"Salut, Kimy. Je t'emmerderai plus, promis. T'as été chouette. J'irai me fournir au Big Ben. Ou je retournerai voir cet enfoiré de Malik. Si je le laisse m'enculer, il me donne parfois une dose. Au fait, en parlant d'amour : Lilou n'arrête pas de m'appeler, d'appeler tout le monde d'ailleurs, de pleurnicher et de brailler. Elle nous fait chier. Tu devrais peut-être la sextoter."
Dans les maisons éventrées par les obus ,les hommes avaient parfois le temps de faire un brin de toilette ,à l'aide d'une bassine réchauffée au feu de bois. Certains avaient déjà eu l'occasion d'apercevoir les cicatrices qu'arborait le meneur du duo : quatre impacts de balles lui dessinaient sur la poitrine un collier d'étoiles. ( page 549).
Il ne s'était pas du tout attendu à ça, mais pas du tout ! Kimy et le mec étaient assis à une table immense, l'un en face de l'autre. Et il ne la besognait pas. une bouteille de l'ait, du chocolat en poudre et des bols étaient posés devant eux. Du chocolat ! Des bouquins traînaient auprès d'eux. Des bouquins ! Kimy en manipulait un. Le type blablatait, un péteux bon chic bon genre, en
agitant les mains, tandis qu'elle lisait le dos du livre. C'était pire que ce qu'il avait imaginé. Si ç'avait été une histoire de baise, il n'y aurait pas eu trop de souci à se faire. La Kimy avait les yeux brillants tandis qu'elle l'écoutait.
C'était la première fois qu'un site proposait une version intégrale d'un assassinat, depuis l'enlèvement des victimes jusqu'aux recherches sur la scène du crime. Et lui,Vivardoux,il possédait toutes les demi-clés d'accès. Un magot rondelet-la somme donnait le vertige si l'on mettait bout à bout tous les paiements déjà effectués--mais quel chef-d'oeuvre !Ce serait un classique des
annales criminelles du Dark Net et tout collectionneur digne de ce nom se devait d'en posséder chaque partie.( page 274).
Quand Askan se posta de l’autre côté de la table et qu’il plaça la boîte à outils entre eux , Mauricette sut qu’elle ne mourrait pas de sa belle mort .
"Ils reprennent en chœur:
" Joyeux anniversaire, salope ! Joyeux anniversaire, salope ! Joyeux anniversaire salope ! Joyeux anniversaire !"
Ils l'ont encerclées, hilares, à poil. Ils sont tous là, son père, son oncle, Simplet, Waldberg, Delveau, Beloncle. Elle est à quatre pattes au milieu de la meute, fragile et nue, déchirée de sanglots. Son père la maintient par les
cheveux.
Elle s'appelle Kimy.
Ce soir, on fête ses quinze ans."
L'espoir n'était qu'une allumette craquée dans un océan de ténèbres.
La loi lui sembla soudain inefficace, châtrée, drapant sous de grands principes son impotence vantarde.
Leurs yeux s’habituèrent à la pénombre et Milovan reprit son voyage dans le temps, sans se soucier des immondices qui jonchaient le sol. A sa droite, le mur du garage s’arrêtait net et donnait dans l’autre partie du sous-sol, qu’ils appelaient “la cave”, ses parents, sa soeur et lui. Milovan sanglotait maintenant. Secoué de hoquets, il désignait du doigt les fantômes des objets
d’autrefois.
“Là, il y avait l’établi de mon père. Et là, du bois et du chardon. Ici, un gros tas de pommes de terre. C’est ici, juste ici que j’ai essayé de me cacher.”
L’avocate décida de ne plus rien dire du tout. Là où il se rendait, Milovan devait cheminer seul.
Il se retourna et montra l’escalier.
“Ils sont descendus par là. Ils
vociféraient. Hideux. Terrifiants. Le premier à avoir posé le pied par terre a abattu mon père, sans sommation. Il n’était même pas armé. Bang. En pleine tête. Là, précisément là, gisait son corps, sa cervelle répandue, et ici, ils se sont mis en rond, ma mère et ma soeur au milieu, elles hurlaient, là, toute la journée, saloperie de merde … saloperie de merde …” +
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Mauricette n'ignorait rien des activités de Jacky : elle y participait. La vie lui avait été dure, à la vieille, et rien de ce qui était illégal ne la rebutait. Juste revanche, pensait-elle, un coup rendu pour un coup donné. Une partie de l'argent de Jacky se blanchissait dans son café épicerie et Mauricette touchait sa part. Les prostituées y exerçaient à tour de rôle leurs talents
dans l'arrière-salle. Kimy ne le savait que trop bien. Cela ne jouait pas peu dans le succès du boui-boui. Nombre de petits pécores acnéiques y avaient laissé leur pucelage, emmenés là par un aîné. Des chasseurs y oubliaient la laideur de leurs épouses ou de leurs filles. Les tapineuses craignaient beaucoup la Mauchrétien. La vieille avait l'oeil à tout, connaissait toutes les ficelles
du métier, et sa langue bien pendue sifflait loin dans l'oreille complaisante de son grand fiston. Mauricette Mauchrétien détestait toutes les femelles en général, et les femmes en particulier.
LE HAVRE,HÔTEL DE POLICE DU BOULEVARD DE STRASBOURG
vendredi 6 janvier 2017,17h19
Le capitaine Radiche se leva et enfila son blouson.Il quitta les locaux de la section criminelle ,situés au deuxième étage de l'hôtel de police,et emprunta l'escalier de service pour se rendre au troisième ,à la brigade des stupéfiants.
Les numéros tournoyaient dans leur tête - 12345.....54213.....25413. Ils découvraient le vertige des probabilités , eux qui n’avaient même pas le brevet des collèges.
elle renonça au livre et se tira du pieu en bougonnant . Elle s’apprêtait à le jeter à la poubelle, mais se ravisa juste au moment où ses doigts allaient le lâcher. Elle le posa sur le bureau. La bouche sèche à cause de la fumette, elle plongea sous le lit, en retira une canette de Carlsberg et se rallongea, retournant à son rêve de vengeance, plein de visions grandioses d'un Jacky
Mauchrétien rampant à ses pieds, avant d'être abattu comme un chien.