Boris Johnson
Boris Johnson

"KBO", dit-il enfin pour conclure sa lettre - initiales dont vous découvrirez qu'elles signifient "Keep buggering on" ("Ne jamais lâcher"), mot d'ordre qu'il utilise souvent avec ses collègues.

Marie Colot
Marie Colot

Je veux qu'on grave nos initiales sur les pavés de la cité, car les « je t'aime » s'effacent quand on les écrit à la craie.
Cette meuf me rend Rimbaud.

Andreï Makine
Andreï Makine

Au centre de la cour était installée la table des joueurs de dominos. Autour d'elle, des arbres, plus jeunes et qui nous étaient comme plus proches, car on les avait plantés sous nos yeux. Nous étions vaguement fiers de nous savoir antérieurs à quelque chose dans cette cour... Cette table, en épaisses planches de chêne noueuses, offrait

une surface qui, au printemps, la mieux exposée au soleil, se débarrassait la première de sa couche de neige. C'était un bonheur intense, par une éblouissante journée de mars, de s'asseoir là, de retirer de sa poche une loupe - un vrai trésor! - et de marquer ses initiales sur la planche encore humide. Le fin filet bleuté de la fumée chatouillait les narines, se mélangeait avec la

fraîcheur neigeuse, se dissipait dans l'air ensoleillé...

Antonio Tabucchi
Antonio Tabucchi

On ne connaît toujours pas le nom du mort de la rue Case Dipinte. C’est le titre d’un article de Corrado, ses initiales sont imprimées au bas du texte. Un article mesuré et las, plein de lieux communs : les démarches des enquêteurs, les pistes passées au peigne fin, l’enquête au point mort.
Spino a relevé l’ironie involontaire : au point mort. Il se dit qu’un mort il y en a

un vrai, et personne ne sait de qui il s’agit, à tel point qu’on ne peut même pas le déclarer légalement décédé. Il n’y a que le cadavre d’un jeune homme à la barbe fournie et au nez effilé. Spino se met à faire des hypothèses. L’homme est arrivé à l’hôpital déjà mort, mais il a peut-être murmuré quelque chose dans l’ambulance : un gémissement, une supplique, un

nom. Il a peut-être appelé sa mère, comme cela arrive, ou une femme, ou un fils. Il pourrait avoir un fils, il est marié, il porte une alliance, pour autant qu’elle lui appartienne ; bien sûr qu’elle lui appartient, personne ne porte l’alliance de quelqu’un d’autre.
Non, dit Corrado dans son article, durant son transport en ambulance, il n’a rien dit, il était dans le coma,

il était pratiquement déjà mort, les policiers qui ont pris part à la fusillade en ont témoigné.
Spino a pris un stylo et a souligné les phrases qui l’intéressaient le plus. + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          10

Raphaëlle Giordano
Raphaëlle Giordano

Pour dire ce que vous avez à dire, faites plutôt une F.E.T.E.
[...]
Ce sont des initiales :
F, vous rappelez les Faits qui vous ont contrariée.
E, vous exprimez votre Emotion, ce que vous en avez ressenti.
T et E, vous proposez un Terrain d'Entente, une solution gagnant-gagnant pour les deux parties.
p83

Yannis Ritsos
Yannis Ritsos

Tu m’as trouvé comme un caillou que l’on ramasse sur la plage
Comme un bizarre objet perdu dont nul ne peut dire l’usage
Comme l’aigle sur un sextant qui échoue à terre la marée
Comme le désordre d’une chambre d’hôtel qu’on n’a pas faite
Un lendemain de carrefour sur les papiers gras de la fête
Un voyageur sans billet assis sur le marchepied

du train
Un ruisseau dans leur champ détourné par les mauvais riverains
Une bête des bois que les autos ont pris dans leurs phares
Comme un veilleur de nuit qui s’en revient dans le matin blafard
Comme un rêve mal dissipé dans l’ombre noires des prisons
Comme l’affolement d’un oiseau fourvoyé dans la maison
Comme au doigt de l’amant trahi la

marque rouge d’une bague
Comme une lettre déchirée, éparpillée au vent des rues
Comme le hale sur les mains qui a laissé l’été disparu
Comme le regard égaré de l’être qui voit qu’il s’égare
Comme les bagages laissés en souffrance dans une gare
Comme une porte quelque part ou peut-être un volet qui bat
Le sillon pareil du cœur et de

l’arbre où la foudre tomba
Une pierre au bord de la route en souvenir de quelque chose
Un mal qui n’en finit pas plus que la couleur des ecchymoses
Comme au loin sur la mer la sirène inutile d’un bateau
Comme longtemps après dans la chair la mémoire du couteau
Comme le cheval échappé qui boit l’eau sale d’une mare
Comme u e injure au soleil

avec la paille dans les yeux
Comme la colère à revoir que rien n’a changé sur les eaux
Tu m’as trouvé dans la nuit comme une parole irréparable
Comme un vagabond pour dormir qui s’était couché dans l’étable
Comme un chien qui porte un collier aux initiales d’autrui
Un homme de foire d’autrefois empli de fureur et de bruit + Lire la

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Alfredo Bryce-Echenique
Alfredo Bryce-Echenique

Julius,enfoncé dans un divan....suivant des yeux Juan Lucas qui récupérait, sur la commode, un porte-clés en or, des stylos en or, un portefeuille aux initiales en or, si l'on veut, enfin de quoi faire rêver un pickpocket , dommage qu'il n'aille jamais où ils étaient ou, comme c'est logique, vice versa. P.239

Christophe Claro
Christophe Claro

La légende veut que Frank Baum ait eu la révélation de la syllabe "OZ" en laissant errer son regard dans son bureau, lequel regard se serait alors posé sur un tiroir étiqueté O-Z, situé juste au-dessous d'un tiroir étiqueté A-N.
Hum.
La légende veut que Frank Baum ait envisagé de déguiser le nom de la ville de New York en n'en retenant que les initiales et en les décalant

d'une case sur l'échiquier alphabétique.
Hum.

Lydia Flem
Lydia Flem

Balayant l’espace, mes doigts saisirent une paire de jumelles dans son écrin de cuir marqué aux initiales de mon père, deux loupes, un petit miroir de poche acheté dans un musée londonien au dos duquel un oeil était peint , une torsade de métal, destinée à tromper l’impatience et une fine pince d’usage médical que l'on venait de m'offrir.
A cette assemblée de cercles,

de courbes, de droites et d'optiques, manquait une part de rêve, un moyen de s’échapper, de s’éloigner. Mes yeux se portèrent alors sur une petite chose singulière, oubliée depuis longtemps, rescapée d’une collection inachevée de fèves de galettes des rois : un minuscule et délicat voilier de porcelaine.
Une pression du doigt, la photo était prise.
Le

titre s'imposa : « Sous la loupe ».

Dominique Joly
Dominique Joly

Jeudi 26 juillet

Je pleure depuis hier soir, tant j'ai de la peine. Ma rose de Luther, la médaille que j'aimais tant, le seul objet laissé par maman, a disparu ! Je l'ai perdue ! Impossible de me résoudre à l'admettre ! Moi qui l'avais glissée sur ma poitrine, pour éviter précisément de l'égarer, elle est tombée ! Partie ! Envolée ! N'est-ce pas M. Simon qui m'avait

recommandé de la mettre à l'abri lorsqu'il l'avait retrouvée dans ma chambre ? Je ne l'ai pas écouté. C'est de ma faute !
Si je réfléchis bien, c'est en dansant que j'ai l'ai sûrement perdue. . .
Si c'est le cas, il m'est impossible d'aller demander si on l'a retrouvée : une rose de Luther, un symbole protestant à Versailles. . . C'est proprement inconcevable, voyons !

Sans parler des soupçons qui peuvent peser sur moi. . .
J'ai beau retourner le problème dans tous les sens, je n'y vois aucune solution. . . Et c'est bien ce qui me navre, qui m'attriste. . .
Une petite satisfaction, cependant : mes initiales S. B. . . . On se creusera peut-être longtemps la tête, mais personne ne parviendra à m'identifier. Mon premier prénom aura au moins

servi, dans ce cas présent, à quelque chose : me protéger.

Mercredi 1er août

Ce que je viens de vivre me glace le sang. J'hésite à le raconter car je sais depuis tout à l'heure que je suis épiée. Pire, je viens d'être démasquée. . .
J'écris lentement car ma main tremble et ma tête bourdonne. Mais je tiens à le rapporter, même si je continue à

cette allure d'escargot. Peu à peu, je me calmerai et pourrai remettre ma tête en place, réfléchir à ce qui m'arrive.
À la hâte, mal réveillée, je suis sortie ce matin de ma chambre pour rejoindre Liselotte, comme Madame me l'avait hier demandé. Juste le temps de me rajuster, de me tapoter sur les joues pour me donner bonne mine, et de glisser dans la poche intérieure de mon

manteau ma bible ( enfin, celle de M. Simon ). . . J'ai hésité un instant, mais la perspective de passer un long moment dans les jardins à l'abri des regards m'a décidée à la prendre.
À grandes enjambées, j'ai parcouru le couloir aussi vite que j'ai pu. Au pied de l'escalier, par scrupule, je marquais un temps d'arrêt pour m'assurer que le livre était toujours sur moi. Je

tâtais le tissus de la poche de gauche, celui de la poche de droite. . . Rien, il n'y avait plus rien ! La bible avait disparu ! Mon cœur cognait dans ma poitrine ; les jambes molles, je revins sur mes pas. . . Stupeur : un homme habillé en noir, dont je ne voyais que le dos, était en train de feuilleter mon livre et de le laisser tomber ostensiblement, avant de s'enfuir en courant. . . Que

faisait-il là ? Que voulait-il ? Je crus que j'allais défaillir. . . C'était certain, il m'avait suivie. . . On me guettait !
J'ai plaqué le dos contre le mur pour reprendre mes esprits ! Puis, je me penchai pour ramasser le livre. C'était bien le mien. Une sueur froide me glaça le front. Quelle malédiction ! La rose de Luther était une perte irréparable à mes yeux, mais la bible

de M. Simon était d'une toute autre importance. Sur la première page, elle portait son nom. Ce qui le compromettait en même tant que moi ! C'était très grave !
La gorge serrée, j'ai retrouvé Liselotte avec laquelle j'ai passé un moment bien troublé. Ensuite, les mains moites et la mort dans l'âme, je me suis dirigée vers l'officine. Il fallait bien que je l'apprenne à M. Simon

!
- Notre maître est parti à Marly, mademoiselle ! m'annonça un des garçons. On ne sait quand il sera de retour. . .
Un soupir de soulagement s'échappa de ma poitrine. Mais mon angoisse reprit vite le dessus. Ce n'est que partie remise. Je sais qu'il me faudra le dire tôt ou tard à mon ami.

Samedi 4 août

J'ai tout raconté à M. Simon. Avec calme,

il m'a laissée parler. Pour me rassurer, il m'a dit que l'on connaissait ses origines protestantes, ici, à la cour. Il a reconnu qu'en ce moment, il était assez malvenu de les évoquer et de les étaler. J'ai bien senti qu'il était fort contrarié. Face à mon désarroi, il n'a pas voulu laisser paraître.
- Vous devez redoubler de prudence, Angélique, c'est une obligation !

Il s'était rapproché de moi et son air était presque suppliant. . .
- Je ne sais qui s'intéresse à vous ainsi, mais vous avez tout intérêt à suivre ces conseils : fermez bien votre porte, ne laissez rien traîner dans votre chambre et rapportez la bible ici. C'est là qu'elle sera le mieux à l'abri. Venez la consulter le soir quand il vous plaira. Les temps sont de plus en plus

troublés pour nous autres protestants. . . Nous devons nous méfier !
En retranscrivant les propos de M. Simon, je viens de me rendre compte qu'il me considère comme une de ses coreligionnaires : " nous autres protestants ". Eh bien, oui, je l'admets, je déclare être protestante ! + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          10