Henri Bergson
Henri Bergson

... l'édifiante conversation de 2 financiers :
" Est-ce bien loyal ce que nous faisons là ? Car enfin, ces malheureux actionnaires, nous leur prenons l'argent dans la poche...
- Et dans quoi voulez-vous donc que nous le prenions ? "

(page 89).

Alexis de Tocqueville
Alexis de Tocqueville

Il faut étudier dans ses détails l’histoire administrative et financière de l’ancien régime pour comprendre à quelles pratiques violentes et déshonnêtes le besoin d’argent peut réduire un gouvernement doux, mais sans publicité et sans contrôle, une fois que le temps a consacré son pouvoir et l’a délivré de la peur des révolutions, cette dernière sauvegarde des peuples.


On rencontre à chaque pas, dans ces annales, des biens royaux vendus, puis ressaisis comme invendables ; des contrats violés, des droits acquis méconnus ; le créancier de l’état sacrifié à chaque crise, la foi publique sans cesse faussée.

Des privilèges accordés à perpétuité sont perpétuellement repris. Si l’on pouvait compatir aux déplaisirs qu’une sotte

vanité cause, on plaindrait le sort de ces malheureux anoblis auxquels, pendant tout le cours des XVIIe et XVIIIe siècles, on fait racheter de temps à autre ces vains honneurs ou ces injustes privilèges qu’ils ont déjà payés plusieurs fois. C’est ainsi que Louis XIV annula tous les titres de noblesse acquis depuis quatre-vingt-douze ans, titres dont la plupart avaient été donnés par

lui-même ; on ne pouvait les conserver qu’en fournissant une nouvelle finance, tous ces titres ayant été obtenus par surprise, dit l’édit. Exemple que ne manque point d’imiter Louis XV, quatre-vingts ans plus tard.

On défend aux miliciens de se faire remplacer, de peur, est-il dit, de faire renchérir pour l’État le prix des recrues.

Des villes, des

communautés, des hôpitaux sont contraints de manquer à leurs engagements, afin qu’ils soient en état de prêter au roi. On empêche des paroisses d’entreprendre des travaux utiles, de peur que, divisant ainsi leurs ressources, elles ne payent moins exactement la taille.
[…]
Je ne crains pas de dire qu’il n’y a pas un particulier qui eût pu échapper aux arrêts de la

justice, s’il avait conduit sa propre fortune comme le grand roi, dans toute sa gloire, menait la fortune publique.

Si vous rencontrez quelque ancien établissement du moyen âge qui se soit maintenu en aggravant ses vices au rebours de l’esprit du temps, ou quelque nouveauté pernicieuse, creusez jusqu’à la racine du mal : vous y trouverez un expédient financier qui s’est

tourné en institution. Pour payer des dettes d’un jour vous verrez fonder de nouveaux pouvoirs qui vont durer des siècles.

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Alexis de Tocqueville
Alexis de Tocqueville

La charité individuelle produit presque toujours des effets utiles. Elle s'attache aux misères les plus grandes, elle marche sans bruit derrière la mauvaise fortune, et répare à l'improviste et en silence les maux que celle-ci a faits. Elle se montre partout où il y a les malheureux à secourir ; elle croît avec leurs souffrances, et cependant on ne peut sans imprudence compter sur elle,

car mille accidents pourront retarder ou arrêter sa marche ; on ne sait où la rencontrer, et elle n'est point avertie par le cri de toutes les douleurs.

Zygmunt Bauman
Zygmunt Bauman

La vie des plus heureux d’entre nous – ou des plus chanceux, selon une opinion légèrement teintée de jalousie, répandue chez les malheureux – est loin d’être exempte de soucis. Rares sont ceux qui affirmeraient que tout fonctionne dans leur vie exactement comme ils le désirent, et même ceux-là connaissent des moments de doute.

John Galsworthy
John Galsworthy

(…), un mariage malheureux peut bouleverser d'autres existences que celles des intéressés.

John Galsworthy
John Galsworthy

La société - parbleu ! des mégères et des babouins qui bavardent - s'était dressée pour condamner sa chair et son sang ! Tas de vieilles femmes ! Il frappait la terre de son parapluie. On eût dit qu'il voulait l'enfoncer jusqu'au cœur de ce malheureux corps social, qui avait jeté l'ostracisme sur son fils, et le fils de son fils, en qui il eût pu revivre.

François Mauriac
François Mauriac

Quelquefois ,Noémie ,avançait une main vers ce visage moins odieux puis
qu 'elle ne le voyait plus , y sentait de chaudes larmes .Alors , pleine de remords et de pitié ,comme dans l'amphithéâtre une vierge chrétienne d'un seul élan se jetait vers la bête , les yeux fermés ,les lèvres serrées ,elle étreignait ce malheureux .

Frank Andriat
Frank Andriat

Ne suis-je pour toi qu'un malheureux trait de crayon que tu as fait disparaitre d'un coup de gomme ?

Euripide
Euripide

Deux divinités pour les mortels sont primordiales. L'une est Déméter -elle est aussi la Terre, on peut lui donner les deux noms- qui nourrit les humains des aliments solides. Vint ensuite le fils de Sémélé en apporter le complément découvert par lui, la liqueur tirée de la grappe, la boisson qui met fin aux souffrances des malheureux (dès qu'ils se sont remplis de ce jus de la vigne) et

leur donne, avec le sommeil, l'oubli des peines quotidiennes.

Euripide
Euripide

MÉNÉLAS :
O dieux ! que vois-je ? Quel est le mort qui s'offre à ma vue ?
ORESTE :
Hélas ! tu dis vrai : je ne vis plus, parmi tant de maux, quoique je voie encore la lumière.
MÉNÉLAS :
Quel aspect sauvage ! quelle chevelure hérissée ! Malheureux !
ORESTE :
Ce n'est pas mon aspect, ce sont mes actions qui causent mon supplice.
MÉNÉLAS :

Quels regards farouches s'échappent de tes paupières desséchées !
ORESTE :
Mon corps n'est plus ; mais le nom qui s'attache à moi me reste.