Blandine Le Callet
Blandine Le Callet

On passe sa vie à construire des barrières au-delà desquelles on s'interdit d'aller: derrière, il y a tous les monstres que l'on s'est créés. On les croit terribles, invincibles mais ce n'est pas vrai. Dès qu'on trouve le courage de les affronter, ils se révèlent bien plus faibles qu'on ne l'imaginait. Ils perdent consistance, s'évaporent peu à peu. Au point qu'on se demande, pour

finir, s'ils existaient vraiment.

Blandine Le Callet
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C’est cela, sans doute, faire son deuil : accepter que le monde continue, inchangé, alors même qu’un être essentiel à sa marche en a été chassé. Accepter que les lignes restent droites et les couleurs intenses. Accepter l’évidence de sa propre survie

Blandine Le Callet
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Je lui demandais de me jouer du violoncelle. Sa musique était souvent triste, mais d'une tristesse qui ne rend pas malheureux.

Blandine Le Callet
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J'étais ailleurs, loin du monde, loin de moi. C'est parfois reposant de se perdre de vue.

Blandine Le Callet
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Le sens de l'humour, c'est une chose rare, je peux te le dire. C'est pour ça que c'est le bon. Parce qu'on a beau épouser M. Parfait, si M. Parfait n'est pas drôle, on finit par s'ennuyer...s'ennuyer à mourir.

Blandine Le Callet
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Je me moquais un peu du contenu des livres. Ce que je recherchais surtout, c’est le pouvoir qu’ils m’accordaient. J’arrivais grâce à eux à m’abstraire de ma vie. J’oubliais le Centre, sa routine et son lot de contraintes épuisantes J’oubliais qu’on m’avait confisqué ma maman. J’étais ailleurs, loin du monde, loin de moi. C’est parfois reposant de se perdre de vue.

Blandine Le Callet
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“On passe sa vie à construire des barrières au-delà desquelles on s’interdit d’aller : derrière, il y a tous les monstres qu’on s’est créés. On les croit terribles, invincibles mais ce n’est pas vrai. Dès qu’on trouve le courage de les affronter, ils se révèlent bien plus faibles qu’on ne l’imaginait.”

Blandine Le Callet
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Tant que quelqu’un vous parle, quelque part, vous écrit, vous ne pouvez pas mourir.

Blandine Le Callet
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C'est Lucie, bien sûr. Lucie dont elle connaissait l'existence sans connaître le handicap. Lucie va prendre place dans le cortège d'honneur, au milieu des beaux petits enfants bien portants. (...) Voilà la catastrophe qui vient de s'abattre sur Bérengère. Voilà ce qui la scandalise et lui transit les doigts.

Blandine Le Callet
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On a raison de dire que la nuit porte conseil. Tout tient, je crois, à la puissance des rêves et des ténèbres : enveloppé d’ombre, le cerveau est plus vif, ou peut-être mieux apte à saisir les murmures des esprits venus pour l’inspirer.

Blandine Le Callet
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Il en a assez de ces brochures de traiteur, avec leur défilé de plats dont les noms prétentieux ne permettent même pas de deviner les ingrédients : langues de belles-mères et gueules enfarinées sur leur lit de marrons glacés, roulades de cocus cuits à point dans leur jus, fricassées de pétasses et son coulis de prout prout tralala, crème de morue à la sauce de mes couilles ! Le menu

de leur dîner de mariage, il s'en moque comme de sa première chemise. Qu'elle choisisse toute seule, et qu'on en finisse !

Blandine Le Callet
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C'est bizarre, comme la vie peut mettre de la distance entre les êtres.

Blandine Le Callet
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Le plus difficile pour moi, au bout du compte, a été de m'abandonner. Accepter l'errance, la surprise, l'inattendu.Me laisser aller. Jamais mon existence n'avait laissé de place à l'improvisation, et je me rendais compte que cette liberté était plus compliquée, plus angoissante aussi, que toutes les contraintes au milieu desquelles j'avais vécu jusqu'ici.

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Arrangez-vous pour que les autres se sentent toujours un peu coupables à votre égard, et vous en obtiendrez tout ce que vous voulez.

Blandine Le Callet
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La lumière des réverbères vous éclairait à peine, comme si les ténèbres, déjà, vous dévoraient.

Blandine Le Callet
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- Laisse-moi t'expliquer: tu vois, avec un grammabook, on n'a qu'un écran vierge sur lequel vient s'inscrire le texte de ton choix. Un livre, lui, est composé de pages imprimés. Une fois que le texte est là, on ne peut plus rien changer. Les mots sont incrustés à la surface. Tiens, touche.
J'ai posé la main sur la feuille. J'ai palpé, puis j'ai gratté les lettres, légèrement, de

l'index. M.Kauffmann disait vrai: elles étaient comme prise dans la matière.
- ça ne peut pas s'effacer?
- Non, c'est inamovible. Indélébile. Là réside tout l'intérêt: avec le livre, tu possèdes le texte. Tu le possèdes vraiment. Il reste avec toi, sans que personne ne puisse le modifier à ton insu. Par les temps qui courent, ce n'est pas un mince avantage, crois-moi,

a-t-il ajouté à voix basse. Ex-libris veritas, fillette. La vérité sort des livres. Souviens-toi de ça: ex-libris veritas.

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J'ai soudain vu le livre s'ouvrir entre ses mains, éclater en feuillets, minces, souples et mobiles. C'était comme une fleur brutalement éclose, un oiseau qui déploie ses ailes.

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J'ai versé quelques larmes, même si je n'étais pas sûre que Pacha soit à plaindre. Mourir en vagabond dans une jungle urbaine, c'était une belle mort pour un chat de salon. J'enviais presque son sort. Lui au moins avait su gagner sa liberté.

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C'est étrange, je ne me suis jamais imaginé de famille en dehors de ma mère. Je n'ai jamais pensé que je pouvais avoir quelque part des oncles, des tantes, des grands-parents. Pour moi, il n'y avait qu'elle. L'intuition était bonne : Lila K, née de père inconnu et d'une mère enfant trouvée. Mon arbre généalogique ne ressemble pas à grand-chose, il faut bien le reconnaître. Deux

rameaux coupés court. Le destin a eu la main lourde, côté sécateur.

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Je me suis avancée jusqu’au bord du toit. J’ai dit : Ecoute-moi, maman : Il pleure dans mon cœur comme il pleut sur la ville. C’était comme si les mots m’appartenaient. Comme si le poème était à moi, tout entier. Comme si je venais de l’avoir inventé. Je l’ai murmuré très lentement, plusieurs fois, pour ma mère, où qu’elle soit.