Eric Berne
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Un petit garçon observe et écoute les oiseaux avec délices. Alors le "bon père" arrive et se dit qu'il devrait "partager" son expérience et aider son fils à se "développer". Il dit : "celui-là est un geai, et celui-ci un moineau." A partir du moment où le petit garçon se préoccupe de ce qu'est un geai et de ce qu'est un moineau, il ne peut plus voir les oiseaux ni les entendre chanter.

Il doit les voir et les entendre de la manière dont son père veut qu'il les voie et les entende. Le père a de bonnes raisons à son actif, car peu de gens peuvent se permettre de traverser la vie en écoutant les oiseaux chanter, et plus vite le petit garçon commence son "éducation", mieux c'est... Quelques personnes, cependant, peuvent encore voir et entendre de cette première manière.

Mais la plupart des êtres humains ont perdu cette capacité.. et n'ont plus la possibilité de voir et entendre directement, même s'ils pouvaient se le permettre. Ils doivent l'obtenir de seconde main.
(trad walkt)

Eric Berne
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Dans tout crapaud sommeille un prince. Il n'y a pas besoin de tuer le crapaud, il suffit de réveiller le prince.

Eric Berne
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Chaque individu placé au sein d'un agrégat social manifestera un état Parental, Adulte ou bien Enfantin de son égo, et ces individus peuvent passer d'un état de l'égo à l'autre avec une aisance plus ou moins grande.

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L'Enfant constitue à beaucoup d'égards la partie la plus précieuse de la personnalité, et peut apporter à la vie individuelle exactement ce que le véritable enfant peut apporter à la vie familiale : le charme, le plaisir et l'esprit créateur.

Eric Berne
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L'autonomie

L'accession à l'autonomie se manifeste par la libération ou le recouvrement de trois facultés : la conscience, la spontanéité, l'intimité.
La Conscience. La conscience est la faculté de voir une cafetière et d'entendre chanter les oiseaux selon sa propre manière et non celle qui vous fut enseignée. On a de bonnes raisons de penser que voir et entendre

présentent une qualité différente pour les jeunes enfants et pour les adultes, et que ces deux facultés sont plus esthétiques, moins intellectuelles, dans les premières années de l'existence. Un petit garçon voit et entend les oiseaux avec ravissement. Puis le "bon père" arrive, estimant de son devoir de "partager" son expérience et d'aider au "développement" de son fils. Il dit : "Ca,

c'est un geai ; celui-ci est un moineau." Dès que le petit garçon s'occupe de savoir lequel est un geai, lequel est un moineau, il cesse d'être en mesure de voir ou d'entendre chanter les oiseaux. Il doit les voir et les entendre de la façon que le veut son père. Le père a de son côté de bonnes raisons, peu de gens pouvant se permettre de passer leur existence à écouter les oiseaux, et

plus tôt commencera l'"éducation" du petit garçon, mieux cela vaudra. Peut-être, quand il sera grand, deviendra-t-il ornithologue. Quelques personnes, pourtant, parviennent toujours à voir et entendre ainsi qu'autrefois. Mais la plupart des représentants de la race humaine ont perdu la faculté d'être peintres, poètes, musiciens, et ne conservent plus le choix de voir et d'écouter

directement, même s'ils peuvent se le permettre ; il leur faut voir et entendre de seconde main. Le recouvrement de cette faculté est ici nommé "conscience". Physiologiquement la conscience est perception éidétique, alliée à des images éidétiques. Peut-être entre-t-il aussi de la perception éidétique, au moins chez certains individus, dans le domaine du goût, de l'odorat et de la

kinesthésie, nous donnant les artistes dans ces domaines : chefs, parfumeurs et danseurs, dont le problème éternel est de trouver un public en mesure d'apprécier leurs productions. + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          90

Eric Berne
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Tandis que j'écris ces lignes, un cloporte traverse mon bureau. Si je le retourne sur le dos, je peux le voir âprement se démener pour se remettre sur pattes. Pendant ce temps, il a un "but" dans la vie. Lorsqu'il y parvient l'on peut presque distinguer son expression de triomphe. Et le voilà reparti. Il est permis de l'imaginer racontant son histoire à la prochaine assemblée des cloportes,

respectueusement considéré par la jeune génération comme le cloporte qui a fait ça. Pourtant, à sa fierté se mêle une certaine déception. Maintenant qu'il a "réussi", la vie lui paraît sans but. Peut-être qu'il vaudrait la peine de lui faire à l'encre une marque sur le dos, de manière à le reconnaître s'il prend ce risque. Un courageux animal, le cloporte. Rien d'étonnant qu'il

ait survécu des millions d'années.

Eric Berne
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Un jour, la mère de Petit Chaperon Rouge l'envoya porter à manger à sa grand-mère à travers bois et en chemin, Petit Chaperon Rouge rencontra un loup. Quel genre de mère envoie donc une petite fille dans une forêt où il y a des loups? Pourquoi n'y va-t-elle pas elle-même ou n'accompagne-t-elle pas Petit Chaperon Rouge? Si la grand-mère manque de ressources à ce point, pourquoi la mère

la laisse-t-elle vivre toute seule dans une cabane isolée?
[...] La mère, à l'évidence, essaie de perdre sa fille "accidentellement".
[...] La grand-mère vit seule et ne verrouille pas sa porte, peut-être dans l'espoir qu'il se passera quelque chose d'intéressant, le genre de choses qui n'arriverait pas si elle vivait en famille.
[...] Dans cette perspective, la morale de

l'histoire n'est pas que les jeunes filles innocentes doivent se tenir à l'écart des forêts où il y a des loups mais que les loups feraient bien d'éviter les jeunes filles à l'air innocent et leurs grands-mères. Bref, un loup ne devrait jamais s'aventurer seul dans la forêt. + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          70

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Outre qu'ils structurent le temps et procurent aux parties en cause des caresses mutuellement acceptables, les passe-temps exercent la fonction supplémentaire d'être des moyens de sélection sociale. Pendant qu'un passe-temps se déroule, l'Enfant qui se trouve en chacun des joueurs évalue avec attention les potentialités des autres joueurs. En fin de réception chaque personne aura

sélectionné certains joueurs qu'elle aimerait revoir, cependant qu'elle en rejettera d'autres, sans tenir compte de l'adresse ou de l'agrément que ces derniers ont apportés au jeu du passe-temps. Les joueurs sélectionnés sont ceux qui paraissent les candidats les plus qualifiés pour des relations plus complexes - à savoir, les jeux. Ce système sélectif, quel que soit son degré de

rationalisation, est de fait pour une large part inconscient et intuitif.
[...]
Les passe-temps sont à la base du choix des relations, et peuvent conduire à l'amitié.
[...]
Un autre avantage important que l'on tire des passe-temps, c'est la confirmation de sa propre position. Le rôle ressemble à ce que Jung appelle persona, en moins opportuniste, en plus profondément

enraciné aux fantasmes individuels. [...]
La confirmation de son rôle stabilise la position de l'individu ; que l'on nomme ce phénomène l'avantage existentiel du passe-temps. La position, c'est une simple affirmation, un simple attribut, lequel influence la totalité des transactions de l'individu ; au bout du compte, la position détermine la destinée de l'individu, et souvent celle

de ses descendants par-dessus le marché. La position peut être plus ou moins absolue. [...] La position se manifeste surtout par l'attitude mentale qu'elle provoque, et c'est avec une telle attitude que l'individu se livre aux transactions constituant son rôle. + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          50

Eric Berne
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Quand le patient demande : "Qu'espérez-vous d'un névrosé ?" (entre autres prétextes dont il se sert à ce moment) la réponse est : "Je n'espère rien. La question, c'est : qu'espérez-vous de vous-même ?" Le thérapeute exige une seule chose : que le patient réponde sérieusement à cette question, et sa seule concession consiste à donner au malade un laps de temps raisonnable afin d'y

répondre : entre six semaines et six mois, suivant les relations qui existent entre eux deux et la préparation antérieure du patient.

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Les enfants apprennent à accepter des réponses fausses. Les adolescents se la posent entre eux et interrogent leurs aînés. Les adultes l’éludent en acceptant les réponses équivoques de leurs supérieurs. De vieux philosophes avisés lui consacrent des livres sans jamais apporter de réponse. Elle contient à la fois la question primordiale de la psychologie sociale (Pourquoi les gens

s’adressent-ils la parole ?) et celle de la psychiatrie sociale (Pourquoi les gens aiment-ils plaire ?). De la réponse dépendent celles aux questions posées par les Quatre Cavaliers de l’Apocalypse : guerre ou paix, famine ou abondance, maladie ou santé, mort ou vie. Si très peu de gens parviennent à répondre à cette interrogation, au cours de leur vie, il n’y a là rien de très

étonnant, puisque la plupart passent leur existence sans trouver de réponse à la question immédiatement précédente : Comment fait-on pour dire bonjour ?

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La conscience est la faculté de voir une cafetière et d'entendre chanter les oiseaux selon sa propre manière et non celle qui vous fut enseignée. On a de bonnes raisons de penser que voir et entendre présentent une qualité différente pour les jeunes enfants et pour les adultes, et que ces deux facultés sont plus esthétiques, moins intellectuelles, dans les premières années de

l'existence. Un petit garçon voit et entend les oiseaux avec ravissement. Puis le "bon père" arrive, estimant de son devoir de "partager" son expérience et d'aider au "développement" de son fils. Il dit : "Ca, c'est un geai ; celui-ci est un moineau." Dès que le petit garçon s'occupe de savoir lequel est un geai, lequel est un moineau, il cesse d'être en mesure de voir ou d'entendre chanter

les oiseaux. Il doit les voir et les entendre de la façon que le veut son père.

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La cure psychologique d'un alcoolique, elle aussi, consiste à lui faire entièrement cesser le jeu plutôt que se contenter de troquer un rôle contre un autre. En certains cas la chose a été possible, quoique ce soit une tâche ardue que de trouver quelque chose d'aussi intéressant, aux yeux de l'Alcoolique, que la continuation de son jeu. Etant donné que l'Alcoolique a classiquement peur de

l'intimité, le substitut peut devoir être un autre jeu plutôt qu'une relation débarrassée du jeu. Souvent les alcooliques prétendus guéris ne constituent pas une compagnie très stimulante ; il se peut qu'ils éprouvent dans leur existence un manque d'excitation, et soient tentés sans arrêt de retourner à leurs anciennes amours. Le critère d'une bonne "cure de jeu" serait que

l'ex-Alcoolique pût boire en société sans aller jusqu'à compromettre sa santé. La cure habituelle d'"abstinence totale" ne saurait contenter l'analyste du jeu.

Eric Berne
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... le fait d'appeler "jeux" des comportements aussi tragiques que le suicide, l'alcoolisme et l'abandon aux drogues, le crime ou la schizophrénie, n'est ni fou, ni facétieux, ni barbare. La caractéristique essentielle du jeu humain n'est pas que les émotions soient fausses, mais qu'elles soient réglementées. Cela se révèle quand des sanctions punissent un déploiement illégitime

d'émotions. Le jeu peut être d'un sérieux sinistre ou même fatal, mais les sanctions sociales ne seront sérieuses que si les règles sont transgressées.

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Lorsqu'il est sur le divan, un patient vous pardonnera plus rapidement de vous être endormi que d'être trop bien éveillé. En face à face c'est le contraire.

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Chaque intervention doit être considérée à partir de huit points de vue : les résistances du patient, ses défenses, son transfert, ses jeux psychologiques, ses symptômes, ses atouts, ses buts thérapeutiques et vos buts thérapeutiques.

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Les clauses constitutionnelles

Ces déclarations, explicites ou implicites, essentielles pour la croissance et la survie d'un groupe se retrouvent dans les structures de toutes les organisations saines et efficaces. Elles prévoient les clauses suivantes :

D'amendement. Prévoyant le mécanisme de changement de la constitution proprement dite.

Existentielle.

Formalisant l'existence du groupe en lui attribuant son nom, ses devoirs, ses prérogatives et ses responsabilités.

Réglementaire. Prévoyant des sanctions pour renforcer la discipline et l'ordre pendant le travail du groupe.

Structurale. Fixant les conditions d'appartenance, tout particulièrement la structure majeure d'un groupe.

Téléologique. Fixant ou

suggérant l'objectif ou l'activité.

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C’est le besoin de sensation qui rapporte de l’argent aux propriétaires de montagnes russes, et qui rend les prisonniers capables de n’importe quoi pour éviter d’être mis au secret. Le deuxième est le besoin d’être reconnu, la recherche d’une catégorie spéciale de sensations ne pouvant être fournies que par un autre être humain ou, dans certains cas, par un autre animal.

C’est ce qui fait que le lait ne suffit pas aux bébés singes ni aux nouveau-nés humains ; ils ont aussi besoin du bruit, de l’odeur, de la chaleur et du contact maternels, sans quoi ils dépérissent, tout comme les adultes quand personne ne leur dit bonjour.