Gaston Bachelard
Gaston Bachelard

« Connaître » les constellations, les nommer comme dans les livres, projeter sur le ciel une carte scolaire du ciel, c'est brutaliser nos forces imaginaires, c'est nous enlever le bienfait de l'onirisme étoilé. Sans le poids de ces mots qui «s oulagent la mémoire », — la mémoire des mots, cette grande paresseuse qui refuse de rêver, — chaque nuit nouvelle serait pour nous une

rêverie nouvelle, une cosmogonie renouvelée. Le conscient mal fait, le conscient tout fait est aussi nocif pour l'âme rêvante que l'inconscient amorphe ou déformé. Le psychisme doit trouver l'équilibre entre l'imaginé et le connu. Cet équilibre ne se satisfait pas de vaines substitutions où, subitement, les forces imaginantes se voient associées à des schémas arbitraires.

L'imagination est une force première. Elle doit naître dans la solitude de l'être imaginant.

Clément Bénech
Clément Bénech

Et je la regardai enlever sa chemise de nuit, je voyais son dos nu, très fin, son jean taille haute qu'elle enfila. Tu n'as pas fermé les yeux. Je la corrigeai : si, mais je n'ai pas fermé les paupières.

Jean-Baptiste Bidegain
Jean-Baptiste Bidegain

Tous ces gens, politiciens pillards, fonctionnaires arrivistes, ont mis la France en coupe réglée. Ils estiment que tout va bien et ils éprouvent, vis-à-vis du citoyen malencontreux dont le pied heurte leur écuelle, la colère farouche du chien à qui l'on veut enlever son os.

Eugene Burger
Eugene Burger

La bonne magie m'inspire. Mais, parfois, nous apprenons plus en allant voir de mauvais spectacles de magie, parce que d'un mauvais spectacle de magie je peux apprendre ce que je ne veux pas. Vous voyez… il y a deux façons de découvrir qui vous êtes : il y a celle de la sculpture et celle de la poterie. La poterie agit positivement. Vous commencez avec une boule d'argile, vous en rajoutez,

vous la façonnez, en espérant qu'a un moment vous obtiendrez quelque chose d'une grande beauté. Ce que fait la poterie c'est de l'accumulation. La sculpture fonctionne à l'opposé. La sculpture agit négativement. je démarre avec un bloc de pierre et je commence à enlever tout ce dont je ne veux pas. et éventuellement, tel qu'on l'espère, quelque chose d'une grande beauté sera produit.

J'ai toujours trouvé que cette approche négative était plus intéressante que l'approche positive. Particulièrement lorsque l'on aborde des questions plus mystérieuses comme : « Qui suis-je? » C'est pour moi le plus grand et le plus capital de tous les mystères. « Qui suis-je? »

Alfred Hitchcock
Alfred Hitchcock

Hitchcock : C'est la situation fondamentale du film. Tous les efforts de James Stewart pour créer la femme, cinématographiquement, sont montrés comme s'il cherchait à la déshabiller au lieu de la vêtir. Et la scène que je ressentais le plus, c'est lorsque la fille est revenue après s'être fait teindre en blond. James Stewart n'est pas complètement satisfait parce qu'elle n'a pas relevé

ses cheveux en chignon. Qu'est-ce que cela veut dire ? Cela veut dire qu'elle est nue devant lui mais se refuse encore à enlever sa petite culotte. Alors James Stewart se montre suppliant et elle dit : « D'accord, ça va », et elle retourne dans la salle de bains. James Stewart attend. Il attend qu'elle revienne nue cette fois, prête pour l'amour.

À propos de Vertigo.

Hector Berlioz
Hector Berlioz

VIII

A. de Pons. — Il me prête 1,200 francs. — On exécute ma messe une première fois dans l’église de Saint-Roch. — Une seconde fois dans l’église de Saint-Eustache. — Je la brûle.

Mon découragement devint donc extrême ; je n’avais rien de spécieux à répliquer aux lettres dont mes parents m’accablaient ; déjà ils menaçaient de me retirer la

modique pension qui me faisait vivre à Paris, quand le hasard me fit rencontrer à une représentation de la Didon de Piccini à l’Opéra, un jeune et savant amateur de musique, d’un caractère généreux et bouillant, qui avait assisté en trépignant de colère à ma débâcle de Saint-Roch. Il appartenait à une famille noble du faubourg Saint-Germain, et jouissait d’une certaine

aisance. Il s’est ruiné depuis lors ; il a épousé, malgré sa mère, une médiocre cantatrice, élève du Conservatoire ; il s’est fait acteur quand elle a débuté ; il l’a suivie en chantant l’opéra dans les provinces de France et en Italie. Abandonné au bout de quelques années par sa prima-donna, il est revenu végéter à Paris en donnant des leçons de chant. J’ai eu

quelquefois l’occasion de lui être utile, dans mes feuilletons du Journal des Débats ; mais c’est un poignant regret pour moi de n’avoir pu faire davantage ; car le service qu’il m’a rendu spontanément a exercé une grande influence sur toute ma carrière, je ne l’oublierai jamais ; il se nommait Augustin de Pons. Il vivait avec bien de la peine, l’an dernier, du produit de ses

leçons ! Qu’est-il devenu après la révolution de Février qui a dû lui enlever tous ses élèves ?... Je tremble d’y songer...

En m’apercevant au foyer de l’Opéra : «Eh bien, s’écria-t-il, de toute la force de ses robustes poumons, et cette messe ! est-elle refaite ? quand l’exécutons-nous tout de bon ? — Mon Dieu, oui, elle est refaite et de plus recopiée. Mais

comment voulez-vous que je la fasse exécuter ? — Comment ! parbleu, en payant les artistes. Que vous faut-il ? voyons ! douze cents francs ? quinze cents francs ? deux mille francs ? je vous les prêterai, moi. — De grâce, ne criez pas si fort. Si vous parlez sérieusement, je serai trop heureux d’accepter votre offre et douze cents francs me suffiront. — C’est dit. Venez chez moi

demain matin, j’aurai votre affaire. Nous engagerons tous les choristes de l’Opéra et un vigoureux orchestre. Il faut que Valentino soit content, il faut que nous soyons contents ; il faut que cela marche, sacrebleu !»

Et de fait cela marcha. Ma messe fut splendidement exécutée dans l’église de Saint-Roch, sous la direction de Valentino, devant un nombreux auditoire ; les

journaux en parlèrent favorablement, et je parvins ainsi, grâce à ce brave de Pons, à m’entendre et à me faire entendre pour la première fois. Tous les compositeurs savent quelle est l’importance et la difficulté, à Paris, de mettre ainsi le pied à l’étrier.

Cette partition fut encore exécutée longtemps après (en 1827) dans l’église de Saint-Eustache, le jour

même de la grande émeute de la rue Saint-Denis.

L’orchestre et les chœurs de l’Odéon m’étaient venus en aide cette fois gratuitement et j’avais osé entreprendre de les diriger moi-même. À part quelques inadvertances causées par l’émotion, je m’en tirai assez bien. Que j’étais loin pourtant de posséder les mille qualités de précision, de souplesse, de

chaleur, de sensibilité et de sang-froid, unies à un instinct indéfinissable, qui constituent le talent du vrai chef d’orchestre ! et qu’il m’a fallu de temps, d’exercices et de réflexions pour en acquérir quelques-unes ! Nous nous plaignons souvent de la rareté de nos bons chanteurs, les bons directeurs d’orchestre sont bien plus rares encore, et leur importance, dans une foule de

cas, est bien autrement grande et redoutable pour les compositeurs.

Après cette nouvelle épreuve, ne pouvant conserver aucun doute sur le peu de valeur de ma messe, j’en détachai le Resurrexit[9] dont j’étais assez content, et je brûlai le reste en compagnie de la scène de Béverley pour laquelle ma passion s’était fort apaisée, de l’opéra d’Estelle et d’un

oratorio latin (le Passage de la mer Rouge) que je venais d’achever. Un froid coup d’œil d’inquisiteur m’avait fait reconnaître ses droits incontestables à figurer dans cet auto-da-fé.

Lugubre coïncidence ! hier, après avoir écrit les lignes qu’on vient de lire, j’allai passer la soirée à l’Opéra-Comique. Un musicien de ma connaissance m’y rencontre dans un

entr’acte et m’aborde avec ces mots : «Depuis quand êtes-vous de retour de Londres ? — Depuis quelques semaines. — Eh bien ! de Pons... vous avez su ?... — Non, quoi donc ? — Il s’est empoisonné volontairement le mois dernier. — Ah ! mon Dieu ! — Oui, il a écrit qu’il était las de la vie ; mais je crains que la vie ne lui ait plus été possible ; il n’avait plus

d’élèves, la révolution les avait tous dispersés, et la vente de ses meubles n’a pas même suffi à payer ce qu’il devait pour son appartement. Oh ! malheureux ! pauvres abandonnés artistes ! République de crocheteurs et de chiffonniers !...

Horrible ! horrible ! most horrible ! Voici maintenant que le Morning-Post vient me donner les détails de la mort du malheureux

prince Lichnowsky, atrocement assassiné aux portes de Francfort par des brutes de paysans allemands, dignes émules de nos héros de Juin ! Ils l’ont lardé de coups de couteau, hâché de coups de faux ; ils lui ont mis les bras et les jambes en lambeaux ! Ils lui ont tiré plus de vingt coups de fusil dirigés de manière à ne pas le tuer ! Ils l’ont dépouillé ensuite et laissé mourant

et nu au pied d’un mur !... Il n’a expiré que cinq heures après, sans proférer une plainte, sans laisser échapper un soupir !... Noble, spirituel, enthousiaste et brave Lichnowsky ! Je l’ai beaucoup connu à Paris ; je l’ai retrouvé l’an dernier à Berlin en revenant de Russie. Ses succès de tribune commençaient alors. Infâme racaille humaine ! plus stupide et plus féroce cent

fois, dans tes soubresauts et tes grimaces révolutionnaires, que les babouins et les orangs-outangs de Bornéo !...

Oh ! il faut que je sorte, que je marche, que je coure, que je crie au grand air !... + Lire la suiteCommenter  J’apprécie          00

J. L. Bourne
J. L. Bourne

J'ai installé les barreaux en me servant d'un mètre, d'un crayon, d'un mèche de perceuse 5/32 et d'un tournevis à bout carré (ils le donnaient avec les barreaux et disent qu'il est difficile d'enlever les vis sans utiliser une machine). Si un pillard est assez fort pour enlever mes barreaux à la visseuse et venir voler mes affaires sans que ça me réveille, c'est moi qui lui charge sa

camionnette, putain.

Patrick Senécal
Patrick Senécal

— Justement, vous êtes médecin, rétorqua Mercure. Que faites-vous du serment d’Hypocrate que vous avez signé ? Vous êtes censé soigner les gens, pas leur enlever la vie. — Les médecins soignent les humains, pas les monstres.

Euripide
Euripide

LA NOURRICE.
[...] Je connais cette femme, moi, et j'ai peur qu'elle ne se presse dans le foie une épée acérée en entrant silencieuse dans les chambres jusqu'au lieu où s'étend le lit, ou qu'elle ne tue le roi et le marié et qu'elle n'invente après une catastrophe plus grande.
Car elle est effrayante. Quiconque engage contre elle une lutte de haine contre elle aura du mal à

enlever le prix.

Prologue

Alaa El Aswany
Alaa El Aswany

il pouvait disparaître d’un moment à l’autre, comme si c’était un acteur qui jouait un rôle et dont on savait qu’une fois la représentation terminée il allait enlever ses vêtements de scène pour reprendre ses habits de tous les jours.