Dror Mishani
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D'ailleurs, la police ne peut pas non plus se charger seule de la sécurité des citoyens , tu le sais pertinemment . Les parents doivent veiller sur leurs enfants et les adultes sur eux-mêmes . Celui qui a compris que la police n'était ni son papa ni sa maman , qu'elle ne protégeait pas la terre entière vingt-quatre heures sur vingt -quatre, agit en personne responsable , [...].

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Leur merveilleux corps-à-corps commença . Il ne sut pas tout le temps ce qu'elle voulait . Parfois elle se dérobait , lui posait un doigt sur les lèvres , lui demandait d'arrêter , parfois au contraire elle l'attirait de tout son être . [...]
Nus, ils écoutèrent David Bowie emplir le salon obscur de "We're absolute beginners ".

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Presque rien de ce qui se passa au cours de son interrogatoire ne le surprit, sauf la fin, qu’il n’aurait jamais pu imaginer. Et si un interrogatoire de police est souvent décrit dans les livres comme une partie d’échecs, eh bien on peut dire qu’il garda tout le temps deux ou trois coups d’avance sur son adversaire, Jusqu’à ce que l’échiquier soit renversé.

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Il préférait dîner seul en regardant sur Hallmark Channel un épisode de la troisième saison de New York , police judiciaire , même s'il l'avait vu un nombre incalculable de fois . A chaque nouvelle diffusion, il découvrait un détail qui lui avait précédemment échappé . Encore une erreur dans l'enquête, encore une manière erronée d'innocenter un suspect .

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Face à lui était assise une mère. Encore une.
Il en avait déjà eu deux pendant son service. La première avait sans doute fait un enfant trop tôt mais elle était jolie. Elle portait un tee-shirt blanc moulant qui révélait de magnifiques clavicules, et tenait à déposer une plainte parce que son fils avait été tabassé à la sortie de l’école. Il l’avait patiemment écoutée

puis renvoyée chez elle avec la promesse de s’occuper sérieusement de son problème. La deuxième avait exigé que des enquêteurs de la police prennent sa fille en filature afin de découvrir pourquoi la gamine chuchotait au téléphone et, la nuit, s’enfermait à double tour dans sa chambre.
Depuis quelques temps, chaque fois qu’il était de service, il perdait des heures avec ce

genre de requêtes. La semaine passée, il avait même reçu une femme persuadée que sa belle-mère lui avait jeté un sort. Il soupçonnait les policiers de l’accueil d’aller arrêter les passants dans la rue et de leur demander de venir se plaindre de n’importe quoi, rien que pour le transformer en « chat noir ». Pendant la permanence de ses collègues, personne ne déposait de telles

plaintes.
Il était dix-huit heure dix, et si dans le bureau d’Avraham Avraham il y avait eu une fenêtre, il aurait vu que le jour commençait à baisser. Il avait déjà décidé de ce qu’il s’achèterait pour diner en rentrant chez lui et de ce qu’il regarderait à la télévision en mangeant ce qu’il aurait acheté. Mais, pour l’instant, il lui fallait calmer sa troisième

mère de la journée. Les yeux fixés sur son écran d’ordinateur, il attendait le bon moment. + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          110

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Le fils de l'homme doit être livré entre les mains des hommes.
LUC. 9 : 44

Car le fils de l'homme n'est pas venu pour faire périr les âmes des hommes, mais pour les sauver.
LUC .9 : 56

Épigraphe

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– Savez-vous pourquoi il n’y a pas de littérature policière écrite en Israël ? lui demanda-t-il soudain.
– Pardon ?
– Oui, pourquoi ? Pourquoi, chez nous, on n’écrit pas de romans comme ceux d’Agatha Christie ou comme La Fille qui rêvait d’un bidon d’essence et d’une allumette ?
– Je ne m’y connais pas tellement en livres.
– Eh bien,

je vais vous dire pourquoi. Parce que chez nous on ne commet pas de tels crimes. Chez nous, il n’y a pas de tueurs en série, pas d’enlèvements et quasiment pas de violeurs qui agressent les femmes dans la rue. Chez nous, si quelqu’un est assassiné, c’est en général le fait du voisin, de l’oncle ou du grand-père, pas besoin d’une enquête compliquée pour découvrir le coupable et

dissiper le mystère. Oui, chez nous, il n’y a pas de vraies énigmes et la solution est toujours très simple. Bref, tout ça pour vous expliquer que la probabilité qu’il soit arrivé quelque chose de grave à votre fils est infime, et je ne le dis pas pour vous rassurer, c’est une question de statistiques. + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          90

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« Chez nous, si quelqu’un est assassiné, c’est en général le fait du voisin, de l’oncle ou du grand-père, pas besoin d’une enquête compliquée pour découvrir le coupable »

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La majorité des élèves, pas tous bien sûr mais beaucoup d'entre eux , sont des gosses persuadés que le monde leur appartient . Ils parlent très bien anglais , et pas seulement anglais . En fait , ils savent tout mieux que leurs professeurs . A quatorze ans , ils sont réalisateurs, poètes, écrivains , ils ont crée leur groupe de rock et travaillent sur leur album ... Cette assurance ne

vient pas de ce qu'ils sont mais de ce que sont leurs parents , du milieu dans lequel ils grandissent , des signaux que leur renvoie la société . On ne cesse de leur seriner qu'ils peuvent tout, qu'ils sont bons en tout . Ne vous méprenez pas , je ne les critique pas , je me contente de décrire une réalité .

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Un frisson parcourut Avraham des pieds à la tête lorsqu'il entra dans la salle d'interrogatoire pour la première fois après ses trois mois d'absence. La climatisation, activée depuis le matin, avait nettement refroidi la pièce. Il se souvenait en détail de la dernière fois où il s’était assis là et de la femme qui lui faisait alors face.
Il avait eu le temps à maintes

reprises d'imaginer le prochain interrogatoire qui mènerait dans cette pièce. S’était vu entrer d'un pas ferme et assuré, avait pensé à la voix dure avec laquelle il commencerait à poser ses questions. Il n’était cependant pas censé le faire dans l’immédiat, même si ce fut sans doute une bonne chose. Comme de plonger la tête la première du haut d'une falaise dans une mer

déchainée. Sans préparation.

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.../...
Ce n'est pas ça. Ce qui est dur, c'est de ne pas savoir si on s’occupe d'un délit ou pas. Parce que nous avons appris à enquêter sur des actes criminels, à manipuler les truands ou faire pression sur eux. Alors que dans un dossier de disparition tu ne sais pas, la plupart du temps, s'il y a eu crime ou non. Tu te retrouves à soupçonner tout le monde, les voisins, les amis,

les proches, le disparu lui-même, tous ces gens s’inquiètent comme toi pour leur proche - pardon, ils s'inquiètent plus que toi, - mais tu es obligé de les soupçonner, tu n'as pas le choix, tu dois agir comme si tous te cachaient quelque chose. Et dans la majorité des cas, tu finis par découvrir qu'aucun crime n'a été commis et que personne ne t'a rien caché.

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Ronen la regarda. Dit qu'il en était parfaitement conscient. Que personne ne savait mieux que lui à quel point Orna était une mère extraordinaire. Elle fut soudain saisie d'une violente envie de le frapper, de poser les mains sur son cou, de planter les ongles dans sa chair et de serrer, exactement ce qu'elle avait ressenti pendant des semaines, juste après l'annonce de sa rencontre avec

Ruth et la demande de divorce.

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– Savez-vous pourquoi il n’y a pas de littérature policière écrite en Israël ? lui demanda-t-il soudain. (...)
– Je ne m’y connais pas tellement en livres.
– Eh bien, je vais vous dire pourquoi. Parce que chez nous on ne commet pas de tels crimes. Chez nous, il n’y a pas de tueurs en série, pas d’enlèvements et quasiment pas de violeurs qui agressent les femmes

dans la rue. Chez nous, si quelqu’un est assassiné, c’est en général le fait du voisin, de l’oncle ou du grand-père, pas besoin d’une enquête compliquée pour découvrir le coupable et dissiper le mystère. Oui, chez nous, il n’y a pas de vraies énigmes et la solution est toujours très simple.

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Il se rendit compte que c’était la première fois qu’il prononçait le prénom de l’adolescent à haute voix. Ofer. Un joli prénom. Qu’il troqua aussitôt contre le sien, petit jeu qu’il se permettait chaque fois qu’il entendait un prénom dont la consonance lui plaisait. Dans sa tête se forma, une fois de plus, un nom qu’il n’aurait jamais : Ofer Avraham.

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Dans ce cas, on lancera immédiatement un avis de recherche pour disparition inquiétante. Sinon, attendons demain matin, ça vaut mieux, croyez-moi.
Il la dévisagea pour mesurer l’impact de ses paroles. Elle paraissait désemparée. Voilà une femme qui n’a pas l’habitude de prendre des décisions. Ni d’insister.
- Je ne sais pas s’il lui est arrivé quelque chose

de grave ou non, dit-elle, mais ce n’est pas son genre de disparaître comme ça.

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– Parce que je veux être le livre tout entier. Jusqu’au happy end. Ou jusqu’à la fin tragique.
– Tu le seras peut-être. D’ailleurs, c’est ce qui est beau dans les livres, non ? Qu’on ne puisse jamais savoir à l’avance comment ils se terminent.
– Sauf dans les romans policiers, précisa-t-il. Dans un polar, on sait toujours que le coupable est démasqué à

la fin et que la vie continue pour les innocents.

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Sur la première page du cahier, elle voit une longue colonne de lettres hébraïques et à côté, dans une autre couleur, leur version phonétique en lettres latines. Sur la deuxième page, il y a déjà des mots en hébreu et, à côté, leur transcription phonétique et leur signification. La main qui les a tracés est celle d'une personne âgée dont l'hébreu n'est pas la langue maternelle :

les lignes tremblotent un peu sur le papier, ce qui en complique le décryptage, mais comme il ne s'agit que de mots simples, Orna finit par les déchiffrer : ABA – père ...

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Oui, chez nous, il n'y a pas de vraies énigmes et la solution est toujours très simple.

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Ce n'est pas ton rôle, Avi. Ton rôle, c'est de mettre au clair les faits, pas le pourquoi des faits. Et d'apporter des preuves des pièces à conviction à l'appui.

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Ils firent connaissance sur un site de rencontre pour divorcés. Il y affichait un profil plutôt banal – quarante-deux ans, divorcé, deux enfants, habite à Guivataïm –, et c'est ce qui la poussa à lui envoyer un message. Il avait évité les « prêt à dévorer la vie » ou « en pleine recherche intérieure, je compte sur toi pour me révéler à moi-même ». 1m77, profession

libérale, bonne situation, ashkénaze. Opinions politiques néant, tout comme la plupart des autres rubriques. Trois photos, une ancienne et deux apparemment plus récentes, sur lesquelles il présentait un visage plutôt rassurant et sans signe particulier. Autre détail : il n'était pas gros.