Gaston Bachelard
Gaston Bachelard

Comme elle est injuste, la critique qui ne voit dans le langage qu'une sclérose de l'expérience intime! Au contraire, le langage est toujours un peu en avant de notre pensée, un peu plus bouillonant que notre amour. Il est la belle fonction de l'imprudence humaine, la vantardise dynamogénique de la volonté, ce qui exagère la puissance. A plusieurs reprises, au cours de cet essai, nous avons

souligné le caractère dynamique de l'exagération imaginaire. Sans cette exagération, la vie ne peut pas se développer. En toutes circonstances, la vie prend trop pour avoir assez. Il faut que l'imagination prenne trop pour que la pensée ait assez. Il faut que la volonté imagine trop pour réaliser assez.

Gaston Bachelard
Gaston Bachelard

Henri Wallon a montré que l'agoraphobie n'était, au fond, qu'une variété de la peur de tomber. Elle n'est pas une peur de rencontrer des hommes, mais une peur de ne pas rencontrer d'appui.

Jean-Louis Guez de Balzac
Jean-Louis Guez de Balzac

Un peu d'esprit et beaucoup d'autorité, c'est ce qui a presque toujours gouverné le monde.

Jean Barbe
Jean Barbe

L'assistance n'était composée ni de pauvres ni de riches, mais plutôt de ceux entre les deux qui ont assez à manger pour éprouver de l'ennui et pas assez de bien pour avoir peur de s'exposer.

Emmanuel Barbier
Emmanuel Barbier

La Franc-Maçonnerie a formé l'infernal dessein de corrompre insensiblement les membres de l'Église, ceux même du clergé et de la hiérarchie, en leur inoculant sous des formes spécieuses, et en apparence inoffensives, les faux principes avec lesquels elle se promet de bouleverser le monde chrétien. Voilà le premier de. ces deux faits, et l'un des bouts de la chaîne. D'autre part,

l'observateur tant soit peu attentif ne peut s'empêcher de constater que les dogmes sociaux sur lesquels nombre de catholiques et de prêtres fondent aujourd'hui la rénovation du. christianisme, ont une formule identique à celle gue la Franc-Maçonnerie se proposait de leur faire accepter, et que les procédés dont ils usent pour déterminer, entraîner l'Église à cette transformation, sont

identiquement ceux dont la Maçonnerie avait arrêté l'emploi. Voilà le second fait et l'autre bout de la chaîne. Dès lors, la connexion entre ces deux faits ne peut être l'objet d'un doute. Il y a réellement des infiltrations maçonniques dans l'Église.

Charles Baudouin
Charles Baudouin

[…] il y a une analogie étroite (une analogie d'attitude) entre les diverses manifestations d'une même fonction. Ainsi avons-nous été accoutumés par la clinique freudienne à voir le tabou d'un amour « incestueux » étendre son ombre, peu à peu, sur tout amour et sur la vie entière du sentiment, ou encore l'interdiction frappant de culpabilité les curiosités sexuelles s'étendre

bientôt à d'autres curiosités pour bloquer enfin toute l'activité de l'intelligence.

Charles Baudouin
Charles Baudouin

Depuis Freud, qui a salué lui aussi dans les grands poètes — Sophocle ou Shakespeare — ses maîtres et de grands connaisseurs avant lui de l'inconscient et singulièrement du complexe d'Œdipe, il existe une psychanalyse de l'art. […] les études d'inspiration freudienne ont paru, à tort ou à raison, animées de la maligne pensée de réduire les grandes œuvres du génie humain à de

magnifiques camouflages des accidents de la sexualité infantile de leurs auteurs, ce qui est tout de même un peu court. Jung ne conteste nullement, ni la légitimité de ces investigations, ni la validité de leurs résultats. Mais il s'oppose […] au parti pris réductif. Il ne veut pas qu'on entende réduire la création d'art à l'incident infantile dont elle porte effectivement les traces.

Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais
Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais

Quand on cède à la peur du mal, on ressent déjà le mal de la peur.

Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais
Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais

Figaro : Voyant à Madrid que la République des Lettres était celle des loups, toujours armés les uns contre les autres, et que, livrés au mépris où ce risible acharnement les conduit, tous les Insectes, les Moustiques, les Cousins, les Critiques, les Maringouins, les Envieux, les Feuillistes, les Libraires, les Censeurs, et tout ce qui s'attache à la peau des malheureux Gens de Lettres,

achevait de déchiqueter et sucer le peu de substance qui leur restait; fatigué d'écrire, ennuyé de moi, dégoûté des autres, abîmé de dettes et léger d'argent; à la fin, convaincu que l'utile revenu du rasoir est préférable aux vains honneurs de la plume, j'ai quitté Madrid, et, mon bagage en sautoir, parcourant philosophiquement les deux Castilles, la Manche, l'Estramadure, la

Sierra-Morena, l'Andalousie; accueilli dans une ville, emprisonné dans l'autre, et partout supérieur aux événements; loué par ceux-ci, blâmé par ceux-là; aidant au bon temps, supportant le mauvais; me moquant des sots, bravant les méchants; riant de ma misère et faisant la barbe à tout le monde; vous me voyez enfin établi dans Séville et prêt à servir de nouveau Votre Excellence en

tout ce qu'il lui plaira de m'ordonner.
Le Comte : Qui t'a donné une philosophie aussi gaie?
Figaro : L'habitude du malheur. Je me presse de rire de tout, de peur d'être obligé d'en pleurer.

Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais
Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais

Je me presse de rire de tout, de peur d'être obligé d'en pleurer.