caresse d'araignée ! Au détrousse-caleçon ! Pratiquez l'adultère mais gardez la voilette ! Les dames pourront rire derrière leur main ! Les messieurs toucheront ce sacré truc à poils qui va réveiller les enfants ! + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          50

Jean Vautrin
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Les dix premières lignes :
Il s’appelait Hippo-pour Hippolyte.
Il était schizo-pour schizophrène. Il avait vingt-sept ans. Peut-être trente. Difficile à évaluer. À cause d’un drôle de visage fait en cubes. Une organisation géométrique où deux yeux très rapprochés convergeaient vers un nez à n’en plus finir. Long, long. Et vachement pointu (…)

Jean Vautrin
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Ainsi vont les choses, pensait Azeline, pendant des années vous croyez que les êtres que vous connaissez le mieux sont faits d'un bois tendre et raboté et un jour, à l'improviste, l'écorce odorante est hérissée d'échardes. A un monde tendre et paresseux succède celui du hasard et de la force brutale. Et cette fureur, ce bruit, ce désordre, cette sensualité qui s'apprêtent à vous

engloutir constituent justement les noeuds de la corde que vous avez tressée à votre insu.

Jean Vautrin
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L'opinion des autres est une prison.

Jean Vautrin
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... il va falloir s'abonner au réalisme, quitter les grandes allées du rêve ...

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Que les bons citoyens se lèvent!
Parisiens ! La lutte engagée ne saurait être désertée par personne car c'est la lutte de l'avenir contre le passé ; de la liberté contre le despotisme, de l'égalité contre le monopole, de la fraternité contre la servitude, de la solidarité des peuples contre l’égoïsme des oppresseurs !

Jean Vautrin
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" Un quart d'heure plus tard, ils sont à nouveau dans les rues. Il l'a exigé. Il clopine sur ses pieds enflés. Elle fait la tête et le suit. Elle chancelle sur ses escarpins.
- Tôt ou tard, je la rencontrerai, marmonne-t-il. Il grave sur Scotchie ses yeux méchants.
La pute ronchonne.
- On était si bien au lit.
- Tu oublies que je n'ai plus que quinze jours avant de

partir pour Bordeaux.
- Quès que je vais devenir sans toi, Gros Paquet?
Scotchie se love contre lui et glisse son bras sous le sien. Elle ronronne. Elle dit:
- Tu m'as ensorcelée!
Scotchie-la-colle, il commence à comprendre son surnom. Il la regarde avec une grande méfiance. Les bras éclaboussés de suint et de boue, elle est molle et lourde et emplie d'odeurs. Elle le

suivrait au bout du monde."

Jean Vautrin
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"Une folie intérieure dont la maîtrise lui échappe à mesure que s'enfièvre son esprit monte en elle. Brusquement, il lui arrive de lâcher un cri de terreur. Elle donne l'impression de revivre un cauchemar. Elle se tient la tête et donne libre cours à sa douleur. Elle ne supporte pas qu'on envisage de la secourir.
Elle refuse qu'on l'approche. Qu'on la touche. Qu'on lui parle. Qu'on

lui vienne en aide. Surtout pas les psychiatres. "

Jean Vautrin
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"-Je vous présente Le senor Clemente Lazaro, énonce lugubrement Bronstein. Il est notre grand spécialiste ès disparitions.
- Il a vraiment une sale gueule.
Je dis cela. Marlowe se marre derrière ma nuque. Et la vie se met à couler, sérieuse comme du lait entier.
- Avançons, avançons, dit nerveusement l'avocat en remontant ses lunettes.
De mauvais plis se sont

installés sur son front. Il lisse machinalement ses cheveux couleur de bière irlandaise et sort un petit parabellum nickel de sa poche.
- Tournez-vous, Monsieur Whence, ordonne-t-il. Nez au mur.
(Fais gaffe, prévient Marlowe avec sa grande expérience, ils vous disent de vous tourner et si vous avez le malheur d'obtempérer, ils vous refilent un sacré coup de crosse sur le coin de

la cafetière.)"

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En captivité, aussi loin que je me retourne, le temps est une écharpe grise. Sans répit, il m'inflige ses miroirs tournants. Jusqu'à l’écœurement, il me distille sa pénitence.

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Ainsi va la vie chez nous.
Simple, turbulente, désordonnée, mais riante, partageuse et emplie de la conviction que tous les humains méritent de respirer au mieux de ce que la liberté de tous peut leur offrir, elle ouvre ses portes "aux cœurs purs".

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Pour tout dire, ces types-là, leur arrogance, je ne décolère pas. Ils se prennent pour des hauteurs.
J'aime pas la façon dont ils me traitent. Passe morpion ! Cette manière de me toiser ! Alors que je suis en pleine invention. Alors que je me cherche. Alors qu'à mon âge l'affaire de vieillir est immense. Trouver ses marques. Sa vraie personnalité.

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Pourtant, dès mon premier ouf, c'est inouï comme j'avais soif d'aimer les autres. Enfant de la lune et du soleil, j'avais une envie folle de coller mon oreille contre le fût des arbres. D'écouter battre sous l'écorce le suc de la terre. De me mêler à la gaudriole générale. A tout ce raffut de la création. D'orchestrer le cui-cui des oiseaux, d'apprivoiser le savoir des personnes. Pas une

minute je n'imaginais que les gens puissent être aussi arrogants, aussi méchants.

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Il suffit d’un gourdin pour casser tout un char de cruches !

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Dans mes rêves je croisais des femmes inventées. Je plongeais dans leurs décolletés. J’entrevoyais leurs seins dans la buée de mon sommeil. Je hennissais de passion ! Je me réveillais en sursaut. Je bandais comme un âne.

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Apprendre à lire et à compter. Il n’est jamais trop tard pour bien faire.

Jean Vautrin
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Rien ne peut désarmer la rancune si elle remonte à l’enfance.

Jean Vautrin
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Les entêtés de la Morale vous diront qu’un enfant, c’est fait pour naître en famille. À gauche une mère. À droite, un père. Ça n’a pas été mon cas.