Helena Blavatsky
Helena Blavatsky

Mais aujourd'hui que tant des plus importants secrets de la Maçonnerie ont été divulgués par amis et ennemis, nous pourrions dire, sans qu'on nous accuse de malveillance ou de mauvaise intention, que depuis la lamentable catastrophe des Templiers, aucune Loge d'Europe et encore moins d'Amérique, n'a jamais su quelque chose qui valut la peine d'être caché.

Guy Bouten
Guy Bouten

Je ne donne pas de noms mais je veux simplement signaler que les substituts de l'époque - surtout le parquet à Bruxelles-, ceux des années 80 qui ont été désignés dans certains de ces dossiers "chauds", ont fait carrière et dirigent aujourd'hui les cellules antiterroristes. Ce sont ces mêmes gens qui, à l'époque, étaient au courant de ce qui se passait et qui ne sont jamais intervenus

parce que leur inaction leur servait comme moyen de promotion. Ils savaient très bien que des gens importants étaitent mêlés à ces dossiers chauds, qu'il fallait soit les arrêter, soit les laisser tranquilles. Ils ne pouvaient les arrêter car ils étaient dépendants d'eux pour la bonne poursuite de leur carrière.

Vincent Desportes
Vincent Desportes

Tant que vous ne comprenez pas que le monde se construit, s'apaise ou s'enflamme dans l'antagonisme des groupes humains et l'opposition des forces, tant que vous vous appuyez uniquement sur des principes moraux auto-proclamés, vous refusez la réalité du monde et vous êtes de fait incapable de conduire une politique étrangère construtive. Les principes moraux sont importants parce qu'ils

correspondent à des valeurs qui sont les nôtres, mais il faut comprendre qu'il ne s'agit pas de valeurs universellement partagées. Sinon, ça se saurait et l'Afghanistan et l'Irak vivraient en démocratie.

Emmanuel Le Roy Ladurie
Emmanuel Le Roy Ladurie

La décadence économique, commune au Languedoc et à bien d’autres régions du sud de l’Europe, n’est pourtant ni fatale ni universelle. Dans l’Aquitaine moins développée, Toulouse, comme au XIXe siècle, marche à contre-courant de sa région, et donne depuis quarante ans l’exemple d’une éclatante fortune. Grande ville du Languedoc (155 000 habitants en 1911), elle est aussi en

1914 l’agglomération française la plus éloignée du front. Elle est donc choisie comme zone-refuge pour l’industrie de guerre (explosifs, aviation). Grâce à Latécoère, Daurat, Guillaumat, Mermoz, Saint-Exupéry, elle devient après 1919 la puissante cité française de l’aéronautique, tête de ligne de l’Atlantique-Sud et centre actif de production d’avions. En 1962Sud-Aviation,

société nationale, venait en tête de la production européenne, grâce à la célèbreCaravelle. Quant à l’industrie chimique, fondée en 1924-1928 par l’État pour l’exploitation de brevets allemands dont les industriels français ne voulaient pas, elle détenait la première place en France pour l’azote industriel et ses sous-produits. L’énergie était fournie par les barrages des

Pyrénées et du Massif central, et par le gaz de Saint-Marcet et de Lacq. Ainsi, les capitaux d’État, aidés par l’initiative locale, ont changé le destin de cette ville, que Basville en 1698, jugeait à jamais impropre au commerce et à l’industrie, en raison de « l’indolence espagnole » de ses habitants. L’évolution toulousaine a valeur d’exemple : dans le renouvellement des

structures économiques, le fait urbain doit jouer un rôle aussi important que la reconversion agricole.

Dans cette perspective cependant, le Languedoc tout entier paraît bien placé. La construction d’un axe Rhône-Rhin, les techniques d’avant-garde (canalisation du Bas-Rhône, usines atomiques diverses, certes contestées), le tourisme enfin confèrent un avantage décisif à

cette province voisine de la mer et d’un grand fleuve à vocation européenne.

L’implantation massive des« pieds-noirs »,de 1960, l’a bien montré : mer et autour soleil, au XXe siècle, peuvent être des motifs de peuplement plus importants que vigne et charbon. + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          120

Auguste Comte
Auguste Comte

« La division du travail intellectuel, perfectionnée de plus en plus, est un des attributs caractéristiques les plus importants de la philosophie positive. [...]
Mais, tout en reconnaissant les prodigieux résultats de cette division, tout en voyant désormais en elle la véritable base fondamentale de l’organisation générale du monde savant, il est impossible, d’un autre côté, de

n’être pas frappé des inconvénients capitaux qu’elle engendre, dans son état actuel, par l’excessive particularité des idées qui occupent exclusivement chaque intelligence individuelle. [...]
De l’aveu de tous, les divisions établies pour la plus grande perfection de nos travaux, entre les diverses branches de la philosophie naturelle, sont finalement artificielles. [...]

Craignons que l’esprit humain ne finisse par se perdre dans les travaux de détail. [...]
Le véritable moyen d’arrêter l’influence délétère dont l’avenir intellectuel semble menacé, par suite d’une trop grande spécialisation des recherches individuelles, ne saurait être, évidemment, de revenir à cette antique confusion des travaux, qui tendrait à faire rétrograder

l’esprit humain, et qui est d’ailleurs, aujourd'hui, heureusement devenue impossible. Il consiste, au contraire, dans le perfectionnement de la division du travail elle-même. Il suffit, en effet, de faire de l’étude des généralités scientifiques une grande spécialité de plus. [...] »
+ Lire la suiteCommenter  J’apprécie          40

Alexis de Tocqueville
Alexis de Tocqueville

J’ai vécu avec des gens de lettres, qui ont écrit l’histoire sans se mêler aux affaires, et avec des hommes politiques, qui ne se sont jamais occupés qu’à produire les événements sans songer à les décrire. J’ai toujours remarqué que les premiers voyaient partout des causes générales, tandis que les autres, vivant au milieu du décousu des faits journaliers, se figuraient

volontiers que tout devait être attribué à des incidents particuliers, et que les petits ressorts, qu’ils faisaient sans cesse jouer dans leurs mains, étaient les mêmes que ceux qui font remuer le monde. Il est à croire que les uns et les autres se trompent.

Je hais, pour ma part, ces systèmes absolus, qui font dépendre tous les événements de l’histoire de grandes causes

premières se liant les unes aux autres par une chaîne fatale, et qui suppriment, pour ainsi dire, les hommes de l'histoire du genre humain. Je les trouve étroits dans leur prétendue grandeur, et faux sous leur air de vérité mathématique. Je crois, n'en déplaise aux écrivains qui ont inventé ces sublimes théories pour nourrir leur vanité et faciliter leur travail, que beaucoup de faits

historiques importants ne sauraient être expliqués que par des circonstances accidentelles, et que beaucoup d'autres restent inexplicables ; qu'enfin le hasard ou plutôt cet enchevêtrement de causes secondes, que nous appelons ainsi faute de savoir le démêler, entre pour beaucoup dans tout ce que nous voyons sur le théâtre du monde ; mais je crois fermement que le hasard n'y fait rien, qui

ne soit préparé à l'avance. Les faits antérieurs, la nature des institutions, le tour des esprits, l'état des mœurs, sont les matériaux avec lesquels il compose ces impromptus qui nous étonnent et nous effraient. + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          72

Alexis de Tocqueville
Alexis de Tocqueville

Ce n’est pas que je croie que les accidents n’ont joué aucun rôle dans la révolution de Février ; ils en ont eu au contraire un très grand, mais ils n’ont pas tout fait.

J’ai vécu avec des gens de lettres, qui ont écrit l’histoire sans se mêler aux affaires, et avec des hommes politiques, qui ne se sont jamais occupés qu’à produire les événements sans songer à

les décrire. J’ai toujours remarqué que les premiers voyaient partout des causes générales, tandis que les autres, vivant au milieu du décousu des faits journaliers, se figuraient volontiers que tout devait être attribué à des incidents particuliers, et que les petits ressorts, qu’ils faisaient sans cesse jouer dans leurs mains, étaient les mêmes que ceux qui font remuer le monde. Il

est à croire que les uns et les autres se trompent.

Je hais, pour ma part, ces systèmes absolus, qui font dépendre tous les événements de l’histoire de grandes causes premières se liant les unes aux autres par une chaîne fatale, et qui suppriment, pour ainsi dire, les hommes de l'histoire du genre humain. Je les trouve étroits dans leur prétendue grandeur, et faux sous leur

air de vérité mathématique. Je crois, n'en déplaise aux écrivains qui ont inventé ces sublimes théories pour nourrir leur vanité et faciliter leur travail, que beaucoup de faits historiques importants ne sauraient être expliqués que par des circonstances accidentelles, et que beaucoup d'autres restent inexplicables ; qu'enfin le hasard ou plutôt cet enchevêtrement de causes secondes,

que nous appelons ainsi faute de savoir le démêler, entre pour beaucoup dans tout ce que nous voyons sur le théâtre du monde ; mais je crois fermement que le hasard n'y fait rien, qui ne soit préparé à l'avance. Les faits antérieurs, la nature des institutions, le tour des esprits, l'état des mœurs, sont les matériaux avec lesquels il compose ces impromptus qui nous étonnent et nous

effraient.

La révolution de Février, comme tous les autres grands événements de ce genre, naquit de causes générales fécondées, si l'on peut parler ainsi, par des accidents ; et il serait aussi superficiel de la faire découler nécessairement des premières, que de l'attribuer uniquement aux seconds. + Lire la suiteCommenter  J’apprécie         

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Paul Krugman
Paul Krugman

Je pense, pour ma part, que les seuls obstacles structurels importants à la prospérité du monde sont les doctrines obsolètes qui encombrent l'esprit des hommes.

Gotthold Ephraim Lessing
Gotthold Ephraim Lessing

Et Mars, jeté par cette grande pierre,

‛Επτὰ δ 'επέσχε πέλεθρα - -

couvert sept sabots. Il est impossible au peintre de donner à Dieu cette extraordinaire grandeur. Mais s'il ne le lui donne pas, alors ce n'est pas Mars, pas Mars homérique, mais un guerrier ordinaire .

Quintus Calaber a imité cette bataille invisible des dieux dans son douzième livre (v. 158-185) avec l'intention non indistincte de pour améliorer son modèle. Car il semble que le grammairien ait trouvé indécent qu'un dieu soit jeté à terre avec une pierre. Il laisse aussi les dieux lancer de gros morceaux de roche qu'ils arrachent à Ida; mais ces roches se brisent sur les membres

immortels des dieux et tombent autour d'eux comme du sable:

- - - .DELTA..di élu contre Οι κολώνας
Χερσὶν απορρήξαντες απ 'ούδεος' Ιδαίοιο

Βάλλον επ 'αλλήλους · αι δὲ ψαμάθοισι ομοιαι
' Ρεια διεσκίδναντο · θεων περὶ δ

'άσχετα γυια
' Ρηγνύμεναι διὰ τυτθά - -
Artifice qui gâche l'essentiel. Cela augmente notre conception des corps des dieux et rend ridicules les armes qu'ils utilisent les uns contre les autres. Si les dieux se jettent des pierres les uns sur les

autres, ces pierres doivent également pouvoir endommager les dieux, ou nous croyons voir des garçons aveugles se lancer des boules de terre les uns sur les autres. Aussi le vieil Homère reste-t-il toujours le plus sage, et toute la réprimande avec laquelle le juge de l'art ancien le place, toute la compétition dans laquelle s'engagent les petits génies avec lui, ne sert qu'à mettre sa

sagesse sous son meilleur jour. Cependant, je ne veux pas nier que dans l'imitation de Quintus, il n'y a pas de très bons traits qui le caractérisent. Pourtant, il y a des traits qui ne conviennent pas à la taille modeste d'Homère, que d'honorer le feu orageux d'un nouveau poète. Que le cri des dieux, qui sonne haut dans le ciel et profondément dans l'abîme, qui secoue la montagne, la ville

et la flotte, ne soit pas entendu par les gens, me semble être un tournant très significatif. Les cris étaient plus grands que les minuscules outils de l'audition humaine ne pouvaient saisir.

.
Longin dit qu'il lui semble souvent qu'Homère voulait élever son peuple à des dieux et réduire ses dieux à des hommes. La peinture accomplit cette dégradation. Tout ce que le

poète place encore les dieux au-dessus du peuple divin y disparaît complètement. Grandeur, force, vitesse, dont Homère a encore un degré plus élevé et plus merveilleux en réserve pour ses dieux qu'il n'en donne à ses plus excellents hérosEn termes de force et de vitesse, personne qui a même traversé Homère une fois ne niera cette affirmation. Mais peut-être ne devrait-il pas se

souvenir immédiatement de l'exemple dont il est évident que le poète a également donné à ses dieux une taille physique qui dépasse de loin toutes les dimensions naturelles. Je le renvoie donc au casque de Minerve (Κυνέην εκατὸν πολέων πρυλέεσσ

'αραρυι̃αν. qu'une centaine de villes peuvent mettre sur le terrain, se cacher; aux pas de Neptunus (Iliade. N. v. 20), mais principalement aux lignes de la description du bouclier où Mars et Minerve conduisent les troupes de la ville assiégée: (Iliade. Σ. v.

- - 'Ηρχε δ' άρα

σφιν 'Άρης καὶ Παλλάς Αθὴνη
' Άμφω χρυσείω, χρύσεια δὲ είματα έσθην,
Καλὼ καὶ

μεγάλω σὺν τεύχεσιν, ως τε θεώ περ,
'Αμφὶς αριζήλω · λαοὶ δ' υπολίζονες ησαν.
Même les

interprètes d'Homère, anciens et nouveaux, ne semblent pas toujours s'être suffisamment souvenus de cette merveilleuse stature de ses dieux; ce qu'il faut retenir des explications apaisantes qu'ils croient devoir donner sur le grand casque de Minerva. (Voir l'édition Clarkisch-Ernestische d'Homère au passage cité.) Mais on perd infiniment beaucoup du côté du sublime si l'on ne pense qu'aux

dieux homériques dans la taille habituelle dans laquelle on les prend en compagnie de mortels être gâté de voir sur le mur de lin. Si, cependant, la peinture n'est pas autorisée à la représenter dans ces dimensions transcendantes, alors la sculpture peut, dans un certain sens, le faire; et je suis convaincu que les anciens maîtres, comme la formation des dieux en général, donc aussi le

colossal, qu'ils ont souvent donné à leurs statues, auxquelles Homère a emprunté. (Hérodote. Lib. II. P. 130. Edit. Wessel.) Diverses remarques sur cet aspect colossal en particulier, et pourquoi il est si grand en sculpture mais sans effet du tout en peinture, je réserverai une autre place.

, doit sombrer dans la mesure commune de l'humanité dans la peinture, et Jupiter et

Agamemnon, Apollon et Achille, Ajax et Mars, deviennent complètement les mêmes êtres, qui ne peuvent être connus que dans des traits convenus de l'extérieur.
Le moyen que la peinture utilise pour nous faire comprendre que dans ses compositions ceci ou cela doit être considéré comme invisible est un mince nuage dans lequel elle l'enveloppe du côté des personnes impliquées. Ce nuage

semble être emprunté à Homère lui-même. Car si, dans l'agitation de la bataille, l'un des héros les plus importants entre en danger, dont aucun autre pouvoir que le pouvoir divin ne peut le sauver: le poète laisse la divinité protectrice le couvrir dans un épais brouillard ou dans la nuit, et ainsi l'emmener loin ; que le Paris de l' Iliade deVénus . Γ. v. 381., l'Idaeus de l'

Iliadede Neptune . Ε. v. Le 23, l'Hector d'Apollon Iliad. Υ. v. 444.. Et Caylus n'oubliera jamais ce brouillard, ce nuage, à recommander à l'artiste de la meilleure façon possible lorsqu'il esquisse pour lui les tableaux de tels événements. Mais qui ne voit cela chez le poète, être enveloppé de brouillard et de nuit n'est censé n'être qu'une expression poétique à rendre

invisible? Cela m'a donc toujours aliéné de réaliser cette expression poétique et de trouver un vrai nuage attaché au tableau, derrière lequel le héros, comme derrière un mur espagnol, est caché à son ennemi. Ce n'était pas l'opinion du poète. Cela signifie dépasser les limites de la peinture; car ce nuage est ici un véritable hiéroglyphe, un simple signe symbolique qui ne rend pas

invisible le héros libéré, mais interpelle le spectateur: il faut l'imaginer invisible.

Il est vrai qu'Homère laisse Achille, tandis qu'Apollon ravit Hector, le poignarder trois fois au brouillard épais avec sa lance: τρὶς δ 'ηέρα τύψε βαθει̃αν Ibid. v. 446.. Mais même cela

ne signifie rien de plus dans la langue du poète que le fait qu'Achille était si en colère qu'il a poussé trois fois de plus avant de se rendre compte qu'il n'avait plus son ennemi devant lui. Achille ne voyait pas de vrai brouillard, et tout le truc avec lequel les dieux rendaient invisibles n'était pas non plus le brouillard, mais l'enlèvement rapide. Juste pour indiquer en même temps que

l'enlèvement se produira si rapidement qu'aucun œil humain ne peut suivre le corps ravi, le poète l'enveloppe d'abord de brouillard; non pas parce que l'on voit un brouillard au lieu du corps enlevé, mais parce que nous pensons que ce qui est dans le brouillard n'est pas visible. C'est pourquoi il le retourne parfois et, au lieu de rendre l'objet invisible, laisse le sujet être frappé de

cécité.Iliad. Y. c. 321.. En fait, cependant, les yeux d'Achille sont aussi peu obscurcis ici que les héros ravis enveloppés de brouillard; Au lieu de cela, le poète n'ajoute que l'un et l'autre pour rendre plus sensible l'extrême rapidité de l'enlèvement, que nous appelons disparition.

Les peintres, cependant, ont fait sien le brouillard homérique non seulement dans les cas

où Homère lui-même en avait besoin ou en aurait eu besoin: quand il est devenu invisible, quand il a disparu, mais partout où le spectateur est censé reconnaître quelque chose dans la peinture qui est Les personnes présentes dans le tableau ne les reconnaissent pas toutes ou certaines d'entre elles. Minerva n'était visible par Achille que lorsqu'elle l'a empêché de s'engager dans des

activités contre l'Agamemnon. Pour exprimer cela, dit Caylus, je n'ai d'autre conseil que de les couvrir d'un nuage du côté du reste du conseil. Complètement contre l'esprit du poète. Être invisible est l'état naturel de ses dieux; il n'est pas nécessaire d'éblouir ou de couper les rayons de lumière afin qu'ils ne puissent pas être vusHomère permet également aux divinités d'être

couvertes dans un nuage de temps en temps, mais + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          00

Giorgio Vasari
Giorgio Vasari

Buffalmacco, homme aussi bizarre dans son costume que dans sa manière de vivre, était allé travailler dans ce couvent [monastère des religieuses deFaenza] sans chaperon et sans manteau. Les religieuses, qui le regardaient quelquefois à la dérobée, se plaignirent à l’économe de ce qu’il restait ainsi en chemisette ; puis, craignant que ce ne fût qu’un broyeur de couleurs, elles

firent dire par l’abbesse à Buffalmacco qu'elles voudraient voir à l’œuvre le maître lui-même. Notre Buonamico répondit courtoisement qu’il s’apercevait bien du peu de confiance qu’il inspirait, mais que son devoir était de leur obéir. Lorsqu’il se vit seul, il affubla d’un chaperon et d’un manteau, dont les plis tombaient jusqu’à terre, deux escabeaux et un broc dans le

goulot duquel il ajusta adroitement un pinceau. Les religieuses ayant entrevu ce maître postiche majestueusement drapé, pensèrent qu’il consacrait tous ses soins et toute son attention à quelques importants morceaux qu’il n’osait confier à son ouvrier ; elles se retirèrent donc discrètement et fort satisfaites. Quinze jours se passèrent sans nouvelle inspection de leur part, et sans

que Buonamico remît le pied dans le couvent. Enfin, un soir, croyant que le maître était parti, nos religieuses coururent admirer les chefs-d’œuvre qu’il avait dû laisser. Quelle ne fut pas leur confusion en découvrant l’artiste qui depuis quinze jours tenait solennellement son pinceau élevé dans les airs ! Elles comprirent la leçon, et chargèrent leur économe de rappeler

Buonamico qui leur apprit qu’un homme est tout différent d’un broc et de deux escabeaux, et qu’il ne faut pas juger une œuvre par les vêtements de l’ouvrier. + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          31