Gaston Bachelard
Gaston Bachelard

L'eau est l'élément de la mort jeune et belle, de la mort fleurie, et, dans les drames de la vie et de la littérature, elle est l'élément de la mort sans orgueil ni vengeance, du suicide masochiste.

George Gordon Byron
George Gordon Byron

Garçon privé de père, il avait appris très jeune à mépriser toute autorité. Son esprit ne reconnaissait pas le devoir d'obéir à des êtres dont il avait découvert les faiblesses; son orgueil lui défendait de plier par prudence, à défaut de respect.

Fidel Castro
Fidel Castro

Notre seul orgueil sera d'avoir peut-être été utiles.

Anne-Thérèse de Marguenat de Courcelles
Anne-Thérèse de Marguenat de Courcelles

La honte est un orgueil secret, et l’orgueil est une erreur sur ce que l’on vaut, et une injustice sur ce que l’on veut paraître aux autres.

Alexis de Tocqueville
Alexis de Tocqueville

L'Américain prenant part à tout ce qui se fait dans ce pays se croit intéressé à défendre tout ce qu'on y critique ; car ce n'est pas seulement son pays qu'on attaque alors, c'est lui-même : aussi voit-on son orgueil national recourir à tous les artifices et descendre à toutes les puérilités de la vanité individuelle.
Il n'y a rien de plus gênant dans l'habitude de la vie que ce

patriotisme irritable des Américains. L'étranger consentirait bien à louer beaucoup dans leur pays ; mais il voudrait qu'on lui permît de blâmer quelque chose, et c'est ce qu'on lui refuse absolument.
L'Amérique est donc un pays de liberté, où, pour ne blesser personne, l'étranger ne doit parler librement ni des particuliers, ni de l'Etat, ni des gouvernés, ni des gouvernants, ni

des entreprises publiques, ni des entreprises privées ; de rien enfin de ce qu'on y rencontre, sinon peut-être du climat et du sol ; encore trouve-t-on des Américains prêts à défendre l'un et l'autre, comme s'ils avaient concouru à les former.

(Livre 1 - Deuxième partie - Chap. VI - Quels sont les avantages réels que la société américaine retire du gouvernement de la

démocratie - p. 332) + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          30

Gotthold Ephraim Lessing
Gotthold Ephraim Lessing

LE TEMPLIER : Pourtant, vous le savez aussi : quel peuple a le premier pratiqué ce dénigrement ? Quel peuple, Nathan, s'est le premier donné le nom de peuple élu ? Si ce peuple, à présent, je ne pouvais m'empêcher, non certes de le haïr, mais de le mépriser pour son orgueil ? pour l'orgueilleuse prétention, qu'il a léguée au chrétien et au musulman, que seul son dieu serait le vrai

dieu ! — Ce discours vous surprend, dans la bouche d'un chrétien, d'un templier ? Mais où et quand cette pieuse folie d'un dieu meilleur et imposé comme le meilleur au monde entier s'est-elle manifestée d'aussi noire façon qu'ici et maintenant ? Celui à qui, ici et maintenant, les écailles ne tombent pas des yeux... Mais libre à chacun d'être aveugle ! — Oubliez ce que j'ai dit et

laissez-moi !
NATHAN : Ah, vous ne savez pas combien désormais je m'attacherai plus étroitement à vous. — Venez, nous devons, nous devons être amis ! — Méprisez mon peuple autant qu'il vous plaira. Ni vous ni moi n'avons choisi notre peuple. Est-ce que nous sommes notre peuple ? Qu'est-ce que cela veut dire : peuple ? Le chrétien et le juif sont-ils chrétien et juif avant d'être

hommes ? Ah, que n'ai-je trouvé en vous un homme de plus à qui suffit de s'appeler homme !

Acte II, Scène 5. + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          130

Patrick Senécal
Patrick Senécal

Vendredi après-midi, autoroute vingt, direction Montréal. Pour ajouter à la gaieté du trajet, une pluie froide délave le morne paysage.
À la hauteur de Saint-Eugène, je vois mon auto-stoppeur, toujours aussi immobile, le pouce levé à la hauteur des hanches. Seule différence : il a rabattu son capuchon sur sa tête. Je consulte ma montre : treize heures vingt, comme la semaine

dernière. C'est vrai qu'il est ponctuel. Moi aussi, d'ailleurs. Est-ce qu'inconsciemment je ne cherchais pas à le revoir ?
Déjà content à l'idée de lui parler pendant les dix prochaines minutes, je m'arrête sur l'accotement. Lorsqu'il s'assoit à mes côtés, tout trempé, il me lance un regard surpris et amusé.
- Tiens, tiens... Il me semble que je t'ai déjà vu, toi ? qu'il

me lance en enlevant son capuchon.
Je lui tends la main.
- C'est drôle, j'ai la même impression.
Il me serre la pince en souriant, de bonne humeur, comme s'il était vraiment heureux de tomber sur moi, et j'avoue que je me sens bêtement flatté.
Je retourne sur la route. Mon passager abaisse son capuchon en soupirant. Il se plaint quelques instants de la pluie froide

automnale, mais je vois que cela ne le contrarie pas vraiment. En fait, il me donne l'impression de posséder un moral à toute épreuve.
- Merci de me donner un lift pour la deuxième fois, Étienne.
Il se souvient de mon nom. J'en profite pour lui demander le sien.
- C'est vrai, je te l'ai pas dit...
Un court silence, puis je l'entends prononcer :
- Alex. Alex

Salvail.
J'ai alors l'impression qu'il me regarde et je tourne la tête. Effectivement, Alex m'observe attentivement, le visage calme mais le regard particulièrement pénétrant.
- Ça te dit quelque chose ? me demande-t-il.
- Non... Ça devrait ?
- Je pense que oui...
Je réfléchis en fixant la route. Alex Salvail... Ce nom ne provoque-t-il pas un vague écho dans

ma mémoire ? Ou bien est-ce que je veux tout
simplement me convaincre qu'il ne m'est pas inconnu ?
- Non... Non, je ne vois pas...
- C'est le pouceux que t'as embarqué mardi passé...
Et il éclate de son rire assourdissant, déroutant mais sincère. Je reviens à la route, amusé.
On discute de choses banales pendant une ou deux minutes, puis il en vient à mon

enseignement :
- Ton cours de littérature d'horreur, là...
- Littérature fantastique.
- Ouais, fantastique. Tes étudiants aiment ça ?
Je lui explique que de jeunes étudiants de dix-sept ans ne sont jamais réputés pour leur déferlement d'enthousiasme, mais qu'ils ont l'air d'apprécier, surtout mon groupe en lettres, le mercredi matin.
- Ça t'intéresse,

Alex, la littérature fantastique ?
- Moi ?
Il renifle, essuie son nez avec un mouchoir.
- Je lis pas vraiment. Je suis pas très intellectuel... Mais j'imagine que ça doit être intéressant.
- Ça l'est beaucoup.
- L'autre jour, tu m'expliquais que tu t'attardais surtout sur, heu... les enfants, je pense ?
J'approuve et, de nouveau, lui explique à quel point

je trouve cette thématique riche. Il me demande pourquoi. Je le sens attentif, intéressé. Vraiment, je n'ai jamais eu tant de facilité à parler avec quelqu'un que je connais si peu.
- Le contraste entre l'innocence et l'horreur, que je réponds. J'essaie de montrer à mes étudiants comment cette contradiction est fascinante.
- L'innocence ?
- Oui. L'enfant, c'est le symbole

même de l'innocence.
- Vraiment ?
Il dit ça d'un ton dubitatif. Je le regarde rapidement. Il me considère avec son air ironique et, tout à coup, un nouvel écho plane dans mon crâne, non pas provoqué par son nom mais par son visage, par cette expression moqueuse.
- Tu penses vraiment que les enfants représentent l'innocence ?
Je lui réponds que oui. L'enfant

n'est-il pas une forme d'idéal pur, avant la corruption de l'âge adulte ?
- Non, je suis pas d'accord.
Il dit cela doucement, mais avec une telle assurance que je ne trouve rien à répliquer.
- Les enfants sont cruels, Étienne. Ben cruels.
L'argument ne m'apparaît pas très convaincant. Évidemment, les jeunes sont égoïstes, belliqueux, compétitifs, mais tout ça

est tout de même assez inoffensif, non ?
- Je parle pas de ça. Je parle de vraie cruauté.
J'attends la suite. Toute trace de raillerie a disparu de la voix d'Alex, maintenant plus sérieux.
- Les enfants sont curieux de nature, pis certains sont prêts à aller ben loin pour satisfaire leur curiosité. Qu'est-ce que tu penses qui est le plus fascinant pour un enfant ?
Je

fixe la route comme si une réponse allait surgir au milieu de la chaussée. Étrange situation. Alors que c'est moi le professeur, j'ai l'impression que c'est Alex qui me donne un cours. Cela me vexe un peu et je cherche une réponse intelligente.
- La mort ?
Il émet un gloussement quelque peu condescendant, et cela me déplaît. Pourtant, je veux poursuivre cette conversation, même

si elle doit égratigner mon orgueil de prof.
- Pas la mort, que je l'entends me répondre. Ça, c'est l'obsession des adultes.
Courte pause, puis il poursuit :
- La plus grande source de curiosité des enfants, c'est le mal. Ils en entendent parler tout le temps.
Sa voix change, devient soudain nasillarde, caricaturée. Je comprends qu'il imite le prototype du parent

contrôlant :
- « Touche pas ça, c'est mal ! Va pas là, tu vas te faire mal ! Dis pas ça, c'est pas bien, c'est mal ! Fais pas de mal à tes amis ! Lui, c'est un méchant monsieur, il fait toujours du mal ! »
Je ricane, amusé par l'imitation. Je l'entends poursuivre de sa voix normale :
- Dire à un enfant que quelque chose est mal, c'est le meilleur moyen pour éveiller sa

curiosité.
- Tout le monde sait ça, fais-je remarquer.
- Oui, mais tout le monde le fait pareil. Pis si l'enfant décide d'essayer quelque chose d'interdit pour justement voir ce qu'il y a de mal là-d'dans...
Il renifle, sort son mouchoir.
- ... c'est là qu'il peut devenir cruel.
Il se mouche. Pas con, son idée. Alex n'est peut-être pas un intellectuel, mais il

réfléchit, même si sa théorie est une généralité... disons... plus intuitive que scientifique.
- Mais la plupart des enfants ne se rendent pas très loin dans la cruauté, que je me sens obligé de préciser. Leurs petites expériences s'arrêtent au stade du démembrement d'une mouche, ce qui n'est vraiment pas alarmant.
- Oui, c'est vrai pour la plupart des enfants. Mais c'est

pas eux qui décident d'arrêter. C'est le monde autour, les adultes, la société qui finit par prendre ces enfants-là en main, en leur disant qu'il faut arrêter ces petits jeux cruels et devenir responsable. Pis les enfants, en interrompant leur exploration du mal, deviennent peu à peu des adultes sages et conformistes.
Alors là, il y va fort ! J'ouvre même la bouche pour le lui dire,

mais il continue sur sa lancée :
- C'est pour ça qu'on pense que les enfants sont purs. Parce qu'ils ont pas le temps de se rendre loin dans leurs jeux cruels. Pis ces histoires d'horreur que t'aimes tant, ça parle d'enfants qui, eux, se rendent plus loin que les autres.
Je lui demande s'il est sérieux, s'il pense vraiment tout ce qu'il vient de dire. Il m'assure que oui.
-

Pis je vais même te dire quelque chose d'autre...
J'entends le cuir de la banquette craquer, comme si mon interlocuteur changeait de position, et lorsqu'il se remet à parler, sa voix me semble plus proche.
- Je pense que les psychopathes, les maniaques, les tueurs en série, ce sont des adultes qui retrouvent leur curiosité d'enfance. Maintenant qu'ils ont plus de parents pour les

en empêcher, ils reprennent leurs petits jeux là où ils les avaient laissés... pis ils vont plus loin.
Je voudrais éclater de rire tant cette idée me paraît extravagante, mais aucun son ne sort de ma bouche. Alex ajoute :
- Les enfants dans les histoires d'horreur fascinent les gens parce qu'ils nous rappellent ce qu'on a déjà été... Ou, plutôt, ce qu'on aurait pu

être...
Je n'ai plus envie de rire et je tourne la tête vers Alex, légèrement troublé. Mais quand je le vois avec son large sourire, les mains croisées sur les genoux, le regard joyeux, tout malaise me quitte instantanément.
- Qu'est-ce que t'en penses ? me demande-t-il fièrement.
- J'en pense que c'est toi qui devrais donner mon cours, tu rendrais les étudiants malades

de peur.
Il se marre et son rire tonitruant fait plaisir à entendre. Il m'assure qu'il serait un très mauvais prof : trop brouillon, trop désorganisé, trop impatient.
- Et tu n'as jamais lu de livres fantastiques ? que je m'étonne. Après tout ce que tu viens de me dire, c'est dur à croire.
- J'ai vu quelques films d'horreur qui mettaient en vedette des enfants.
Puis,

après une pause, il s'excuse d'avoir été si loquace. Peut-être a-t-il eu l'air prétentieux. Je l'assure que non et je suis sincère : je ne lui tiens plus du tout rigueur de son petit air supérieur de tout à l'heure.
- Je vais peut-être même me servir dans mon cours d'une ou deux choses que tu as dites.
Ces paroles m'étonnent. Est-ce que je le pense vraiment ? Ai-je vraiment

l'intention d'utiliser les théories intéressantes, certes, mais quelque peu farfelues, de mon passager ? Lui-même, comme s'il était conscient de ma propre exagération, s'oppose en disant qu'il n'y a rien de très rigoureux dans tout ça, que ce ne sont que des opinions personnelles.
Deux minutes plus tard, je m'arrête près de la sortie de Saint-Valérien.
- Encore merci,

Étienne ! On dirait presque que t'es mon chauffeur !
Cette remarque me donne une idée que je saisis au vol sans prendre le temps de l'examiner. Si Alex le désire, on peut poursuivre ce petit rituel deux fois par semaine, tous les mardis soir et tous les vendredis après-midi. Pour autant que nous soyons toujours aussi ponctuels. Mais pas question de nous attendre : si une voiture le prend

avant que je passe, il monte. De mon côté, si je passe et qu'il n'est pas au rendez-vous, je continue. Alex se caresse le menton, manifestement intéressé.
- Je te préviens : je suis très ponctuel.
- Moi aussi.
Nous nous serrons la main, ravis tous les deux. Il y a de la chaleur dan + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          40

James Fenimore Cooper
James Fenimore Cooper

À


WILLIAM BRANDFORD SHUBRICK,


OFFICIER DE LA MARINE DES ÉTATS-UNIS


Mon cher Shubrick,

Chaque année efface tristement quelque nouveau nom dans la liste aujourd’hui bien courte de mes amis et de mes camarade de la marine. La guerre, la maladie et les hasards multipliés de la profession de marin diminuent de plus en plus ce

nombre déjà si limité, tandis que les morts sont remplacés par des noms qui me sont étrangers. Quand je réfléchis à ces tristes vicissitudes, c’est avec un intérêt particulier que je chéris le souvenir de ceux avec qui j’ai vécu dans l’intimité : leur réputation croissante m’inspire un sentiment de triomphe qui égale presque le juste orgueil qu’ils ressentent

eux-mêmes.

Ni le temps ni l’absence n’ont ébranlé notre amitié, mon cher Shubrick, et je sais qu’en vous dédiant ces volumes, je ne vous apprends rien de nouveau lorsque j’ajoute que c’est un hommage offert à un éternel attachement,



Par
Votre vieux camarade,
F. COOPER.

Allen Ginsberg
Allen Ginsberg

Que veux-je "faire" en ce monde à part "être poète"?
Dois cesser de jouer avec mon esprit, avec ma vie.
Douleurs inconnues et souffrance dans mes tentatives, ma faiblesse dans la compétition et la lutte pour trouver des idées qui rapportent.
Une place dans la Société. Je n'ai aucune fonction dans le monde où je vis. Je suis accablé par mon inaction lâcheté orgueil

timidité et fuite devant la vie.
Que vais-je "faire de ma vie?

Gaston Bachelard
Gaston Bachelard

"Pour moi, rêveur de mots, le mot ampoule prête à rire. Jamais l’ampoule ne peut être assez familière pour recevoir l’adjectif possessif. Qui peut dire maintenant : mon ampoule électrique comme il disait jadis : ma lampe ? (…)
L’ampoule électrique ne nous donnera jamais les rêveries de cette lampe vivante qui, avec de l’huile, faisait de la lumière. Nous sommes entrés

dans l’ère de la lumière administrée. Notre seul rôle est de tourner un commutateur. (…) Nous ne pouvons pas profiter de cet acte pour nous constituer, en un orgueil légitime, comme le sujet du verbe allumer."