Les journaux n'ont pas parlé de ces victoires honteuses remportées par les fonctionnaires de la Gestapo, sur des religieuses sans défense, des femmes allemandes sans protection ; ils n'ont rien dit des dommages que le Gouvernement Militaire a causés à la propriété de nos compatriotes. En vain a-t-on protesté de vive voix et par écrit.
Propos du Cardinal Clemens August von Galen
Un gouvernement qui s'en prend à ces principes n'a plus aucun respect pour l'individu. C'est pourtant la première exigence que nous devons avoir de lui
Ce que j'ai fait, ce que j'ai voulu, le cours de l'histoire le justifiera ; j'en suis absolument certain. J'espère, par Dieu, que les forces spirituelles qui me rendront justice, pourront naître à temps de l'Allemagne. J'ai agi comme ma conscience me commandait de le faire. J'en accepte toutes les conséquences, selon ce que dit Gottlieb Fichte :
Et tu dois te conduire
comme si de
toi et de ton acte seul
dépendait le destin de ton peuple,
et que toute responsabilité te soit impartie.
Propos du professeur Kurt Huber
J'ai atteint le but que je me proposais, de lancer cet avertissement, par-delà un petit groupe d'intellectuels devant la plus haute instance juridique. Je mets ma vie en jeu sur cette déclaration, sur cette demande pressante d'un retour à la morale. J'exige que la liberté soit rendue à notre peuple. Nous ne voulons pas entraver nos vies dans les chaînes de l'esclavage, même celles, dorées,
d'une surabondance matérielle.
Propos du professeur Kurt Huber
Notre devoir sera de créer la vérité aussi clairement et aussi haut que possible. Nous devons essayer d'attiser cette volonté de résistance qui couve dans des millions de cœurs allemands, et de la dresser, fière et violente, contre tout asservissement. Grâce à une action de ce genre, l'individu qui reste isolé dans son refus de la dictature doit être persuadé qu'un grand nombre de gens
pensent comme lui et le soutiennent. Cela lui donnera courage et confiance. Nous devons aussi tenter d'informer les Allemands qui n'ont pas encore réalisé quels sombres desseins poursuit ce régime, et tâcher d'éveiller en eux le sens de la révolte et de la lutte.
Propos du professeur Kurt Huber
"L'enfant en robe blanche est notre idéal, qui triomphera comme tous les obstacles. Il fallait montrer le chemin, fût-ce au prix de notre vie."
Pages 99-100
Le dernier matin arriva. Hans me répéta ce que je devrais dire à ses parents et amis. Puis il me sera la main, amicalement, un peu solennel, et me dit : « Maintenant que nous sommes encore seuls, disons-nous adieu. » Alors il se tourna contre le mur et écrivit quelque chose, avec un crayon qu'on nous avait procuré en cachette ; Il y eu un silence extraordinaire. À peine avait-il posé son
crayon que les clés grincèrent dans la serrure ; la porte s'ouvrit. Les commissaires lui mirent les menottes, et l'emmenèrent au procès.
Les mots qu'il avait écrits sur le mur étaient :
Braver toutes les forces contraires.
On a commis ces crimes selon un plan bien établi. Par-là, on ne fait que suivre cette doctrine selon laquelle il faut anéantir toute vie inutile, c'est-à-dire tuer des hommes non coupables du moment qu'ils ne servent ni l'État ni le peuple. Voilà un principe atroce, qui justifie le meurtre d'innocents, autorise l'assassinat de tous ceux qui ne peuvent pas travailler, des invalides, des
infirmes, des malades incurables, des vieillards trop faibles.
Propos du Cardinal Clemens August von Galen
Nous ne pouvons pas combattre par les armes cet ennemi de l'intérieur qui s'acharne sur nous. Il ne reste qu'un moyen de résister : être forts et tenaces, demeurer fermes. Nous voyons maintenant clairement ce que cachaient ces idées qu'on prétend nous inculquer depuis quelques années. On a banni la religion de nos écoles, interdit nos réunions, et voici qu'on veut même s'en prendre à nos
jardins d'enfants. Tout cela prenait source dans une haine profonde du christianisme, que l'on voudrait éliminer.
Propos du Cardinal Clemens August von Galen
Beaucoup de personnes pensent que la fin du monde est proche. Bien des signes épouvantables pourraient le faire croire. Mais cette pensée n'est-elle pas d'une importance secondaire ? Car tout homme ne doit-il pas, en quelque temps qu'il vive, se tenir prêt à comparaître devant Dieu ? Sais-je donc si je vivrai encore demain ? Une bombe peut nous anéantir tous cette nuit. Et qu'importerait
alors que la terre et les étoiles disparussent aussi ? Ma faute n'en serait pas moindre. Je ne peux pas comprendre comment des gens « pieux » craignent l'existence de Dieu, parce que les hommes se couvrent de honte. Comme si la force absolue n'appartenait pas à Dieu (je sens combien tout repose dans sa main). On ne doit craindre que pour l'existence des hommes, car ils se détournent de Lui,
qui est leur Vie.
Pages 82-83
Alors maintenant, dit notre mère, tu ne vas plus jamais rentrer à la maison… - Oh ! Quelques années, maman, fit-elle.
« Quel beau jour, quel soleil magnifique, et moi, je dois mourir. Mais combien de jeunes gens, de garçons pleins d’espoir, sont tués sur les champs de bataille… Qu’importe ma mort si, grâce à nous, des milliers d’hommes ont les yeux ouverts. Il y a certainement une révolte parmi les étudiants. » - Sophie, tu ne sais pas à quel point les hommes sont lâches.
Maintenant, le combat pour la vie absorbait toutes les forces; le reste se voyait asphyxié dans l’atrocité des temps.
Pouvait-on savoir si la Gestapo n’était pas déjà sur leurs traces ? Les voisins, qui les saluaient sans soupçon, ne les avaient-ils pas dénoncés ? Dans la rue, n’étaient-ils pas surveillés ? Leurs empreintes digitales n’avaient-elles pas été prises ? Le sol de la ville n’allait-il pas le lendemain, leur manquer sous le pied ? Chaque jour qui se terminait était un cadeau de
la vie, et chaque nuit apportait l’inquiétude du lendemain.
La seule sécurité matérielle ne suffira jamais à nous rendre heureux. Nous sommes des hommes, avec une opinion libre et des croyances personnelles. Un gouvernement qui s'en prend à ces principes n'a plus aucun respect pour l'individu. C'est pourtant la première exigence que nous devons avoir de lui.