La chance d’avoir du talent ne suffit pas, il faut encore le talent d’avoir de la chance.
![Hector Berlioz](images/avatarlar/pexels-riccardo-bresciani-307.png)
Il y a une Amérique musicale, dont Beethoven a été le Colomb, je serai Pizarre ou Cortèz.
Lettre du 21 avril 1831
![Hector Berlioz](images/avatarlar/pexels-elijah-o'donnell-4.png)
En voyant de quelle façon certaines gens entendent l’amour, et ce qu’ils cherchent dans les créations de l’art, je pense toujours involontairement aux porcs, qui, de leur ignoble groin, fouillent la terre au milieu des plus belles fleurs, et aux pieds des grands chênes, dans l’espoir d’y trouver les truffes dont ils sont friands…
![Hector Berlioz](images/avatarlar/pexels-leonie-fahjen-928.png)
Certains mécaniciens amateurs se livrent parfois à la fabrication des instruments de musique avec le plus grand succès. Ils font même dans cet art d’étonnantes découvertes… Ces hommes ingénieux, autant que modestes, dédaignent néanmoins d’envoyer leurs ouvrages aux expositions universelles, et ne réclament pour eux personnellement ni brevet d’invention, ni médaille d’or, ne le
moindre cordon de la Légion d’honneur.
L’un d’eux vint un jour, en Provence, visiter son voisin de campagne, M. d’O…, célèbre critique et musicien distingué. En entrant dans son salon : « Ah ! vous avez un piano ? lui dit-il.
— Oui, un Érard excellent.
— Moi aussi, j’en ai un.
— Un piano d’Érard ?
— Allons donc ! de
moi, s’il vous plaît. Je me le suis fait à moi-même, et d’après un système tout nouveau. Si vous êtes curieux de le voir, je le ferai mettre demain sur ma charrette, et je vous l’apporterai.
— Volontiers. »
Le lendemain, l’amateur campagnard arrive avec sa charrette ; on apporte le piano, on l’ouvre, et M. d’O… est fort étonné de voir le clavier
composé uniquement de touches blanches. « Eh bien ! et les touches noires ? dit-il.
— Les touches noires ? Ah ! oui, pour les dièzes et les bémols ; c’est une bêtise de l’ancien piano. Je n’en use pas. »
Un rival d"Erard + Lire la suiteCommenter  J’apprécie         101
![Hector Berlioz](images/avatarlar/pexels-simon-migaj-747.png)
Je touche ici au plus grand drame de ma vie. Je n'en raconterai point toutes les douloureuses péripéties. Je me bornerai à dire ceci : un théâtre anglais vint donner à Paris des représentations des drames de Shakespeare alors complètement inconnus au public français. J'assistai à la première représentation d'Hamlet à l'Odéon. Je vis dans le rôle d'Ophélia Henriette Smithson qui,
cinq ans après, est devenue ma femme. L'effet de son prodigieux talent, ou plutôt de son génie dramatique, sur mon imagination et sur mon coeur, n'est comparable qu'au bouleversement que me fit subir le poète dont elle était la digne interprète. Je ne puis rien dire de plus.
Shakespeare, en tombant ainsi sur moi à l'improviste, me foudroya. Son éclair, en m'ouvrant le ciel de l'art
avec un fracas sublime, m'en illumina les plus lointaines profondeurs. Je reconnus la vraie grandeur, la vraie beauté, la vraie vérité dramatiques. Je mesurai en même temps l'immense ridicule des idées répandues en France sur Shakespeare par Voltaire... "...Ce singe de génie. Chez l'homme, en mission, par le diable envoyé" et la pitoyable mesquinerie de notre vieille Poétique de
pédagogues et de frères ignorantins. Je vis... je compris... je sentis... que j'étais vivant et qu'il fallait me lever et marcher. + Lire la suiteCommenter  J’apprécie         60
![Hector Berlioz](images/avatarlar/pexels-riccardo-bresciani-307.png)
![Hector Berlioz](images/avatarlar/pexels-simon-migaj-747.png)
Dernièrement un habitué de l’orchestre de l’Opéra, ne reconnaissant pas la jeune danseuse qui entrait en scène, demanda à un de ses voisins comment elle s’appelait : « C’est Mlle Zina, répondit celui-ci, dont le maillot, vous le savez, s’est décousu le soir de son premier début. — Accident remarquable, ajouta doucement M. Auber qui se trouvait là, car ce fut une des rares
occasions où le décousu a du succès. »
Autre mot de Monsieur Auber
![Hector Berlioz](images/avatarlar/pexels-simon-migaj-747.png)
Lisez par exemple la lettre où il raconte l'exécution de sa première oeuvre, une messe à grand orchestre chantée à Saint-Roch en 1825 : il évoque ses émotions, son agitation fiévreuse qui pensa faire perdre la tête au chef d'orchestre ; il dit le défilé à la sacristie des auditeurs ébahis, le discours en trois points du curé, l'étreinte paternelle du bon Lesueur qui, du premier
jour, l'a deviné homme de génie...
![Hector Berlioz](images/avatarlar/pexels-marius-venter-165.png)
L'ensemble est d'autant plus précieux qu'on n'y peut surprendre aucune solution de continuité. Berlioz nous avait donné une première autobiographie : en voici une seconde, qui n'en est pas seulement le complément, mais se révèle comme une oeuvre intégrale. Ces Lettres ne contredisent pas les Mémoires (si ce n'est sur quelques détails insignifiants). Elles les contrôlent, les précisent
et y ajoutent. Enfin leur récit est plus vivant encore. Aussi faudrait-il bien se garder de ne voir dans cette correspondance qu'un recueil de documents : c'est un livre complet, dont toutes les parties se suivent et s'enchaînent, qu'il faut lire comme on lit un roman par lettres, — Werther, ou la Nouvelle Héloïse, — et les éléments dont il se compose ne sont pas des fictions, mais la
vérité même, l'émanation réelle du plus grand maître qui ait honoré l'art musical en France au XIXe siècle.
![Hector Berlioz](images/avatarlar/pexels-leonie-fahjen-928.png)
Cherubini se promenait dans le foyer de la salle des concerts du Conservatoire pendant un entr’acte. Les musiciens autour de lui paraissaient tristes : ils venaient d’apprendre la mort de leur confrère Brod, virtuose remarquable, premier hautbois de l’Opéra. L’un d’eux, s’approchant du vieux maitre : « Eh bien, M. Cherubini, nous avons donc perdu ce pauvre Brod !... — Eh !...
quoi ? — (Le musicien élevant la voix :) Brod, notre camarade Brod... — Eh bien ? — Il est mort ! — Euh ! petit son !
Sensibilité et laconisme
Une oraison funèbre en trois syllabes
![Hector Berlioz](images/avatarlar/pexels-daria-shevtsova-161.png)
On vient de découvrir que l'hymne national anglais "God save the king" attribué à Lulli, qui aurait composé sur des parole française pour les demoiselles de Saint-Cyr, n'est pas de Lulli. L'orgueil britannique repousse cette origine. Le "God save the king" est maintenant de Haendel; il l'a écrit pour les Anglais, sur le texte anglais consacré.