John Milton
John Milton

[Remarques, Chateaubriand]

Bentley prétend que, Milton étant aveugle, les éditeurs ont introduit dans le Paradis perdu des interpolations qu’il n’a pas connues : c’est peut-être aller loin ; mais il est certain que la cécité du chantre d’Éden a pu nuire à la correction de son ouvrage. Le poète composait la nuit ; quand il avait fait quelques vers, il sonnait ; sa

fille ou sa femme descendait ; il dictait : ce premier jet, qu’il oubliait nécessairement bientôt après, restait à peu près tel qu’il était sorti de son génie. Le poème fut ainsi conduit à sa fin par inspirations et par dictées ; l’auteur ne put en revoir l’ensemble ni sur le manuscrit ni sur les épreuves. Or il y a des négligences, des répétitions de mots, des cacophonies

qu’on n’aperçoit, et pour ainsi dire, qu’on n’entend qu’avec l’œil, en parcourant les épreuves. Milton isolé, sans assistance, sans secours, presque sans amis, était obligé de faire tous les changements dans son esprit, et de relire son poème d’un bout à l’autre dans sa mémoire. Quel prodigieux effort de souvenir ! et combien de fautes ont dû lui échapper ! +

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François Mauriac
François Mauriac

Un sifflement de bête, puis un fracas immense en même temps qu'un éclair ont rempli le ciel. Dans le silence de panique qui a suivi, des bombes, sur les coteaux, ont éclaté, que les vignerons lancent pour que les nuages de grêle s'écartent ou qu'ils se résolvent en eau. Des fusées ont jailli de ce coin de ténèbres ou Barsac et Sauternes tremblent dans l'attente du fléau. La cloche de

Saint-Vincent, qui éloigne la grêle, sonnait à toute volée, comme quelqu'un qui chante, la nuit, parce qu'il a peur. Et soudain, sur les tuiles, ce bruit, comme d'une poignée de cailloux...Des grêlons!

François Mauriac
François Mauriac

Une heure sonnait - une heure de moins à trembler de dégoût dans la ténèbre de la chambre nuptiale, à épier les mouvements de l'affreux corps étendu contre le sien et qui, par pitié pour elle, feindrait de dormir. Parfois le contact d'une jambe la réveillait ; alors elle se coulait tout entière entre le mur et le lit ; ou un léger attouchement la faisait tressaillir : l'autre, la

croyant endormie, osait une caresse furtive.
C'était au tour de Noémi de prendre l'aspect du sommeil, de peur que Jean Péloueyre fût tenté d'aller plus avant.

François Mauriac
François Mauriac

La cloche de St Vincent qui éloigne la grêle, sonnait à toute volée, comme quelqu'un qui chante la nuit parce qu'il a peur. Et soudain, sur les tuiles, ce bruit comme d'une poignée de cailloux... Des grêlons ! J'entendais claquer les volets de la chambre. Un enfant effrayé courait pieds nus dans le couloir.

Joseph von Eichendorff
Joseph von Eichendorff

revenir

Avec mon jeu de cordes,
ça sonnait magnifique,
je reviens
dans cette ville à travers de nombreux pays .

Je me promène dans les rues,
la nuit
est si sombre et tout est si désert,
j'ai pensé différemment.

Je reste longtemps à la fontaine,
Elle se précipite comme avant,
Certains d'entre vous sont

peut-être repartis,
Personne ne me connaît plus.

Puis j'entends des violons, des sifflements,
les fenêtres brillaient au loin,
entre les virages et les traînées de
nombreuses personnes étranges et heureuses.

Et mon cœur et mes sens ont brûlé,
j'ai été poussé dans le vaste monde,
les musiciens ont joué,
puis je suis

tombé sur le terrain.

Sebastian Fitzek
Sebastian Fitzek

Enceinte.
Huit lettres aujourd’hui dotées d’une signification complètement différente qu’à peine six mois plus tôt.
Jadis, avant, ce mot était synonyme de rêve, d’avenir, le symbole de la joie et du sens de la vie. À présent, il ne désignait plus qu’une blessure béante, un bonheur perdu, et quand on le prononçait à voix basse, il sonnait comme « jamais » ou

« disparu ».

Georg Trakl
Georg Trakl

Chuchoté dans l'après-midi

Soleil d'automne, mince et timide
Et les fruits tombent des arbres,
Le silence bleu remplit la paix
Du ciel d'un après-midi tardif.

La mort sonnait forgée en métal,
et une bête blanche heurte la boue.
Chœur grossier de filles brunes
Meurt dans le bavardage des feuilles.

Le front de Dieu rêve

de teintes,
sent les ailes douces de la folie.
Autour de la colline, utilisez des anneaux
pourriture noire et vues ombragées.

Repos et vin dans la lueur du coucher du soleil, Les
guitares tristes bruissent dans la nuit,
Et à la douce lampe à l'intérieur
Vous vous allumez comme dans un rêve.

Dylan Thomas
Dylan Thomas

colline de fougères (Fern Hill)

Alors j’étais jeune et si facile à vivre sous les larges branches des pommiers

autour de la maison mélodieuse, et heureux de voir l’herbe si verte,

la nuit par-dessus

temps me fut laissé de héler et de grimper couvert d‘or dans l’apogée de ses yeux

et honoré parmi des chariots j’étais

devenu le prince des villes des pommes

et une fois après quelque temps, majestueusement, je possédais et les arbres et les feuilles

les chemins avec les marguerites et l’orge

la descente des rivières et le fruit de la lumière.

et comme j’étais alors jeune et vert et insouciant, célébré parmi les granges

autour du jardin

heureux et je chantais comme si cette ferme était ma demeure,

sous le soleil qui redevenait jeune une fois seulement,

temps me laissa jouer et exister

qu’il soit couvert d’or pour la miséricorde de ses fins,

et vert et or j’étais Chasseur et Berger, les veaux répondaient à mon cor, les renards des collines grognaient clair et froid,


et le sabbat sonnait lentement

dans les cailloux des flots sanctifiés.

Pendant tout le temps du soleil, tout courait, tout était beau, les champs de foin

montaient aussi haut que la maison, les mélodies des cheminées, tout était aérien

et jouant, joliment et fluide

et du feu vert comme de l’herbe

Et nuitée

sous les simples étoiles

comme je montais dormir les hiboux avaient transporté la ferme ailleurs,

longtemps j’ai écouté toute la lune, béni au milieu des écuries, les engoulevents volant parmi les meules, et les chevaux clignotant dans le Sombre.

Et puis il fallait se réveiller, et la ferme, comme un blafard voyageur errant avec la rosée, revenait,


le coq sur l’épaule : tout était brillance,

c’était Adam et la toute jeune fille,

le ciel recueillait à nouveau

et le soleil s’arrondissait pour ce jour particulier.

Cela devait donc être après la naissance de la simple lumière

au commencement, lieu en tissage, les chevaux captivés marchant au chaud

hors

des hennissements de la verte écurie

sur les chants de la félicité.

Et honoré parmi les renards et les faisans de la gaie maison,

sous le nuage tout neuf et heureux autant que le cœur puisse revenir de si loin

dans le soleil naissant et renaissant encore et encore

j’ai couru dans mes chemins nonchalants

mes désirs

dévalaient de-ci de-là au travers de la haute demeure du foin

et rien ne m’importait, face au bleu commerce de mon ciel, puisque ce temps permet avec ses tournants plein de mélodies si rares, de tels chants du matin

avant que les enfants verts et dorés

ne le suivent en tombant hors de la grâce.

Rien ne m’importait, en ces jours blancs comme

des agneaux,

ce temps m’emporterait au plus près du grenier peuplé

par l’hirondelle démultipliée par l’ombre de ma main,

dans la lune toujours montante,

Ni dans cette chevauchée vers le sommeil,

je devrais l’entendre voler avec les champs immenses

et réveiller la ferme à tout jamais enfuie du pays des

enfants.

Oh comme j’étais jeune et si facile à vivre dans la miséricorde de ses fins,

Le temps me maintient, encore vert et mourant,

Bien que je chantais encore dans mes chaînes comme la mer. + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          20

Francis Bacon (II)
Francis Bacon (II)

« J’ai toujours trouvé que Shakespeare avait exprimé bien mieux et d’une façon plus juste et plus puissante ce que Beckett et Joyce avaient cherché à dire. Pour parvenir à montrer le maximum de choses avec le minimum de moyens, il faut être très fort. Avoir un instinct très sûr, être très inventif, même Shakespeare n’y est pas toujours parvenu. Il y a des longueurs terribles

chez lui. Beckett a cherché, je crois, à dire beaucoup en éliminant au maximum pour se dégager de tout superflu. La démarche est intéressante. En peinture, on laisse toujours trop d’habitude, on n’élimine jamais assez, mais chez Beckett j’ai souvent eu l’impression qu’à force d’avoir voulu éliminer, il n’est plus rien resté, que ce rien en définitive sonnait creux, et que

tout cela devenait complètement vide. Il a voulu rendre simple quelque chose de très compliqué, l’idée était peut-être bonne, mais je me demande si le cérébral chez lui n’a pas trop pris le pas sur le reste. (…) Je me demande si les idées de Beckett sur son art n’ont pas fini par tuer sa création. Il y a quelque chose à la fois de trop systématique et de trop intelligent chez

lui, c’est peut-être cela qui m’a toujours gêné. » + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          90

Ambrose Bierce
Ambrose Bierce

Comme l'horloge d'une église voisine sonnait neuf heures avec une indolence qui paraissait impliquer une telle indifférence à la fuite du temps qu'on ne pouvait guère s'empêcher de se demander pourquoi elle se donnait la peine de sonner, l'unique porte de la chambre s'ouvrit, puis un homme entra et se dirigea vers le cadavre. Pendant qu'il avançait, la porte sembla se refermer

d’elle-même : il y eut le grincement d'une clé qu'on tourne avec difficulté, et le claquement du pêne entrant brusquement dans sa gâche. Vint ensuite un bruit de pas qui s’éloignaient dans le couloir, et l'homme se trouva, selon toute apparence, prisonnier. Il s'avança jusqu'à la table où il s'arrêta un moment pour regarder le cadavre ; puis, haussant légèrement les épaules, il

gagna une des fenêtres et leva le store. Des ténèbres compactes régnaient au-dehors ; les vitres étaient couvertes de poussière, mais, après les avoir essuyées, il put voir que la fenêtre état consolidée par de solides barreaux de fer scellés dans la maçonnerie à quelques pouces du verre. Il examina l'autre fenêtre. Elle était toute pareille à la première. Ceci ne provoqua pas

chez lui une grande curiosité, car il ne souleva même pas le châssis. S'il était prisonnier, c'était un prisonnier docile. Ayant terminé son inspection de la pièce, il approcha de lui le guéridon où se trouvait la bougie et se mit à lire.

Veillée funèbre + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          180