;la cuisine initiale avait été détruite, puis reconstruite il y avait plus de trente ans, dans un style que l'on pouvait qualifier uniquement de regrettable. Entièrement vert olive, les plans de travail, le four, la cuisinière et le réfrigérateur s'étaient plus ou moins décolorés. Résultat, on avait l'impression de pénétrer à l'intérieur d' un immense avocat. Le linoléum
craquelé, d'un joyeux jaune éclatant jadis, avait pris la couleur des dents cariées.
Dans le contexte des relations raciales en Amérique, les rapprochements sont inévitables. Au cours des négociations avec la ligue, on trouve toujours un joueur pour comparer la NBA à "une plantation", et Dag refuse en général de cautionner cette interprétation.
Dans les plantations, personne n'a jamais gagné des millions de dollars pour faire la pub d'une marque de baskets.
Néanmoins, force est de constater que la classe des propriétaires ressemble à un négatif des joueurs de la ligue.
Il sait bien qu'il n'est pas en son pouvoir de balayer des siècles d'inégalités. Mais arracher un contrat max à Jay Gladstone, c'est autre chose. Ça, il sent qu'il en est capable.
Et d’abord, que représente donc Imani Mayfield pour Aviva ? Est-elle une simple camarade de fac, ou bien Aviva traverse-t-elle une phase lesbienne sociologiquement obligatoire ? À l’instar d’un grand nombre de personnes de son entourage, Jay est progressiste en matière de sexualité, il est favorable au mariage homosexuel et pour l’égalité des LGBT, mais au fond de lui-même, il
souhaite fortement ne pas avoir un enfant gay, essentiellement parce qu’il devine que l’homosexualité rendre la vie de cet enfant plus difficile. En outre, aucun individu ouvertement gay n’ayant croisé son chemin avant qu’il aille à l’Université, ils ont toujours été à ses yeux comme des Bulgares ou des Fidjiens, en quelque sorte : des êtres parfaitement acceptables, mais
indéniablement exotiques. Il met ces préjugés rudimentaires sur le compte de son époque, refuse de se laisser torturer par cette question et fait un don annuel au GMHC, un organisme de lutte contre le sida. Mais que signifiait ce baiser sur la bouche à l’aéroport ? Si sa fille est réellement gay (c’est très bien !), sa petite amie est noire. Même si cela ne pose aucun problème en
soi, dans les deux cas, pour un contemporain du Spoutnik, c’est… Il ne sait quel mot employer. Dérangeant ? Non, c’est trop fort. Déconcertant ? Oui, on s’en approche, mais ce n’est pas exactement ça non plus car en avouant être déconcerté il reconnaitrait qu’il y a là quelque chose de dérangeant. + Lire la suiteCommenter  J’apprécie         50
[I]ls n’avaient jamais exprimé quoi que ce soit qui ressemble aux sentiments qu’ils éprouvaient l’un pour l’autre, en dehors de ce mépris discret qui est la lingua franca de tant de relations entre frères.
C'était Memo qui allait le tuer. Marcus se prépara ; il vivait son ultime instant de conscience, la limite épistémologique, l'unification avec l'univers.
La détonation assourdissante du coup de feu résonna contre les montagnes et dans le ciel infini.
Marcus RIPPS était mort...
Fléau mériterait de belles funérailles et Hard regrette de ne pas pouvoir les lui offrir. Il avait envisagé, un court instant, d’utiliser la technique des Vikings sur la Salton Sea, mais il serait difficile de se procurer un petit bateau en si peu de temps dans le désert, et si jamais quelqu’un le surprenait, il aurait du mal à expliquer ce que faisait le chef de la police de Desert Hot
Spring avec un rottweiler à moitié congelé et un canot en flammes.
Boris a tout intérêt à ce que Jay en mette plein la vue à la Commission d’urbanisme. Si tout se passe comme prévu, une fois ce projet achevé, il deviendra quelqu’un d’incontournable, au sein du groupe mais aussi dans le monde hobbesien de l’immobilier new-yorkais. À des années-lumière de ses origines. Boris est le fils d’un émigré soviétique nommé Marat Reznikov qui avait
fait partie de la première poignée de Juifs autorisés à quitter le paradis des travailleurs, à l’aube de la détente. À New York, la famille Gladstone avait engagé le nouvel arrivant comme collecteur de loyers, un emploi ingrat, destiné à un individu que l’usage de la violence ne rebutait pas. Le père de Boris correspondait à ce portrait. Ayant su cultiver les bons contacts, il
s’était diversifié et avait fini par acheter une boîte de nuit qui accueillait d’autres Russes de Brooklyn, et d’où il gérait diverses activités illégales très rentables. Bien qu’intelligent, Marat était une brute. Contrairement à Boris. Celui-ci aimait lire, jouer aux échecs et ne possédait pas le penchant de son père pour le pillage. Le vieux Reznikov en était conscient, et
il avait voulu que son fils gagne sa vie de manière honnête, alors il avait appelé Jay Gladstone, qui avait donné un travail à Boris.
Le jeune Ukraino-Américain a su tirer profit de la chance qu’on lui offrait. Il a étudié le monde de l’immobilier, il connaît son histoire, ses acteurs, ses tendances. Jay aime bien le fait que Boris roule en Toyota, alors qu’il aurait pu
s’acheter une voiture plus tape-à-l’œil. + Lire la suiteCommenter  J’apprécie         30
« Grâce à qui tu conduis cette Maybach ?
– J’apprécie que tu acceptes que je sois ton agent, Dag.
– Alors, rappelle Church. »
De là où il se trouve, Jamal a vue sur le jardin de derrière, méticuleusement entretenu. La piscine est encore couverte, mais dans quelques semaines, on roulera la bâche et le soleil fera scintiller l’eau bleu outremer. Jamal songe à
tout ce qu’il a mis sur pied pour Dag, les associations caritatives comme la Fondation D’Angelo Maxwell et le Tournoi estival D’Angelo Maxwell, les entreprises dans lesquelles ils sont associés – la ligne de vêtements DagWear et leur société de jeux vidéo naissante, DagTronics -, toutes ces choses, grandes ou petites, dont il s’est occupé pour son illustre client. Et il se demande
pourquoi certaines personnes n’en ont jamais assez.
« Ça ne servira à rien », dit-il.
Jan, laisse moi te poser une question. Je ne veux pas que tu le prennes mal surtout...
- Quoi ?
- Est-ce qu'un jour on refera l'amour ?
- Evidemment
- Tu ne peux pas me dire quand ?
- Je m'inquiète pour les yeux de ma mère, Marcus. Elle croit qu'elle est en train de devenir aveugle.
[...]
Quelle doit être la stratégie d'un homme marié
quand sa vie sexuelle a été kidnappée par l'état de santé de sa belle mère ?
[...]
Je peux te poser une question ? dit-elle
- Tu crois que tu pourrais mettre ma mère sur ta mutuelle ?
Cette question sonna le glas de la soirée.
... "peut être pouvons nous considérer l''esclavage comme une horreur subies par les juifs et les noirs, et voir dans cette souffrance partagée un moyen de rapprocher les deux peuples car, quand on y réfléchit, nous avons beaucoup de choses en commun. " p277
"Jetant un coup d’œil dans le salon, Marcus découvrit Tommy le Samoan affalé dans le canapé à deux places, avec Bertrand Russell (c'est le nom du chien) sur les genoux. Il caressait le cou du chien en pinçant la peau entre ses doigts pareils à des francforts. Bertrand Russell semblait aimer ça."
Bien que Vonda Jean ne soit pas très impressionnante, surtout quand on la voit à côté de son imposant mari, Hard a peur d'elle. Sa colère peut être terrible, et Hard n'a aucune envie de la provoquer. Après quelques-unes des scènes les plus virulentes de sa femme, il a été tenté de la gifler, mais ce qui retient sa main, c'est le fait de savoir qu'il ne pourra jamais la tuer, alors qu'il
la croit parfaitement capable de le flinguer dans son sommeil.
Plus personne ne s'intéresse aux tragédies des rois. Cette époque est révolue. De nos jours, la question est de savoir qui est le plus lésé, qui gémit le plus fort. Quelqu'un comme vous n'a pas le droit de se plaindre. Interdit! Les gens se moquent de votre histoire. On vit à l'Ère des Victimes, et vous êtes mal placé pour jouer les victimes. Vous savez aussi ce que vous n'êtes pas non
plus? Un héros. Vous, mon vieux, vous êtes le méchant. Notre boulot, c'est de faire de vous le héros.