Il n'est pas possible d'avancer vers le futur sans buter sur le passé.
Mais n'oubliez pas que tout était différent autrefois. Les temps étaient différents. Vous êtes jeune et vous ne pouvez certainement pas vous souvenir, mais à l'époque, l'air sentait le souffre. Personne ne pouvait ouvrir la bouche. C'était chacun pour soi et le diable pour tous.
C'est le problème de beaucoup d'histoires. Selon le côté où l'on se place, l'angle avec lequel on les regarde, elles nous paraissent différentes. Il croit qu'il a gagné. Je crois qu'il a perdu. Il pense avoir convaincu mon grand-père de ne pas le tuer, mais c'est mon grand-père qui l'a convaincu de mourir.
Comme il n'avait rien à faire, il vivait dans ses souvenirs. Mais combien de temps un homme peut-il supporter de vivre sans de nouveaux souvenirs ?
Mais l'Histoire ne se répète pas. On ne peut que la raconter.
Les dictatures se fabriquent toujours des ennemis pour justifier leurs mesures autoritaires et leurs chasses aux sorcières.
Qui sème le mensonge sait bien qu'un jour fleuriront l'erreur et la méprise.
Le mensonge n'est pas le pire ennemi de la vérité. C'est le doute qui l'est. Démontant les certitudes, y créant des ouvertures, il laisse de la place pour toutes sortes de vérités apparentes. C'est la malédiction de l'esprit humain rationnel et de son imagination prodigue, capable d'envisager toutes les possibilités pour expliquer un événement ou un fait, y compris des scénarios peu
plausibles, voire invraisemblables.
Le mensonge n'est pas le pire ennemi de la vérité. C'est le doute qui l'est. Démontant les certitudes, y créant des ouvertures, il laisse de la place pour toutes sortes de vérités apparentes.
J'avais si peur, Valdemar ! Tu disparaissais de mes pensées et je sentais la peur gonflée comme un ballon dans mon ventre, Valdemar ! Valdemar ! Valdemar ! J'y suis allée pour toi. Pour que tu saches que même si on est séparés, je ne pense qu'à toi ! et que je suis capable de passer outre la plus grande peur du monde pour aller affronter le fantôme que tu ne peux pas affronter !
Je sais ce qui va se passer quand mes jambes vont s'arrêter. Je sais que je vais devoir raconter une histoire, celle de mon grand-père, la mienne ; j'aurai toujours une histoire à raconter. Ma plaie va se refermer complètement et quand elle aura cicatriser, la douleur disparaîtra, elle ne sera plus qu'un souvenir. J'aurai à nouveau toute ma main avec cette belle ligne saillante sur la peau,
et je pourrais continuer à écrire. Parce que je ne veux pas oublier. Le passé est toujours là. Le passé ne cesse de grandir et il sera extrêmement difficile de ne rien oublier.
Elle me regarde partir avec un sourire impénétrable avant de refermer la porte. L'air froid de l'escalier m'avale comme un liquide et je sens mon corps encore plus chaud. Je me sens brûler à l'intérieur de moi, et ma peau est comme incandescente. Je peux presque voir ma chair sous la transparence de ma peau. Je suis en feu. Je me consume dans mes propres flammes.
Il y avait encore un sac en plastique plein de médicaments contre la douleur (pas contre toutes les douleurs ; pour certaines, il n'existe pas de remède,m'a-t-il expliqué tandis qu'il rangeait dans un tiroir du bureau des plaquettes de comprimés, des flacons avec des compte-gouttes et des tubes de pommade, un canif qu'il a aussitôt glissé dans sa poche, un rasoir, un blaireau et un
portefeuille avec des billets de cinq euros que j'ai posé à côté de ses chaussettes.
Il est probable que s'il avait pu deviner les incroyables événements qui allaient se produire le lendemain matin, Nicolau Manuel aurait regardé plus longuement, plus intensément la jeune fille, pour tenter de graver à jamais sa magnifique image dans sa mémoire. (p.59)