Igor Vladimirovitch Kleinenberg, jeune universitaire russe d'ascendance estonienne, passa entre 1910 et 1918 près de neuf années aux côtés de la famille impériale de Russie en tant que précepteur d'allemand des quatre filles du tsar Nicolas II.
La littérature nous a sauvés et nous a aussi protégés de ceux qui jugent sans comprendre.
Il lit une première fois- Tristes tropiques- à sa sortie, il a vingt-trois ans, c'est alors le livre que tous autour de lui lisent.
Claude Lévi-Strauss est un ethnologue qui n'est pas encore retenu. Il a échoué deux fois à l'entrée au Collège de France. Il publie dans la nouvelle
collection "Terres humaines" ce récit, autobiographie où il raconte son parcours, mais aussi ses recherches afin de trouver sa place en dehors de celle assignée à un jeune normalien, philosophe de formation. Il justifie son refus de l'ennui et de la répétition :"Mon esprit présente cette particularité, qui est sans doute une infirmité, qu'il m'est difficile de le fixer deux fois sur le
même sujet ".
Gilbert n'en revient pas qu'un aîné, Claude Lévi-Strauss a vingt-ans de plus, un universitaire sage, reconnaisse son impatience, son incapacité à toute sérénité, à sa peur d'être là, impassible, son inquiétude de rater ce qu'il y a à vivre. (p. 315) + Lire la suiteCommenter  J’apprécie         160
Greatbatch ne vivait qu’à travers les découvertes et les livres des autres, mais il en tirait des observations qui avaient échappé à ceux qui avaient une expérience directe du terrain. Gates savait que, sans les remarques et les connaissances de ces auteurs, il serait resté au mieux un universitaire qualifié et besogneux, mais grâce à l’enthousiasme et à l’imagination que son
maître lui avait insufflés, il avait éprouvé du plaisir aux textes les plus arides, et la poussière d’un banal champ de fouilles lui était apparue comme la patine même du temps.
Une jolie couverture, un bandeau « récit lumineux et bouleversant » et un résumé qui donne envie : j’ai voulu découvrir ce livre ! C’est chose faite grâce à Masse critique !
Cet été là, Isabelle de Courtivron, universitaire féministe, sent qu’elle vieillit : son corps n’est plus aussi agile qu’auparavant et elle est dépassée par les nouvelles technologies qui
l’entourent. Le monde file sans elle. Tout au long du livre, elle revient sur sa jeunesse, sa vie et ses expériences. Elle aime les livres et était dans ses jeunes années une féministe engagée. Désormais, elle se rend compte que ses idées sont datées.
Je n’ai ni adoré, ni détesté ce livre. L’auteure ne se ménage pas dans ses descriptions d’elle-même, ce que j’ai
trouvé en quelque sorte courageux. Cependant, le livre est emprunt d’un certain pessimisme, il est sombre quant à l’expérience de la vie et la vieillesse semble forcément destinée à être un naufrage. Pour le coup, je ne comprends absolument pas le bandeau « lumineux ». Quant à « bouleversant », peut-être pas à ce point !
En résumé, pourquoi pas, mais en prenant un
certain recul pour ne pas être déprimé ! + Lire la suiteCommenter  J’apprécie         20
Il suffit de voir, à ce propos, combien l’irruption sur la scène politique et universitaire des femmes noires (mais aussi chicanas ou asiatiques) a marqué la méfiance des théories féministes américaines envers les abstractions universalistes. Il est significatif qu’en France (mais aussi dans d’autres pays européens comme l’Italie ou la Grèce), le point autour duquel se sont
concentrées, dès le début, les polémiques sur la conceptualisation politique de la catégorie femmes (à l’intérieur et à l’extérieur du mouvement féministe), fut immédiatement les rapports de classe. À suivre les débats américains, on a l’impression que le facteur de classe, comme élément déstabilisateur d’une homogénéité présumée des femmes, n’acquiert une
visibilité qu’à partir des débats sur le racisme, comme le suggère ce terme de classism qui déroute parfois le lecteur ou la lectrice européenne. Indépendamment de ce qu’on peut penser de cet écart1, ce qui nous intéresse ici c’est que les formes de la mise en cause de la conceptualisation homogénéisante sont chaque fois liées à la configuration précise de différents types de
rapports sociaux, et aux rapports de force politiques et intellectuels auxquels ceux-ci donnent lieu.
1. On peut regretter la faible prise en considération, dans la théorie féministe en France, des expériences du sexisme par les femmes immigrées, comme on peut être sceptique face à certaines tendances du féminisme américain qui construisent des rapports sociaux d’ordre différent
sur un même modèle (par exemple celui du racisme).
Eleni Varikas dans « Féminisme, modernité, postmodernisme : pour un dialogue des deux côtés de l’Océan », p. 125. + Lire la suiteCommenter  J’apprécie         00