Les indices de ce double papa jalonneraient pourtant ma vie. Mais j’avais décidé de ne retenir que le côté clair de sa force. Et cette lumière qu’il voyait dans mes yeux, il l’incarnait. C’est fou, le pouvoir du regard. Je regardais un dieu, il observait un ange, et nous les devenions vraiment, l’un pour l’autre.
Peut-être d'ailleurs qu'on essaye tous d'atteindre un bonheur qui n'est pas le sien , un bonheur convenu .
...Parce qu'on n'est pas fait pour vivre seul , Alice . Crois moi .
Mais son choix est terrible : seule et libre ou enchaînée aux autres ?
N'est-ce pas aussi le tien ?
... La vérité doit forcément être quelque part au milieu .
Disons que les passions rendent peut-être ce choix moins cornélien .
Il faut être prêt à entendre une histoire. Car une histoire, ce n'est pas qu'une histoire ! Il y a toujours un écho caché derrière elle. C'est en cela qu'elle est fabuleuse, elle éveille celui qui la lit.
Thomas voulait être comme les autres, ils les aimait profondément, mais il n'aimait pas leurs jeux ni leurs idées. Il parlait comme un avocat du barreau, balançait son corps d'avant en arrière en criant lorsque quelque chose le contrariait, s'endormait difficilement, s'isolait dans des pensées inaccessibles, s'enfonçait les doigts dans les oreilles lorsque les sermons de mère lui
rappelaient qu'il n'était qu'un enfant.
Il faut cesser d'être naïf . Parmi les paramilitaires les plus cruels , il y a d'anciens zapatistes déserteurs . Et les 'encagoulés ' les plus fidèles ont volé pour financer leur révolution . Qu'est-ce que tu imagines ? Donne le pouvoir et l'argent aux hommes sans terre , ils prendront les rênes du monde sans vergogne . Ils passeront de victimes à bourreau sans hésitation .
Tout est affaire de mots ! Ou plutôt d'images que ces mots créent en nous. Si on change la définition d'un mot, ou si on transforme l'image que ce mot projette en nous, on modifie aussi notre façon de vivre. On ne voit pas les choses comme elles sont vraiment, mais comme nous les ressentons. Ce ne sont pas simplement nos yeux qui voient, mais toute notre personne, avec ce qu'elle sent,
goûte et ressent, son passé, son histoire. Les mots sont beaux par cette seule perspective. Quand je lis les mots écrits par un autre, ils ont son parfum, mais ma couleur. Et c'est ce mélange qui est détonnant! Ca procure comme un vertige. J'ai fait l'exercice pour le mot bonheur
Le miroir de ma chambre est grand, très grand. Etroit. A ma mesure, faible calibre.Je pose les mains sur mes hanches, fais une mine boudeuse à mon reflet. Je joue à être une autre, ce genre de petites bonnes femmes rigolotes qu'on voit esquissées dans certains magazines féminins. Très sûres d'elles. Pas du tout moi! Je crois que les femmes se regardent dans le miroir dans l'espoir
qu'il les satisfasse. Elles ont beau savoir que ce qu'elles vont voir ne va pas les combler, elles cherchent toujours sa complicité.
Et puis, l'école, c'était une musique à elle seule. Le tapage de la récré, le cliquetis des bics, le tempo des chemises jetées sur le banc, le mezzo-soprano de madame Floche, la cloche qui sonne le final. Entendre cette mélodie-là valait déjà que je sois née.
On ne choisit pas le monde qui nous entoure, mais bien la façon de s'y promener.
Léa se dira qu'elle surfe sur la crête d'une vague, dans cet instant charnière où tout converge vers le haut. Puis elle poussera la porte cochère avec le sentiment d'avoir découvert plus sur la nature humaine en une seule matinée qu'en trente-six ans. Elle regardera ses pieds parce qu'elle ne sentita plus le tissu coupant de ses sandales. Sur l'ongle verni de son gros orteil, une coccinelle
endormie.
Léa regarde ses pieds nus serrés dans des sandales de corde. Elle marche si mal, avec une telle lourdeur qu'il lui semble les avoir chaussées à l'envers, la gauche au pied droit et vice versa. Ses orteils sont droits, installés dans le sens de la marche, pourtant la sensation qui remonte le long de ses jambes la fait vérifier à nouveau.