Sesshû émergea alors de son immobilité silencieuse. Il choisit une feuille de papier, puis un pinceau, et le chargea d'encre. Sa main se promena un instant au-dessus de la feuille, gracieuse comme le vol de l'oiseau au-dessus d'une eau calme. Il n'avait encore rien tracé ; pourtant, sous ses doigts légers, le blanc immaculé semblait déjà s'animer d'ombres et de lumières.
"- Moi je suis le prince Tamino, fils d'un grand roi qui règne sur bien des terres et bien des hommes.
- Moi je suis Papageno, le joyeux oiseleur, fils de personne, je règne sur le peuple des oiseaux.[...] J'aime rire, chanter et rêver aux jolies filles."
Marie-Anne adorait sa mère. Pourtant une fois, elle lui avait tenu tête et annoncé qu’elle avait une grande envie de se salir et même de désobéir. Elle n’avait pas oublié sa réponse, mi- amusée, mi-grondeuse :
– Marie-Anne, vous êtes une graine de rebelle. Tout comme votre père.
Une graine de rebelle. Marie-Anne avait bien aimé cette expression. Elle se sentait fière
d’être une rebelle et de ressembler à ce père qu’elle aurait tant voulu connaître. Mais sa mère semblait avoir du mal à en parler. C’était toujours de petites phrases inachevées, teintées de mélancolie : « Il était... il est entêté mais gentil... un bel homme aux yeux bleus... les mêmes que les vôtres, Marie-Anne... il est parti pour un long voyage... il est aux Amériques...
»
Quelque part en Bretagne sous le règne de Louis XIV
Marie-Anne finit par découvrir l’entrée du grenier. Tout en haut d’une large échelle de bois vermoulu.
Elle souleva la trappe. Se faufila dans l’ouverture et se hissa sur le plancher.
Elle se retrouva dans une pénombre, vaguement éclairée par quatre fenêtrons.
Elle s’approcha d’une des étroites lucarnes,
et se haussa sur la pointe des pieds. Collant son nez contre la vitre voilée de poussière, elle entrevit de hautes murailles, la forêt mystérieuse au loin, et un morceau de ciel. Pareillement à travers les autres ouvertures : les murs, la forêt, un coin de ciel.
Elle avait tellement espéré découvrir ce qui était caché de l’autre côté des remparts qui encerclaient le château
!
Malgré cette première déception, elle remonta souvent dans ce grenier. En cachette. Il devint son refuge intime et secret. Elle essayait de comprendre les vieux objets silencieux, abîmés et bizarres entassés là. Elle essayait d’imaginer leur histoire, leurs aventures. Ah ! s’ils avaient pu parler !
Elle se plaisait aussi à observer, à travers les lucarnes, les
changements du ciel : pluie, ou bruine, temps gris, nuages menaçants ou ensoleillés poussés par les vents ; battements fugitifs et joyeux des oiseaux de passage...
Le grenier, c’était son évasion. Son Ailleurs. + Lire la suiteCommenter  J’apprécie         70
Enfonce ton doigts dans la mer
et regarde le trou que tu as fait.
Cela te donnera une idée
de ton importance dans l'Univers.
[parole de sagesse rapportée par Avril de son voyage initiatique]
Le louveteau avait appris que les choses qui bougeaient pouvaient être nourriture.
Mais qu'elles pouvaient aussi être mortelles. Même les plus petites.
La gamine hésita. elle n'était pas sûre de gagner la course de pieds contre ce grand loustic à quatre pattes tout-terrain.
- Non. Je laisse béton ! Tu as de trop grandes jambes.
- Mais regarde-moi, mon petit dindonneau rouge ! je suis un vieux loup lourd. Je suis guéfadi et flagada. toi, tu es jeune. Et puis, tu as des surchausses et moi je suis pieds nus.
- Je ne
marche pas.
- si tu ne marches pas, tu n'auras qu'à courir (.....)
Une nuit, elle eut un rêve insensé : elle épousait le taureau blanc; le lendemain, le taureau avait disparu. La porte de son étable était brisée. La clôture de son pâturage arrachée. Neuf mois plus tard, la reine Pasiphaé donna naissance à un enfant. C'était un garçon. On l'appela Astérion. Astérion était certes un solide garçon, mais son visage était d'une étrange laideur : il
ressemblait à un jeune veau.
Ma très chère fille, il y a des vérités que vous devez connaître. J'ai dû promettre de ne jamais vous parler de la forteresse où nous étions emprisonnées. Ni du masque de fer. J'ai tenu cette promesse toute ma vie. Il vous appartiendra à vous aussi de garder ce secret.
Un matin, il entra dans la cage, portant un énorme paquet. Il l'ouvrit, et nos palmipèdes découvrirent une chose jamais vue: un poste de télévision.
- Je vous ai apporté des vidés, mes chéries : La Danse des canards, Superwawa l'oie de l'espace et les Aventures de Canardator le vengeur masqué!
Quand l'homme alluma le poste, ce fut l'émerveillement. Les oies avaient
maintenant de la distraction toute la journée. Et quand venait l'heure d'aller dormir, une charmante oiselle, nommée "Sidonie la Radoteuse", apparaissait sur l'écrant et leur souhaitait le bonsoir en chantant :
Repas, télé, dodo !
Pas de boulot !
C'est la vie de château !
Et, ô merveille,
Le maître veille
Sur votre dodo.
Dormez en paix!
Réconfortées par la télé, les oies sauvages recommencèrent à manger de bon coeur. Sauf Roselle.
- Il ne me reste plus assez de vie pour lire ce livre, dit le Roi des rois. Ecrivez-moi un résumé du résumé.
On manda les compteurs de lettres et les grignoteurs de mots.
Ils capturèrent tous les récits, les grands et les petits. Les histoires vraies et les histoires mensonges, et tous les rêves aussi. Pas un seul ne leur échappa.