Michel Butel
Michel Butel

Oraisons

A ceux qui n'ont jamais fait d'affaires
A ceux qui ne font pas affaire
A ceux qui ne font pas l'affaire

A ceux qui ne savent pas comment faire
A ceux qui ne savent plus quoi faire
A ceux qui font ce qu'ils ont à faire

A ceux qui ne savent rien
A ceux qui servent à rien
A ceux qui ne se sentent pas bien
A ceux

qui ne tombent pas bien

A ceux qui ne parlent pas
A ceux à qui on ne parle pas
A ceux de qui on ne parle pas
A ceux qui ne parleront pas

2710 – [p. 41] Michel Butel

Michel Butel
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J'ai appris des Indiens qu'une identité est d'abord un secret. On ne peut partager qu'avec qui sait se taire.

1579 - [p. 102] Jean Monod - Ethno - Le Chemin de la liberté

Michel Butel
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Ma vie et ma façon d'écrire sont une seule et même chose. Et plus je progresse sur mon chemin d'écrivain, plus je m'aperçois que c'est un chemin très singulier. Je pense d'ailleurs que cette singularité fait bon ménage avec le fait d'être inconnu. Je ne suis décidément pas quelqu'un de public. Je publie, bien sûr, parce que l'idée me plaît d'un rapport intime et fécond, dans une

sorte d'absence, avec des inconnus. Mais de là à faire effort pour une plus grande diffusion, j'en suis bien incapable.

1577 - [p. 102] Jean Monod - Ethno - Le Chemin de la liberté

Michel Butel
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J'écris comme un homme pour qui l'écriture est un accident de l'histoire. Pour, dans l'écriture, faire passer une autre histoire. Cette histoire, je peux la dire de bien des manières, mais prenons celle-ci : dès lors que l'on considère l'existence humaine comme la forme ultime dans le cycle des réincarnations - s'il y en a un... - il est intéressant de la vivre dans la pleine

considération de sa folie.

1627 - [p. 114] Jean Monod - Ethno - Le Chemin de la liberté

Michel Butel
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A quoi servent les livres ?

A marcher le long des fleuves, à embrasser dans le cou l'être aimé, à attendre le jour où l'on partira enfin aux îles Boromées, à regarder dormir un enfant, à interrompre sa lecture pour écouter Eric Dolphy, à cueillir un abricot à l'arbre, à penser la nuit aux amis qui sont morts, à se coucher dans l'herbe au mois de mai vers cinq heures de

l'après-midi.

2711 – [p. 18] Michel Butel

Michel Butel
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Si la peur du loup est universelle, cette idée du « dévorant » est bizarrement typiquement française. En Italie, en Grèce, en Espagne et en Amérique du Nord, où il existe encore des loups sauvages, on ne partage pas ce sentiment. La peur y est totalement désincarnée. Il est troublant de constater qu'en notre doux pays, la peur du loup se confonde de manière générale avec celle de

l'étranger. Qu'il s'agisse de la Bête des Vosges aperçue dans le courant de l'hiver 1977-1978 ou de la Bête des Cévennes qui sévit en 1812, on s'empresse de préciser que ces monstres sont d'une espèce inconnue en nos contrées. On évoque immanquablement le cas de solitaires qui traversent parfois nos frontières pour se repaître de notre bétail et ruiner nos agriculteurs à défaut de

goûter de la chair humaine. Il en fut évidemment de même en Gévaudan au (18e) siècle... L'une des théories de Gérard Ménatory est que ce carnassier (qui dévora presque exclusivement des enfants et des jeunes femmes) était en réalité un chien de guerre de la race mâtins de Naples, conduit à tuer et dressé par un psychopathe demeurant dans la région.

1659 - [p. 118] Le

maître des loups, par Véronique Lesueur + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          70

Michel Butel
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En 1949, l'armée monarchiste grecque soutenue par les Britanniques écrase le général Markos, chef des communistes grecs, au mont Grammos. A cette nouvelle, plus de 90 000 Macédoniens fuient les massacres qui s'ensuivent. Non pas qu'ils soient tous communistes, mais Markos a réussi à recruter plus de la moitié de ses soldats parmi les Macédoniens : « Ensemble nous libérerons la

Macédoine », leur avait-il dit en substance. Le mensonge était trop gros et les volontaires macédoniens découvrent l'impensable « téléguidage » moscovite. Ils sont arrêtés et envoyés dans les camps soviétiques d'Asie mineure. Les autres sont livrés aux monarchistes et déportés dans les îles. Dans le même temps, 28 000 enfants macédoniens sont pris par les communistes et

éparpillés aux quatre coins du globe. « C'est ça, ou les monarchistes les tueront ! »

1674 - [p. 147] Macédoine, par Jean-Christophe Nothias

Michel Butel
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Quand on regarde le Soleil se lever, à l'équinoxe du printemps, la constellation qui est au-dessus de lui, actuellement, c'est le Verseau. Il y a mille ans, c'était le Poisson. C'est-à-dire que le Soleil, chaque millénaire, semble avancer d'une constellation à l'autre, dans ce qu'on appelle le sens diurne, à rebours du trajet qu'il fait pour parcourir le zodiaque en un an.

Dans

toutes les civilisations où l'observation astronomique a été opérante, la détermination de la position du Soleil à l'équinoxe de printemps - ou, entre les Tropiques, lorsqu'il est au Zénith - a fixé le commencement de l'année et son point d'équilibre. La constellation présente à l'est, mais cachée, était considérée comme le chiffre de l'infini, transmis par le Soleil messager.

Donc, à chaque fois, ç'a été le Dieu : il y a eu les dieux Jumeaux, le dieu Taureau, ensuite le Bélier, puis les Poissons, que les chrétiens ont choisi comme emblème de leur ère naissante. Or, tout s'est passé comme si chaque changement d'ère - le début de ce que les Grecs appelaient « la grande année » -, avait été marqué par des cataclysmes précédent l'intronisation d'un

nouveau dieu., avec sa nouvelle loi, son nouvel ordre. Alors, quelles secousses, pour marquer l'entrée dans le Verseau ? La bombe atomique, bien sûr. Mais après ? Maintenant ?

1608 - [p. 110] Jean Monod - Ethno - Le Chemin de la liberté + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          50

Michel Butel
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Epitaphe

Ci-gît celui ou celle qui a fini son livre.
Ami lecteur, passant, récite-lui un poème, une phrase.

Ci-gît l'enfant, par ses poumons entrait dans le vent
Toi qui passes en respirant
Songe à sa voix se déchirant

Ci-gît la jeune femme qui dormait
Toi qui dormais auprès d'elle
Veille encore
Son sommeil

Qui est le tien qui te protège qui est en elle

Ci-gît l'amant le négligent
Toi qui es sans forces
Qui rêve et qui dors après des tombes
Prie pour lui son amour très fort
Fut un linceul une stèle une herbe

Ci-gît celui ou celle qui écrit
Nul n'ignore qu'ils son deux celle ou celui

1574 - [p. 368] Michel Butel

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Bilan macabre de cette insurrection (des Macédoniens contre l'occupation turque en 1903) : 198 villages entièrement détruits et plusieurs centaines saccagés. 12 221 maisons incendiées. 20 000 réfugiés partis en Bulgarie, 70 000 paysans restés sans abri en plein hiver. Entre 2 000 et 4 000 morts, pour la plupart des civils égorgés dans les villages.

1671 - [p. 145]

Macédoine, par Jean-Christophe Nothias

Michel Butel
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Pour les Aryens, le loup était « Varka », le ravisseur d'enfant. Les Hébreux voyaient en lui le grand égorgeur, « Zaal ». Universellement, le fauve est le symbole vivant de l’ultime échéance.

1642 - [p. 113] Le maître des loups, par Véronique Lesueur

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Les maisons piaroa ont la forme d'un sein de femme : rondes, avec un téton.

1588 - [p. 106] Jean Monod - Ethno - Le Chemin de la liberté

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Une des causes de la lycanthropie était la bestialité, et l'on soupçonnait fort les « Meneux » de loups d'avoir des rapports très privilégiés avec leurs louves favorites... On exorcisait alors ce maudit en le tuant, par « accident », à la chasse ou le soir quand on croyait le voir rôder près des fermes pour y accomplir un mauvais coup. Plus souvent encore, on retrouvait ces

solitaires, écologistes et éthologues avant la lettre, abattus d'un coup de carabine ou roués de coup, raides morts dans leur refuge forestier. C'est que le Mal est contagieux ; ces hommes qui aimaient et vivaient avec les animaux étaient maudits par un simple contact avec le loup, que l'on prenait d'ailleurs souvent pour des âmes en peine.

1649 - [p. 114] Le maître des loups,

par Véronique Lesueur

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Ici, en Cévennes vivent pas mal de ceux qu'on appelle des néo-ruraux. Ce sont des gens qui ont de solides capacités artisanales et une liberté sans impatience. Cette liberté leur a fait accepter ce qui peut apparaitre comme pauvreté mais qui, en fait, est richesse. La moindre chose que l'on peut obtenir par ses propres moyens est un pas gagné. Et ce qui est très remarquable, c'est que

beaucoup qui ont fait ce chemin, qui sont partis de rien, ont recréé dans ce pays des possibilités de partage.

1617 - [p. 114] Jean Monod - Ethno - Le Chemin de la liberté

Michel Butel
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J'ai (...) un goût qui s'avive pour l'écriture sous toutes ses formes. J'entends souvent dire qu'écrire empêche de vivre. C'est une parole de romancier. Parfois je me demande si j'écris ce que je vis ou si je fais des expériences pour avoir quelque chose à écrire. La vérité est que j'écris au plus près d'une parole qui me frappe par son absence.

1578 - [p. 102] Jean Monod

- Ethno - Le Chemin de la liberté

Michel Butel
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... au procès Barbie, les enfants des victimes sont venus dire ce que représentait pour eux l'absence de tombes. Le fils d'un déporté a raconté qu'un matin de février 1943 son père était parti : ce fut la rafle de l'UGIF au cours de laquelle quatre-vingt-six personnes furent arrêtées à Lyon rue Sainte-Catherine; il disait simplement "Mon père est parti, il n'est jamais revenu, et nous

les enfants, nous n'avons rien à quoi nous raccrocher. Ils sont partis, ils ne sont pas revenus, mais où sont-ils?"
Ce témoignage m'a bouleversée, un sentiment identique m'habitait: il ne restait rien de mon père, sauf un petit bout de tissu de son costume. Quand j'ai raconté à ma mère cet épisode, je lui ai confié que s'il existait une tombe de mon père, je me sentirais mieux.

C'est comme cela qu'elle m'a appris qu'il y en avait une au cimetière militaire de Bron. Et comme je lui reprochais de ne me l'avoir jamais dit, elle m'a répondu " Tu ne me l'as jamais demandé"... En fait, tous les " morts pour la France " avaient été regroupés ailleurs au cimetière de La Doua dans la banlieue lyonnaise. A ma demande, le gardien a sorti une fiche écrite avec de l'encre

violette à la main "Robert Kahn, dit Renaud, tombe n° 15". C'était en juillet 1987. Découvrir la tombe de son père à quarante-sept ans, ça fait un drôle d'effet.

931 - [p. 197] Annette Kahn + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          10