Dès qu'un gouvernement ressent le besoin de promettre par voie d'affiches la paix et la prospérité à ses administrés, il convient de se méfier et d'en attendre tout le contraire.
![Ivo Andric](images/avatarlar/pexels-daria-shevtsova-161.png)
.....il ne regarde plus que les livres alignés derrière les vitres, il imagine tout ce qui peut y être écrit et dessiné, il éprouve déjà de la peine à l'idée de devoir en choisir un, et d'avoir à le demander.Il pense au bonheur qui serait le sien, au poids dont il serait instantanément libéré s'il n'était pas obligé de choisir mais pouvait tranquillement, en toute liberté,
fouiller dans les trois armoires et examiner, feuilleter tous les livres. Qu'est donc un seul livre, quand bien même le plus beau, quand on sait qu'il en existe tant de centaines, tant de milliers d'autres? C'est trois ou quatre qu'il faudrait pouvoir prendre afin de ne pas s'angoisser à l'idée d'avoir fini d'un instant à l'autre le seul que l'on ait et de rester sans plus rien à lire.
( Le Livre)
![Ivo Andric](images/avatarlar/pexels-simon-migaj-747.png)
Les désirs sont comme le vent, il déplacent la poussière d'un endroit à un autre, obscurcissant parfois l'horizon, mais finissent par se calmer et retomber, laissant derrière eux l'éternelle et immuable image du monde.
![Ivo Andric](images/avatarlar/pexels-riccardo-bresciani-307.png)
C’est sur ces sentiers que le vent balaie et que la pluie lave et que le soleil infecte et guérit, sur lesquels ne se rencontrent que du bétail martyrisé et des hommes taciturnes au visage sombre, qu’a pris forme ma pensée de la richesse et de la beauté du monde. Là, ignorant et faible et les mains vides, j’ai été heureux jusqu’au vertige, heureux de tout ce qui n’existe pas, ne
peut exister, et n’existera jamais.
![Ivo Andric](images/avatarlar/pexels-riccardo-bresciani-307.png)
« Les petits hommes que nous appelons « enfants » ont leurs grandes douleurs et leurs longues souffrances.»
![Ivo Andric](images/avatarlar/pexels-leonie-fahjen-928.png)
Aux instants où me fatiguait et m’empoisonnait un monde dans lequel je vivais par un mauvais hasard, lorsque l’horizon s’assombrissait et que vacillait la direction, j’étendais alors pieusement devant moi, tel un tapis de prière, le dur sentier, misérable, sublime, de Višegrad, qui apaise toute douleur et efface toute souffrance, car il les contient toutes en lui et toutes les
surplombe.
![Ivo Andric](images/avatarlar/pexels-marius-venter-165.png)
Et là, dans les ténèbres humides, il y avait maintenant, créature surgie d’un autre monde, Smiljka. Immobile, indécise plutôt qu'apeurée, elle promenait sur les garçons le regard que lui donnaient ses grands yeux bleus. Elle pouvait avoir sept-huit ans, mais elle paraissait costaude dans sa robe passée de couleur, râpée dans le bas, qui l’engonçait. Elle se tenait solidement
plantée sur ses jambes nues, éraflées bronzées, dans le potelé et la lourdeur rappelaient les pattes d’un jeune chiot. Elle bredouilla quelques mot dont il ressortit qu’elle était à la recherche d’une chèvre égarée.
(La Tour )
![Ivo Andric](images/avatarlar/pexels-elijah-o'donnell-4.png)
En un mot, à quoi bon posséder beaucoup et être quelqu'un, si l'homme ne peut se libérer de la peur de la pauvreté, de la bassesse en pensée, de la grossièreté en parole, de l'hésitation dans le geste, si la misère invisible mais amère et inéluctable ne le quitte jamais d'un pas [...].
![Ivo Andric](images/avatarlar/pexels-simon-migaj-747.png)
Dans l'exaltation de la jeunesse et dans la fièvre du désir, l'attente et l'incertitude font partie intégrante des délices que l'amour promet.
![Ivo Andric](images/avatarlar/pexels-leonie-fahjen-928.png)
[...] il parlait maintenant de cette révolte comme d'une chose normale. Ce n'était rien, faisait-il dire à Daville, c'était le peuple, la populace, les pauvres gens qui s'étaient soulevés. Cela arrivait de temps en temps. Ils allaient crier et faire du tapage, puis ils se calmeraient. Des vociférations n'avaient jamais tué personne.
![Ivo Andric](images/avatarlar/pexels-simon-migaj-747.png)
Daville avait l'impression par moments que vivre nécessite de nombreux efforts et chacun de ces efforts un courage disproportionné. [...] L'homme, pour ne pas s'arrêter et renoncer, se dupe lui-même, il nie les obligations qu'il n'a pas complètement remplies en les enfouissant sous de nouveaux devoirs, qu'il ne remplira pas complètement non plus, et dans ces nouvelles entreprises et ces
nouvelles tentatives il recherche de nouvelles forces et plus de courage. Ainsi l'homme fraude avec lui-même et devient avec le temps de plus en plus et sans fin débiteur envers lui-même et envers tout ce qui l'entoure.
![Ivo Andric](images/avatarlar/pexels-marius-venter-165.png)
[...] Daville se disait : "Ce qui est terrible, ce n'est pas de vieillir, de décliner et de mourir, mais de voir d'autres hommes, plus jeunes et différents, arriver derrière nous. C'est cela, en fait, la mort. Personne ne nous tire vers la tombe, mais on nous y pousse dans notre dos".