Arthur C. Clarke
Arthur C. Clarke

Lucifer, cinquante fois plus brillant que la pleine Lune, avait transformé le ciel de la Terre, et pratiquement supprimé la nuit pendant plusieurs mois d’affilée. Ce nom, malgré ce qu’il évoquait de sinistre, était inévitable, et en réalité le « Porteur de Lumière » dispensait également le bien et le mal. Il faudrait des siècles, des millénaires, pour voir de quel côté

pencherait la balance. (...)

La race humaine saurait s’adapter, comme elle l’avait fait si souvent dans le passé. La prochaine génération n’aurait jamais connu le monde sans Lucifer. Mais cet astre, le plus brillant de tous, ne cesserait de poser des questions à tout homme et toute femme enclins à la réflexion.
Pourquoi Jupiter avait-il été sacrifié ? Combien de

temps brillerait ce nouveau soleil ? Se consumerait-il rapidement, garderait-il son éclat pendant des millénaires ? Tant que dureraient les hommes ? Et surtout, pourquoi cette interdiction qui frappait Europe, un monde désormais aussi couvert de nuages que Vénus ?
Il devait y avoir des réponses à ces questions, et l’humanité ne serait pas satisfaite avant de les avoir trouvées.


55. Le lever de Lucifer + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          00

Frank Andriat
Frank Andriat

Lorsque la Flandre avait acquis son indépendance, à l'exemple de la téléphoniste qui avait grossièrement envoyé balader la grand-mère de Bart, certains extrémistes avaient voulu éradiquer les fransquillons de leur nouvel État. Tout avait été bon pour les sbires de la Vlaamse Republiek : interdiction aux commerçants d'afficher des annonces dans les deux langues, interdiction sous

peine de dénonciation au Ministère de la Pureté nationale, de répondre en français à un client francophone, interdiction de vendre du pâté gaumais, des bières trappistes wallonnes ou autres fromages équivalents alors qu'il existe des produits labellisés flamands, interdiction de diffuser, d'entonner, voire de siffloter la Brabançonne dans des lieux publics et installation sur chaque

clocher d'église d'un lion pour remplacer le coq, décidément trop francophone. (p. 151)

Asoka
Asoka

Le roi ami des dieux au regard amical parle ainsi :

Douze ans après mon sacre j'ai fait graver un édit de la Loi pour le bien et le bonheur du monde. Quiconque le respectera doit obtenir de façon ou d'autre le progrès dans la Loi.

Voici comment j'entends le bien et le bonheur du monde. Comme pour mes parents, pareillement les proches et les lointains, je veux procurer

à certains le bonheur, et prends des mesures en conséquence, tout pareillement j'entends agir à l'égard de tous les groupes.

J'ai même rendu hommage à toutes les communautés avec de nombreuses marques d'hommage. Mais d'aller à elles en personne est ce que je considère comme le plus important.

Vingt-six ans après mon sacre j'ai fait graver cette inscription de la

Loi.
(...)
Le roi ami des dieux au regard amical parle ainsi :

Ce progrès de la Loi parmi les hommes a été obtenu de deux façons seulement ; par les règles de la Loi et par la méditation. Mais sur ce point les règles sont peu de chose, la méditation compte davantage. Or j'ai établi cette règle de la Loi : interdiction de tuer tels et tels êtres vivants ; bien

d'autres règles de la Loi encore ont été établies par moi. Mais c'est par la méditation que s'est obtenu le plus grand progrès de la Loi en vue de la conservation des êtres et de l'abstention de tuer les animaux.

J'ai fait cela, pour que cela dure parmi mes fils et arrière-petits-fils, autant que lune et soleil ; et qu'on y donne consentement. Car en y consentant on gagne ce

monde et l'autre.

Vingt-sept ans après mon sacre j'ai donné l'ordre de faire graver cette inscription. (pp. 167-168 & 172) + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          20

Michel Weyland
Michel Weyland

Ici, l'homme fait la loi. Elle vous tombera sur la nuque comme un couperet: interdiction de sortir, de communiquer avec le monde extérieur, de croiser d'autres regards, de s'instruire...

Asservissement, soumission totale au mâle dominant avec en prime les perpétuelles brimades de la belle-mère, laquelle ne se privera pas de vous humilier.

Karl Jaspers
Karl Jaspers

C’est dans les commandements bibliques que l’on trouve l’expression la plus profonde de la vraie attitude de l’homme envers Dieu : Tu ne te feras point d’image taillée ni de représentation quelconque… Ces mots ont signifié un jour : Dieu est invisible, il est interdit de le prier sous forme d’imagines divines, d’idoles, de sculptures. Cette interdiction précise s’approfondit

alors et veut dire que Dieu est non seulement invisible, mais encore au-delà de toute représentation, de toute imagination. Aucun symbole ne peut lui être adéquat et aucun ne peut légitimement se substituer à lui. Tous les symboles sans exception sont des mythes. Comme tels ils sont chargés de sens, dans la mesure où ils gardent le caractère évanescent qui correspond à leur nature

purement symbolique. Mais quand on les prend pour la réalité divine elle-même, il n’y a plus que superstition. (p. 49)

Alejandro Jodorowsky
Alejandro Jodorowsky

Toute maladie provient d'un ordre reçu dans l'enfance qui nous contraint à réaliser quelque chose qui ne nous correspond pas, et d'une interdiction qui nous oblige à ne pas être ce que nous sommes en réalité. Les maux, les dépressions, les phobies et les peurs résultent d'un manque de Conscience, d'un oubli de la beauté, d'une tyrannie familiale, du poids d'un monde accablé de

traditions et de religions obsolètes.

Anne McCaffrey
Anne McCaffrey

Timidement au début, à cause de l'ancienne interdiction qui lui avait été faire de chanter en public, Menolly joignit sa voix à celle du baryton harpiste Oharan.
- Oui, j'aime bien cela, Menolly. Tu as le sens de la musique, dit Oharan d'un ton si approbateur qu'elle s'inquiéta de nouveau.
Si yanus savait qu'elle chantait au weyr... Mais Yanus n'était pas ici, et il ne le

saurait jamais.

Romain Sardou
Romain Sardou

Par deux fois, il passa devant un gibet où se balançait un pauvre hère qui séchait avec une mitre de papier sur le front. La règle voulait que personne ne touchat à un pendu tant que le noeud ou la nuque n'avaient pas cédé. Cette interdiction laissait pendouiller des cadavres pendant plusieurs jours, parfois des semaines. Leurs odeurs fétides se liaient alors aux parfums des étals de

fruits, à la crasse des hommes et aux eaux usées qui coulaient comme des ruisseaux.

Le Canard enchaîné
Le Canard enchaîné

En 1977, le commerce international de corne [de rhinocéros] a été interdit par la Convention de Washington. Mais en Afrique du Sud, on pouvait toujours acheter des cornes, qui partaient clandestinement, par conteneurs entiers, vers l'Asie. Quand, en 2009, Pretoria a décidé d'une interdiction sous la forme d'un moratoire, il a fallu ruser. Des revendeurs vietnamiens ont débarqué massivement

pour organiser de fausses chasses. Une façon de 'déguiser' les exportations, la réglementation permettant d'emporter avec soi les trophées d'animaux. Des prostituées chinoises étaient même recrutées pour l'occasion, afin de prendre la pause sur la photo souvenir, à côté de la bête morte.

- article 'Rhinocéros', in 'Comme des Bêtes', collection 'Les dossiers du Canard

enchaîné', n°144, juillet 2017

Christoph Ransmayr
Christoph Ransmayr

Sans prononcer un seul mot, d'un simple geste brusque et bref de la main, guère plus que s'il l'avait agitée pour en faire tomber une mouche domestique, Auguste avait interrompu le rapporteur, puis s'était replongé dans la contemplation du rhinocéros. Un bref mouvement de Sa main. C'était suffisant. La cour n'avait pas besoin de longues phrases ni de jugements tout faits. Dans les

chancelleries, sur les tables des secrétaires et dans les fichiers des archives, on disposait maintenant d'un signe ; et ce qui manquait encore pour en faire un jugement n'était pas bien difficile à établir. Bien mauvais serviteur de Rome, celui qui n'aurait pas su interpréter un mouvement brusque de Sa main comme un signe de la plus extrême mauvaise humeur, et même de colère.
Et de

même que l'image du poète et le contenu de son oeuvre s'étaient frayé un chemin vers le haut, et s'y étaient déformés et métamorphosés, ce signe de l'empereur, le souvenir profondément gravé d'un rapide mouvement de Sa main, reparcourut dans l'autre sens le chemin des médiations et y fut soumis aux mêmes lois de la déformation. La prison, dit quelqu'un dans la salle de conférences,

en tendant une main vers la carafe d'eau, trois ans au moins, à Trinita dei Monti, quatre peut-être. Le camp, chuchota quelqu'un d'autre, à Castelvedrano, avec les tailleurs de pierre, en Sicile. Erreur : ce signe n'avait sans doute pas signifié plus qu'une interdiction d'écrire pendant un an : au pis, cessation de versement des droits ; peut-être même, simplement, retrait des facilités

de voyage jusqu'à l'automne. Rien qu'un avertissement. [...] un président de séance conclut donc en fin de compte, c'était peu avant la pause de midi, puis dicta à un scribe imperturbable, en présence de deux témoins, qu'après en avoir délibéré un mouvement de Sa main signifait : Pars ! Hors de ma vue. Mais hors de la vue de l'empereur, cela voulait dire au bout du monde. Et le bout du

monde, c'était Tomes. + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          70